Déjà centenaire, le Stampede de Calgary, un des plus anciens événements populaires de l’Ouest canadien, continue d’attirer des visiteurs de partout dans le monde. Chaque année pendant dix jours, la ville se transforme en un grand festival western dont les attractions vont d’un concours de rodéo à une programmation agricole en passant par des spectacles de vaudeville et une série de prestations scéniques mémorables.

Alors que les activités en plein air mettent en valeur la culture et l’esprit communautaire de l’héritage western, le festival doit une part importante de son succès aux artistes de tous les genres musicaux qui sont invités à s’y produire.

« La musique a toujours fait partie intégrante du Stampede comme elle a contribué au peuplement de l’Ouest », explique Roderick Tate, chef du service de programmation de l’événement.

Roderick Tate

Le chef du service programmation Roderick Tate accepte le prix Autorisé à vous divertir au nom du comité d’organisation du Stampede de Calgary lors du Gala de la SOCAN 2015. (Photo : Grant Martin Photography)

Le 22 juin dernier, le Stampede de Calgary a été mis à l’honneur au Gala de la SOCAN 2015, où a été reconnu son engagement de longue date au développement de la musique au niveau communautaire et culturel grâce à un partenariat avec la SOCAN qui lui permet d’utiliser de la musique de façon légale et éthique.

Plus de 100 spectacles ont lieu à l’intérieur et à l’extérieur du parc du Stampede lors du festival western annuel de Calgary, et on estime que les prestations musicales présentées ailleurs dans la ville sont au nombre d’environ 400.

« Nous nous faisons un devoir de féliciter les entreprises et les organisations comme le Stampede de Calgary qui se font un point d’honneur de participer au programme Autorisé à vous divertir de la SOCAN », affirme Leslie Craig, directrice, opérations des services des Licences, à la SOCAN. « Les organisations qui mettent la musique au service du succès de leurs affaires rendent de fiers services aux créateurs et aux éditeurs en reconnaissant qu’elles sont elles-mêmes des partenaires essentiels de l’écosystème de la musique canadienne et en se procurant une licence d’exécution conformément à leur obligation légale. Le programme Autorisé à vous divertir leur offre une façon prestigieuse de démontrer leur engagement à respecter ce partenariat. »

La musique joue un rôle grandissant d’année en année au Stampede. « La musique constitue un élément traditionnel qu’ont certainement apprécié les premiers colons et les pionniers, explique M. Tate. En plus, nous avons une excellente relation avec les peuples des Premières nations – qui racontent leurs histoires en chanson. La musique a donc toujours été présente au Stampede sous une forme ou sous une autre. »

Jadis la chasse gardée des amateurs de rodéo et de vaudeville et des inconditionnels de la musique country, le spectacle en plein air offre désormais un menu éclectique mieux adapté à la variété ethnique et culturelle des festivaliers d’aujourd’hui, ce qui permet au Stampede d’attirer une nouvelle génération d’admirateurs. « Nous offrons décidément un programme varié, explique M. Tate. Il y a de la musique orchestrale, rock, pop, hip-hop, tout ce que vous voulez! »

Carly Rae Jepsen

Carly Rae Jepsen, membre de la SOCAN, en spectacle durant l’édition 2014 du Stampede de Calgary. (Photo : Tye Carson/Flickr)

En 2015, le festival a accueilli les vedettes country Miranda Lambert et Blake Shelton, le légendaire Stevie Wonder et l’artiste country Jason Aldean, créateur d’innombrables pistes numériques à succès. Parmi les artistes de renommée internationale à être montés sur les scènes du Stampede, il y a eu KISS, Garth Brooks, Katy Perry, Carly Rae Jepsen, Dragonette et Reba McEntire, pour n’en nommer que quelques-uns.

« Nous tenons à présenter la fine fleur de la musique. Ça fait partie de notre travail. Mais nous aimons également à faire avancer l’éducation et le développement des artistes émergents en les invitant à participer à  l’un ou l’autre des concours que nous organisons durant le festival », explique M. Tate.

Le Stampede fournit une vitrine importante aux jeunes talents locaux et aux artistes émergents en leur donnant l’occasion de participer aux concours annuels Nashville North Star et Stampede Youth Talent Search.

Organisation communautaire sans but lucratif, le Stampede de Calgary reste actif entre les festivals en favorisant le développement de programmes éducatifs artistiques et musicaux destinés à la jeunesse. Le Stampede Show Band et la Young Canadian School of Performing Art, notamment, offrent aux jeunes Calgariens des opportunités d’apprentissage et de formation qu’ils ne pourraient trouver ailleurs.

