Alors que nous nous préparons à accueillir 2022, Words & Music et Paroles & Musique ont pris un moment pour faire un retour sur 2021 des Tops 10 des chansons des membres de la SOCAN ainsi que des moments préférés ou des moments forts de certains de nos membres. Joyeuses fêtes!

 

LES MOMENTS MARQUANTS DE NOS MEMBRES EN 2021

 

Haviah MightyHaviah Mighty, auteure-compositrice-interprète hip-hop et R&B, entrepeneure, et philanthrope
« Le lancement de Stock Exchange a été un des grands moments de cette année pour moi! Avec des restrictions en vigueur pendant la moitié de l’année, j’ai dû me tourner vers l’intérieur pour trouver l’inspiration et j’ai navigué dans mes émotions sur l’amour, la validation et l’identité. Ce que j’ai trouvé le plus difficile dans ce projet, c’est la conceptualisation d’idées avec très peu de “nouvelles”  expériences et l’absence d’accès au studio pour collaborer ; ce fut donc l’occasion de devenir productrice déléguée. La partie la plus passionnante du processus a été de travailler avec tant d’artistes incroyables et de puiser dans des sons et des genres différents. Ce projet m’a vraiment permis de continuer à explorer après 13th Floor et je continue à développer mon son et ma vision. »

 

Roxane BruneauRoxane Bruneau, auteure-compositrice-interprète
« C’est certain que remporter 4 Félix ça en fait partie, donc je te dirais ça. Et tout le contenu web que j’ai créé durant la pandémie pour les gens, ça, ça me rend pas mal fière. J’ai le sentiment du devoir accompli. Pendant la pandémie, moi je ne pouvais pas sauver de vie, je ne suis pas médecin, je ne servais à “rien”, donc moi je me suis dit, mon job c’est de faire oublier que la vie c’est l’enfer en ce moment. Ç’a été l’enfer pour certaines personnes, il y en a qui perdent leurs emplois, qui perdent des gens qu’ils aiment. Donc quand les gens se connectaient sur leurs téléphones et qu’ils avaient accès à mon contenu gratos, mon album était gratos, je voulais que ce soit accessible pour les gens qui n’ont plus les moyens. Si ces gens-là pouvaient décrocher 10 minutes avec moi, mon job était fait. »

 

Amin BhatiaAmin Bhatia, compositeur à l’image
« C’est un dilemme tellement étrange et merveilleux, car je dois choisir parmi beaucoup de points forts cette année. Je suppose que la double victoire aux Canadian Screen Awards avec Ari Posner est un des faits saillants, mais il y a eu de nombreux anniversaires notables aussi : 40 ans depuis que j’ai gagné le concours de synthétiseurs Roland, 50 ans depuis que je suis arrivé au Canada et 60 ans que je suis né. J’ai tant de gens à remercier pour tout ça. Mais si je devais me limiter à l’événement le plus important de l’année 2021, je dirais que c’est quand j’ai reçu ma dose de vaccin! Merci à tous les travailleurs de première ligne, et à tous ceux qui ont rendu les vaccins possibles, sinon aucun d’entre nous ne serait ici pour parler des meilleurs moments de cette année! »

 

CRiCRi, musique électronique
« En 2021, ç’a été la plus belle année de ma vie, tout simplement. Pour deux raisons, évidemment la sortie de mon album Juvenile. C’est un accomplissement incroyable. Mon album est sorti à la fin 2020, mais toute la campagne de promotion était en 2021. L’année 2021 a vraiment été pleine d’opportunités. Et la deuxième, c’est l’achat de ma maison dans les Laurentides. J’adore cette nouvelle vie, de vivre en forêt c’est incroyable, un peu reclus j’adore ! »

 

Snotty Nose Rez KidsSnotty Nose Rez Kids, rappeurs de la nation Haisla
Quinton « Yung Trybz » Nyce : « À part le lancement de notre album qui a été un événement marquant pour nous, le fait saillant a définitivement été de partir en tournée américaine après deux ans. Ça fait trois ou quatre ans qu’on travaille là-dessus et on a enfin pu présenter notre travail. On s’est sentis accomplis et bien dans notre peau. »
Darren « Young D »  Metz: « Je mentirai pas, le soir du lancement de notre album, j’ai pleuré. C’était comme remporter un championnat. Quand tu travailles aussi fort et aussi longtemps sur un projet et que t’atteints la ligne d’arrivée, l toutes les émotions que tu as vécues pendant le périple reviennent à la surface. »

