Deux femmes en or, Two Women, movie, 2025Le remake modernisé de Deux femmes en or, réalisé par Chloé Robichaud, vient de connaître le meilleur départ pour un film d’ici au box-office québécois en 2025. Au cœur des nombreuses discussions qui entourent la sortie du long-métrage, il y a sa trame sonore, truffée de pièces connues portées par des voix féminines fortes, de Marjo à Mitsou et de Louise Forestier à Lou-Adriane Cassidy qui, par-dessus tout, arrive à créer de puissants ponts générationnels.

 

 

De 1970 à 2025

En 1970, la version originale du film Deux femmes en or était portée musicalement par deux chansons de Robert Charlebois : Miss Pepsi et une pièce éponyme. Non pas qu’elles soient devenues des incontournables de sa carrière, mais elles ont marqué les esprits. La participation de Charlebois à la bande originale du film était tout aussi porteuse pour sa carrière en pleine explosion que pour la promotion du film.

Comment, en 2025, peut-on rendre la trame sonore d’un remake à la hauteur de sa prédécesseure ? Pour la réalisatrice, la solution a été relativement simple. Puisque le contenu des deux films a une portée féministe, « je n’ai volontairement choisi que des femmes dans la musique, que des voix féminines », dit-elle. « Et plus je fouillais, plus je me suis dit que je voulais rendre un hommage à de grandes voix féminines qui ont marqué la culture québécoise, continue-t-elle. Je trouvais que c’était le film parfait pour le faire. »

Ainsi, des ponts générationnels se sont créés tout naturellement. Dans une importante scène chorale du film, le public peut découvrir ou redécouvrir une sublime pièce peu connue du répertoire de Louise Forestier : Pourquoi chanter. C’est avec l’aide de l’entreprise montréalaise Fair Enough que Chloé Robichaud a déniché ce petit bijou.

« Il y avait ce moment là où Florence [interprétée par Karine Gonthier-Hyndman] devait chanter. C’était écrit au scénario. Elle devait chanter quelque chose qui exprimait son désir d’être plus authentique, avec un esprit de libération. J’avoue que j’avais de la difficulté à trouver la bonne chanson, celle qui allait résonner. C’est l’équipe de Fair Enough qui m’est revenue avec cette idée-là et je suis tombée en amour avec la pièce. Quand je l’ai écoutée, j’ai eu des frissons. Le texte est hallucinant. Et, pour moi, Louise Forestier faisait le lien avec Robert Charlebois et le film original. Tout ça était en harmonie », juge-t-elle.

 

Un nouveau jour va se lever

Chloé RobichaudUn autre moment de grâce intergénérationnel survient à la toute fin du film lorsque l’on entend la voix de Lou-Adriane Cassidy interpréter la grandiose Un nouveau jour va se lever de Jacques Michel, une version enregistrée spécifiquement pour le film. Ce dernier n’a pas manqué de souligner son enthousiasme, d’ailleurs. « Pour la deuxième fois de son histoire, ma chanson est portée par une voix féminine […] En 1970, Pauline Julien l’abordait sous un angle politique, indépendantiste. 55 ans plus tard, Lou-Adriane Cassidy se l’approprie sous un angle social, dans une interprétation plus actuelle, qui […] réussit à lui rajouter de l’éclat, de la lumière », a-t-il publié sur son compte Facebook.

Pour arriver à synchroniser droits d’auteurs, interprétations et utilisation de ces chansons dans le film, l’équipe de Chloé Robichaud a travaillé avec l’entreprise Tram7 et son libérateur de droits musicaux, Sébastien Lépine (récipiendaire du prix Partenaire en musique du Gala SOCAN 2025). Ce dernier explique que son travail demande beaucoup de patience, de recherches et une excellente communication afin de bien présenter aux ayants droit l’intention d’utilisation de la chanson à libérer dans le projet cinématographique. En effet, tout artiste ne veut pas nécessairement que son œuvre se retrouve associée à n’importe quelles images ou n’importe quels contextes.

Mais il affirme aussi que le travail autour de Deux femmes en or a été facilité pour deux raisons. « Souvent, les artistes connaissaient déjà le travail de la réalisatrice, ce qui les mettait en confiance de premier abord », mentionne-t-il. Ensuite, la vision féministe de Chloé Robichaud a plu à plusieurs chanteuses. « Les artistes féminines sont nécessairement plus intéressées et sensibilisées par ce genre de projet où les valeurs artistiques et sociales sont alignées. »

 

Marjo & Mitsou

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Ainsi, l’équipe s’est penchée sur la libération de Provocante de Marjo tôt dans le processus de production, afin de s’assurer de réussir à obtenir précisément cette chanson. La réalisatrice désirait que les comédiennes s’époumonent à la chanter et que le public sente que les personnages se donnent avant tout pour elles-mêmes, pour sublimer une émotion, et non pas pour attirer les regards. « Il y a quelque chose de puissant là-dedans », voit la réalisatrice.

Mais ça a été tout le contraire pour Dis-moi, dis-moi, de Mitsou. « Au tournage, ce n’était pas ça que j’avais en tête pour cette séquence-là. Je voulais quelque chose de plus doux, poétique. Mais rendu en montage, je trouvais que ça ne fonctionnait pas. On arrive au milieu du film et on a besoin d’une énergie sexuelle assumée. Il fallait que la musique aille là. Je me suis dit que je devais écouter du Mitsou puisqu’elle est l’emblème de la libération avec son côté très sexy. Et là je suis tombée sur Dis-moi, dis-moi et je voyais toutes les images du film qui s’imbriquaient parfaitement. »

Chloé Robichaud confirme que la libération des droits de synchronisation s’est déroulée de façon « organique », particulièrement lorsqu’elle se souvient de certaines difficultés rencontrées lors de films précédents. « On a été bien conseillés par Tram7 et Fair Enough », estime-t-elle. Un regret ? « On voulait avoir du Céline Dion, mais c’est là où on a frappé notre limite », rigole-t-elle. Le pari n’est pas moins réussi en ce qui concerne la prépondérance des femmes et les liens générationnels.

Chloé Robichaud conclut avec une nuance d’autant plus intéressante : c’est un homme, Philippe Brault, qui est venu ajouter, grâce à ses compositions, une délicatesse à la bande originale. « Je voulais créer un contraste entre l’achat de musique plus pop, qui donne le goût de chanter, et la composition originale qui est plus tournée vers l’intériorité, explique la réalisatrice. Sa musique est beaucoup plus dans la poésie, la douceur. »

Le compositeur Philippe Brault abonde dans le même sens : « C’est toujours délicat travailler la musique dans un film avec autant de chanson déjà en place, mais dans ce cas-ci c’était libérateur. Les chansons servaient déjà l’énergie et le rythme de la comédie, alors je pouvais me concentrer à écrire uniquement la trame plus émotive des personnages, sans toujours appuyer nécessairement l’humour. Chloé voulait aussi une musique très « cinéma » et je pense que le contraste entre cette écriture un peu surannée et les chansons populaires sert bien le ton du film. »

La bande originale de Deux femmes en or incluant la musique de Philippe Brault et la réinterprétation de Lou-Adriane Cassidy de la pièce de Jacques Michel Un nouveau jour va se lever est disponible en ligne.

 

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