Après un EP homonyme (2019), l’autrice-compositrice-interprète innue Karen Pinette-Fontaine, connue sous le nom Kanen, a fait paraître un premier album, Mitshuap (maison, en innu-aimun) au printemps 2023. Et depuis, elle s’empare de toutes les scènes qui la reçoivent pour briller, occuper tout l’espace avec les mots de chez elle, Uashat mak Mani-Utenam.

KanenLa création de Kanen est une constante découverte pour celle qui apprend la langue de ses ancêtres pour pouvoir la chanter.

« Je ne pensais pas que j’avais un lien si personnel avec le territoire, lance-t-elle. Mais la manière dont on perçoit l’environnement, en innu, ça existe grammaticalement, si on peut le dire ainsi. Il y l’inanimé et l’animé. Ce qui existe et ce qui reste immobile. Il y a beaucoup de vie dans la langue de chez moi… une sorte de mouvement, de respiration. »

Artistiquement, elle se sent ainsi au cœur de cette découverte perpétuelle: « mon identité de femme innue, le territoire que j’habite, mon militantisme, la politique…», énumère la chanteuse. Musicalement, Kanen refuse de demeurer en place et se nourrit de tout ce qui lui est accessible. « Mes deux réalisateurs (Simon Walls et Jérémie Essiambre) m’ont ouvert beaucoup de portes dont j’ignorais l’existence et maintenant, je peux aller plus loin que je pensais dans ma composition. »

Quiconque a pu apprécier les chants et les gestes de Kanen sur la route des festivals pendant l’été 2023 pourra en témoigner clairement : tout ce qu’il y a sur l’album ressort sur la scène avec une fougue nouvelle, l’énergie d’une battante qui ressent la nécessité d’être entendue.

« Je pense que ça m’apporte beaucoup de fierté et de bien, cette expression physique de la musique, explique l’autrice-compositrice-interprète. J’aime beaucoup m’exprimer, mais ça ne me vient pas facilement. Avec la musique, j’ai l’impression d’avoir trouvé le moyen facile pour moi de dire des choses : écrire, composer et chanter. »

Le chant de Kanen, sur scène, devient mille fois plus grand. Son désir de prendre chaque personne du public par la main pour l’inviter dans son histoire se concrétise. Elle s’enracine chaque soir comme un arbre qui se doit de réinvestir le lieu de la plus belle façon possible. « J’atteins ma cible, dit-elle en riant. J’amène un peu de chez moi partout et le partage, je le fais aussi avec mes musiciens sur scène. Ça fait grossir le message, les chants, les idées. »

Kanen, Mitshuap

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Pour elle, il n’y a aucun doute que les langues autochtones doivent se délier, s’apprendre et s’étendre pour continuer à vivre, et l’engouement actuel est tangible pour Kanen : « On est dans une bonne zone, assure-t-elle. La chose la plus difficile, c’est l’apprentissage et je pense qu’on se permet de plus en plus de multiplier les façons d’apprendre. Les gens prennent des cours et ils comprennent ce que les langues autochtones apportent, ce que ces langues peuvent dire différemment. » Elle perçoit bien sûr la musique comme un véhicule pour les mots qui se doivent d’être entendus. Elle peut ainsi faire sa part.

Ce dont Kanen a besoin pour écrire… c’est d’un dictionnaire innu ! « Je me casse la tête à écrire une simple phrase, s’exclame-t-elle en riant. J’ai suivi des cours d’innu-aimun, mais ce n’est jamais assez pour tout ce que j’aimerais dire. Il y a des mots qui décrivent une vision ou un état. Je veux être très descriptive, dans mes paroles. Je me demande souvent où est rendu mon sujet une fois que ma phrase est complétée. C’est vraiment beaucoup de travail. »

Elle confirme d’ailleurs que le mélange du français avec l’innu était essentiel pour un premier album. « Mon disque serait vraiment loin d’être sorti si je ne m’étais permis que l’innu », rigole-t-elle. C’est d’ailleurs en observant ses textes actuels qu’elle réussit à comprendre où elle en est dans son apprentissage.