 

Damien RobitailleDamien Robitaille, auteur-compositeur-interprète
« Mon highlight professionnel de 2021, je pourrais dire que c’est tout le succès que j’ai eu avec mes covers de chansons, par exemple, Pump Up The Jam ou We Are The World… toutes les tounes que j’ai faites. Un highlight personnel, c’est d’avoir été capable de visiter mes filles en Espagne, j’ai passé tout l’été là-bas, deux mois complets, et ça faisait huit mois que je ne les avais pas vues. »

 

Kim TempleKim Temple, éditrice, High Priestess Publishing
« Le fait saillant de 2021 pour High Priestess a été notre tout premier camp de création à Toronto! Des artistes, des producteurs et des auteurs-compositeurs se sont réunis au Taurus Studios pendant trois jours et ont juste “ trippé”  d’être ensemble : fini le confinement, les molécules s’amalgament, les visages s’illuminent. “ Veni, vidi, vici” , qui veut dire, en langage de camp de création, on a ri, on a pleuré et on a mangé de la queue de bœuf.”  (On a coulé nos cours de latin, mais on t’aime @kateringco. inc.) La parité des genres de nos producteurs (une rareté) a mis la table et on a été enchantés par nos invités spéciaux. Les collaborations notoires : James Baley x Tynomi Banks, Witch Prophet x Junia-T, Jesse Northey x Nyssa, Zaki Ibrahim x SATE, Lana Winterhalt x Thomas D’Arcy, SUN SUN x Cadence Weapon, Melody McKiver x T Thomason. C’était comme un match de boxe, mais au lieu d’échanger des coups, les créateurs échangeaient amour et créativité et le résultat est un paquet de bonnes chansons qui sortiront en 2022. »

 

Alex BurgerAlex Burger, auteur-compositeur-interprète solo et membre de Bon Enfant, entre autres
« Le fait que Patrick Normand me remette mon Félix pour album country de l’année, je n’aurais pas pu rêver mieux.  C’était vraiment un beau moment. C’est juste dommage que nous n’ayons pas pu nous serrer dans les bras, ça, c’est probablement le pire moment de mon année, de ne pas avoir pu lui faire un câlin, parce qu’il ne veut plus vraiment faire de scène. Donc Patrick Normand qui me remet un prix, je vais le prendre. »

 

TOBiTOBi, auteur-compositeur-interprète R&B/hip-hop/pop
« Avec du recul, quand je réfléchis à ce qu’on pourrait appeler la deuxième partie de la pandémie, je trouve qu’il y a eu de nombreux points positifs. Partir en tournée cet automne a définitivement été 4le point fort de mon année. Partir sur les routes des États-Unis avec mon équipe, entrer et sortir des chambres d’hôtel et des restaurants ; c’était juste la bonne dose de chaos dont j’avais besoin après être resté enfermé pendant toute une année. Visiter plein de villes et partager le cadeau qu’est la musique avec plein de nouveaux visages. Remonter sur scène après deux ans c’était comme rentrer chez moi et on nous a accueillis à bras ouverts. Je me suis senti renaître. Merci à mon équipe de gestion, à Brasstracks qui a été la meilleure famille de la tournée, aux équipes des différentes villes qui ont rendu cette expérience si enrichissante. La tournée s’est déroulée sans anicroche et j’en suis vraiment reconnaissant. Je repartirais demain matin! Oh! Et ne négligez jamais de prendre des assurances auto! »

 

AnachnidAnachnid, auteure-compositrice-interprète de la nation oji-crie
« Un de mes moments les plus illuminant de mon année 2021, c’est ma tournée au Québec. Un des moments les plus magiques, c’était vraiment de connecter durant la journée avec beaucoup de familles sur le bout de la montagne en regardant l’océan de la Gaspésie. De voir les gens danser et être contents, c’était juste vraiment magique. Je me sentais comme dans un nid d’aigle, vu que c’est l’oiseau qui peut voler le plus haut. Je me sentais vraiment connecté à mon grand-père dont son esprit animal est l’aigle. Et de partager cette expérience-là avec des familles et des enfants et une belle équipe là-bas, c’était vraiment formidable. »

 

TOP 10 DES CHANSONS DES MEMBRES DE LA SOCAN POUR 2021 SELON NOS CONTRIBUTEURS

Chaka V GrierChaka V. Grier
Chaka V. Grier, collaboratrice régulière de Words & Music, réalise des entrevues et écrit pour NOW Toronto et Bandcamp Daily. Ses textes sont repris par la National Public Radio (NPR) aux États-Unis, O Magazine, Flare, et Elle Canada.

