Pilier de la scène musicale franco-ontarienne depuis plus de 30 ans, Paul Demers naît à Gatineau, déménage à Ottawa à l’adolescence et fait ses débuts en Outaouais. Durant cette époque, la musique, les arts visuels et le théâtre se côtoyaient beaucoup, c’était un moment privilégié pour la création, notamment collective.

« Après les Paquette, CANO et Garolou, j’étais dans la 2e vague d’artistes qui ont participé à l’émergence d’une identité franco-ontarienne. C’était les premiers balbutiements de MUSICACTION, et on a dû se donner des outils de promotion. Je fus parmi les fondateurs et président de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM), un organisme qui avait pour but de donner la parole aux auteurs-compositeurs de l’Ontario français. Nous avons dû inclure les Francophones de l’Ouest pour être reconnus comme maison de distribution par MUSICACTION et être autorisés à faire des demandes de subvention dans le cadre de leurs programmes. »

Son premier album homonyme autoproduit paraît toutefois presque 15 ans après ses débuts, après quelques années de collaboration au groupe Purlaine, dont le son rock-folk était dans la veine de Beau Dommage. Atteint de la maladie de Hodgkins dans les années 80, Demers se remet à la musique après quelques années d’absence. La chanson « Notre place », 23 ans après sa création, est encore aujourd’hui l’hymne non officiel des Franco-Ontariens. Elle fut composée à l’occasion de la Loi 8, qui reconnaissait l’apport des Franco-Ontariens à l’histoire et la culture ontarienne et prévoyait divers mécanismes pour offrir des services en français, un grand événement historique pour cette communauté. « J’ai interprété la chanson en 87 lors d’un gala télévisé, ce qui lui a donné une plus grande notoriété, » se rappelle Paul Demers.

« J’avais déjà été en Louisiane, en France, aux Francofolies de la Rochelle, donc j’étais déjà connu, poursuit-il, mais cette chanson m’a donné encore plus de crédibilité. » Elle fut enregistrée avec Robert Paquette et le groupe Hart Rouge. Trois vidéoclips ont suivi l’album, dont « Zydaco pour Magali » écrite pour la fille de Demers, âgée de deux ans à l’époque.

« J’avais dû faire une collecte de fonds pour autoproduire le premier album, tandis que le second, D’hier à toujours, fut produit à Montréal, où j’avais déménagé pour quelque 3-4 ans. À la suite de cette période, j’ai fait de la radio en Saskatchewan pour Radio-Canada, remplaçant Michel Lalonde (de Garolou). J’y suis resté deux ans, avant de revenir dans l’Outaouais pour produire mon troisième et récent album, Paul Demers encore une fois. »

Grâce à son travail d’animateur culturel dans une école de la région d’Ottawa, Demers monte et produit aussi des spectacles pour les jeunes. « Ma clientèle est très multiculturelle, car la région connaît beaucoup d’immigration africaine, libanaise, etc. Et beaucoup d’artistes préfèrent rester en région plutôt que de s’installer dans une métropole. Je participe à cette effervescence, je transmets mes expériences à la relève et je continue à écrire. J’ai retrouvé le plaisir de la création, en lâchant un peu le côté notoriété et carrière. J’adore aussi la scène, c’est là que tout le travail en solitaire et en studio prend un sens, car quand on a des choses à communiquer, le public donne un sens à ce qu’on fait.

« J’ai déjà fait une mini-tournée en septembre dernier, au moment du lancement, et j’aimerais refaire le trajet que j’ai parcouru durant mes 30 années de carrière, participer aux festivals de la Francophonie au complet. Je suis fier du récent album, j’y crois beaucoup, j’y ai mis du cœur, il y a de la maturité dans l’écriture. Sauf la chanson “Éteins la lampe”, du poète de Hearst Guy Lizotte, que je chante depuis 30 ans mais que je n’avais jamais enregistrée jusqu’ici – je la chante en trio avec Damien Robitaille et Tricia Foster sur l’album – et « Je suis parti de loin » de Michel Vallières et Guy Lizotte, sur ma musique, toutes les autres chansons sont de moi 100%. “J’pensais pas”, la première chanson, est un clin d’œil à ”Notre place” et c’est une chanson de retrouvailles.