« Le prochain album ne sera vraiment pas à 100 % en langue autochtone, mais encore une fois, ça va montrer où je suis rendue. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas créé, souligne-t-elle. Avant, je veux apprendre de nouveaux instruments, sortir de mon cocon de Mitshuap. J’ai quelques textes à gauche et à droite… Ça bouillonne à petits bouillons. »

En attendant la suite, elle lève le poing bien haut, danse, chante et casse des guitares sur scène. « Il y a une force tranquille à l’intérieur de moi et je sais que je n’ai pas fini de la faire ressortir », conclut-elle en riant.



Comme à notre habitude, on vous présente six jeunes as du beatmaking qui connaissent une belle ascension depuis quelques années et qui s’affairent à changer le paysage musical québécois sur les scènes hip-hop et électronique en 2023.

Chase Wav

ChaseWavCertains des plus grands producteurs québécois (Kaytranada et DaHeala pour ne nommer que ceux-là) ont connu un succès à l’international avant d’avoir une visibilité à la hauteur de leur talent chez eux.

On dirait que le même phénomène est en train de se produire avec Chase Wav, un artiste montréalais qui vient d’effectuer l’un des plus gros placements de l’année. C’est que l’une de ses compositions est devenue la chanson à succès Silver Platter, une pièce du chanteur américain Khalid, qu’on retrouve sur la bande originale d’un film indépendant à petit budget et peu médiatisé… Barbie.

Ce placement, Chase Wav le doit en partie à un ami (le producteur montréalais Jay Century) qui a fait connaissance avec l’ingénieur de son et producteur américain Denis Kosiak, bras droit de Khalid. « Jason a joué pendant un an aux jeux vidéos en ligne avec Denis. Leur relation s’est développée, et Jason lui a présenté sa musique et la mienne. À un moment donné, on m’a dit ‘’Hey Khalid a fait une chanson avec ce que t’as envoyé !’’ Quand je reçois des nouvelles de même qui sont trop grosses, je ne me fais pas trop d’idées. Ça a été un gros roller coaster, mais finalement, ça a fonctionné ! »

Sans bouder le marché québécois – il a d’ailleurs composé pour plusieurs artistes d’ici comme Zach Zoya, Naya Ali et Kallitechnis – Chase Wav sait depuis un moment que l’avenir de sa carrière se trouve aux États-Unis.

Depuis ses débuts hâtifs à l’âge de 12 ans, encouragé par son père (lui-même un producteur de R&B avec un tas d’instruments et de matériel d’enregistrement à portée de main), l’artiste a considérablement développé son univers musical et son réseau de contacts à l’étranger. Après avoir accompagné le producteur et chanteur montréalais Yonatan Ayal (du duo R&B Chiiild) à Los Angeles, les connexions se sont faites rapidement avec des artistes américains comme la chanteuse R&B Amber Mark et le rappeur DRAM. En 2016, son passage au réputé concours Battle of the Beatmakers, organisé par OVO (l’étiquette de Drake), lui a également permis de se faire nom au Canada.

Plusieurs sorties de grande envergure attendent Chase Wav dans les prochains mois, notamment avec Amber Mark et la chanteuse américaine Victoria Monét.

Funkywhat

FunkyWhat

Photo : Nader A

Funkywhat a eu une illumination il y a cinq ou six ans quand il est allé rendre visite à l’ami d’un ami, un mélomane qui avait ses murs placardés de vinyles et son appartement parsemé de MPC et de batteries électroniques. « Je l’ai vu prendre un vinyle, chop le break et l’échantillonner. J’avais toujours été intéressé à faire ça et, là, pour une fois, je voyais quelqu’un faire ça devant moi. »

C’était le début de quelque chose de gros pour l’artiste montréalais d’origine libano-marocaine, principal architecte du son de l’artiste indie R&B Magi Merlin (Bonsound). Le son qu’il propose avec la chanteuse montréalaise (ainsi qu’avec d’autres artistes comme Béli, dope.gng ou Kaya Hoax) est le résultat d’une vie passée à découvrir différents genres musicaux – d’abord la musique de ses parents, entre autres ‘’le gros soul américain’’ de James Brown, The Temptations et Ike & Tina Turner, et la musique arabe, notamment celle de la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum.