 

  1. Mustafa – Separate
  2. Allison Russel –  Montreal
  3. Charlotte Day Wilson –  I Can Only Whisper
  4. Cadence Weapon –  Skyline 
  5. DijahSB –  Way Too Many Ways
  6. TOBi –  Off the Drugs  
  7. Silla + Rise –  Ijiraq (Hide and Seek) 
  8. Charlotte Day Wilson – Changes 
  9. Naya Ali –  Air Ali
  10. Dominique Fils-Aimé –  The Healing Song

 

Élise JettéÉlise Jetté
Collaboratrice de Paroles & Musique, Élise Jetté est animatrice et intervieweuse à CISM depuis plus de dix ans, rédactrice en chef du magazine musical numérique Feu à volonté et écrit au sujet de la musique pour d’autres publications, dont le magazine Clin d’œil.

 

  1. Ada Lea – partner
  2. Les Louanges – Pigeons
  3. Safia Nolin – PLS – (Sunset Version)
  4. Salomé Leclerc – Chaque printemps
  5. Robert Robert – La nuit se plaindre ft. Hubert Lenoir
  6. Laurence-Anne – Indigo
  7. Vanille – Si je pleure
  8. Émilie Proulx – La nuit les échos
  9. zouz – Auréole
  10. Nicolet – Le retour des animaux

 

Errol NazarethErrol Nazareth
Errol Nazareth, collaborateur régulier de Words & Music, est l’hôte de Frequencies, une émission musicale diffusée tous les mardis à 18 heures sur CBC Music.
(aucun ordre particulier)

 

  • Mustafa – Ali
  • Haviah Mighty – Avocado
  • John Orpheus – IG
  • Dominique Fils-Aimé – Grow Mama Grow
  • Donné Roberts – Aleo Miarka Sy Mifanaraka
  • Marito Marques – Manjerico
  • Cartel Madras –  Drift 
  • TEKE::TEKE –  Kala Kala
  • Amaka Queenette – Want You More
  • Mas Aya (with Lido Pimienta) –  Tiempo Ahora

 

Eric ParazelliEric Parazelli
Eric Parazelli est le rédacteur en chef du magazine en ligne de la SOCAN Paroles & Musique et gestionnaire des communications francophones pour la SOCAN.

 

  1. Hubert Lenoir – Dimanche soir
  2. Charlotte Cardin – Meaningless
  3. Lou-Adriane Cassidy – J’espère encore que quelque part l’attente s’arrête
  4. Robert Robert- L’été je m’ennuie
  5. Bon Enfant – Ciel bleu
  6. Chiiild – Sleepwalking
  7. Lydia Képinski – Arbol
  8. Emma Beko – MHS
  9. Hippie Hourrah – Fantôme
  10. MIELS – Pour l’amour du ciel

 

 Beatriz BaleeiroBeatriz Baleeiro
Beatriz Baleeiro, collaboratrice de Words & Music, est une jeune journaliste musicale qui a récemment terminé un stage au magazine Complex.

 

  1. Charlotte Cardin – Passive Aggressive
  2. Chiiild – Sleepwalking
  3. Drake featuring Lil Baby –  Girls Want Girls
  4. Belly, The Weeknd featuring Nas –  Die For It
  5. Selah Sue featuring TOBi –  Hurray 
  6. Allan Rayman –  Books  
  7. LOONY –  Raw  
  8. Lennon Stella –  Bubble
  9. Olivia Lunny – Sad to See You Happy
  10. Jade LeMac – Constellations

 

Catherine GenestCatherine Genest
Collaboratrice de Paroles & Musique, Catherine Genest est journaliste indépendante tant dans la presse écrite qu’à la radio. Aussi autrice, elle sortira son premier livre, un roman biographique racontant l’histoire de la chanteuse Guylaine Guy, aux éditions du Boréal au printemps 2022.

