Cette année sera une grosse année pour The Middle Coast.

Pas seulement parce que le groupe a enfin lancé son premier album intitulé The Making of : The Middle Coast, fruit de plusieurs années de travail, mais également parce que le plus jeune membre du groupe, Roman Clarke, vient d’atteindre l’âge de la majorité à 21 ans. « Pour nous ça voulait dire la fin de l’éternelle inquiétude de se faire éjecter d’un bar avant même d’avoir pu commencer à jouer », explique le chanteur et guitariste Dylan MacDonald.

Cela n’a bien sûr jamais empêché le trio indie rock manitobain de donner le plus de spectacles possible d’un bout à l’autre de l’Amérique du Nord au cours des dernières années. Comme l’explique MacDonald, « nous avons toujours essayé de jouer aussi souvent que possible… On s’organisait pour se faire « booker » dans n’importe quel bar, que ce soit un trou ou un palace, qui voulait bien de nous et dans tous les événements, jusqu’aux plus petits, que nous pouvions dénicher sur Internet ou en contactant la chambre de commerce locale, dans le seul but de nous améliorer constamment. »

« Nous sommes vraiment curieux et excités de découvrir notre propre son. » – Liam Duncan, The Middle Coast

Et cette détermination à s’améliorer et s’épanouir va bien au-delà des spectacles. Le groupe est reconnu pour sa manie d’enregistrer chacun de ses concerts pour ensuite l’analyser. Cette éthique professionnelle leur a permis d’atteindre certains jalons remarquables, dont notamment assurer la première partie de l’auteur-compositeur-interprète calgarien Michael Bernard Fitzgerald. Mais non contents d’assurer sa première partie, ils étaient également son orchestre.

The Middle Coast a encore bien du chemin à parcourir, néanmoins. Bien que le groupe vienne de lancer un premier album, ses membres admettent volontiers qu’ils sont toujours à la recherche d’un son qui les définisse, que ce son consolide ou s’éloigne de leur actuel son, dans leurs propres mots, qu’ils qualifient de « yacht rock ». De nouveaux démos sont sur la planche et de l’aveu même du claviériste Liam Duncan, certaines nouvelles pièces sonnent encore plus 70 s tandis que d’autres n’ont rien à voir du tout avec cette décennie.

Mais une chose est sure, explique-t-il : « Nous sommes vraiment curieux et excités de découvrir notre propre son. » Just another task for these diligent musicians.



Avis au néophyte pour qui on devrait encore déboulonner le mythe de la communauté métal perçue comme les enfants du diable, Michel Langevin de Voivod est probablement votre joueur le plus convaincant. Tout d’abord, parce qu’il cumule l’une des feuilles de route les plus impressionnantes parmi ceux qui versent dans le genre ; deuxièmement, parce qu’il semble doté d’une capacité à rester d’un cool pratiquement déconcertant dans à peu près toutes les situations. Et même lorsqu’il glisse dans la conversation « On est un peu considérés comme des légendes vivantes lorsqu’on débarque dans les festivals de métal », on ne peut qu’acquiescer en le trouvant d’autant plus attachant.

Comptant 35 ans de carrière (!) et martelant toujours son rock aussi promptement, des milliers de concerts aux quatre coins du globe derrière le hi-hat, et une attitude décomplexée et d’une humilité qui dépasse pratiquement l’entendement, Voivod est résolument dans classe à part.

Rétrospective d’un guerrier – sur trois décennies.

De l’importance des thèmes

Voivod

Cela dit, sur le plan artistique, Langevin – alias « Away » – carbure sur l’excitation du prochain album à venir, à vouloir surpasser ce qui précède. Particulièrement, selon ses dires, avec la plus récente mouture qui compte à ses côtés Denis Bélanger (Snake) aux vocalises, de retour depuis 2002 après une pause de douze ans – et seul autre membre-fondateur avec Langevin – Daniel Mongrain (Chewy) à la guitare depuis 2008 et Dominique Laroche (Rocky) à la basse depuis 2014.

