Lorsque la production de l’émission The Launch, sur les ondes de CTV, préparait son propre lancement en 2017, le directeur musical Orin Isaacs a décidé de passer un coup de fil à Hill Kourkoutis. Il était à la recherche d’une claviériste, mais lorsqu’il a appris qu’elle joue également de la guitare, il l’a invitée à faire partie du « house band » de l’émission. Cette multi-instrumentiste et chanteuse primée connue également pour son travail de réalisation, d’écriture et de composition était le choix idéal. De son côté, Kourkoutis ne pouvait pas demander mieux qu’une émission dédiée à lancer la carrière d’interprètes et d’auteurs-compositeurs.
Je travaille avec tant de gens incroyables que j’ai l’impression d’apprendre quelque chose de nouveau de tout le monde, tous les jours », dit-elle. L’émission a également débouché sur une amitié avec la gagnante et interprète de la chanson « Soldier of Love », Poesy, et ensemble elles ont écrit « Strange Little Girl ».
« On voulait écrire quelque chose qui parle d’accepter que nous avons tous un petit côté étrange, on peut tous avoir plusieurs facettes », explique Kourkoutis. « C’est merveilleux d’avoir quelque chose qui touche tant de gens de manière si concrète. »
Les histoires et les collaborations sont fondamentales dans l’ADN créatif de Kourkoutis. Elle a commencé à écrire des chansons à cinq ans, et lorsque ses parents ont compris qu’elle ne deviendrait jamais ballerine, ils lui ont finalement acheté la guitare dont elle rêvait. Elle a ensuite appris le piano et, bien qu’elle ait ensuite appris la théorie musicale et la lecture à vue, elle possède un talent naturel qui lui a permis d’apprendre facilement et de manière autodidacte la basse et la batterie. David Bowie, The Go-Go’s (« pour leur sensibilité pop ») et Jimi Hendrix ont tous été des influences, tout comme Girl Crow, « ne serait-ce que parce qu’elle a écrit toutes ses chansons et joué tous les instruments sur scène, mais elle a également réalisé ses albums ». Puis, à 12 ans, Kourkoutis a commencé à écrire pour son groupe entièrement féminin dont faisait partie l’artiste country Meghan Patrick.
Le moment où j’ai le plus progressé, c’est lorsque j’ai commencé à collaborer avec d’autres.
« Bien des gens ont un talent naturel pour écrire des chansons, mais pour écrire une bonne chanson, il faut prendre conscience de plusieurs choses : la construction des mélodies, les paroles, et comment tout cela interagit avec la musique en arrière-plan. J’ai pris conscience de tout ça quand j’ai commencé à écrire avec des créateurs établis. Chaque créateur nous apprend un nouveau truc. »
La création musicale est un muscle qui doit être entraîné.
« Ça n’est pas facile, au début, de savoir comment écrire sur demande. Lorsque j’ai commencé, j’écrivais quand je ressentais une émotion que je voulais exprimer. Mais lorsque l’on participe à des séances de création, il faut être capable de rapidement saisir n’importe quelle émotion au bond. Il faut arriver dans ces séances bien préparé. Que ce soit un “hook”, des paroles ou une progression d’accords, ce sont toujours de bons trucs pour donner le coup d’envoi à une de ces séances. »
Il faut se donner un espace.
« J’adore les rituels, je me crée un espace, peu importe où je suis, afin d’arriver à faire certaines choses. Pour arriver à travailler sur la route, j’avais besoin de mes outils — mon studio dans un sac à dos. Je m’étais créé un studio que je pouvais emporter avec moi n’importe où, que ce soit une chambre d’hôtel ou une loge. »
« À mesure que je me tournais de plus en plus vers l’écriture, j’ai découvert plein d’auteurs-compositeurs qui m’inspiraient », se souvient-elle. « Lisa Dal Bello a été très inspirante pour moi, tout comme Simon Wilcox, qui a commencé à écrire à un très jeune âge. »
Kourkoutis a vécu son premier « grand moment » en tant qu’auteure-compositrice lorsqu’elle a écrit pour Mookie and the Loyalist (Sony Music), des participants à l’émission Canadian Idol, mais c’est une communauté d’auteurs-compositeurs indépendants qui lui ont permis de peaufiner ce talent.
« Ça faisait des années que j’écrivais en compagnie d’artistes de la scène indé de Toronto », raconte-t-elle, « et on nous nous entraidions tous en collaborant sur les projets des autres. C’est vraiment là que le processus collaboratif a commencé au chapitre de l’écriture. »
Récemment, la musique de Kourkoutis est passée des palmarès à la pub et à l’écran, incluant Private Eyes, The Adventures of Napkin Man ! et Kim’s Convenience.
« Plusieurs trajectoires m’ont menée vers ces opportunités », dit-elle. « J’avais quelques agents qui octroyaient des licences pour mon matériel. Bon nombre de ces occasions proviennent aussi de relations personnelles que j’ai établies avec des directeurs musicaux. »
Les films et la musique vont main dans la main, pour cette auteure-compositrice formée en composition à l’image. « Je ne peux pas travailler sur un projet de film sans penser à la trame sonore », confie Kourkoutis, « Tout comme je ne peux pas écrire une chanson sans penser à l’histoire qu’elle raconte. C’est vraiment intéressant d’écrire une chanson sans savoir jusqu’où elle ira et, soudainement, elle se retrouve dans une scène très spécifique. Juste de pouvoir constater comment une chanson peut influencer une scène, c’est toujours très excitant. »
Son succès grandissant signifie toutefois qu’elle a dû mettre certaines de ses passions sur la glace, notamment de ne plus partir en tournée. « Ce fut une décision difficile pour moi, parce que j’adore la tournée, et j’ai eu l’honneur de jouer avec des artistes incroyables au fil des ans [Serena Ryder et The Weeknd, entre autres]. Mais je trouve incroyablement difficile d’être créative sur la route. Une des raisons les plus importantes pour lesquelles je me suis lancée en musique était pour l’aspect créatif, le savoir-faire qu’il y a derrière la création d’une chanson. Mon modus operandi, désormais, est la concentration, et la production et l’écriture sont là où j’ai choisi de me concentrer. »