Le feu qui nous dévore, celui qui réchauffe, éclaire ou détruit pour mieux rebâtir… Sous toutes ses formes, il se déploie à l’intérieur de la maison, plus précisément sous le toit, de l’autrice-compositrice-interprète Karolan Boily. Avec son premier album, Le feu sous le toit, elle allume sa propre flamme créatrice et visite ses émotions nouvelles une à une.

Karolan Boily« Le feu s’éteint quand je ferme les yeux et que je choisis de m’oublier », chante-t-elle sur la pièce Blocage, « Je vois qu’il y a de la lumière. Le feu dort en toi. La chaleur reviendra, crois-moi », dit-elle sur Braise, ou « On se met en feu pour s’éteindre comme on peut, peut-être qu’on se met en feu pour s’éclairer un peu », sur Nulle part sauf ici.

« Quand j’écrivais mon album, à un certain point, j’ai réalisé que le champ lexical du feu était présent sur huit de mes dix chansons, dit-elle. J’ai toujours adoré le feu et je trouvais que ma manière d’en parler n’était pas redondante. C’était une facette différente de moi qui ressortait à chaque fois. » Tous ses états d’âme prennent ainsi en feu à leur façon pour créer une grande allégorie : une chaleur perpétuelle qui gonfle en dedans, donc au cœur de soi.  « Je suis une pyromane de l’âme, sans être dangereuse », ajoute-t-elle en riant.

Les différentes expériences de la vie se succèdent sur ce premier album complet qui survient néanmoins après quelques années à occuper une place sur la scène musicale, notamment depuis la parution du EP Les éclats de verre en résistance (2020).  « Le feu de mon album, c’est un peu le feu avec lequel je repars à zéro, lance Karolan. Je suis dans une redécouverte totale de moi-même et, dans plusieurs facettes de ma vie, je sens le désir revenir tout en sachant que le désir, il faut faire attention avec ça. »

En musique, son désir était de cueillir les apprentissages qui se sont manifestés quand elle a fait connaître au monde ses chansons pour la première fois au beau milieu d’une pandémie. Ensuite, il lui fallait prendre son temps et faire les choses à sa façon, selon ses instincts, à son rythme. « Je voulais être prête, souffle l’autrice-compositrice-interprète. Parce que j’ai souvent le sentiment que ce que je crée n’est pas terminé. Maintenant, je me dis que pour chaque chose qui se trouve sur mon album, j’ai fait de mon mieux. »

Karolan Boily, Nulle Part Sauf Ici, Video

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Pour Karolan Boily, il est également essentiel d’attendre le bon moment pour se manifester aux maisons de disques, ce qu’elle n’a pas encore fait.  « Pour l’instant, je m’entoure d’humains que j’apprécie et ça m’a toujours réussi. J’ai envie de faire la route par moi-même. » L’indépendance du projet est donc un choix qu’elle assume pleinement, entre autres pour pouvoir contrôler chacune des étapes, en co-réalisation avec son fidèle complice Nikolas Benoit-Ratelle. « J’ai besoin de comprendre ce que je fais, explique-t-elle. J’ai mis la main à la pâte. Je suis fatiguée, mais fière et je sais quels seront les éléments pour lesquels j’aurai besoin d’aide quand je vais avoir une équipe plus grande. »

En apprenant la guitare à l’âge de sept ans pour « faire comme son frère », elle a créé les premières esquisses d’une adolescence qui gravite autour de la musique. Et en grandissant, la famille, les amis, les amours… tous les types de relations sont devenus matière à chanson pour l’autrice, qui a voulu apprendre à chanter avant même de savoir lire.  « Ma mère m’apprenait les textes par cœur pour que je puisse les chanter pour mes cours », se souvient-elle.

Du plus loin qu’elle se souvienne, l’écriture a été un véhicule pour ce qui ne se cartographie pas autrement. « C’est vraiment né d’un désir de me comprendre, confie-t-elle. Si quelque chose dans ma vie est flou, j’écris une chanson pour la décortiquer. » Parmi ces chansons qui permettent de distiller la crise pour ne garder que la clairvoyance, Nulle part sauf ici aborde une querelle. « On s’écoute, mais on ne s’entend pas, ajoute-t-elle. Le pont entre les idées des deux personnes ne se fait pas et ça escalade trop haut pour qu’on puisse redescendre. »

L’album Le feu sous le toit sera lancé au Ministère, à Montréal, le 6 février 2024. Karolan Boily espère que l’introspection qu’elle cultive depuis la création de son album pourra se transposer chez les gens qui seront sur place pour vivre sa musique. « Je voudrais que le moment de musique qu’on passe avec moi soit une manière de se recentrer, de prendre du recul sur ce qu’on vit pour mieux se positionner par rapport à tout ce qui se passe autour de nous. »