Si les changements de personnel peuvent souvent être perçus d’un mauvais œil, Langevin y voit plutôt une opportunité de se renouveler : « À chaque fois, je joue différemment quand le line-up change. Avec Newsted (de Metallica qui s’est joint à Voivod de 2002 à 2008), ça sonnait plus Black Sabbath. Avec Eric Forest (1994-2001), c’était plus Sepultura. Avec Blacky (Jean-Yves Thériault – 1982-1991, 2008-2014), son playing est plus punk, très Motörhead donc à chaque fois, je m’adapte et j’aime ça. Aujourd’hui, je dirais que c’est très progressif, à la limite jazz-métal. »

« C’est sûr que du double bass-drum ultra rapide sur 5-6 minutes, peut-être que dans cinq ans, ça va être plus rare, mais pour l’instant, on est capable de faire des tournées de trente dates sur de courtes périodes, en maintenant le cap ! », Michel Langevin, Voivod

Comme un seul homme

Voivod Logo PatchÀ travers les quelques changements de personnel, l’unique constante depuis 1982 demeure Langevin. Pourquoi? « Je me suis demandé plusieurs fois si je restais. Ce qui nous a sauvé en longévité c’est l’Europe, qui n’a jamais perdu son circuit de salles métal et de Festivals. On a un public super loyal et constant. Ici, le métal est plus en phase avec les courants, donc ça vient et ça va; là-bas, c’est en continu. On fait des Festivals partout avec Scorpions, Testament, Sepultura, Megadeth, Exodus, etc… À peu près tous les mêmes artistes qu’il y a trente ans. On est devenu un groupe de classique thrash-métal, c’est quand même le fun ! »

Du haut de ses 54 ans, l’homme ne semble pas prêt de raccrocher ses baguettes : « C’est sûr que du double bass-drum ultra rapide sur 5-6 minutes, peut-être que dans cinq ans, ça va être plus rare, mais pour l’instant, on est capable de faire des tournées de trente dates sur de courtes périodes, en maintenant le cap ! » Une cadence qui se maintient non sans une certaine modération du live fast, die young des premières tournées : « À la mi-trentaine, j’ai dû penser sérieusement à calmer le rythme qui vient avec la tournée, que je cesse le party parce que si je voulais jouer du thrash dans 20 ans, ça devenait essentiel. Tommy Aldridge (batteur de Whitesnake) et quelques autres sont des exemples à suivre.

Et la question qui tue : après 35 ans de métier, on s’en fait avec les critiques ? « Oui, quand même. Rendu où on est dans notre carrière, on peut juste composer la musique qu’on veut jouer, ce serait ridicule d’essayer de « se refaire » un nouveau son. On veut faire du bon Voivod avant tout. On se questionne après les enregistrements, et quand les critiques sont positives, ça valide un peu notre démarche. Je le prends avec beaucoup d’humilité. On est aussi très chanceux de pouvoir faire ce qu’on fait depuis aussi longtemps et encore pouvoir sortir du nouveau matériel. Et ça, je ne le prendrai jamais pour acquis. »

L’ingrédient du succès et d’une carrière soutenue? Manifestement, dans le cas qui nous concerne : des bras de fer et une lucidité à toute épreuve.

Voivod partagera la scène avec Metallica au Festival d’été de Québec, le 14 juillet 2017.  



RymzLes moments de répit sont peu nombreux pour Rymz ces jours-ci. En plus de sa tournée qui se poursuit un peu partout au Québec et de son emploi d’éducateur en foyer de groupe auprès des enfants, le rappeur de 28 ans planche sur l’écriture d’un troisième album.

Lorsqu’on rencontre le Montréalais chez lui lors de sa seule journée de congé de la semaine, on s’attend à le voir détendu, bien assis sur son divan à décompresser avant de partir pour la fin de semaine à Woodstock en Beauce. Bien au contraire, on le croise plutôt les deux mains dans la peinture, à piloter un chantier d’envergure avec ses colocs. « Je suis pas quelqu’un qui aime avoir rien à faire », dit-il, tout sourire, juste après avoir déposé son pinceau. « Ç’a toujours été de même.»