 

  1. Robert Robert – Les gens
  2. Valence – Rosier
  3. Hubert Lenoir (avec Bonnie Banane) – Octembre
  4. Louis-Jean Cormier – L’ironie du sort
  5. Sarahmée (avec Nissa Seychs) – Elle est partie
  6. Julyan – Run Around
  7. De Flore – L’été ne reste pas
  8. Bon Enfant – Porcelaine
  9. Salomé Leclerc – Où on s’est trouvé
  10. Ponteix – Les années

 

Howard DruckmanHoward Druckman
Howard Druckman est le rédacteur en chef anglophone du magazine en ligne de la SOCAN Words & Music.

 

  1. Snotty Nose Rez Kids –  Grave Digger
  2. Haviah Mighty featuring Yizzy –  Protest
  3. Donovan Woods – She Waits for Me to Come Back Down / Whatever Keeps You Going
  4. Mustafa – Stay AliveAli  
  5. TOBi –  Made Me Everything
  6. Leonard Sumner –  Mourningstar  
  7. LU KALA –  No Smoke
  8. DijahSB with RAY HMND –  Moving With the Tides
  9. grandson –  In Over My Head
  10. Charlotte Cardin –  Passive Aggressive

 

Olivier Boisvert MagnenOlivier Boisvert-Magnen
Collaborateur de Paroles & Musique, Olivier Boisvert-Magnen est journaliste, recherchiste, chroniqueur, animateur, curateur de listes musicales et metteur en ondes pour ICI Musique/Première, QUB Musique, Stingray, et CISM.

 

  1. Thierry Larose – Cantalou
  2. P’tit Belliveau – J’aimerais d’avoir un John Deere
  3. Lary Kidd – 3 saisons (avec Loud et 20some)
  4. Connaisseur Ticaso – STL Vice
  5. Bon Enfant – Ciel bleu
  6. Les Fourmis – Intuition
  7. Alex Burger – Sweet Montérégie
  8. gabWan – On s’en calisse-tu pas
  9. Lou-Adriane Cassidy – Oui le serpent nous guette
  10. Vincent Vallières – Homme de rien

 

Del CowieDel Cowie
Del Cowie, collaborateur de Words & Music, a œuvré en tant qu’auteur, producteur et chercheur pour la série documentaire Netflix Hip Hop Evolution, récompensée par un prix Peabody et un International Emmy Award. Il a également été producteur pour CBC Music et a été rédacteur hip-hop pour Exclaim! magazine pendant plus d’une décennie.

 

  1. Planet Giza – When The Moving Stops
  2. Rochelle Jordan – All Along
  3. Mustafa – The Hearse
  4. allie – Violet Nights
  5. Chiild –  Awake
  6. Liza –  Rolla
  7. TOBi –  Don’t Touch
  8. Shantel May featuring Westside Gunn –  Until I Say So
  9. Drake –  Lemon Pepper Freestyle
  10. Haviah Mighty –  Obeah 

 

Dominic TardifDominic Tardif
Collaborateur de Paroles & Musique, Dominic Tardif est depuis peu journaliste à La Presse. Il est aussi chroniqueur à On dira ce qu’on voudra et animateur du balado Deviens-tu c’que t’as voulu?

 

  1. Lou-Adriane Cassidy – J’espère encore que quelque part l’attente s’arrête
  2. Thierry Larose – Cantalou
  3. Jesuslesfilles – Troisième semaine
  4. Alex Burger – Dormir sur ton couch
  5. Myriam Gendron – Poor Girl Blues
  6. LUMIÈRE – BELLE.JOURNÉE 1971
  7. Apophis – On prendra de l’avance plus tard
  8. Les Shirley – Fuck It I’m In Love
  9. Lary Kidd – De mon âme
  10. Meggie Lennon – Night Shift

 



Veuillez prendre note que la CSI a l’intention de présenter, dans la semaine du 14 février 2022 ou après, une demande en vertu de l’article 69 de la Loi sur le droit d’auteur en vue de retirer le projet de tarifs suivant :

Projet de tarifs des redevances à percevoir par CMRRA-SODRAC inc. pour la reproduction d’œuvres musicales au Canada par des services de musique en ligne pour les années 2014 à 2018.

La présente constitue un avis public en vertu de l’article 69.1 de la Loi sur le droit d’auteur.

Les tarifs proposés peuvent être consultés dans le site Web de la Commission du droit d’auteur au lien suivant :
https://cb-cda.gc.ca/fr/cas-et-tarifs/projets-de-tarif-deposes/cmrrasodrac-inc-csi-cmrrasodrac-cmrrasocan



Tradition oblige, on vous présente cinq artistes rap québécois.e.s qui se révéleront assurément à un plus grand public cette année.

