En collaboration avec ADVANCE Music Canada, la SODEC, et la SOCAN, le Gala Dynastie organise, en marge de sa cérémonie annuelle de remises de prix l’événement, Dynastie Unplugged. Animé par Marième Ndiaye au Salon urbain de la Place des Arts le 24 avril 2024, l’événement braque les projecteurs sur de jeunes forces de la scène artistique, humoristes, podcasteurs, ainsi que quatre musiciens nommés dans la catégorie Révélation de l’année, avec qui Paroles & Musique s’est entretenu.

 

Mopao Mumu

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« Je suis née en République démocratique du Congo », raconte l’autrice-compositrice-interprète Mopao Mumu, qui mélange adroitement le r&b à la musique populaire du continent africain. Peu avant l’arrivée du nouveau millénaire, « ma famille a choisi de s’installer en Afrique du Sud, où je suis demeurée jusqu’à l’âge de 18 ans. Je suis venue à Montréal m’inscrire à l’université » en mathématiques et en économie.

Des champs d’études fort utiles lorsqu’on gère soi-même sa carrière musicale, reconnaît-elle. Celle-ci n’en est qu’à ses premiers, et prometteurs, balbutiements : « La musique a toujours été quelque chose que j’avais envie de faire, mais je ne savais pas comment m’y prendre. Tout ça m’est devenu plus clair il y a quelques années ».

Proche du collectif Moonshine, on l’a entendu chanter auprès de Pierre Kwenders. Sa musique est certes moins orientée vers les planchers de danse, mais néanmoins influencée par la musique de club d’Afrique du Sud qui a rythmé sa jeunesse, « comme le kwaito, ancêtre de l’amapiano; ça me rend fière de voir à quel point ces styles ont réussi à influencer la musique d’aujourd’hui ».

« Côté identités musicales, c’est très difficile pour moi de choisir entre les sons du Congo ou de l’Afrique du Sud. Ces deux pays ont produit de très grands musiciens, dans des styles très particuliers et différents, donc, je m’inspire de tout ça », dit-elle en citant l’influence de Papa Wemba, surnommé le Roi de la rumba congolaise, de son compatriote Fally Ipupa, des jeunes stars afrobeats Wizkid et Burna Boy.

La visite de ce dernier au Centre Bell, deux soirs plutôt qu’un, motive Mopao : « S’il réussit à remplir le Centre Bell, ici, ça me donne de l’espoir. Je crois qu’il faut d’abord se faire aimer chez soi avant de se faire aimer ailleurs dans le monde, et la nomination au Gala Dynastie, ça m’encourage ». Le lendemain de sa performance à Dynastie Unplugged, Mopao Mumu donnera un concert gratuit au Studio TD, dans le cadre de la Série libre du Festival international de jazz de Montréal.

 

Dix-Iple Deca

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Cité dans la catégorie Révélation de l’année, Dix-Iple Deca est pourtant un vétéran de la scène rap underground. « Dans le fond, tu me demandes comment on définit ce qu’est une révélation ?, commente en rigolant le MC. La meilleure manière pour moi de le dire, c’est ainsi : en ce moment, y’a une résurgence du son des années 1990. Des jeunes qui portent des t-shirts de Nirvana, par exemple. Eh bien pour eux, c’est une révélation. Quelque chose qui était déjà là, mais qu’on ignorait – par exemple, parce que l’artiste n’avait pas derrière lui l’équipe marketing pour le mettre de l’avant. »

Il fait partie de cette génération de gymnastes de la rime qui ont gardé la flamme du rap vivante au Québec, avant que son industrie ne s’ouvre, un peu, à ce son. « L’un des grands combats qu’on a, en tant qu’artiste de la scène hip-hop, c’est de persévérer face à une industrie qui ne semble pas encore prête à faire de la place, sur ses ondes radio, dans son marché, à un style musical qui, si on regarde ça de manière capitaliste, rapporterait pourtant de l’argent », estime le MC, qui regrette que les radios soient encore aussi hermétiques face au rap. « Les jeunes ne se sentent pas représentés sur ces ondes-là ».