« Trois albums en 30 ans, c’est pas beaucoup, mais j’y vais au rythme de mes capacités physiques. Un album, c’est quatre à cinq années d’investissement d’énergie, d’écriture, d’enregistrement, et de promotion. Je ne voulais pas en sortir d’autre si je n’avais pas de plaisir. Dans mon dernier, je voulais témoigner de l’endroit où je suis, de mes rapports avec la Francophonie et avec la scène. J’ai travaillé avec des gens qui me respectaient, la plupart plus jeunes que moi. J’ai beaucoup de respect moi-même pour la relève, je suis de la génération qui a bâti les outils dont ces plus jeunes peuvent jouir. Je suis content de les voir réussir, de voir comment ils bénéficient de plus de possibilités que notre génération. Après ma rentrée à Ottawa en janvier et ma vitrine à Contact ontarois le 12 janvier, la tournée se poursuivra tout au long de 2012-2013. » Paul Demers, encore une fois, pour le plus grand plaisir de ses fans!



Les traductions pour les articles avant l’automne 2013 ne sont pas disponibles pour le moment.

Steve Thomson has done it all – musician, manager, promoter, producer, music publisher – in a career that stretches back to the 1970s. While still in high school, Thomson and his band, Fat Chance, landed a slot on the 1970 Strawberry Fields Festival at Mosport Park Raceway sandwiched between Sly and the Family Stone and Ten Years After. Not bad for a kid who was too young to drink legally.

Thomson played guitar in Fat Chance, but he also booked and managed the band. He was so good at it that pretty soon he was managing a stable of young acts, booking them across Ontario and beyond. When labels came calling, Thomson made the difficult decision to step off the stage and into a full-time role as a manager. He eventually got himself a distribution deal with Quality Records, which released some of his 25 acts.

Then, as now, Thomson was a promoter, a guy who knew how to create excitement and interest, and how to get songs played. Those innate talents certainly came in handy as Thomson segued into music publishing. « Today, » he says, « if you’re not a promoter, you may as well not be a publisher, because you’ve got to promote your catalogue. »

« Today, if you’re not a promoter, you may as well not be a publisher. »

Thomson is the sole owner of Backstage Music Publishing, which is a division of his main company, Trilogy Entertainment Group. Trilogy Records International and Star Satellite Music Publishing are also divisions within the group. Backstage sub-publishes a number of international catalogues, including Music & Media International, based in Los Angeles, as well as works controlled by independent French publisher Jean Davoust.

Thomson does a lot of business in France – he’s been attending the MIDEM music conference in Cannes since 1981 – and the relationships he’s forged there continue to nourish his business. Last year, he showcased one of his newer acts, Organic Funk, at Euro Disney. The show was videotaped and turned into a TV special that Thomson is now shopping to broadcasters around the world. If he can sell the show, he’ll reap significant performance royalties, and that’s a strategy he’s been using for years to keep his copyrights working.

Thomson managed Ronnie Hawkins for two decades, and in 1995 he staged a 60th birthday concert for « the Hawk » at Toronto’s Massey Hall, featuring guests Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, The Band and Jeff Healey. Backstage produced a DVD of the show, packaged alongside a documentary called At the Crossroads of Rock ‘n’ Roll, which used additional Backstage copyrights.

Music publishers have to be creative and aggressive when it comes to promoting their catalogues, and Steve Thomson is both those things. He’s also a heck of a nice guy, and that’s another reason he’s still doing deals after all these years.



Avec un nom pareil, il est facile d’imaginer Mononc’ Serge sur le bord d’une cheminée, les pieds bien au chaud dans ses pantoufles. C’est très mal connaître celui qui se plaît à se mettre en jeu depuis les années 90, disque après disque. Après une deuxième galette en 2008 en compagnie du groupe métal Anonymus, Serge Robert de son vrai nom se lance encore une fois dans une toute nouvelle aventure créative avec ce dixième album, Ça, c’est de la femme. Alors qu’il a l’habitude de signer textes et musiques – même avec Anonymus – l’homme délègue ici à Peter Paul, né Pierre-Luc Laflamme, une grande partie de la composition musicale. « Je voulais casser mes habitudes, m’éloigner d’un disque indiscipliné comme Serge blanc d’Amérique qui passe du rock à l’acoustique. J’avais envie d’unité, d’une thématique, d’un son. Au même moment, Peter Paul, mon guitariste qui m’accompagne en tournée, m’a contacté. Il avait des musiques pour moi. Je me suis rendu plusieurs fois chez lui pour télécharger sur mon ordinateur des airs de son quatre pistes, qui m’ont inspiré des textes. »