Funkywhat doit également une partie de son bagage musical à son oncle, qui l’a initié très tôt à la guitare et à certains des artistes les plus influents de l’histoire américaine, comme Jimi Hendrix, Parliament/Funkadelic et Sly and the Family Stone. Tout ce qui est rap et R&B plus moderne lui vient de son frère (le rappeur Busy Nasa). « J’ai commencé à écouter A Tribe Called Quest, The Game, Biggie… Mais c’est quand j’ai découvert le hip-hop du sud et leurs expérimentations avec l’instrumentation funk et soul que j’ai eu envie de faire des beats. »

Le jeune beatmaker fait alors ses premiers pas dans la composition durant les Loop Sessions, mythiques soirées montréalaises où tous les producteurs clés de la scène se retrouvent pour créer, échanger et partager. Suite à une de ces soirées, il se lie d’amitié avec le producteur Senz Beats, qui lui donne un MPC défectueux. C’est avec cet instrument partiel qu’il poursuit son évolution musicale pendant quelque temps.

Une évolution qui, depuis, le pousse constamment vers des zones inusitées, novatrices, en particulier dans l’univers du R&B, terrain de jeu qui lui permet d’expérimenter, en flirtant avec la house et le hip-hop notamment.

Majosty

Majosty

Photo : Rondo Banks

Originaire de la Martinique, Majosty est d’abord et avant tout un mélomane. Il a analysé de fond en comble le R&B, le funk et la soul des années 1970, avant de se mettre à composer de la musique. Son éventail musical est toutefois beaucoup plus large que la musique américaine, et tout ça paraît maintenant dans son oeuvre : « J’ai été énormément influencé par la scène de chez moi dans les Caraïbes, donc le dancehall jamaïcain, le zouk, le kompa, sans oublier des artistes (…) comme Kalash ou Admiral T. »

C’est en 2013 que Majosty débarque pour une première fois au Québec. Il passe trois ans ici à étudier l’administration et les communications, avant de retourner chez lui.  C’est là-bas que son avenir se trace davantage. Comme si, tout d’un coup, toutes ses années passées à écouter de la musique avaient convergé vers un but précis. « Pendant un an, je passais au minimum 10 heures par jour sur Logic. C’est pas bon pour la santé, mais c’est bon pour progresser. »

C’est donc avec une toute nouvelle idée en tête qu’il revient à Montréal. Cette fois, il se dirige vers l’école Musitechnic pour apprendre les rouages du son et de l’enregistrement. Au passage, il se fait plein de contacts, en particulier des producteurs d’ici qui commencent alors à se faire un nom, comme KNY (de Banx & Ranx) et Neo Maestro (connu pour son travail avec Rymz notamment).

Depuis, Majosty a peaufiné son style, en explorant différents genres musicaux qui le passionnent, autant le rap et tous ses dérivés contemporains que l’afrobeat, le synthwave et, évidemment, le R&B. En travaillant aux côtés d’artistes de premier plan de notre relève (David Campana, Odreii, Nissa Seych, Shah Frank, Naomi), il amène de nouvelles couleurs à la pop québécoise.

Birdzonthetrack

BirdzonthetrackBirdzonthetrack serait entré au conservatoire s’il avait suivi le chemin auquel il était prédestiné. Sa mère l’a inscrit au piano classique dès l’âge de six ans, mais après toute une enfance à pianoter, l’artiste originaire de l’est de Montréal a senti qu’il avait fait le tour de la cassette. « Je commençais à être un peu tanné de tout ça. C’était trop calculé pour moi. Ça laissait pas de place à ma créativité. »

C’est vers le beatmaking qu’il se tourne à l’adolescence. Il regarde des vidéos de Future sur YouTube – des vidéos dans lesquelles le rappeur américain montre comment il fabrique ses beats. Le jeune Montréalais est inspiré. Dès le début de ses études collégiales, en 2017, il installe FL Studio sur son ordinateur et commence à composer ses propres musiques, inspirés par d’autres producteurs aux tutoriels populaires comme Alex Beat Genius.

Le premier artiste à qui Birdzonthetrack ose envoyer un beat, c’est nul autre que White-B. Le rappeur, qui connait alors un début de carrière prometteur, est en train de préparer son minialbum Blacklist, et il fait confiance au jeune producteur pour la réalisation de quelques chansons. Au passage, Lost (collègue de White-B dans le collectif 5sang14) se montre intéressé à sa musique. À peine un an après ses débuts sur FL Studio, le premier placement de Birdzonthetrack était fait : c’était celui de Bandito Story, chanson à succès de Lost parue en 2018.

