Après avoir livré un premier mini-album homonyme en 2012, Philippe Brach s’est mis à accumuler les honneurs. D’abord, grand gagnant de Ma Première Place des Arts en 2013, le jeune homme a par la suite raflé pas moins de trois prix au Festival en Chanson de Petite-Vallée ainsi que celui de la chanson primée SOCAN (pour « T’aurais pas pu nous prendre à deux »). Puis, Brach fut déclaré vainqueur de la dernière édition des Francouvertes.

Une feuille de route impressionnante pour deux ans d’activité : « Les concours ont toujours leur pertinence aujourd’hui même si pour moi, c’est fini de ce côté, lance-t-il d’emblée. Non seulement ça donne une certaine visibilité, mais c’est un méchant bon coup de pied au cul pour écrire d’autres tounes. J’ai une grosse tête de cochon et je sais où je m’en vais, mais ça m’a permis de rencontrer des gens. Et l’échange entre ces gens est le plus beau des prix. C’est une classe de maître avec des artistes à différents stades de leur carrière et c’est du bonbon. J’ai peaufiné ma mécanique de travail et mes réflexes de création et j’ai l’impression de mieux travailler, de faire les choses plus clairement. »

« Je suis plus à l’aise d’explorer des zones sombres, crasses, négatives. »

Brach émet toutefois un bémol : « Mais ce n’est pas pour n’importe qui. J’ai vu des artistes se faire très mal et sortir d’une salle en pleurant et se dévalorisant. L’important avec ces concours, c’est de bien se connaître et de savoir dans quelle direction tu t’en vas. Avec ces munitions, tu peux réussir, aller loin et personne ne te fera chier, » raconte le loquace personnage.

Armé jusqu’aux dents de ces récompenses, le jeune homme de 25 ans faisait paraître La foire et l’ordre en avril dernier, un premier album de folk-rock joyeusement débraillé aux jolies touches country et aux arrangements simples, mais efficaces. Si on pense ici à Bernard Adamus pour l’aspect irrévérencieux des textes, on évoque aussi Pépé pour l’humour omniprésent et Vincent Vallières pour la facture sonore.

« Je n’avais pas de ligne directrice. Je ne voulais pas de disque concept, mais simplement être au service des chansons et non pas de l’album. Et je suis assez content du résultat. C’est croche par bouts mais c’est voulu ainsi. On retrouve quatre ou cinq ans de composition là-dessus. Oui, certaines chansons ne sont vraiment pas de grandes tounes, on va se le dire! Mais c’est bien correct de même! Elles ne sont peut-être pas si accomplies que ça, mais j’avais envie de les jouer sur scène et elles renferment toutes un certain message. Ce disque, c’est une photo d’où j’étais rendu dans ma carrière. J’ai besoin de balises comme ça pour pouvoir tourner la page et ensuite passer à autre chose, » raconte le Saguenéen d’origine et Montréalais d’adoption.

Épaulé par Pierre-Philippe Côté (alias Pilou) à la réalisation depuis son tout premier maxi, Brach se permet d’aborder des sujets délicats (tel que l’Église moderne qui est sévèrement critiqué dans « Race-pape ») avec zèle, sans fioriture ni complaisance. Une plume directe qui mérite qu’on s’y attarde.

« Pour écrire mes chansons, je regarde ce qui m’entoure. Des trucs comme l’amour, la mort, la drogue, la religion, les voyages. Ou alors, je parle de choses que je ne connais pas du tout. Et ça, c’est vraiment intéressant. Chaque être humain a des maux et j’aime transposer mon mal en chanson. C’est un excellent moteur de création et c’est un exercice de compréhension des rouages de l’être humain. J’avoue que je suis plus à l’aise d’explorer des zones sombres, crasses, négatives, » avoue-t-il.

Marqué par la musique d’Harmonium, de Fred Fortin, des Doors et de Frank Zappa, Philippe est également un grand amateur de hip-hop. « J’adore le Wu-Tang Clan et même si on ne retrouve pas de traces de hip-hop sur mon album, l’attitude reste bien présente. Je ne suis pas un gars de texture sonore. Je suis un gars de feeling. L’essentiel est de rester authentique. Je me suis déjà fait dire “hostie de vendu!”, mais ça ne me dérange pas. Tu sais, j’ai des opinions bien arrêtées sur plusieurs sujets, mais j’écoute toujours les autres et je suis ouvert à la possibilité de changer d’idée éventuellement. Je reste quelqu’un de très ouvert, » avance-t-il, un brin amusé.

Alors que Brach foulera les planches d’une poignée de scènes d’ici la fin de l’année, il souhaite essentiellement se concentrer sur l’écriture de son deuxième album. Le but est d’entrer en studio en juin 2015 et faire paraître le nouvel opus en septembre ou octobre. « J’ai l’impression que ce sera plus acoustique, plus assis, peut-être un peu moins fou. J’ai besoin de contrôle et de savoir exactement où je me place. Plusieurs artistes se laissent distraire par des choses extérieures à la musique, mais ce n’est pas mon cas. Je veux mettre de l’ordre, terminer les chansons qui ne sont pas encore terminées. Puis voir le genre de tounes qui me manquent et penser aussi à l’esthétique de l’album. Même si Pilou est un ami à moi, j’ai envie de travailler avec des gens différents à chaque fois. Ça me montre d’autres façons de faire et ça me stimule sur le plan créatif. Ce qui m’intéresse dans ce métier, c’est d’apprendre le plus possible. Avec qui j’aurais envie de travailler? Éric Goulet, Philippe Brault, Philippe B ou Louis-Jean Cormier. J’admire leur boulot. » L’invitation est donc lancée.