Au-delà du message
Le résultat est un album rock qui s’assume tant au niveau des guitares amplifiées que des textes qui dépeignent à la rigolade cet univers de rockeurs « qui signent s’es boules ». À travers ce filon rock se trouvent des textes vitriolés sur le joual, les chanteurs engagés et les vieux péquistes. Bien que Mononc’ Serge laisse aujourd’hui tomber ses chansons collées à l’actualité, le quadragénaire ne s’est visiblement pas assagi. Les thématiques à caractère intemporel révèlent toujours un ton personnel, ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir, où les multiples niveaux de lecture osent même le ridicule et l’excès afin de susciter la réaction.

« La chanson “Vieux péquiste”, c’est un peu moi qui adhère encore à la cause. C’est le cauchemar du péquiste qui entend tout plein de voix contradictoires, comme c’est le cas actuellement. Cette chanson, on peut la prendre au second degré, mais curieusement, certains la prennent seulement au premier niveau. J’ai aussi des souverainistes anti-péquistes qui disent s’y reconnaitre. Bref, on peut faire plusieurs lectures de cette chanson et celle que j’ai voulu donner n’est pas nécessairement la bonne. Je suis comme ça. J’aime lâcher des ovnis dans la nature. Mon but premier n’est jamais de passer des messages. Au contraire, quand c’est trop appuyé, ça me repousse, » précise Serge.

Devenir Mononc’
Mononc’ Serge a beau être une bête hors de l’ordinaire, son personnage – à mille lieux d’un Serge Robert plutôt simple et introverti – se construit à coups d’expériences et d’inspirations bien enracinées dans la culture québécoise. À ses premières chroniques chantées qui revisitent les unes des journaux sur les ondes de CIBL en 1997, Mononc’ est alors inspiré par la prose en joual de Plume Latraverse et l’humour irrévérencieux de Rock & Belles Oreilles. Ces dernières années, c’est au niveau musical qu’il puise dans ce qui l’entoure. Il est renversé par un spectacle de Gros Méné, défunt groupe de Fred Fortin. L’amplification propre à ce groupe donne une direction à des chansons comme « Simone » sur 13 tounes trash en 2000. « J’ai développé un goût pour écrire des tounes distorsionnées. Et étrangement, ce sont celles qui ont le mieux réussi dans mon répertoire. »

Indépendant dans l’âme
Il est facile aujourd’hui de classer Mononc’ Serge parmi les indépendants, ces débrouillards qui réalisent le boulot d’une maison de disques par eux-mêmes. Choix ou nécessité? Pour Serge Robert, c’est le cours des choses qui explique cette façon de faire, ces sorties en autoproduction distribuées par DEP. « À mes débuts, je ne me voyais pas du tout dans le milieu de l’underground. Je me percevais plutôt comme un gars qui écrivait de la chanson. Je me voyais plus à Monique Giroux qu’au Café Chaos. Je n’avais pas soupçonné que ce milieu était aussi vivant. »

Sur un total de dix galettes, seuls trois albums ont été signés en tout début de carrière par une maison de disques, les défunts Disques Double – derrière Rendez-vous doux de Gerry Boulet et Miel et Venin de Marie Carmen. « Après trois disques, on m’a demandé d’écrire un album avec une chanson pour la radio. Ça m’a fait réfléchir. C’est alors que j’ai eu la possibilité de sortir le disque que je voulais tout en étant distribué par Brault et j’ai sauté sur l’occasion. Ironie du sort, 13 tounes trash a bien vendu, bien joué sur les ondes de Musique Plus et de Cool FM. J’ai alors réalisé que se produire soi-même, ce n’était pas sorcier. » Maître chez lui, Mononc’ Serge donnera vie sur scène à Ça, c’est de la femme cette année. Surpris de pouvoir encore incarner Mononc’, l’auteur-compositeur-interprète se sent comblé par ce chemin musical à l’image d’un personnage et d’une musique atypiques.