Homme imposant à la voix tout aussi puissante, « Uncle » Kutcha Edwards a ouvert le bal des vitrines du Sommet international de la musique autochtone (IIMS) 2025 au TD Music Hall, le 3 juin dernier. Il a entamé sa prestation en martelant des claves, accompagné de Linc YowYeh à la guitare acoustique, pour interpréter « Singing Up Country », un hymne à sa terre natale en Australie. Entre les chansons, il a raconté avec émotion avoir été arraché à sa mère à l’âge de 18 mois, pour ne la revoir que brièvement à six ans. Ce fait vécu était au cœur de « Mrs. Edwards », livrée avec tant d’intensité qu’elle a fait monter les larmes aux yeux du chanteur, au point de le faire pleurer sur scène, déclenchant une ovation debout. D’autres titres comme « Mother Tongue » et « I Know Where I’m Going » ont su maintenir le public suspendu à ses mots.
Lauréate d’un prix SOCAN en 2024, Jade Turner faisait à cette occasion ses débuts sur scène à Toronto. Naviguant avec aisance entre accents bluesy et pop, sans jamais s’éloigner de ses racines country et americana, elle a confirmé hors de tout doute son talent d’autrice-compositrice. Ses chansons narratives dépeignaient la vie rurale (« Highway Town »), l’amour maternel (« Stay Wild Child »), l’inspiration que lui insuffle Crystal Shawanda (« Dead Weight »), et le parcours difficile d’un membre de sa famille, marqué par de lourds traumatismes dès l’enfance, qui a ensuite été arraché à ses repères avant de décéder (Marion). Avec sa voix puissante et un solide groupe de quatre musiciens — dont le réalisateur winnipegois Murray Pulver (Bros. Landreth) à la guitare rythmique — Turner a fait forte impression.
Le chanteur et auteur-compositeur métis du Manitoba Mitchell Makoons a proposé un registre folk épuré, n’étant accompagné que de sa guitare acoustique et de Caitlin Baker au violon. Ses chansons simples, mais efficaces, comme « Courage » et « Best Friend », côtoyaient aussi bien un morceau plus léger – racontant le retour d’un chandail après une rupture, toujours imprégné, huit mois plus tard, de l’odeur tenace du détergent Tide Eau Froide – que des pièces plus graves, comme « Still My Father’s Son ». Interprète aux multiples nuances, Makoons a su faire passer toute une palette d’émotions.
Pako, auteur-compositeur-interprète à la voix rauque originaire de la communauté atikamekw de Manawan, dans Lanaudière, a livré une prestation électrique avec son groupe rock formé d’un batteur, d’un bassiste et d’un guitariste. Sa musique, à la fois nerveuse, dynamique et atmosphérique, allait du blues bien senti (sur l’art d’écouter son portefeuille) au rock funky (sur la guitare comme meilleure amie), jusqu’au métal pur et dur. Le tout ponctué de solos de guitare éclatants et flamboyants qui ont soulevé les applaudissements.
Le Sommet international de la musique autochtone se poursuit jusqu’au 6 juin.