Depuis, le producteur a fait son chemin sur la scène locale, collaborant avec plusieurs des rappeurs de la scène comme Shreez (Disques 7ième Ciel), Jeekay et Rosalvo. Grâce à ses contacts de plus en plus nombreux, il envisage également une percée du marché français. Récemment, il a collaboré avec des rappeurs connus de l’Hexagone comme LKS et Timal.  « Le moment où j’ai commencé à voir la musique comme une vraie carrière, c’est quand j’ai vu que je pouvais avoir des connexions en France. J’ai réussi à en faire quelques-unes, en restant à Montréal, mais là, je pars là-bas, directement sur le terrain, en novembre. »

Les influences trap emblématiques de ses premières productions ont maintenant laissé place à une plus grande diversité de styles, comme l’afrobeat, l’amapiano et la house. Et curieusement, c’est également la musique classique qui l’interpelle dernièrement. « J’écoute beaucoup de Mozart, de Beethoven, de Bach… »

Comme quoi les cours de piano classique étaient peut-être plus utiles que prévu.

Sarah Bergeron

Sarah BergeronSarah Bergeron sort d’un coma. La productrice montréalaise d’origine gaspésienne a eu l’impression que sa tête allait exploser il y a quelques semaines. Elle est donc rentrée d’urgence à l’hôpital pour traiter un important problème neurologique.

Elle va mieux maintenant. Son enthousiasme à peine contrôlé au téléphone en témoigne. Et on devine assez rapidement que cet enthousiasme n’est pas nouveau dans sa vie. Sarah Bergeron a de l’énergie à revendre.

Ses débuts musicaux remontent à l’enfance, alors qu’elle se met à emprunter la guitare de son père, inspirée par la musique qu’il écoute, notamment du Elvis Presley et du Emerson, Lake and Palmer. Elle suit des cours de guitare et, dès l’adolescence, ses horizons musicaux s’ouvrent : Sarah Bergeron écoute autant du John Coltrane et du Dead Kennedys que du rock progressif ou du Biggie.

Puis, il y a environ 10 ans, elle entend une chanson EDM qui marque son esprit : Animals du Néerlandais Martin Garrix. « Là, je me suis dit : ‘’Oh my god ! Je dois vraiment apprendre à produire de la musique !’’ J’étais captivée. J’ai installé FL Studio, et je me suis lancé là-dessus en débile. J’ai passé des heures incroyables à apprendre ça. »

Cinq ans plus tard, elle rencontre un gars dans un bar, un producteur du (sur)nom de Kriz Voogoel, qui a un studio avec un autre producteur montréalais, Godfatha Beats. Les deux compositeurs deviennent en quelque sorte les mentors de Sarah Bergeron. De surcroît, ils ouvrent la porte à ses premiers placements, avec des rappeurs bien connus de la métropole comme Cupidon et Lebza Khey (Seiha Studios).

Depuis, Sarah Bergeron a bel et bien pris son envol sur la scène montréalaise, collaborant notamment avec le rappeur Raccoon (Disques RER) et la chanteuse pop Carlyn (Indica Records). Après son été au repos, elle revient en lion en participant à un battle de beatmakers, prévu pour la fin du mois d’août dans le cadre du festival international de street dance JOAT à Montréal.

Simon Skylar

Simon SkylarC’était un jour banal dans la vie de Simon Skylar. Il avait huit ans, et ses parents lui avaient dit, en l’accompagnant à l’école : « On a une surprise pour toi ! » Comme n’importe qui de son âge, il s’attendait à un Nintendo, mais c’était loin d’être ça. « Je suis arrivé chez nous, et il y avait un piano dans le salon ! C’était particulier, car personne ne jouait de la musique chez nous. »

Le jeune Simon se met à suivre des cours de piano, mais le vrai coup de cœur musical arrive quelques années plus tard, au début de l’adolescence. Un ami lui montre le logiciel Virtual DJ, ce qui le motive de manière presque obsessive à construire des mixtapes. « Mais bon, à un moment donné, je me suis dit que ça serait cool de mettre mes propres tounes sur les mixtapes J’ai commencé à faire mes beats sur Garage Band et, ensuite, Logic. La première fois que j’ai ouvert ça (Logic), je me suis dit : ‘’OK, c’est ça que je fais de ma vie, je deviens producer!’’ »

