Ryan Ofei, lauréat d’un Grammy dans la catégorie gospel, doit parfois carrément prendre l’avion pour que ses chansons puissent prendre leur envol.

Nous avons rencontré Ryan Ofei en janvier 2025 alors qu’il participait à un camp de création SoundDecisions à la Kilometre House, au centre-ville de Toronto, en compagnie de Kevin Ekofo, Jordan Manswell et Akeel Henry, entre autres. L’artiste ghanéen canadien et ancien membre du collectif de musique de louange chrétienne Maverick City Music basé à Atlanta nous a confié que les idées de certaines chansons lui viennent souvent lorsqu’il est dans un avion entre deux villes.

Ryan Ofei. Father's House, video

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« J’écris certaines de mes meilleures chansons quand je suis en avion », raconte Ofei dont le premier album solo, Restore, a cumulé plus de 15 millions d’écoutes depuis son lancement à l’été 2024. « Je prends souvent l’avion parce que je voyage beaucoup pour chanter et animer le service dans des églises. Bref, quand je suis sur un vol, j’ai souvent des idées de chanson ou de mélodie. C’est super drôle parce que si t’écoutes les mémos vocaux que j’enregistre, t’entends surtout du bruit blanc. N’empêche que la plupart du temps, c’est là que j’ai mes meilleures idées. »

Ça coule de source que Ryan Ofei, un membre SOCAN né au Royaume-Uni et maintenant basé à Dallas, se sente si inspiré par les voyages, lui qui a posé ses pénates un peu partout au cours des ses 31 années d’existence, notamment à Accra, au Ghana, à Columbus, en Ohio, ainsi qu’à Hamilton, Milton et Ottawa, en Ontario.

C’est d’ailleurs pendant son passage dans la capitale nationale qu’il a frôlé la mort de si près que cette expérience a défini son parcours professionnel actuel. « On avait été à Montréal pour fêter mes 19 ans et en rentrant, un 18-roues a tenté de nous dépasser pendant une tempête de neige », se souvient l’artiste. « Il a commencé à déraper dans notre direction et ç’a été une expérience surréaliste parce que je ne comprends toujours pas comment on s’en est sortis. Je criais à mon ami “Conduis! Conduis! Conduis!” C’est comme si notre voiture avait juste été tassée de son chemin et soudainement le camion a disparu derrière nous. »

« J’ai frôlé la mort de tellement proche que ça m’a fouetté, ç’a changé mon regard sur la vie et je me suis demandé “mais que fais-tu avec ton talent et tes dons?” Je n’avais pas oublié ma foi, mais disons que je l’avais mise de côté. C’est avec cette nouvelle détermination que j’ai commencé à créer et enregistrer. »

De fil en aiguille, donc, Ofei s’est retrouvé à écrire une chanson via Zoom pour Maverick City Music pendant la pandémie en plus de joindre le groupe en studio et sur la route une fois les restrictions de déplacements levées. Il a également participé à l’album Kingdom Book One Deluxe, que le groupe a enregistré avec Kirk Franklin et qui a remporté le Grammy du meilleur album gospel.

« Quelle expérience incroyable », avoue l’artiste. « Ce qui m’a le plus marqué, c’est que ç’a permis à beaucoup de choses de devenir réalité. J’ai grandi au son de la musique chrétienne, alors avoir la chance de jouer au Barclays Center [à Brooklyn] et d’autres arénas remplis par 10 000 ou 20 000 personnes a déclenché quelque chose dans mon cerveau. J’ai compris qu’il y avait vraiment un public qui aime cette musique autant que moi et j’ai décidé d’aller vers ce public. Bref, Maverick City Music a été une inspiration majeure pour moi et ça m’a ouvert les yeux. »

Sur des chansons telles que Daily, avec Becca Folkes et Limoblaze, Baba avec CalledOutMusic et Annatoria ou Restore, inspirée par sa relation avec son demi-frère Emmanuel, Ryan Ofei fusionne la musique highlife ghanéenne, la langue yoruba nigériane et les polyrythmies afrobeat pour créer sa propre saveur très particulière de musique chrétienne. Il entend d’ailleurs explorer plus avant ces fusions sur son deuxième projet qui pourrait, si tout va bien, paraître en 2025.

RyanOfei, Baba, video

Cliquez sur l’image pour démarrer le vidéoclip de la chanson « Baba » de Ryan Ofei avec CalledOut Music et Annatoria sur YouTube

Bien que ses chansons commencent leur vie avec sa seule plume, il préfère les compléter de manière collective. « La collaboration vient chercher un autre côté de moi », dit-il tout en ajoutant que la musique gospel exige un état d’esprit créatif différent des autres genres musicaux. « Le cœur de la musique chrétienne réside vraiment dans le message plutôt que dans le son. Techniquement, la musique chrétienne a une tonne de sous-genres comme le rock chrétien, le R&B chrétien et même le hip-hop chrétien. Le fil conducteur de tous ces genres, c’est la foi, pas les sonorités.

« Le but c’est vraiment d’être comme la messe du dimanche. On garde ça en tête quand on écrit les textes et même par rapport à la façon dont certains passages sont chantés. On essaie de ne pas rendre ça trop fou, mais ça reste de la musique, dans le sens qu’on veut aussi s’amuser créativement autant qu’on peut. »

« Je pense que je fais un genre de musique chrétienne qui est plus près de l’afro chrétienne et du R&B chrétien, mais je fais aussi des chansons d’église plus traditionnelles. Ce qui m’a le plus touché quand j’ai joué au TD Music Hall à Toronto [le 29 novembre 2024], c’est que les gens chantaient mes paroles mot à mot. Ils avaient internalisé mes textes et certaines personnes ont partagé des témoignages du genre “j’ai reçu un diagnostic de cancer et cette musique m’a aidé dans mon parcours vers la guérison”. »

« Avoir un tel impact dans la vie des gens est ce qui compte le plus pour moi. C’est ça la mesure du succès, si tu veux mon humble avis. »