Même si la culture des cowboys reste très répandue à Calgary, le Stampede participe très activement au développement d’une culture artistique générale en Alberta. « Le soutien des artistes est vraiment important pour nous, affirme M. Tate, et nous sommes heureux de pouvoir appuyer de cette manière la musique country en particulier et la musique canadienne en général. »

À la question de savoir quel avenir le Stampede de Calgary réserve à la musique, M. Tate répond que « le rôle de la musique continuera d’évoluer, et elle prendra de plus en plus de place dans nos activités non seulement durant le festival, mais pendant toute l’année. »

« Qu’il s’agisse d’éducation musicale ou de prestations scéniques, la musique est ici pour rester. Nous reconnaissons qu’elle fait partie intégrante de la culture canadienne, et elle fait aussi partie de notre identité », conclut M. Tate.



Lorsque Mark Jowett, Terry McBride et leurs associés originaux ont fondé Nettwerk Productions au milieu des années 80, ils n’avaient pas de plan précis, pas de grandes aspirations.

« On s’est réunis parce qu’on voulait lancer quelques artistes », raconte Jowett. « On était des fans de Skinny Puppy et Grapes of Wrath. Nous étions vraiment inspirés par l’excellente musique qui était lancée dans les années 80 – The Cure, Joy Division –, alors nous étions heureux de simplement faire partie de cette scène musicale. Puis, sans qu’on s’y attende, tout a pris des proportions immenses et ça n’a cessé de grandir depuis. »

C’est leur entreprise qui a été une des pionnières du droit d’auteur mur à mur qui permet aux artistes de publier leur musique sur leur propre label en préservant leurs droits d’auteurs.

Ce qui a commencé comme un petit label indépendant de Vancouver est aujourd’hui un éditeur musical d’envergure internationale très respecté, en plus d’être toujours une maison de disque et une entreprise de gestion ayant des bureaux au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne.

Ce fut un long et tumultueux périple qui a offert de nombreux moments marquants. De 1997 à 1999, les tournées Lilith Fair de Sarah McLachlan, présentées sous l’égide de Nettwerk, ont engrangé 16 millions $, dont une grande partie a été versée à des organismes caritatifs pour les femmes. Nettwerk a joué un rôle crucial dans la carrière des Barenaked Ladies, et à ce jour, le groupe a vendu plus de 10 millions d’albums. Ce sont également eux qui ont lancé Avirl Lavigne à l’échelle internationale. C’est à Nettwerk que l’on doit le lancement nord-américain de Parachutes, le premier album de Coldplay après que EMI l’ait rejeté. C’est leur entreprise qui a été une des pionnières du droit d’auteur mur à mur qui permet aux artistes de publier leur musique sur leur propre label en préservant leurs droits d’auteurs tout en étant mis en marché et promues via la marque Nettwerk.

Pour souligner son 30e anniversaire, Nettwerk a invité les artistes de son écurie actuelle à fouiller dans son catalogue, et le résultat est un heureux mélange du passé et du présent intitulé From Cover To Cover : 30 Years At Nettwerk. Le label rééditera plusieurs de ses albums classiques au format vinyle, au bénéfice d’une toute nouvelle génération de mélomanes.

En 2014, Nettwerk a recueilli plus de 10 millions $ en capital de croissance qu’elle a investi dans le développement de ses artistes et l’acquisition de catalogues. Ainsi, l’entreprise a acquis les droits de Robot of the Century Music (le catalogue rock de Roadrunner) et de Maxi Records, une maison de disque américaine faisant dans le dance music sous toutes ses formes. Nettwerk One Music a également conclu une entente de partenariat avec Ten Ten Music Group de Nashville, ce qui lui ouvre toutes grandes les portes de cette ville.

« Notre but, désormais, est de maximiser ces partenariats afin de redonner vie à nos catalogues et de trouver de nouvelles utilisations pour ces chansons. Et, bien entendu, nous sommes toujours à la recherche de nouveaux talents prometteurs. Nous voulons mettre l’accent sur la qualité et, si nous réussissons, nous avons à notre disposition une solide infrastructure qui nous permet de maximiser le potentiel de ces chansons. »

L’industrie de la musique, de toute évidence, a subi de profonds changements depuis les années 80, et Nettwerk a toujours su s’adapter.

« Les ventes par téléchargement sont en baisse, les ventes d’albums sont en baisse », poursuit Jowett, « mais la diffusion en continu est en pleine explosion. La différence majeure est que le marché est un marché de simples. La majorité des gens, aujourd’hui, écoutent des chansons dans le contexte d’une liste d’écoute, pas d’un album. Il nous a donc fallu effectuer un véritable changement de paradigme pour mettre l’accent sur les listes d’écoute et comme nous assurer que nos artistes se retrouvent sur ces listes d’écoute. C’est un tout autre travail que celui de vendre des albums chez un détaillant qui a pignon sur rue. »

« Nous demeurons optimistes qu’au cours des deux ou trois prochaines années, nous aurons tous une nouvelle perspective en ce qui concerne les sources de revenus, et je dis cela principalement en tant que dirigeant de maison de disque. Le côté bandes maîtresses commence à devenir attrayant tandis que du côté de l’édition, nous devons nous battre très fort pour faire augmenter la part d’auteur et la part d’éditeur des redevances provenant de la diffusion en continu. C’est sans doute le combat le plus crucial du moment. »



L’été commence bien pour David Murphy. Le 18 juin 2015, il était le troisième lauréat du prix Christopher J. Reed, un prix qui souligne le travail d’un éditeur au sein de sa communauté ainsi que ses capacités à faire rayonner cette profession méconnue.

