L’édition 2025 de l’International Indigenous Music Summit s’est ouverte le 2 juin par une réception inaugurale suivie d’un concert de gala à la salle TD Music Hall, au centre-ville de Toronto. Placée sous le thème Bemaazhid E-niigaanzijig, qu’on peut traduire par « S’élever ensemble en tant que leaders », cette septième édition annuelle poursuit la mission de toujours célébrer et mettre en valeur la musique des Premières Nations, des Métis, des Inuits et des peuples autochtones du monde entier. Cette diversité musicale va des chants Pow Wow au rock bluesy, en passant par le violon traditionnel, le chant de gorge, le drag et le hip-hop.
Après les mots d’ouverture des organisatrices du sommet et fondatrices d’Ishkode Records, Shoshona Kish et Amanda Rheaume, et les paroles de sagesse partagées par l’aîné et guérisseur Gerard Sagassige, l’animatrice Cherazon Leroux est montée sur scène. Leroux, drag queen bispirituelle de la nation Déné (vue à la saison 2 de Canada’s Drag Race), a animé la soirée avec éclat, fierté et une bonne dose d’humour. Elle a offert un numéro drag très divertissant entre deux prestations, mêlant danse, poses et lip-sync avec panache.
Une série de courtes prestations a ouvert le spectacle en commençant par le groupe Pow Wow Northern Cree – lauréat d’un Grammy – qui a ouvert le bal. Cinq hommes entonnant des chants puissants et intenses, portés par le battement synchronisé de cinq tambours à main : un son pur et ancestral. En plus de leur répertoire cri traditionnel, des pièces originales comme « Red Skin Girl » et « Earth Angel », avec des couplets en anglais, ont suscité une danse en ronde spontanée dans le public.
Le violoneux métis du Manitoba, Alex Kasturok, a pris la relève avec son instrument et une solide dose de podorythmie. Il était accompagné de deux pianistes, Mary Frances Leahy et Robbie Fraser. Puisant dans un répertoire traditionnel aux racines québécoises et écossaises, Kasturok a offert une initiation à la gigue qui a vite entraîné la foule sur la piste de danse.
La chanteuse-compositrice Sara Curruchich, une femme maya kaqchikel originaire du Guatemala, considère que son identité même constitue une forme de déclaration politique. Accompagnée d’un musicien jouant à la fois du marimba et du piano, d’un bassiste et d’un batteur, Curruchich a brillé sur scène par son énergie débordante. Dotée d’une voix puissante et expressive, elle a interprété ses hymnes engagés sur des mélodies accessibles et rythmées à la guitare acoustique, dans un mélange de kaqchikel, d’espagnol et d’anglais. Là encore, le public a répondu par des danses enthousiastes.
C’est la grande lauréate du prix Polaris et de plusieurs prix JUNO, Tanya Tagaq – qui a amorcé sa carrière avec le chant de gorge issu de sa culture Inuk – qui a clôturé la soirée. Elle était cette fois accompagnée de son batteur Jean Martin et de la violoncelliste et compositrice de musique contemporaine Cris Derksen. Toujours aussi envoûtante, Tagaq a sculpté le son en temps réel, naviguant entre la douceur d’un souffle et l’urgence d’un cri, le tout amplifié par des traitements électroniques. Fidèle à elle-même, elle a offert une prestation saisissante et incomparable.
Le sommet se poursuit jusqu’au 6 juin 2025.