Le processus créatif qui a mené à Zhawenim, le quatrième album du duo autochtone lauréat d’un prix JUNO Digging Roots, en a été un où ancestral et contemporain s’amalgament de manière attrayante. Couple dans la vie comme dans la création, Raven Kanatakta et Shoshona Kish ont fait appel à Hill Kourkoutis, qui a récemment été couronné Producteur de l’année aux JUNOs, afin de coproduire leur album et il a également coécrit deux des chansons du projet en plus de jouer plusieurs instruments.

« On avait des idées pour faire évoluer notre son et Hill était la personne idéale pour nous aider à concrétiser cette vision », explique Kish. « Quand tu t’embarques dans un périple comme Raven et moi on a décidé de faire, l’objectivité et la perspective d’une autre personne deviennent très importantes. »

Le plus récent simple, « Skoden », est devenu leur premier à tourner sur les radios rock tandis que leurs autres chansons s’inscrivent plus directement dans leur veine habituelle où s’entremêlent folk, blues, soul, psychédélique et, bien entendu, leurs racines Anishinaabe.

« Les gens ont toujours eu de la difficulté à étiqueter notre musique », confie Kish. « Je suis très heureuse qu’elle soit impossible à définir. On évolue au rythme de notre propre tambour, dans le sens où ce n’est jamais clairement un style ou un autre. L’important c’est que ça soit authentique et vrai pour nous. » Lorsqu’on insiste un peu, Kanatakta suggère la phrase « de la musique qui vient du cœur et qui transporte une douce médecine » pour définir leurs créations.

Pour créer le matériel qui apparaît sur Zhawenim (un mot Ojibway Anishnaabemowiin qui signifie « amour inconditionnel »), Kanatakta et Kish se sont inspirés de la tradition des « Anishinabek Songlines » où les chansons sont inspirées par la topographie du paysage.

« Ça fait un bon moment qu’on utilise la technique des “songlines” », explique l’artiste. « Tout a commencé quand la grande tante de Shoshona nous a raconté son expérience dans un pensionnat indien. Elle nous a ensuite raconté comment on créait de la musique traditionnellement, c’est-à-dire en suivant les “songlines” qui elles-mêmes suivent les contours du territoire.

« Au final, on a des chansons qui viennent d’un emplacement géographique très spécifique. Il m’arrive de simplement regarder des images d’horizons et de montagnes et elles me servent de référence pour une idée de mélodie. À un moment donné, notre salon et notre salle à manger étaient couverts d’immenses images de paysages que j’avais “photoshoppé” ; elles faisaient entre six et neuf pieds! »

Le travail de plusieurs mains guérisseuses

L’un des titres phares de Zhawenim est « The Healer », une chanson au message d’amour universel avec une brochette d’invitées de marque : Serena Ryder, Shakura S’aida, Alana Bridgewater, Amanda Rheaume, Kinnie Starr (coproductrice de l’album We Are de Digging Roots, récompensé par un JUNO) et Hill Kourkoutis. « Quelle expérience incroyable », raconte Kish. « C’est un voyage d’apprentissage sans fin que de créer des voix avec des artistes aussi incroyablement talentueuses. Nous avons le bonheur de travailler avec Alana quand on est en tournée et je suis tellement honorée qu’elle ait choisi de soutenir le travail qu’on fait. »

Les chansons sur Zhawenim abordent des thèmes comme l’identité autochtone, les changements climatiques et la tragédie des pensionnats indiens. Ce dernier thème est au cœur de la pièce « Cut My Hair », qui fait depuis longtemps partie des spectacles du groupe, mais qui figure sur un album pour la première fois. « En fait, on l’a déjà enregistrée sept fois, mais il fallait qu’elle sorte au bon moment », confie Kanaktaka. « La chanson nous a dit qu’on devait attendre qu’elle soit prête à venir au monde, et ce moment est venu quand on a découvert tous ces enfants. Je crois que les chansons ont des esprits et que quand on les joue, ces esprits prennent vie. »
Les membres de Digging Roots sont fiers de la reconnaissance grandissante accordée aux artistes autochtone et à leurs créations dynamiques. « C’est incroyablement excitant d’être témoin et participant de cette vague de fond », affirme Kish. « Je vois l’intelligence, l’innovation et la créativité se manifester devant mes yeux au quotidien et je me sens vraiment reconnaissante d’avoir accès à ce puits intarissable d’inspiration. »

« La musique est une force de guérison, une médecine, dans notre communauté. C’est pour moi un honneur de faire partie d’une équipe d’auteurs-compositeurs qui parle de ce qui se passe autour de nous. »

Au-delà de son travail au sein de Digging Roots, Kish contribue maintenant à cette vague de fond en tant que cofondatrice (aux côtés de l’artiste autochtone Amanda Rheaume) du nouveau label Ishkode, qui soutient actuellement le travail de Rheaume, Digging Roots, Morgan Toney et Aysanabee.