Les preuves de son implication sont multiples. Membre du conseil d’administration de Musicaction, il a aussi été président du conseil d’administration de l’APEM (Association des Professionnels de l’Édition Musicale) de 2000 à 2014, en plus d’assurer de nombreuses formations pour ses pairs. « Ce qui m’amène à être aussi actif, c’est cette envie que le métier d’éditeur soit connu et reconnu dans l’industrie de la musique. On sous-estime encore ce qu’un éditeur peut apporter dans le développement d’un auteur-compositeur et même, d’un artiste-interprète. Nous sommes des partenaires dans le développement d’une carrière, tout comme les gérants. »

« On sous-estime encore ce qu’un éditeur peut apporter dans le développement d’un auteur-compositeur. »

Murphy débute dans l’univers de la musique en cognant à toutes les portes, passionné de musique ne sachant où se diriger lors de ses études universitaires. Après quelques détours, Murphy travaille à la SODRAC (Société du droit de reproduction des auteurs-compositeurs et éditeurs au Canada) où il acquiert des connaissances en droit d’auteur, et par la suite, aux Disques Musi-Art où il gère l’aspect édition. Il quittera en 1998 pour fonder avec sa femme Mélanie Fuller une entreprise de gestion de droits d’auteur, David Murphy & Cie. Soutien à la création, promotion d’œuvres et administration. Ces trois vecteurs sont aujourd’hui au coeur de son entreprise. Les clients sont nombreux autant du côté des maisons d’édition que pour des artistes tels Richard Séguin, Vincent Vallières, Marie-Pierre Arthur et les incontournables de la composition musicale sur image comme FM Le Sieur, Michel Corriveau et Nicolas Maranda.

Le travail d’un éditeur se joue à tout plein de niveaux. Murphy se rappelle des quelques mots échangés avec Jean Millaire lors du dernier gala de la SOCAN. Millaire le remerciait d’avoir placé une des chansons de Marjo dont il est le compositeur dans une publicité au Chili. « Oui, c’est possible de faire voyager sa musique, et je suis là pour ça. » Ou encore, Murphy pense à tout le travail d’éditeur qui a été nécessaire pour Alexandre Belliard et son spectacle Légende d’un peuple, des chansons marquantes de notre histoire présentées cette année aux Francofolies de Montréal. « Sans le travail d’un éditeur, un spectacle comme ça n’existe pas. Si le métier est méconnu, il reste fondamental au sein de l’industrie. Et ça, plus que jamais. »

Pourquoi? Parce que les enjeux d’aujourd’hui en matière d’édition sont plus grands que jamais. Comme Murphy le souligne, ce n’est pas tant le métier qui a changé que l’environnement actuel avec l’arrivée du numérique. Murphy donne un exemple. « À un niveau juridique, la loi sur les droits d’auteur doit être revue afin d’avoir une visée technologique neutre. Je m’explique. Le régime de copie privée, qui est la redevance payable par les fabricants de supports vierges tels les CDs et DVDs, a été créé en 1996. Il se vendait alors beaucoup de CDs et DVDs et il y avait là des revenus pour les ayants droit. Aujourd’hui, les clés USB, les téléphones cellulaires et les lecteurs MP3 qui ont la même fonction de reproduction que le CD et le DVD vierge ne sont pas visés par le nouveau régime de copie privée. Il y a donc une réduction significative des redevances de copies privées.  Ce qui nous oblige à revoir cette loi avec une visée technologique neutre. » L’internet, tout comme les nouvelles plateformes numériques qui transforment les habitudes de consommation de la musique, rend aujourd’hui le travail de l’éditeur d’autant plus pertinent, voire même essentiel pour l’avenir des créateurs.

Et ce n’est qu’un début. Pour David Murphy, ce nouvel environnement numérique soulève des questions fondamentales quant à la pérennité de la culture québécoise, sa présence et son accessibilité sur l’ensemble des nouvelles plateformes numériques. Engagé et prêt à soulever les nouveaux défis du métier, l’homme installé à Magog depuis dix ans embrasse sa situation. Au point tel que l’éditeur ne désire pas tant son agrandissement que le raffinement des relations établies. « Je suis plutôt dans un mode petit train va loin. Je ne cherche pas la croissance, mais plutôt, le travail bien fait. »