 Skiifall

Les années passent, mais la question demeure : qui sera le premier rappeur anglophone d’ici à avoir un succès tangible à l’international ? Les pronostics ratés ont été nombreux, mais on a peut-être la réponse la plus prometteuse à ce jour : Skiifall.

Né à Saint-Vincent dans les Caraïbes au début des années 2000, le jeune rappeur a le talent et l’étoffe pour percer le marché américain, mais jusqu’à maintenant, c’est surtout à Londres qu’il fait du bruit. Cette plaque tournante de la musique électronique est dorénavant reconnue pour son immense bassin de rap, notamment grâce à l’émergence et à la popularité du grime et du UK drill. Et Skiifall s’inscrit à merveille dans cette tendance britannique « J’ai vécu 8 ans à Saint-Vincent et j’ai jamais perdu mon accent (NDLR l’état indépendant est une ancienne colonie britannique). Sans même le savoir, le flow que j’ai pris a des influences [de ce qui se fait à Londres] », explique celui qui a notamment fait la rencontre du producteur Sampha lors d’un récent séjour dans la capitale.

Mais bien avant d’atterrir là-bas, c’est dans un studio communautaire de l’ouest de l’île de Montréal (la maison des jeunes Jeunesse 2000 aux abords de l’autoroute Décarie) que Skiifall a fait ses premiers pas, au tout début de l’adolescence. « C’est là que je me suis vraiment développé. J’y allais chaque jour de 14h à 20h. J’ai appris à développer ma voix, à jouer avec les effets. J’ai pris toutes les opportunités qui s’offraient à moi pour enregistrer. »

Cette assiduité a porté fruit. Les premières chansons du rappeur, parues sur les plateformes en 2020, nous dévoilent un artiste en pleine possession de ses moyens, évitant les lieux communs du trap et les flows saccadés conventionnels. Rapidement, le Montréalais a été interpellé par des artistes renommés comme le rappeur britannique Knucks et le trio jazz torontois BadBadNotGood – avec qui il a collaboré sur Ting Tun Up Part II et Break of Dawn respectivement. Il a aussi attiré l’attention de Virgil Abloh, regretté fondateur de la marque Off-White et directeur artistique chez Louis Vuitton. Le designer a choisi une chanson de Skiifall pour accompagner la campagne publicitaire de sa collection en collaboration avec la NBA.

Son affection pour la musique jamaïcaine des années 1970 et 1980 (tout particulièrement celle de Lee Scratch Perry et Billy Boyo) lui confère une originalité assez marquée par rapport aux autres jeunes rappeurs qui s’abreuvent uniquement aux tendances du moment. Son rythme de parutions, aussi, détonne de celui ses homologues : il n’a que sept chansons de publiées sur les plateformes. « Je veux que les gens comprennent que ce que je fais, c’est de l’art. Je ne veux pas sortir autant de musique que certains rappeurs aux États-Unis. Dans 10 ou 15 ans, personne ne va se rappeler de tout ce qu’ils ont sorti. »

Skiifall prévoit sortir un single en janvier, mais pour le reste, impossible d’en savoir plus. « Je n’ai pas de plan précis pour les prochains mois. Et de toute façon, tout peut toujours changer. »

Lova

Contrairement à beaucoup de ses confrères de la scène rap, souvent pressés de sortir leurs premiers enregistrements sur les plateformes, Lova a attendu le bon moment avant de se lancer.

Après avoir joué dans des groupes punk, hardcore et death métal, l’artiste originaire de Québec a commencé à rapper il y a plus de 10 ans. Mais c’est seulement en 2020 qu’il a dévoilé ses premières chansons : « J’ai commencé avec des petits raps en anglais, juste après avoir découvert Wu-Tang. J’étais pas pressé de sortir quelque chose. Ce qui me drivait, c’était de faire ça en gang, dans les partys. J’avais des bons verses qui faisaient réagir, mais j’ai toujours été lucide par rapport à la qualité de mon produit. Pis at some point, je me suis senti prêt. La nouvelle décennie approchait, et j’ai décidé de sortir une chanson par mois [pour souligner ça]. »