Au départ, la musique de Simon Skylar suit la parade de l’électro et du EDM, teintée par le son des DJs américains et européens en vogue dans les années 2010 comme Mord Fustang, Wolfgang Gartner et, évidemment, Avicii. « Au début, ce que je faisais, c’était très loud, très technique. Je changeais de son aux demi-secondes. Avec le temps, tout s’est simplifié un peu. Je me concentre sur de la musique qui est l’fun à écouter… pas juste le fun à faire. »

Dans les dernières années, les horizons de Skylar se sont grandement ouverts, notamment au hip-hop, au R&B et à la pop québécoise. Épaulé par le populaire producteur local Domeno, Skylar a participé, à titre de producteur additionnel, à des chansons de Marc Dupré, Ludovick Bourgeois et Anthony Kavanagh.

Il vise maintenant le marché américain. En créant des boucles musicales pour la plateforme Cymatics, qui utilise par la suite ces échantillons pour garnir ses nombreux ‘’samplepacks’’ (des paquets d’échantillons destinés à être distribués à différents producteurs internationaux), Skylar a collaboré, en 2021, à la chanson Miss the Rage des rappeurs américains Playboi Carti et Trippie Redd.

Et, encore plus impressionnant, Simon Skylar vient tout juste de signer un contrat, qu’il désire garder secret, avec l’un des producteurs américains les plus acclamés de l’histoire du hip-hop.



Bienvenue dans l’ère LU KALA.

L’auteure-compositrice-interprète pop est sur une lancée qui dure depuis des années. Elle compte plus de 277 000 abonnés sur TikTok, avec plus de 218 000 vidéos publiées – presque toutes créées par des fans – pour son immense succès sur l’autonomisation, « Pretty Girl Era ». Elle compte plus de 50 millions de diffusions en continu rien que sur Spotify, et plus de 136 000 abonnés sur Instagram où plusieurs de ses vidéos ont dépassé les 1,2 million de visionnements chacune. Elle a participé à la chanson « Lottery » de Latto, qui a passé 16 semaines sur le palmarès Canadian Hot 100 de Billboard tout en cumulant plus de 40 millions de « streams » sur Spotify.

Lu KALA, Pretty Girl Era

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Le moins qu’on puisse dire, c’est que « Pretty Girl Era » a touché beaucoup de gens. « Ça m’a fait du bien d’écrire une chanson sur l’amour de soi », dit-elle. « Ça me rend heureuse de savoir que les gens en font leur chanson thème. On vivrait dans un monde meilleur si chaque être humain se réveillait et écoutait “Pretty Girl Era”! » dit-elle en riant. Elle le dit à la boutade, mais elle a quand même raison.

Bien que LU KALA soit indéniablement une créatrice pop, elle était ravie de collaborer avec la rappeuse Latto pour « Lottery ». « J’avais écrit le “hook” avec quelques amis et quand Latto l’a entendu, elle l’a adoré », dit-elle. « J’ai tellement adoré l’entendre rapper sur le morceau parce que j’adore le rap, mais je ne pouvais pas imaginer un monde où je combinais ma musique avec du rap… C’est pour ça que je suis hyper contente d’avoir écrit une chanson avec un immense “hook” pop et une rappeuse pour les couplets. »

Mais comme c’est souvent le cas, lorsque nous, les gens du public, avons l’impression qu’on a devant nous un succès instantané, c’est généralement le fruit de beaucoup de travail. « Je travaille sans relâche depuis des années », explique LU. « Toujours à la recherche d’une nouvelle opportunité pour que les gens entendent ma musique. Mais tous ces efforts en valent la peine. J’ai toujours su à quel point je voulais ce succès et à quel point je le veux encore. Ça fait du bien de voir que mes efforts n’ont pas été en vain. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de gens qui auraient envie de me dire “Laisse tomber. Tu vois bien que ça ne marchera pas”. Mais moi j’étais convaincue que ça allait marcher et que je n’avais simplement pas encore trouvé ma tribu. »

Les secrets de LU : quatre astuces pour les débutants

  1. « Travaille sans relâche, ne baisse pas les bras trop rapidement. »
  2. « Arrête de te comparer aux autres. »
  3. « Deviens maître de ton art. On peut toujours faire mieux. »
  4. « Soyez gentils avec les gens. Ils ne se souviendront peut-être pas de ce que vous leur avez dit, mais ils se souviendront de comment vous les avez fait se sentir. »

