Un des groupes préférés d’Elton John qui a déjà fait la première partie des Rolling Stones, les rockeuses The Beaches, ont donné un spectacle au Danforth Music Hall de Toronto le 27 février. Ne manquez pas nos images de l’événement !
Photo par courtesy/courtoisie. Left to right/De gauche à droite : Shauna De Cartier, Kim Temple, High Priestess (logo)
Place aux éditeurs : High Priestess
Article par Kerry doole | dimanche 8 mars 2020
High Priestess est un tout nouveau joueur de l’industrie canadienne de l’édition musicale, mais son pedigree n’en est pas moins impressionnant. Fondée en février 2020, l’entreprise est un partenariat entre Six Shooter Records et Kim Temple, la directrice des licences et de l’édition de Six Shooter qui possède plus de 20 années d’expérience dans les diverses facettes de l’édition.
Comme l’explique Shauna de Cartier, fondatrice et présidente de Six Shooter, « Kim gérait notre catalogue d’édition [Girl on a Horse] depuis un bon moment. Elle souhaitait toujours favoriser des initiatives de coécriture entre nos artistes, alors on a mis sous contrat Lyle Bell, du groupe The Wet Secrets. »
« Un bon placement peut financer leur prochaine tournée ou leur prochain album. » — Kim Temple de High Priestess
« Il écrivait pour d’autres artistes dans différents genres. C’est un nouveau secteur d’activité dans lequel nous n’étions pas encore présents. L’intérêt central de Six Shooter est le développement d’interprètes tandis que Kim est passionnée par le développement d’auteurs-compositeurs, alors nous avons créé une entreprise où elle serait en mesure d’explorer cette activité jusqu’au bout. »
De son côté, Temple explique que « Shauna et moi souhaitions vraiment diversifier le catalogue et trouver des artistes émergents qui nous emballent et avec qui on veut vraiment travailler, mais qui ne cadrent pas nécessairement avec le label. High Priestess nous ouvre toute grande la porte pour accueillir plus de gens dans notre grande famille. »
Ainsi, High Priestess a lancé ses activités avec une écurie de quatre auteurs-compositeurs et producteur audionumérique qui évoluent dans des genres bien distincts de la veine roots qui est la marque de commerce de Six Shooter. Il s’agit de Zaki Ibrahim, un auteur-compositeur-interprète qui a déjà fait partie de la courte liste du Prix Polaris, l’artiste dance James Baley, l’artiste R&B/hip-hop Witch Prophet et le producteur audionumérique DJ SUN SUN (Above Top Secret, Witch Prophet).
« Shauna a financé High Priestess, explique Temple, mais elle m’a essentiellement donné carte blanche en tant que présidente en me disant “go for it”. Son soutien est phénoménal. »
De Cartier est également responsable du choix de nom de l’entreprise. « J’aime les noms qui évoquent des images et qui captivent immédiatement l’imagination », dit-elle. « Je cherchais quelque chose qui soit en lien avec le nom de famille de Kim et cette idée m’est venue presque tout de suite. J’aime High Priestess, car ça inspire confiance et ça exprime notre connexion spirituelle avec la musique et les artistes. »
« Mon but avec High Priestess est d’offrir du mentorat », explique Temple. « Je veux m’assurer que le travail de nos créateurs est bien déclaré et représenté partout dans le monde afin de générer des revenus pour eux et leur permettre de continuer à créer tout en bonifiant leurs affaires. Mon but est de permettre à ces artistes incroyables de devenir autonomes. Un bon placement peut financer leur prochaine tournée ou leur prochain album. »
High Priestess s’occupe du Canada tandis que peermusic administre ses éditions pour le reste du monde. « peermusic a des bureaux partout à travers le monde et c’est important pour nous d’avoir un partenaire de cette envergure », dit Temple.
