Francesco Yates est un jeune chanteur originaire de Toronto qui pourrait bien être la prochaine révélation pop et de R&B. Il a commencé à jouer de la musique à onze ans, ce qui est rapidement devenu sa vie, ayant signé son premier contrat avec la maison de disques Atlantic Records à l’âge de 16 ans. Aujourd’hui, à seulement 18 ans, il inspire déjà les éloges de magazines d’avant-garde comme Complex, Billboard, The Source et MTV U.K., ainsi que des compliments d’importants artistes de la musique pop comme Pharrell Williams, Timbaland et Justin Timberlake. « Mon but est de rendre les gens heureux avec ma musique, dit Francesco Yates. Si je peux susciter une émotion chez les gens grâce à ma musique ou en jouant sur scène, alors j’ai accompli mon travail. » Courez voir Francesco Yates lors de sa tournée cet automne avec le chanteur de R&B texan, SoMo.



« De nombreux musiciens rêvent de composer des trames sonores pour le milieu du cinéma ou de la télévision. Je les comprends. Le boulot est fascinant. La paye est bonne. Mais ce n’est pas seulement votre talent de compositeur qui vous mènera loin dans ce métier. »

Même si elle provient de James Gelfand, dont le cv inclut la musique de 60 films (Pinocchio 3000, Cyberbully, Swamp Devil) et de 200 épisodes de séries télévisées, (Sous un ciel variable, Jack Paradise, Virginie, Crusoe), l’affirmation surprend. Assis devant son piano, un instrument qui l’a mené sur les planches des plus grands festivals de jazz au monde, le musicien parle rapidement. Les idées se bousculent. Ses réponses prennent moult détours. « Je n’ai pas trop de filtre lorsque je donne des entrevues, remarquera-t-il au cours de l’entretien. Je sors tout ce qui me passe par la tête. »

« Lorsqu’un producteur te donne ses commentaires, tu l’écoutes et tu acquiesces. »

À 55 ans, le musicien montréalais, lauréat de plusieurs prix de la SOCAN, jette un regard lucide sur son travail. Sa franchise a de quoi éclairer les futurs John Williams de ce monde : « Ce qui vous mènera loin dans le métier, c’est votre capacité à décrypter un scénario, à saisir la psychologie des personnages, l’émotion des scènes, la tension dramatique du récit. Il vous faut établir une connexion avec le réalisateur et comprendre son film sans même l’avoir vu. Mais surtout, il faut savoir que dans ce job, on ne se satisfait pas soi-même. Les attentes des clients passent avant tout, » analyse celui qui compte parmi les siens des producteurs d’envergure tels ceux de HBO, PBS, NBC, Lionsgate et Lifetime.

« Il m’est arrivé de travailler sans relâche sur la musique d’un film dans le seul but d’être original. Je me creusais la tête pour pondre quelque chose de différent, de plus poussé. Lorsque j’ai enfin présenté mon travail au réalisateur, il m’a demandé de revenir à quelque chose de plus accessible. J’étais déçu, mais je n’ai pas bronché. Je ne m’obstine pas beaucoup avec les clients. Lorsqu’un producteur te donne ses commentaires, tu l’écoutes et tu acquiesces. Il faut savoir choisir ses batailles. Je suis donc retourné le voir avec une trame sonore plus simple, voire cliché. Il a adoré. »

Ce jour là, James Gelfand a compris qu’à titre de compositeur, son sentiment d’accomplissement lui viendrait davantage de ses projets personnels. En plus d’avoir collaboré à une trentaine d’albums, le pianiste récipiendaire d’un JUNO et de nombreux prix Jazz Report a lancé huit disques sous son propre nom. « Je ne pensais pas écrire de trames sonores au départ. C’est lors d’un concert corporatif que j’ai donné à la fin des années 80 qu’un type m’a abordé. Il produisait des vidéos corporatives et avait parfois besoin de musiciens pour composer des thèmes. Il m’a engagé sur un projet. Peu de temps après, Michel Donato (avec qui Gelfand a lancé l’album Setting The Standard en 1996) m’a demandé de collaborer à la musique du téléroman Sous un ciel variable. Ma carrière était lancée. »