À titre d’exemple de travail acharné, l’équipe de LU lui a donné la tâche d’écrire une chanson par jour pendant un an, et cela excluait ses séances d’écriture régulières avec d’autres artistes. « Et j’étais prête à le faire parce que, encore une fois, je savais à quel point je voulais réussir », dit-elle. « Au jour de l’an, je pense que c’était 2021, mes amis m’ont demandé si je sortais et j’ai dit “Non, j’ai du travail”. Ils trouvaient que je travaillais trop et que j’avais besoin d’une pause, mais je leur ai dit “je comprends pourquoi vous avez cette impression, mais je veux vraiment réussir. Si je finis mon travail à temps, tant mieux!”, mais quand minuit a sonné, j’étais en train d’écrire des chansons. »

Alors que sa carrière prenait son élan, LU KALA a coécrit la chanson « Dangerous » avec DVSN et Stephen « Koz » Kozmeniuk et qui a été enregistrée par Jennifer Hudson et LU était une habituée des séances d’écriture pour d’autres interprètes. Elle a toutefois toujours accordé plus d’importance à sa propre carrière d’interprète. « Je participais à des vitrines, et on m’invitait à des séances d’écriture », raconte-t-elle. « C’était cool et amusant, c’est toujours plaisant de pouvoir s’exprimer ou d’essayer d’exprimer ce que quelqu’un d’autre vit, mais ma véritable passion c’est mon art à moi. Je ne savais juste pas comment y arriver, au début. »

Elle le sait, maintenant, comme en témoigne l’immense ambition qui motive son travail acharné. « T’es toujours à la recherche de la prochaine victoire », explique LU. « C’est comme ça que moi je fonctionne en tout cas. Quand on a atteint le cap des 35 000 vidéos sur TikTok, la première chose que j’ai dite, c’est “qu’est-ce qu’il faut faire pour monter à 50?” Quelqu’un de mon équipe a dit “non, il faut viser 100!” J’ai répondu “Oh! OK, on vise 100!” »

LU KALA, Latto, Lottery

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Bien que cette détermination empêche parfois LU de profiter des grands moments de sa carrière, elle prend quand même le temps de le faire à l’occasion. Par « grands moments », on entend entre autres le fait de s’inscrire dans le Top 10 aux États-Unis et au Canada. Ou son premier « billboard » à Times Square (« ç’a toujours fait partie de ma vision »). Ou encore sa prestation aux Billboard Women in Music Awards 2023 où elle a pu rencontrer la Femme de l’année SZA. « J’ai enfin pu faire sa connaissance, c’était incroyable », raconte LU. « Elle a plus ou moins crié d’un bout à l’autre de la salle “Je suis une grande fan de ton travail!” Puis elle est venue vers moi et m’a fait plein de compliments, et elle s’est mise à chanter “Pretty Girl Era”!

LU a souvent et ouvertement abordé les défis que représentent “le fait d’être une femme noire et ronde qui fait de la musique pop”, comme elle le dit. Lizzo aurait-elle ouvert la porte pour elle et d’autres artistes? “Avant Lizzo, les gens ne pensaient pas que c’était possible ou que ça ‘vendrait’, entre guillemets”, affirme-t-elle. “Même maintenant, malgré le succès de Lizzo, peu importe combien d’efforts tu fais pour ouvrir la porte aux artistes qui suivent tes traces, tu constates que la porte n’est là que pour toi… J’ai parfois l’impression de toujours devoir recommencer à zéro et ouvrir ces portes moi-même. C’est toujours difficile de populariser des artistes qui ont un look complètement différent de ce qu’on nous vend comment étant le look d’une vedette pop. Je pense que pour bien des gens, une artiste pop est mince, blonde et a les yeux bleus…”

Les gens disent que je suis R&B/pop ou carrément R&B, mais les listes de lecture R&B n’incluraient jamais ma musique, en tout cas pas ce que j’ai sorti jusqu’à maintenant. C’est comme si ces gens me rattachaient à ce genre juste parce que je suis noire… Sauf que je n’ai pas peur d’affronter les préjugés et de dire que “voici la musique que je fais et je suis là pour rester”. »