Vague, sa toute première pièce, est parue le 1er janvier 2020. Puis, Cohen et Distance ont suivi en février et mars. Il n’en fallait pas plus pour attirer l’attention de Carlos Munoz, cofondateur de Joy Ride Records, étiquette derrière les succès de Loud, Rymz et Connaisseur Ticaso notamment. « C’est lui qui m’a approché. Mon réalisateur Pierre-Olivier Couturier avait déjà travaillé avec un artiste de Joy Ride (William Hennessey), donc le contact s’est fait [très naturellement]. »

Évoluant dans un sillon hip-hop planant aux accents R&B mélodieux, qui peut autant faire penser à Post Malone qu’à Lomepal, le rappeur de 27 ans s’est illustré dans la dernière année et demie avec trois mini-albums parus sous l’importante étiquette rap montréalaise : Cool LOL, Gluant mais hot et le tout récent EP3. La richesse des sons et des textures, fruit d’un travail de proximité avec Couturier, Tommy Banksta et David Saysum (trois amis de longue date), donne un côté très original à sa proposition.

Un premier album verra le jour cette année « en théorie ».

Le Ice

Le Ice le dit d’emblée : il ne veut pas être une star. « Même le jour où je vais arriver au peak de ma carrière, je vais pas changer », promet celui qui s’intéresse plutôt « à l’art et aux bidous qui vont avec ».

Dans un milieu (et une ère) où la célébrité devient parfois une obsession, cette authenticité a quelque chose de rafraîchissant. C’est d’ailleurs pour la conserver la plus intacte possible que le rappeur lavallois de 27 ans a attendu aussi longtemps avant de prendre le rap au sérieux. « J’ai commencé à rapper très tôt, vers 12 ans. Je parlais de choses que j’avais même pas vécues, en rappant ce qui sonnait cool. Au niveau des paroles, c’était très ‘’gagagougou’’, mais côté flow, j’étais déjà très tight », explique-t-il. « Pis à un moment donné, j’ai choisi d’arrêter. Je voulais pus rien savoir. Je trouvais que le spotlight (qu’amenait la musique), c’était beaucoup pour moi. J’aimais ça être tranquille, je me voyais plus comme un gérant [d’artistes]. »

Le Ice est finalement sorti de l’ombre, quelque part en 2019. Inspiré par l’ambition et le succès de ses compères de Canicule Records, collectif / label dont sont notamment issus Tizzo et Shreez, l’artiste s’est imposé avec des chansons à l’énergie brute comme Moto, 412 et la bien nommée J’pas une star. Beaucoup le voyaient alors comme la prochaine révélation du label, mais une mésentente entre lui et la direction de Canicule concernant la sortie de son premier album a finalement retardé son entrée en scène.

Au début de 2021, Le Ice a donc pris le taureau par les cornes, en initiant son propre label, Sal Ent (diminutif de Solide à l’os Entreprise, en référence à cette expression qui fait partie intégrante de son lexique). C’est sous cette étiquette qu’est finalement paru son album JTA L’EAU POUR UN BOUTTE en juillet dernier. « J’irais pas jusqu’à dire que je repars à neuf avec Sal Ent – car ça serait ingrat de dire ça pour Canicule, qui a quand même fait de la bonne job – mais je vois ça comme si je construisais quelque chose de nouveau. Je décolle avec ma nouvelle identité. »

À elle seule, la chanson J’partie de loin [sic] incarne cette nouvelle identité : on y rencontre un rappeur plus conscient et vulnérable, capable d’avoir un point de vue éclairé sur son parcours mouvementé. « Cette chanson veut tout dire pour moi. C’est mon parcours », dit-il. « À cause la réception de cette track-là, je veux être plus personnel dans mes prochaines chansons. Pour que les gens apprennent un peu plus à me connaître. »

Le deuxième projet du Ice, intitulé Le mouton noir, s’en vient « quelque part entre février et avril prochain ».

