Directrice, programmation, concerts et évènements chez Evenko, Évelyne Côté est constamment dans l’œil du cyclone pour offrir une programmation à la hauteur de la réputation des festivals Osheaga et ÎleSoniq. Et c’est sans parler des concerts hors-saison que propose Evenko, son employeur depuis 2010. On vous la présente.
Fraîchement revenue du festival Primavera à Barcelone où elle s’est gavée de musique pour en faire éventuellement son miel, Évelyne Côté joue un rôle important sur l’échiquier des festivals au Canada. « Participer à ce genre d’événements à l’international est très important. Je vise surtout les festivals de musique électronique comme l’ADE (Amsterdam Dance Event) et Pollstar Live!, qui est plus nord-américain, ce sont des destinations où tu jases beaucoup, il y a des événements de réseautage et de planification ».
À travers les conférences des volets Pro et des rencontres de coulisses, repérer et découvrir le talent, c’est son quotidien. « Evenko, nous apprend Côté, c’est mille événements par année, en tant que booker, tu dois regarder vers l’avant. Outre le côté affaires, budget, planification et le côté émotionnel et le prix de la musique, il faut toujours rester dans le moment présent parce qu’on a des shows tous les jours ! »
Évelyne Côté a grandi à Laval avant de quitter le nid familial pour s’installer dans (le quartier) Hochelaga-Maisonneuve. Maman d’un garçon de huit ans, la quarantaine heureuse, sa job de rêve est l’aboutissement d’un parcours attrayant.
Journaliste musical à l’hebdomadaire culturel montréalais ICI, il y a vingt ans, elle raconte : « J’ai capoté sur ce job-là. ICI m’a convoqué en entrevue, j’avais 27 ans, j’étais en train de me magasiner un billet pour Barcelone, peut-être écrire un livre, en me demandant qu’est-ce que je fais dans la vie ? Je travaillais alors au magazine Nightlife. Ç’a été un gros cadeau dans ma vie. J’avais fait de la radio à CISM, je me retrouvais les samedis et dimanche toute seule dans la discothèque de la station avec mon lecteur CD, je savais que j’avais une oreille pour la musique ».
Son baccalauréat en traduction à l’Université de Montréal lui aura finalement peu servi.
Osheaga mon amour
Les membres qui composent la petite équipe de programmation sous la gouverne du patron Nick Farkas, -« l’influence de ton leader est super importante »-, glisse-t-elle au passage, sont (de gauche à droite sur la photo) Daniel Glick, Évelyne Côté, Patrick Guay, Nick Farkas, Brighid Nielsen et Camille Guitton. « Il y a toujours une concertation dans l’équipe afin d’approuver nos choix. Nick nous répète souvent de ne pas nous casser la tête et pourtant, Osheaga C’EST un casse-tête ! Nick, c’est mon étoile du nord, il est capable de relativiser les choses Je ne sais pas si j’aurais toffé quinze ans sans lui ! ».
« Nous envoyons déjà des offres aux artistes pour 2025, question de mettre la table. C’est comme si plusieurs zones de ton cerveau travaillaient en même temps ». Son équipe assume le reste : signature des contrats, production, logistique, transport et hospitalité constituent des aspects à considérer à l’interne. « Souvent, c’est lié au dépassement de coût de production d’un spectacle, par exemple un artiste qui veut inclure un mur vidéo, il faut alors négocier. Il peut y avoir des tractations pour arriver à les booker (les têtes d’affiche), évidemment, les gros noms reçoivent énormément d’offres. Tout ce processus peut prendre de deux à trois mois, ce n’est pas vrai qu’un headliner confirme sa présence au festival en deux semaines.
« Avec un artiste émergent, au-delà de la musique, on évalue surtout si la crowd « Instragram », qui est là pour l’expérience festival plutôt qu’en mélomane, pourra aussi se laisser emporter par la performance. On est toujours pétri de doutes. Mais une fois les artistes confirmés, il y a un rush qui s’installe, il y a des décisions à prendre : qui va jouer avant qui, où et à quelle heure. On veut créer des blocs-horaires qui laissent la chance au monde de se déplacer d’une scène à l’autre ».
Plusieurs artistes canadiens et membres SOCAN seront de la fête, Cri, Clay and Friends, Alvvays, Léonie Gray, TALK, Planet Giza, ALIAS, DVTR, MINOE, Ya Cetidon, entre autres. « Évidemment, durant Osheaga, on veut aller voir le plus de shows possibles, pour les accueillir, serrer des mains, voir la réaction du public, c’est une affaire humaine aussi »
ÎleSoniq la stimulante
« ÎleSoniq, c’est le week-end d’après. On est seulement deux (de la bande des six) forcément, cela chevauche notre quotidien durant Osheaga ». Avec sa faune d’amateurs avides de musique électronique, de prestations de DJ’s et de pourvoyeurs de beats par minute en accéléré, l’événement vit une fulgurante croissance.
« C’est moi qui négocie avec les agents de Tiësto et DJ Snake (édition 2024), c’est vraiment ça, ma spécialisation » précise-t-elle. Parmi ses bons coups, on lui mentionne qu’en 2019, la grande star Bad Bunny (qui remplit dorénavant des arénas du type Centre Bell) était de cette audacieuse affiche. Notre interlocutrice esquisse son plus beau sourire de l’entrevue en complimentant la préparation du journaliste délégué de Paroles & Musique !
« On pense aux gens. C’est important de les faire sortir, venez nous voir, votre réaction est importante ».
Osheaga: 2 au 4 août
ÎleSoniq: 9 au 11 août