Les chansons sur le nouvel album d’Alex Cuba intitulé à juste titre Sublime ont été créées dans la chaleur du Mexique et la froideur du nord de la Colombie-Britannique, où il habite. Lors de son récent passage à Toronto pour promouvoir son album, l’auteur-compositeur-interprète et polyinstrumentiste lauréat de prix JUNO, Latin Grammy et SOCAN nous expliquait que « l’inspiration pour cet album m’est venue lors d’un de mes voyages d’écriture au Mexique.

« J’ai trouvé un bon public là-bas et j’ai également un contrat d’édition avec Universal », explique Cuba. «   Le service A&R de Universal Music Publishing Mexico fait du bon travail et me met en contact avec des gens très talentueux. J’ai commencé à écrire des chansons là-bas et j’y suis très inspiré. Quelques-unes de ces chansons écrites il y a environ 18 mois se sont retrouvées sur l’album. »

Son processus d’écriture s’est également poursuivi chez lui, à Smithers, Colombie-Britannique. “« Je m’enfermais dans mon garage/studio, dans le froid, jusqu’à 3 h du matin », dit-il. « Le studio est équipé d’une fournaise au gaz, mais elle est parfois trop bruyante, alors j’utilise une petite chaufferette électrique. C’est très frisquet malgré tout ! »

« J’aime ce moment de création quand je suis seul avec ma guitare. J’ai été musicien pendant très longtemps avant de devenir un chanteur et un auteur-compositeur, et je remercie Dieu d’entendre immédiatement les arrangements quand j’écris une chanson. Je me rends ensuite directement en studio pour l’enregistrer. C’est ce que j’appelle le moment de vérité. C’est très important pour moi que la musique n’a pas l’air sur-produite ou surarrangée. »

Le matériel que l’on entend sur Sublime est intime et chaleureux, et c’est précisément cette ambiance que Cuba recherchait. “« Je savais depuis le début, quand j’ai commencé à préparer mes démos, que cet album aurait un petit quelque chose de différent. Je voulais qu’il soit plus intime, dénudé et vulnérable », confie-t-il.

« J’aime ce moment de création quand je suis seul avec ma guitare ».

Pour y arriver, Cuba a décidé de s’autoproduire (en compagnie de l’ingénieur et mixeur de renom John « Beetle » Bailey) et de jouer tous les instruments sur l’album. « J’entendis si clairement ce que je voulais comme résultat final que je trouvais que ce serait mieux ainsi », explique l’artiste. « On a beau travailler avec les meilleurs musiciens, mais parfois, communiquer ce qu’on veut est difficile. Il y a certains instruments, les congas notamment, que je jouais dans un enregistrement pour la première fois de ma vie, mais John a rendu le processus vraiment confortable pour moi. »

La musique sur Sublime a beau avoir été enregistrée de manière totalement autonome, l’album a néanmoins un aspect collaboratif très important. Quatre des chansons sont le fruit de diverses collaborations et Cuba a fait appel à des artistes renommés sur six des morceaux, incluant la vedette émergente Silvana Estrada, Pablo Milanés (l’un des fondateurs de la Nueva Trova), ainsi que la légende cubaine Omara Portuondo, bien connue pour sa participation au Buena Vista Socal Club.

Leçons apprises : trois astuces d’écriture et de composition
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« Je crois que c’est important, lorsqu’on écrit en compagnie d’autres artistes, d’être préparé à voir les choses de leur point de vue. Soyez ouvert à ce qu’ils ont à dire et imprégnez-vous de l’instant présent. »
« N’ayez pas peur de créer quelque chose d’unique avec les progressions d’accords de vos chansons ; c’est ça qui les rendra différentes. Je suis toujours fier lorsque j’écris des chansons avec des progressions d’accords ‘cools’. Trop de musique de nos jours est dans les mêmes tonalités. On n’a pas besoin de ça ! »
« Je garde toujours des mélodies en mémoire dans mon téléphone. Si je vais dans une session d’écriture est que mon collaborateur et moi ne trouvons rien de nouveau dans la première demi-heure, je me tourne vers ces mélodies. La chimie opère parfois plus vite avec une personne plutôt qu’une autre, et utiliser ces mélodies peut être l’étincelle qui déclenche cette chimie, alors arrivez préparés ! »

« Je suis tellement fier d’avoir chanté avec une de mes héroïnes », affirme Cuba au sujet d’Omara Portuondo. “« Elle a 89 ans et a pratiquement plus d’énergie que moi en studio ! »