Depuis la parution de Petit prince au printemps 2016, le Montréalais d’adoption ne voit plus le temps passer. Figure déjà bien connue de la scène rap québécoise, Rymz en est devenu l’un des représentants les plus notables dans les derniers mois. Bien au-delà de ses propres attentes, ce deuxième album solo lui a permis d’obtenir un intérêt plus accru de la part des médias et des organisateurs de festivals, notamment M pour Montréal, les FrancoFolies et le Festival d’été de Québec. « On m’a comme un peu découvert », observe-t-il, sans trop savoir à quoi attribuer ce succès.

Chose certaine, ce n’est certainement pas en raison d’un adoucissement de sa proposition artistique ou d’un quelconque virage pop. Même s’il propose une trame musicale résolument plus moderne que tout le reste de son catalogue, fruit des efforts concertés des producteurs Gary Wide, Shash’U, Farfadet, NeoMaestro et Ruffsound, Petit prince met en scène un Rymz toujours aussi insouciant et vulnérable, prompt à flancher devant les vices qui l’incombent.

« J’me disais que, d’ici quelques années, tout ce qui resterait de moi, ce sont ces chansons-là. Je pensais vraiment que j’allais crever à 27 ans… »

Au centre des thèmes qu’il évoque, la dualité entre le bien et le mal ressurgit tel un ensemble de contradictions. « Des fois, y a des fans qui essaient de me coincer en me demandant, par exemple, pourquoi je dis que je veux plein d’oseille dans une chanson, alors que je dis qu’elle est un mauvais maitre dans une autre. Je leur réponds que je donne aucune réponse dans mes textes, que je pose des questions tout simplement. Ça me représente bien, car je suis moi-même une personne contradictoire : le jour, je travaille avec les enfants, et le soir, je fais des shows pis j’bois des shots. J’ai beaucoup d’amour à donner, mais aussi beaucoup de violence à sortir… En fait, c’est surprenant que je sois devenu quelqu’un de bien. »

Natif de Saint-Hyacinthe, Rymz a vécu une adolescence mouvementée. Derrière lui pour de bon, cette époque de délinquance laisse encore ses traces aujourd’hui, autant dans sa vie personnelle que dans ses chansons. « Toi, t’as regardé La Haine, moi j’ai grandi avec », comme il le dit dans Ma Zone, tirée de son dernier album.

L’ensemble de son œuvre avec Mauvais Acte, duo qu’il a instigué au milieu de la décennie 2000 avec son acolyte O-Lit, fait foi de cette période trouble où il cultivait une vision beaucoup plus fataliste du monde. « J’ai été très productif durant cette période, car, dans ma tête, j’enregistrais à titre posthume. J’me disais que, d’ici quelques années, tout ce qui resterait de moi, ce sont ces chansons-là. Je pensais vraiment que j’allais crever à 27 ans… »

« C’est vraiment mon choix de carrière qui m’a changé, poursuit-il. Plus ça allait dans mes années d’études, moins j’avais envie de faire des conneries. Avec du recul, y a aucun vol qui m’a autant rapporté que des bonnes heures de travail bien payées à aider les jeunes. »

À travers cet emploi du temps, la musique apparait comme un exutoire essentiel pour le rappeur signé sous Joyride Records. Le récent engouement qu’il génère vient toutefois avec son lot de nervosité. « Y a une ostie de pression en ce moment. C’est fatigant », avoue-t-il à propos de la création de son troisième album, dont la sortie est prévue d’ici la fin de l’année. « J’appréhende la réaction des autres, même si c’est pas quelque chose auquel je pense quand j’écris. »

Sans jouer la carte de « l’album mature », Rymz proposera un opus à la mélancolie moins marquée et à l’ambiance « moins agressive ». « C’est un album pour chiller pis turn up en fumant des gros bats. En l’écoutant, tu comprends que ça va mieux dans ma vie. Le thème du voyage et de l’évasion revient beaucoup aussi. Un peu comme si, après avoir passé le cap des 27 ans, j’essayais d’entrevoir ce que l’avenir me réserve. »