Xela Edna et Eius Echo se connaissent depuis longtemps. Complices depuis l’enfance alors qu’ils pratiquaient le patinage de vitesse dans la même équipe, il se sont perdus de vue puis retrouvés pour investir de l’énergie ensemble à nouveau, cette fois de manière créative plutôt que sportive. Musicalement, ils additionnent leurs talents pour créer des ambiances qui poussent à danser et évacuer tout ce qui nous empêche de ressentir le bien-être pur et simple.

Xela Edna, Eius Echo

Photo : Maryse Boyce/Francouvertes

« Le sport de haut niveau, c’est prenant », lance Eius Echo qui est catégorique : la performance musicale a très certainement pris la place de la performance sportive dans leur vie. « On avait besoin du contraste le plus éloigné possible du sport, explique Xela Edna. Au lieu de tourner en rond, de faire quelque chose de physique et automatique, on s’est retrouvé dans la performance musicale. » Son partenaire de scène est d’accord : « Clairement, on a pris plein de caractéristiques du sport pour les appliquer à la musique : la persévérance, le don complet de soi… »

Se reconnaissant tous les deux comme des personnes créatives de nature, ils ont vu dans la musique un sentier praticable pour véhiculer des idées autant politiques que philosophiques. « Il nous fallait trouver une manière différente de coper avec la vie, précise Xela Edna. Le sport et la musique sont deux façons très thérapeutiques de sortir le méchant. »

Avant de travailler avec Eius Echo, Xela Edna écrivait en anglais. Un hip-hop langoureux qui flirtait avec le RnB et la soul. « Notre processus a un peu évolué, dit Eius Echo. Mais depuis toujours, je fais un beat et elle écrit dessus, puis on enregistre. Aujourd’hui, c’est plus complexe et il y a plus de couches. Souvent, elle arrive avec des maquettes complètes de chansons. » Ils aiment s’impliquer tous les deux dans la portion créatrice de l’autre. « J’écris de mon côté, en mode poésie et Eius Echo me donne des beats ou des thèmes. On fait de plus en plus des maquettes en solo, qu’on retravaille ensemble. »

C’est la fusion des deux talents qui a mené Xela à chanter en français. « Eius m’a poussée à le faire, se rappelle-t-elle. Je ne savais pas comment trouver mon son et je n’aimais pas ma voix en français. Finalement, on a essayé quelque chose de plus spoken word français sur des beats électroniques et de fil en aiguille, on est arrivés à ce que l’on fait aujourd’hui. »

Depuis les balbutiements de leur union musicale, ils souhaitent faire vivre une expérience scénique aux gens. « Ça a toujours été le but, soutient Eius. C’est ambiant et laid-back tout en étant agressif. On avait plusieurs types de beats et on voulait raconter des choses, avoir un fil conducteur. Quand on a commencé, on savait déjà ce qu’on voulait faire sans savoir comment et sans en avoir les moyens. On a mis en œuvre nos idées grâce aux études et à l’expérience. » Écrire en français a permis à Xela Edna de se rapprocher de sa vérité et Eius Echo a appris toutes les techniques qui leur permettent aujourd’hui de produire le son qui leur ressemble.

« À force d’être assise à côté de lui, j’ai aussi compris la patente, ajoute Xela. J’ai mis les logiciels sur mon ordi et j’ai appris en le regardant faire. J’ai toujours composé piano-voix. C’est plus nourrissant et plus original de commencer par des mélodies de cette façon-là. » Même si elle a tenté de créer avec d’autres producteurs, c’est en revenant toujours vers Eius Echo qu’elle a constaté que la passion qui le guide est un catalyseur de son propre talent.

Le résultat est tangible en spectacle : on assiste à une prestation multifacette porteuse d’un souci du détail minutieux. « On veut faire une démonstration physique, se sentir en vie », dit Xela. « Aujourd’hui, il n’y a rien de plus insignifiant que de sortir une chanson sur internet, ajoute Eius. Il faut que l’expérience soit plus grande que ça. »

Après trois EP, le duo travaille sur un premier album complet prévu pour 2023. « On cherche l’excentricité, dit Xela. On s’en inspire. Même si on fait de la musique électronique expérimentale, on puise les idées dans le travail de Klô Pelgag, Hubert Lenoir et tous ceux qui savent faire les choses de façon unique sans penser aux limites. »