Sublime est le septième album solo de Cuba et il est très fier de pouvoir affirmer qu’il n’a jamais enregistré le même album deux fois. Ses albums précédents touchaient au rock, au funk et aux diverses saveurs de la musique latine, et c’est ce qui fait qu’il est impossible de cataloguer cet artiste qui a grandi à Cuba et habite maintenant le Canada. « Il m’a fallu beaucoup de courage pour en arriver ici », dit-il au sujet de son nouvel album. « J’arrive avec un nouvel album qui est plutôt doux et mélodique. Il ne cadre peut-être pas avec le climat actuel de la musique, mais c’est exactement ce que je voulais faire et c’est peut-être ça qui me distingue des autres. »

« Je veux que les gens ressentent l’honnêteté de ma démarche et qu’ils sachent que je fais de la musique parce que j’aime ça, pas parce que je souhaite être riche et célèbre… Je ne me suis jamais perçu comme un artiste de la mouvance latino-urbaine. Tout ce qui compte pour moi c’est de demeurer fidèle à moi-même. »

Il est néanmoins ravi que la musique latine soit désormais reconnue internationalement dans la foulée d’un « hit » majeur comme « Despacito ». « Jamais je n’aurais pensé entendre de la musique latine pendant que je prends un café au Tim Hortons », s’esclaffe Cuba. « Les règles ont changé et c’est notre tour », ajoute-t-il plus sérieusement.



Selon la « science » de Wikipédia, Apophis est un astéroïde géocroiseur de type sidérite, mesurant environ 325 mètres de diamètre. Il suit une orbite proche de celle de la Terre qu’il croise deux fois à chacune de ses révolutions. C’est aussi le nom du plus récent single de Choses Sauvages, une pièce qui dure 3 minutes 41 secondes pour la radio, mais 9 minutes pile pour les initiés. Un an après la sortie de son premier album homonyme, on a rencontré le groupe au 180g, à Montréal, autour d’une assiette de patates et de bacon.

PHOTO Pour les gars de Choses Sauvages, le nerf de la guerre durant la dernière année, ça a été les shows. « On l’a solidifié et on l’a amené plus loin, explique Félix Bélisle (voix et basse). On sait que notre force, c’est la scène. » Tommy Bélisle (claviers et voix) est d’accord : c’est devant un public que le groupe s’accomplit le plus. « Quand on a commencé la tournée, ça faisait déjà un bout que les tounes étaient écrites, se souvient-il. On avait déjà envie d’aller ailleurs, d’explorer, d’adapter notre show. »

Le groupe a passé la dernière année sur les routes du Québec, entre autres avec Foreign Diplomats, mais aussi avec Half Moon Run qui, de par son envergure, a mené les gars loin de leurs fans habituels. « C’est arrivé qu’on joue devant juste des têtes blanches, dit Tommy. On a fait des shows devant des salles complètement assises. » C’est ainsi qu’ils ont visité l’aspect malléable de leur matériel. Rien n’est figé dans la musique de Choses Sauvages; c’est un casse-tête qui renouvelle constamment ses morceaux.

Le deuxième album a évidemment habité leurs esprits tôt dans l’histoire comme le groupe choisissait une nouvelle tangente d’exploration électro qui leur plaisait beaucoup. « Sur scène, tout est différent, croit Marc-Antoine Barbier (guitare et voix). L’album qu’on va faire va être plus proche de notre manière de jouer. Ça va être moins liché. On avait beaucoup aimé la réalisation de Manu (Emmanuel Éthier), mais notre attitude punk, dansante, party, c’est ce qui marche pour nous maintenant. » « Pour ce qui s’en vient, on est vraiment dans une exploration kraut électro », renchérit Félix.

C’est dans l’optique de mettre la table pour la suite que Choses Sauvages s’offrira une expérimentation totale dans le cadre de Coup de Cœur francophone, une semaine après avoir gagné ou perdu son premier Félix à l’ADISQ (Album de l’année – Alternatif). Le show « rewerk », présenté le 8 novembre au Club Soda, à Montréal, sera une occasion de décloisonner les genres et d’étirer tous les élastiques du style. « On revisite l’album sous des formes plus électroniques, avance Marc-Antoine. Il y a probablement des chansons qui vont être sur le prochain album. Il y a moins de drum, plus de drum machine et on ne veut pas d’interruption pour dire ”hey salut Montréal”. Ça va être une heure et demie de musique en continu. »