Il suffit de survoler l’œuvre de Gelfand pour prendre la mesure de sa polyvalence : des orchestrations épiques du film d’action Exploding Sun à la pop pour enfants de la série The Mysteries of Alfred Hedgehog, le registre du compositeur est vaste. Il a même touché à la musique électro pour la série documentaire Naked Science diffusée au National Geographic Channel. « C’est l’autre grande clé du succès dans le milieu de la trame sonore. Il faut maîtriser tous les genres musicaux pour se garder le plus de portes ouvertes. Si tu ne touches qu’à un genre en particulier, tu seras vite étiqueté et tu perdras des contrats. Lorsque j’étais jeune, j’étudiais le jazz, mais je pratiquais la musique classique à la maison. J’ai ensuite joué dans des groupes de rock à l’adolescence. J’ai même été musicien accompagnateur pour des artistes pop. Il faut rester ouvert d’esprit. Savoir improviser dans n’importe quel style est primordial. »

Gelfand parle en connaissance de cause. Au cours des deux derniers mois, il a travaillé sur trois projets bien différents. En plus de la trame sonore du film de Noël North Pole, il a co-écrit avec sa femme, la pianiste Louise Tremblay, la musique du thrilleur psychologique Forget and Forgive et celle de The Prodigal Son, un dessin animé biblique 100% musical. « Il y a des semaines où je ne dors pas beaucoup, mais au moins, je n’ai pas l’impression de me répéter. » Alors, toujours envie de devenir le prochain Morricone?



« Quand on fait partie d’un groupe punk, personne ne vous questionne jamais sur l’écriture des chansons. »

C’est ce que déplore Jonah Falco, batteur des F***ed Up. Depuis ses débuts sur la scène hardcore de Toronto au début des années 2000, le groupe a fait couler beaucoup d’encre. Au début, en raison de ses spectacles imprévisibles et parfois violents, dont le chanteur Damian Abraham sortait la tête en sang, pour avoir été banni des installations de MTV après une prestation particulièrement mouvementée dans un studio et qui a causé d’importants dommages, et pour son nom, que la plupart des journaux n’osent même pas imprimer. Autrement dit, parce qu’il est punk.

Après avoir signé chez Matador Records en 2008, l’attention s’est portée davantage sur leur musique, surtout pour souligner à quel point elle est « non-punk ». Le disque The Chemistry of Common Life, avec sa superposition ambitieuse de textures et de chansons non conformistes et longues (c’est-à-dire, de plus de trois minutes), a remporté le Prix de la musique Polaris 2009 et, en 2011, David Comes to Life, « opéra rock » auto-proclamé, a été nommé album no 1 de l’année par le magazine Spin. Aujourd’hui, le groupe, encensé par la critique pour avoir repoussé les frontières du hardcore, présente Glass Boys, une réflexion sur l’âge et l’ambition à la fois crue et complexe. 

« Je voulais que ce disque parle de la prise de conscience que, à l’âge de 32 ans, on est probablement devenu celui qu’on aurait détesté à 22 ans. » – Damian Abraham de F***ed Up

« Je voulais que ce disque parle de la prise de conscience que, à l’âge de 32 ans, on est probablement devenu celui qu’on aurait détesté à 22 ans, » explique Abraham, qui partage l’écriture avec le guitariste Mike Haliechuk. « Les chansons parlent de vieillir et d’avoir à accepter que les choses qui avaient autrefois du sens n’en ont plus tellement maintenant. C’est étrange pour moi, mais j’ai franchi des étapes dans le processus de l’écriture que je n’avais jamais traversées auparavant. J’hésite à employer le mot de transformation mais je dois dire que je me sens beaucoup mieux aujourd’hui. »

Avec ses six membres à temps plein (dont le guitariste Josh Zucker, la bassiste Sandy Miranda et le guitariste/chanteur Ben Cook), F***ed Up a vite compris qu’improviser tous ensemble dans une pièce sur des idées de chanson ne menait à rien. L’écriture a donc évolué vers un processus où les membres se séparent puis se retrouvent. « Nous avons écrit l’essentiel du disque à cinq, l’avons peaufiné à trois, puis l’avons enregistré presque tous séparément, » dit Falco.