SLM

SLM baigne dans la musique depuis l’enfance. Élevée au son du meilleur R&B des 50 dernières années, des Temptations à Mary J. Blige, la rappeuse d’origine guyanaise a aussi bénéficié d’un bagage reggae et gospel. « Ma mère faisait partie de la chorale de l’église, donc d’aussi loin que je me souvienne, la musique prenait une grande place chez moi. »

Le hip-hop, lui, a pris d’assaut sa vie à partir de l’adolescence. Les révélations rap américaines du début des années 2010 (Childish Gambino, Tyler, the Creator, Chance the Rapper et, surtout, Nicki Minaj) l’ont grandement marquée, mais elle a mis du temps avant de se faire assez confiance pour rapper. « L’une de mes grandes forces, c’est que je suis capable d’apprendre rapidement les paroles d’une chanson. J’ai beaucoup appris en répétant les chansons des autres. Peu à peu, j’ai fait des freestyles pour moi-même ou pour des amies proches, au téléphone, dans l’auto. Ensuite, je prenais le meilleur des rimes [que j’avais inventées] et j’allais les écrire chez moi. »

Ce n’est qu’il y a deux ans que la rappeuse du quartier Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, a choisi de faire             quelque chose de concret avec toutes ses rimes. Dans un créneau trap moderne porté par un flow agile et une attitude irrévérencieuse, sa première mixtape SLM: The Complete Flex Season, parue en 2020, est en partie le résultat de ces années d’écriture.

« Avant ça, j’étais trop jeune pour même penser faire une carrière dans la musique. Mes parents voulaient que j’aille à l’école, que je suive mon ambition d’être vétérinaire. C’est en vieillissant que je me suis donné l’énergie nécessaire pour que la musique soit une option viable dans ma vie. Ma mère n’était pas certaine de mon choix, mais dans ma tête, à partir de ce moment-là, il n’y avait aucune raison que je ne me donne pas la chance de foncer. »

Forte d’un deuxième projet paru il y a quelques mois, le mini-album Real Talk Radio, l’artiste de 23 ans désire parler plus directement de ses tribulations, de ses doutes et de ses aspirations sur son prochain projet, prévu pour cette année. On y découvrira une signature musicale renouvelée, davantage portée vers le R&B lo-fi que le trap.

SeinsSucrer

Impossible de présenter Jessy Benjamin sans d’abord pointer l’éléphant dans la pièce, c’est-à-dire ce nom d’artiste pour le moins farfelu qu’est SeinsSucrer. « C’était carrément pour troller sur Instagram, faire rire le monde. Et avec le temps, les gens ont commencé à m’appeler de même pour vrai. »

Contre toute attente, le rappeur et beatmaker originaire du quartier Saint-Michel à Montréal a fini par bien porter son pseudonyme. « Ça définit bien le personnage », juge-t-il. « Ça évoque mon côté imprévisible, mais aussi mon côté plus débauché, dans l’optique où on imagine que le sucre sur les seins, c’est de la poudre. En même temps, le sucre, c’est aussi les bonbons, ce qui fait triper les plus jeunes. On a tous besoin de sucre. Et moi mon sucre, c’est mon juice, mon énergie. Bref, c’est ce qui m’amène à rapper. »

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le «juice» de SeinsSucrer est très concentré. En à peine trois ans d’activité sur la scène rap, l’artiste de 26 ans a fait paraître plus d’une dizaine de projets, que ce soit en solo, en duo avec le rappeur Don Bruce ou avec le producteur Dr. Stein. Uniquement en 2021, on parle de quatre albums et d’un EP.

Ces cinq plus récentes parutions témoignent assez bien de son évolution en tant qu’artiste. D’abord connu pour son mumble rap à l’Auto-Tune exacerbé, SeinsSucrer a récemment dévoilé un flow plus incisif, en phase avec son amour du rap boom bap de la côte Est américaine.

« Je suis vraiment plus en contrôle de ma voix, de mon rythme et de mes cadences », observe-t-il. « RZA disait que ça prenait 10 ans pour un master lyricist. Là, ça fait 11 ans que je rappe, et je suis au meilleur de ma qualité d’écriture et je comprends mieux que jamais les structures [de rimes et de chansons]. Je suis parti d’un vibe trap aigu à un style plus axé sur les lyrics. C’est rendu thérapeutique de rapper comme ça. Ça fait travailler ma créativité. »

Par l’entremise de ses textes, qui prennent essentiellement la forme de chroniques urbaines où règnent les situations cocasses marquées par la consommation abusive de drogues, SeinsSucrer se révèle à la fois comme un rappeur absurde et intelligent. Sa grande productivité l’a amené à trouver et développer son style à une vitesse supersonique.

Cette cadence se poursuivra en 2022 avec plusieurs autres projets, dont un entièrement produit par Jam (de la Brown Family) et un autre par Mike Shabb.