GALERIE DE PHOTOS EN FIN D’ARTICLE

On le sait, les compositeurs et compositrices de musique à l’image du Québec travaillent dans l’ombre, souvent en solitaire. C’est pourquoi la SOCAN a répondu présente lorsque Anaïs Larocque, Michel Corriveau et Maxime Fortin, représentants des compositeurs de musique de commande au sein de la SPACQ-AE et membres d’un comité consultatif d’une douzaine de compositeurs et compositrices de musique à l’image du Québec, a émis le souhait de créer un événement servant de lieu d’échange et d’éducation, et de provoquer une occasion pour retrouver un esprit de communauté. Quelques mois plus tard, le 14 novembre, au Centre Phi, MTL à l’image, l’événement des pros de la musique à l’image, se déroulait devant près d’une centaine de compositeurs et de compositrices de musique à l’image et autres intervenants du milieu de l’audiovisuel, heureux de pouvoir voir et parler à leurs collègues en personne.

« Je suis à la fois extrêmement heureux et agréablement surpris par l’ampleur de la réponse que nous avons reçue de notre communauté… Souhaitons-nous une longue vie à cet événement nécessaire », Michel Corriveau

Animé par Eric Parazelli, rédacteur en chef de P&M et gestionnaire des communications francophones pour la SOCAN, cet après-midi de discussions, d’échanges, d’éducation et de célébrations proposait une programmation chargée, sous la direction du chef des affaires du Québec pour la SOCAN Alexandre Alonso, guidé par les souhaits du comité consultatif en termes de contenu.

Montreal, screen, music, conference, November, 2024

Une fois salué virtuellement par la chef de la direction de la SOCAN Jennifer Brown, on y a discuté d’intelligence artificielle lors d’un panel captivant intitulé « Jusqu’où l’intelligence artificielle nous mènera-t-elle ? », en compagnie de références en la matière : Stéphane Caron, spécialiste des aspects légaux de la propriété intellectuelle et associé chez Gowling WLG, le journaliste scientifique et conférencier Michel Rochon (Le cerveau et la musique), et le co-fondateur et président de Triptyq Capital, Guillaume Therrien, en compagnie du président du conseil d’administration de la SOCAN et compositeur Marc Ouellette.

En un peu plus d’une heure, ils ont pu aborder la dimension historique de cette révolution technologique, les aspects légaux et législatifs de l’IA ici et à travers le monde, les considérations commerciales et les applications concrètes de L’IA en composition musicale, de même que la nécessaire adaptation des compétences et les questions éthiques et morales soulevées par l’IA. Les participants ont également pu échanger avec les membres du panel à propos de leurs inquiétudes pour certains, et de leur enthousiasme pour d’autres, face à l’impact croissant de l’intelligence artificielle sur leur pratique.

Montreal, screen, music, conference, November, 2024, Robert KraftPar la suite, la SOCAN avait fait appel à Robert Kraft, auteur-compositeur de musique à l’image de renom, récipiendaires de nombreux prix, président-directeur général de Kraftbox Entertainment et ambassadeur de la SOCAN à Los Angeles, pour animer les deux segments en anglais. Le premier étant une présentation autour des outils Spitfire Audio et comment maximiser l’utilisation de ces outils lors de la création de musique pour une production audiovisuelle en compagnie de la compositrice à l’image Amy McKnight et du compositeur et fondateur de Spitfire Audio Paul Thomson.

Le second segment en anglais fut une grande entrevue avec le maitre Howard Shore, en direct de Los Angeles, qui a répondu aux questions de Robert Kraft à propos de son impressionnante carrière, lui qui a remporté de nombreux prix dont plusieurs Oscars, des Golden Globes et Prix Écrans canadiens pour ses musiques légendaires comme celles de la trilogie du Seigneur des anneaux, celles de presque tous les films de David Cronenberg, celle du Silence des Agneaux, la chanson-thème de Saturday Night Live, les musiques des films de Peter Jackson Le Hobbit et King Kong, en plus d’être un collaborateur régulier de Martin Scorsese. Une rencontre dont les participants à MTL à l’image se souviendront longtemps.

Par la suite, deux segments pratico-pratiques alors que Pascal Genêt, chargé de projet au sein de l’Observatoire de la Culture et des Communications du Québec de l’Institut de la statistique du Québec est venu présenter un panorama de l’industrie audiovisuelle du Québec et que Jimmy St-Germain, responsable de comptes à la SOCAN et principalement chargé des besoins des compositeurs à l’image du Québec, est venu partager les bonnes pratiques en matière de rapports de contenus musicaux, une étape cruciale pour la répartition des revenus de droits d’auteur de musique à l’image.

Montreal, screen, music, conference, November, 2024Pour terminer la journée, la compositrice de musique à l’image Anaïs Larocque qui est également vice-présidente du conseil d’administration de la SPACQ-AE, est venue remettre le tout premier Prix Montréal à l’image, commandité pour cette première année par la Fondation SPACQ, au compositeur Richard Grégoire (Les filles de Caleb, Blanche, L’Enfant d’eau, Ces enfants d’ailleurs, Marguerite Volant, Napoléon etc.) après un témoignage touchant de la compositrice. Ce prix, imaginé par Anaïs Larocque et conçu par la joaillière Sarah Bijoux et l’artisan du bois Romain Buisson Martineau, célèbre l’immense contribution de Richard Grégoire à la musique de film et à l’enrichissement de notre patrimoine musical. Le design du prix s’inspire de l’image de l’arbre et de ses anneaux de croissance, une métaphore qui résonne avec la forme circulaire de la bague, dont la texture évoque l’écorce de l’arbre.

« La remise du tout premier Prix Montréal à l’image a été un moment bien émouvant pour moi, a déclaré Anaïs Larocque. Plus jeune, j’ai été marquée par la musique de Richard Grégoire dans certaines séries et films (notamment L’Enfant d’eau et Les filles de Caleb), des compositions qui ont pris une place importante dans mon cœur et m’ont inspirée à rêver, un jour, de créer moi aussi des musiques capables d’émouvoir les gens. Lors de l’événement, j’ai eu la chance de découvrir un homme d’une grande lumière et sagesse, et d’une humilité touchante. »

De son côté, le compositeur à l’image et membre du comité consultatif Maxime Fortin était tout aussi enthousiaste quant au déroulement de cette première édition : « Des panélistes pertinents, une passation de sagesses de M. Howard Shore, un prix pour l’honorable Richard Grégoire ainsi que de chaleureuses discussions entre pairs. En bref, le franc succès de l’événement nous a rappelé que nous formons une communauté forte, avec un besoin profond d’un rendez-vous annuel afin de se rassembler, se célébrer, et faire rayonner la valeur de notre expertise en tant que compositeurs et compositrices à l’image ! »