Si l’écriture de chansons ne semble pas vraiment rimer avec le genre « hardcore », essayez cet autre rapprochement incongru : F***ed Up mettant en vedette Gord Downie. La collaboration du chanteur des Tragically Hip constitue le dernier ajout dans la tradition du groupe, qui fait souvent appel à des chanteurs invités, dont Dallas Green (Alexisonfire, City & Colour) Sebastien Grainger (Death from Above 1979), Katie Stelmanis (Austra) et J. Mascis (Dinosaur Jr.), dont les voix complètent et contrastent avec le style criard et brute d’Abraham. Les invités participent souvent dès le début au processus d’écriture de Damian.

« Quand j’écris et que j’entends les paroles dans ma tête, je vois où elles s’insèrent dans la chanson et normalement il y a plusieurs voix qui chantent, dit-il. Ce n’est jamais ma propre voix. Ça vient plus tard pour moi, presque comme une traduction, dans le studio. Et j’ai eu la chance extraordinaire de pouvoir joindre ces personnes et de leur demander, “j’ai une chanson pour toi, viendrais-tu pour que je puisse t’accompagner de ma voix?” C’est presque comme aller à la pêche. »

Abraham a d’abord rencontré Downie en tant que client dans un magasin de location de vidéos dans lequel il travaillait. Par la suite, les deux musiciens ont pu échanger en coulisse à l’occasion d’un concert de City & Colour, puis ont amorcé une correspondance régulière par courriel. Quand Damian a envoyé à Downie les paroles de « The Art of the Patron », et lui a demandé de les chanter, Gordon a accepté d’emblée. « Je n’ai jamais traité une fois avec un gérant ou une étiquette de disques. Il s’est tout simplement présenté. C’est un gars terre à terre absolument surprenant et sympathique. C’était presque irréel de découvrir à quel point tout a été si normal. »

Normal. Un autre mot pas très courant dans l’univers de ce groupe. F***ed Up a commencé comme un glorieux accident (et le demeure encore), une expérience qui a réussi bien au-delà de ce que rêvaient ses membres, alliant des sonorités musicales et des idées qui ne sont pas censées aller ensemble, mais qui le font. C’est l’esprit du punk rock tel qu’ils le voient – qui n’adhère à aucune convention de genres, mais qui, au contraire, les brise.

« On peut toujours infléchir les règles,  explique Falco. Ce qui caractérise F***ed Up c’est cette intersection conflictuelle entre le mélodieux et le non-mélodieux. C’est de vouloir trop en mettre, le nombre de pistes de guitare ou essayer quelque chose comme de mettre le pied dans un soulier trop serré. Essentiellement, c’est d’aller toujours au-delà de ce qui serait une dose raisonnable d’ambition. C’est comme de dire, ok, on a une bonne chanson. Cool, alors essayons de lui ajouter encore quelque chose! »

JONAH FALCO : LEÇONS APPRISES

  • Dites oui à tout ce qui se présente. « Quand on m’a invité à me joindre à F***ed Up, j’ai reçu ce message : Sais-tu jouer de la batterie et en as-tu une? J’ai répondu oui aux deux questions, mais c’était faux dans les deux cas. »
  • S’entourer de mystère. F***ed Up a utilisé au début de faux noms de membres, créé un logo énigmatique et fait paraître sa musique dans des éditions très limitées avec un minimum d’indications sur ses collaborateurs. « Quand on rend l’information difficile à trouver, ça crée une demande. »
  • Lors de l’écriture et de l’enregistrement, prenez tout votre temps pour peaufiner vos chansons à votre entière satisfaction. « Une fois la séance de studio terminée, vous ne pourrez plus rien y changer. »

FAITS SAILLANTS
Éditeur :
Songs of Beggars Music, Mattitunes Music (ASCAP)
Discographie : Hidden World (2006), The Chemistry of Common Life (2008), David Comes to Life (2011), Glass Boys (2014)
Membre de la SOCAN depuis 2005 (Cook), 2006 (Haliechuck, Zucker), 2007 (Falco), 2008 (Miranda), 2010 (Abraham).
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