En plus d’œuvrer elle-même comme autrice-compositrice, formatrice de paroliers à Seneca College et directrice adjointe de la mobilisation et de la stratégie à l’Agence canadienne des droits de reproduction musicaux, Andrea England vient en aide à la communauté musicale du Canada comme fondatrice, hôtesse et conservatrice de la série de cercles de la chanson Four Chords and the Truth.

Cette série de cercles trimestriels de la chanson a vu le jour à la Dakota Tavern, au centre-ville de Toronto, en 2015. Dès 2017, les billets se liquidaient avant même que l’identité des participantes et participants ait été dévoilée. Le spectacle met en vedette des artistes établis ou émergeants dans un cadre multi-genre dont England veille à la haute qualité, tout comme à celle de la musique des artistes qui y participent, quel qu’en soit le niveau d’expérience. « Il faut que je m’assure que les chansons sont à la hauteur, que la personne est bienvenue dans le groupe et que l’événement se déroule en tout temps sous le signe du professionnalisme », insiste-t-elle.

Après la pause imposée par la pandémie, FCATT (c’est l’acronyme occasionnel de l’événement) a repris du service le 25 mai 2023 dans une nouvelle salle, le TD Music Hall, situé dans le Allied Music Centre à l’intérieur du nouvel édifice de Massey Hall, au centre-ville de Toronto. La vue du logo de Four Chords and the Truth sur une scène aussi impressionnante a constitué une expérience surréelle pour England, qui s’est demandé pendant un certain temps si l’intimité du spectacle n’allait pas se perdre dans une salle de 500 places. Mais ses doutes se sont dissipés dès qu’elle a pu constater l’enthousiasme du public et l’engagement des interprètes. « Ils se présentaient tous avec une volonté de se montrer vulnérables, de se présenter sous leur vrai jour – et de me faire confiance à moi, au public et aux autres artistes présents », explique England. « C’était un groupe d’artistes d’une grande beauté et d’une grande humilité. »

Les vedettes de la soirée étaient Julian Taylor, Liz Rodrigues (accompagnée de son fréquent collaborateur James Bryan), Adam Baldwin et Robyn Ottolini, qui étaient tous en excellente forme. Il y avait également plusieurs invités : le premier auteur-compositeur émergent du siège TikTok Adrian Mitchell, le chanteur Oven Riegling, qui venait de sortir son premier simple chez Universal Music Canada, et la chanteuse Shakura S’Aida, qui a entraîné les interprètes dans une interprétation de « If You Could Read My Mind » de Gordon Lightfoot. FCATT n’a pas l’habitude de reprendre les chansons d’autres artistes, mais cette exception a permis aux musiciens de réagir à la mort récente de Gordon Lightfoot. Comme le dit England, « nous avons interprété cette chanson afin de le remercier. » (Durant le concert, elle a même mentionné qu’elle avait un jour rencontré Lightfoot et qu’il lui avait dit qu’il était au courant des activités de FCATT.)

England observe et enfreint en même temps la tradition en plaçant ses musiciens sur un « demi-cercle » face au public durant ses spectacles plutôt que sur un « cercle complet » comme le voulait la tradition du Blue Bird Café, la salle nashvilloise légendaire où les auteurs-compositeurs-interprètes se font tous face. Le cercle de Four Chords and the Truth s’est refermé lorsque England a présenté son spectacle à Nashville et que, par un juste retour des choses, Nashville a assisté à son spectacle torontois (du moins en esprit) lorsque Donovan Woods a entraîné England et ses auteurs-compositeurs associés Morgan Cameron Ross, Joey Landreth et Rose Cousins dans une interprétation de « Leaving Nashville », une chanson coécrite par Woods et Abe Stoklasa. Selon England, ce fut la façon idéale de terminer une soirée consacrée aux auteurs-compositeurs.

England caresse de grands projets pour Four Chords and the Truth, notamment une croisière de sept jours en Autriche, Allemagne, Hongrie et Slovaquie à l’automne 2024. Intitulée The Danube Riverboat Confessions, cette croisière promet de partager des chansons que vous connaissez déjà et de les accompagner d’histoires que vous ne connaissez pas encore. Elle s’accompagnera d’une composante caritative dont la nature sera dévoilée au cours de l’été en fonction de la volonté d’England de donner au suivant. En plus de réinvestir les bénéfices dans son spectacle, elle remet des dons à Unison Fund, un organisme caritatif agréé qui offre des services de conseil et de secours d’urgence à la communauté musicale du Canada. England reconnaît elle-même l’aide qu’elle a obtenue de la communauté – notamment de la SOCAN, qui appuie sa série depuis le départ.

Andrea England a également terminé la pré-production d’Evidence of Love, un nouvel album  réalisé par Hill Kourkoutis, lauréat d’un prix Juno. Lancé en octobre 2023, ce recueil comportera sept chansons d’amour. Or, l’amour de la musique et des gens est justement ce qui inspire le plus l’artiste. « Qu’en serait-il de nous si nous n’avions pas la musique », se demande-telle avant de répondre elle-même à sa question quelques instants plus tard en affirmant : « Soutenir une communauté de gens qui s’engagent pour la chanson, c’est ce qui m’inspire dans tout ce que je fais. »