Il y a tout juste plus de deux ans que les vétérans de l’industrie musicale Michael McCarty et Rodney Murphy (tous deux d’ex dirigeants de la SOCAN) ont fondé Kilometre Music Group (KMG), une société de création musicale et de gestion des droits basée à Toronto et soutenue par le Barometer Global Music Royalty Fund de Barometer Capital Management. L’idée de base était de rapatrier les droits d’auteur de la musique canadienne, mais en plus d’acheter des catalogues de chansons générant des revenus, KMG signe également de nouveaux auteurs-compositeurs.

« Les investisseurs sont très contents », affirme le chef de la direction de KMG, Michael McCarty. « Certains nous ont carrément dit qu’on était leur meilleur investissement de 2022 à cause de ce qui s’est produit dans le marché et l’économie en général. Les redevances musicales sont un des investissements les plus stables en période de tourmente économique. »

Rodney Murphy est le président des acquisitions A&R de KMG, et Melissa Cameron-Passley (une autre ex-employée de la SOCAN) est administratrice des opérations créatives, et tous deux s’occupent au quotidien des relations avec les créateurs. L’entreprise possède aujourd’hui dix catalogues, ce qui représente « entre la moitié et les deux tiers de ce que nous envisageons comme un porte-folio complet », explique McCarty. Il y a un peu moins d’un an, KMG lançait la phase de signature de nouveaux artistes de son plan.

« Le véritable message qu’on veut transmettre au monde, c’est que nous sommes une vraie maison d’édition », affirme encore McCarty. « On n’est pas juste une entreprise d’acquisition de catalogues. On est en train de bâtir notre écurie. Ç’a toujours été notre plan d’avoir une combinaison de catalogues emblématiques et de ce que nous appelons les catalogues du futur, c’est-à-dire des créateurs qui bâtissent les catalogues du futur, et ça se passe très bien. On a mis sept créateurs sous contrat jusqu’à maintenant et nous en ajouterons deux autres très bientôt ; on est exactement là où on espérait. »

En septembre 2022, KMG a trouvé totalement par hasard ce qui allait devenir son quartier général de rêve : une maison victorienne de trois étages située en face du Musée des beaux-arts de l’Ontario au centre-ville de Toronto. Celle-ci était déjà équipée de cinq studios d’enregistrement ultramodernes, chacun avec sa propre salle de contrôle et sa cabine vocale. Ils en ont ajouté deux autres au sous-sol et l’espace de près de 800 m2 (8500 pi²) comporte également une petite cuisine, quatre salles de bain, une douche, trois salons et un stationnement privé de 10 places. Une véritable perle rare au centre-ville de Toronto. Ils l’ont baptisée la Kilometre House.

« C’est généralement tranquille jusqu’en milieu de journée parce qu’on fonctionne sur l’horaire des artistes et non pas l’horaire des banquiers », explique McCarty. « Mais une fois que les choses commencent à prendre vie, c’est généralement à fond la caisse dans les sept studios. »

« L’idée était de créer un espace, un accélérateur de particules créatives, où les gens se rencontreraient par hasard et décideraient de collaborer, alors qu’ils ne l’auraient probablement jamais fait s’ils n’étaient pas venus ici », poursuit-il. « À date, ça fonctionne à merveille. C’est vraiment arrivé qu’un artiste soit en train d’enregistrer son album entende quelque chose qu’il aime dans une autre salle de contrôle et discute avec cet autre créateur et le lendemain, ils sont en train de travailler ensemble sur un nouveau projet. Au final, nos créateurs finissent sur l’album de cet artiste. »

Les sept créateurs de l’écurie KMG sont :

  • Aaron Paris (qui a travaillé avec Kanye West, Drake et DJ Khalid) ;
  • Chris LaRocca (Bryson Tiller, Stray Kids et LU KALA) ;
  • Eli Brown (Drake, Chris Brown et Jaden Smith);
  • harper (Vince Spales, Sevyn Streeter et TOBi) ;
  • Mido (Don Tolliver et Skaiwater) ;
  • Prince85 (The Weeknd, Lil Wayne et 21 Savage); et
  • Runway (DZL, Charmaine, Sylo).
Kilometre Killas
Les quatre nouvelles majeures associées à l’équipe de KMG en ce moment sont le EP Waiting Room de Harper qui est sorti fin mars 2023 sur Cult Nation ; le EP Perhaps de Chris LaRocca qui vient de sortir sur Red Bull/Wonderchild ; l’annonce que Aaron Paris sera producteur délégué et coauteur du prochain projet du rappeur d’Atlanta Russ; et le travail de Prince85 sur « Die For You » qui s’est hissé à la première place du Hot 100 de Billboard au premier trimestre 2023, ce qui en fait « probablement l’exemple par excellence d’une chanson qui a refait surface après plusieurs années », croit McCarty. « Ce morceau date d’il y a six ans, mais elle est devenue virale sur TikTok, ce qui l’a fait remonter dans le Hot 100. The Weeknd en a sorti un nouveau remix avec Ariana Grande, ce qui l’a propulsée à la première place. Elle était numéro 1 à la radio et numéro 2 dans le monde pendant un certain temps, et elle a également entraîné le retour de l’album dans les palmarès. Nous, on a genre 12 pièces à notre crédit là-dessus. »

Cependant, afin de demeurer fidèle à sa mission d’encourager les talents, la majorité des personnes qui travaillent à la Kilometre House ne sont pas sous contrat avec KMG.

« Ce qu’on veut c’est que ce soit comme un Times Square ou un Dundas Square pour les créateurs de musique, et on créé cette culture ici », continue McCarty. « Notre objectif est de devenir l’épicentre de la création musicale canadienne qui part à la conquête du monde. On veut que la prochaine vague de succès internationaux qui sortira du Canada soit produite à la Kilometre House. On est convaincus que c’est ce qui va se passer et que notre équipe de créateurs jouera un rôle important dans tout ça. »

Six des sept créateurs de KMG sont Canadiens, le septième – ce qui peut sembler étrange pour une entreprise qui souhaite « rapatrier, réclamer et réassembler les droits des grandes chansons canadiennes » – est un Parisien : Prince85, est un des coauteurs du mégasuccès de The Weeknd, « Die For You ».

« Notre mission est de créer un super-noyau d’édition musicale dans notre secteur afin d’exploiter le pouvoir créatif passé et présent des artistes canadiens, ce qui permet de le porter sur le marché mondial et de ramener les revenus au Canada, créant de ce fait un cercle vertueux », explique M. McCarty. « La composante canadienne est au cœur de ce que nous faisons, mais on n’est pas des idiots : on veut quand même être le centre mondial des catalogues et des talents musicaux actuels. On a plusieurs catalogues qui ne sont pas canadiens et maintenant on a un créateur qui n’est pas Canadien. Ça nous permet de bâtir une entreprise solide. »