Le groupe a l’impression de faire d’une pierre deux coups en ce qui a trait aux sonorités singulières qu’il propage : Il y a un public pour tout; il y a un public pour ce qui les rend heureux. « On travaille pour nous, mais on sait qu’il y a une demande dans le milieu », dit Thierry Malépart (claviers et voix). « Pendant la sortie de notre premier album, plusieurs choses se passaient, ajoute Félix. Hubert (Lenoir) et Les Louanges étaient encore au début de leurs trucs. On n’entendait pas nécessairement ce qu’on voulait entendre sur la scène musicale du Québec. »

« Maladie d’amour (Jimmy Hunt, 2013), c’était notre référence et on n’était pas exactement là, non plus, explique Tommy. Le Québec a eu son folk, il a eu son rap. Il est content d’avoir autre chose. » « Les gens ont-ils demandé ça? Peut-être, estime Thierry. On savait que nous, c’est là qu’on s’en allait. »

Très autonome dans son voyage au cœur de la scène musicale, le groupe apprécie l’idée d’avoir les deux mains dans son produit jusqu’aux coudes. C’est pourquoi leur maison de disques est, pour eux, un match parfait. « Audiogram nous laisse vraiment libres, dit Philippe Gauthier Boudreau (batterie et voix). Ils sont embarqués au moment où l’album était fini. »

C’est donc peut-être un mal pour un bien si leurs essais auprès des concours n’ont pas été fructueux. La débrouillardise s’est empressée de chasser toutes les mauvaises nouvelles. « Les Francouvertes n’ont pas voulu de nous », se rappelle Félix avec humour. « Personne voulait de nous », admet Philippe. « Ça a fait en sorte que quand on est arrivé dans la vraie game, on avait déjà autoproduit nos shows sans encadrement. On avait juste Marie-Clarys (leur gérante) avec nous autres. »

L’automne 2020 devrait voir naître la seconde galette de Choses Sauvages, un disque où l’on pourra entendre le fruit des soirées qui n’ont pas vraiment de fin, des jams infinis dans des appartements de Montréal devant une poignée d’amis qui savent fêter. « Les drums machines, c’est un gros ajout, dit Marc-Antoine. Ça va paraître. » « On va aussi se permettre de faire des tounes de six minutes et de sortir de la formule ”chanson” », annonce Tommy.

Les garçons hiberneront ensemble en cogitant sur chacune des prochaines chansons et l’objectif ensuite sera de conquérir l’Europe. « Et de se faire des nouveaux amis pour la vie, aussi », plaisante Félix. Oui, oui, des amis. Pour la vie.



Mallory Johnson a toujours su ce qu’elle veut, tout était une question de savoir quand elle y arriverait. Quand on lui demande s’il y a un moment où elle a réalisé qu’elle voulait devenir musicienne, la Terre-Neuvienne affirme ne pas pouvoir trouver un moment précis. « Je ne me souviens pas d’un moment de ma vie où je ne le savais pas », affirme-t-elle avec confiance. « Ç’a juste toujours été une chose sûre. »

Issue d’une famille très musicale — « presque impossible de trouver une tante, un oncle ou un cousin qui ne joue pas d’un instrument » — elle a grandi au son des mélodies de Dolly Parton et Loretta Lynn. À 11 ans, elle signait sa première co-création au sein du groupe familial, The Cormiers.

Dès ce moment, son curriculum vitae n’a cessé de se bonifier : plus jeune interprète de l’hymne national au Air Canada Centre de Toronto, tournée mondiale en compagnie de The Cormiers, et lauréate du prix Spotlight Performance de l’Association de la musique country canadienne en 2017.

Comme bon nombre d’auteurs-compositeurs et d’interprètes du country, Johnson savait quel était son objectif : s’établir à Nashville pour collaborer avec les plus grands noms du domaine. Après un bref séjour à Toronto, Johnson s’est donc installée aux États-Unis : « Nashville est un plus gros bassin », dit-elle comparativement à ses origines. « Les auteurs sont là, les maisons d’édition sont là, les maisons de disques sont là. Il ne s’agit pas de savoir si la bonne personne va vous entendre, mais quand. »

En effet, les opportunités se sont manifestées. Elle a assuré les premières parties d’artistes tels que Rascal Flatts, Blake Shelton et Carolyn Dawn Johnson. L’an dernier, elle a lancé son premier EP éponyme qui propose moult solos de guitare entraînants, des histoires touchantes et des mélodies accrocheuses – qui servent de canevas pour sa voix puissante dont elle est en plein contrôle et qui est au centre de chaque pièce.

Elle lancera de nouvelles musiques cet automne, preuve que Johnson a su se faire entendre des bonnes personnes dans l’industrie de la musique de Nashville. Au tour du reste de monde, maintenant.