Les fans de rap ont pu se familiariser avec le style du rappeur sage en 2022, alors qu’il participait à la seconde saison de la joute rap La fin des faibles, présentée à Télé-Québec. Aujourd’hui, il prépare la sortie d’un nouvel album, dont il présentera deux extraits à Dynastie Unplugged, épaulé par son plus jeune fils, qui agira comme hype man. « Moi, j’ai travaillé pendant des années dans l’ombre, et ça fait du bien de sentir que les gens reconnaissent le travail que je fais depuis tant d’années, se réjouit Dix-Iple. Comme on dit : mieux vaut tard que jamais ».

 

CSHMR

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Son nom de scène se prononce « cachemire », ce qui présume bien de sa démarche : un style mélodique, mélancolique, une voix soyeuse, des chansons entre r&b et trap minimaliste. « Je dirais que je fais de la musique qui soigne et qui se sent plus qu’elle ne s’écoute : c’est une vibe, une émotion », résume CSHMR, formé à l’alto au conservatoire en France, arrivé à Montréal pour jouer au basketball, sa seconde passion.

Menant ses affaires musicales en autodidacte, il compose et enregistre dans sa chambre tout en sollicitant des collaborateurs des deux côtés de l’Atlantique « en fonction du style musical que j’explore dans mes chansons – par exemple, si ma chanson a une couleur plus afro ou dancehall, je délègue, je cherche celui qui a l’oreille et l’expertise pour rendre le bon son. »

Depuis trois ans, il dépose sur YouTube et Soundcloud ses productions, toujours mélodieuses puisque « une mélodie, ça peut faire bouger une tête, faire danser, autant que faire oublier les tracas. Je ne fais pas de la musique de club, mais sur mon prochain projet, j’aurai des rythmes qui pourraient passer en club. Ce qui compte, c’est que mon travail puisse plaire à toutes sortes de publics ».

 

Naïma Frank

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L’autrice-compositrice-interprète Naïma Frank a le vent en poupe depuis la parution, en novembre 2022, de son premier mini-album Petite fille devient grande, grâce auquel elle a remporté l’automne dernier le prix Gamiq de l’Album-EP soul/r&b de l’année – une catégorie musicale qui, pour la première fois enfin, apparaîtra cet été sur les bulletins de votation du gala de l’ADISQ.

« J’étais vraiment contente que l’ADISQ ajoute une catégorie de l’Album de l’année – r&b/soul, commente Naïma Frank. Je me disais qu’un jour, j’aimerais participer au Gala de l’ADISQ. Lorsque cette nouvelle est tombée, je me suis dit : mon Dieu, ça pourrait potentiellement se faire plus tôt que prévu, puisque je me disais que ça me prendrait dix ans avant d’y arriver. »

Longtemps ignorée au Québec, les musiques r&b et soul soulèvent enfin de l’intérêt de la part d’une nouvelle génération de musiciens, qui ont appris ce langage musical de nos voisins du Sud. « Le r&b est en pleine croissance, je me disais que ça ne faisait aucun sens qu’on ne le reconnaisse pas davantage ici. Cette nouvelle catégorie est une excellente nouvelle, pour moi comme pour tous les autres qui font ce genre de musique », ajoute l’auteure-compositrice-interprète, nommée dans la catégorie Révélation de l’année au gala Dynastie.

« J’avoue cependant que lorsque cette annonce fut diffusée, mes collaborateurs et moi étions contents, mais on s’interrogeait aussi : est-ce que les artistes qui seront mis en nomination seront vraiment représentatifs du genre ? Quels seront les critères de sélection, qu’est-ce qui constituera du soul ou du r&b pour le jury ? Comme je sais que ce sont les gens de ADVANCE et Corneille qui ont poussé pour la création de la catégorie, je garde confiance, mais ça reste une petite inquiétude » pour l’artiste qui, de son propre aveu, ne fait pas du r&b « pur », et qui projette, sur son prochain album, de faire davantage de place à son héritage musical créole.