Lorsqu’on l’interroge sur son approche créative, Temple explique qu’elle « n’a pas le choix d’être hors-norme. Je viens d’un milieu différent, j’ai commencé en jouant dans des groupes indie [Nerdy Girl et Bodega, qui a été en nomination pour un prix JUNO dans les années 90] et j’ai toujours été entourée d’artistes visuels. Je n’ai jamais évolué dans la sphère pop commerciale vers laquelle bon nombre d’éditeurs se tournent pour générer des revenus. »
Ce passé indie-rock confère à Temple une profonde et sincère empathie pour les auteurs-compositeurs et les interprètes, mais elle a constaté un changement dans leur perspective. « C’était vraiment tabou, dans les années 90, d’écrire pour un autre projet que le sien », explique-t-elle. « Si quelqu’un vous demandait d’utiliser votre chanson dans une pub, c’était automatiquement “Pas question. Je ne vendrai pas mon âme au diable”. »
« Maintenant être auteur-compositeur ne signifie plus devoir se cantonner à un style. Si vous êtes un artiste hip-hop qui sait aussi écrire des trucs EDM ou pop, pourquoi vous limiter ? »
Photo par Richmond Lam
Basia Bulat : vulnérabilité et expérimentation
Article par Meredith Dault | mercredi 4 mars 2020
Quand Basia Bulat a entrepris le travail de création de son cinquième album, elle a décidé de s’affranchir de tout échéancier préétabli. « Ça n’avait aucun sens pour moi de précipiter le processus pour respecter une date butoir », dit-elle. « Les meilleurs résultats doivent prendre le temps qu’ils doivent prendre. »
Bulat, qui a été trois fois finaliste sur la courte liste du Prix de musique Polaris et trois fois aux JUNOs, a par ailleurs dû mettre le processus de côté temporairement pour se concentrer sur des questions plus personnelles comme la mort de son père et une nouvelle relation amoureuse. Lorsqu’elle est revenue au processus de création de son album, presque un an plus tard, elle l’a fait avec une nouvelle vulnérabilité et une nouvelle sensibilité.
« Peu importe ce qu’on fait en tant qu’auteur-compositeur, notre vie transparaît dans notre travail », croit-elle. « Je trouverais ça bizarre si ce n’était pas le cas. »
Le résultat final, Are You In Love?, paraîtra le 27 mars — le premier extrait, « Your Girl », a été lancé le 5 février —, et il nous permet d’observer Bulat aborder ce qu’elle qualifie de « grosses émotions » comme le deuil et la peur ou encore la compassion et le pardon.
« Tout est une question de confronter nos peurs », affirme l’artiste. « Faire preuve de compassion envers soi-même et envers les autres exige de poser un regard neutre sur les choses qui nous empêchent de nous voir, et de voir les autres, tels que nous sommes vraiment. »
C’est pour cette raison qu’elle fait référence à cet album comme « les conseils que j’avais besoin d’entendre », une référence à son album Good Advice (2016), qui a été finaliste aux JUNOs et au Polaris, et dont elle explique que « c’était un album qui parlait du fait que je n’écoute pas les conseils qu’on me donne ». L’album en question a été encensé par la critique internationale — Paste, The Guardian et Rolling Stone (Italie et Allemagne) — et il a depuis été écouté plus de 10 millions de fois.
Bulat, qui a grandi en étudiant le piano et la guitare, a créé les ébauches de plusieurs chansons de son nouvel album chez elle, à Montréal, mais c’est une série de voyages à Joshua Tree, en Californie, qui lui a permis de trouver son fil conducteur.
« C’est un lieu qui est propice à une écoute très active de ce qui nous entoure et de ce qui nous habite, ce qu’il y a au fond de notre âme, et ça permet d’identifier les vibrations qu’on souhaite extérioriser », raconte-t-elle au sujet de ce célèbre désert. « La patience est importante. Il faut s’harmoniser à ce qui nous entoure. »
Bulat est devenue fascinée par l’arbre qui donne son nom au parc national — le Joshua tree ou arbre de Josué (https://fr.wikipedia.org/wiki/Yucca_brevifolia), qui met des décennies à atteindre sa maturité — et elle y a trouvé une métaphore pour son propre long processus de création. C’est donc durant ces séjours dans le désert en compagnie du producteur Jim James (My Morning Jacket), qui a également produit Good Advice, que Basia Bulat a commencé à donner sa forme finale à l’album.
« Je vois les chansons comme des plans. »
À l’aide de stratégies comme l’écriture automatique et l’improvisation, Bulat a tiré profit de l’espace qu’elle s’est accordé pour expérimenter avec les mots et les sons — faire jouer des pistes à l’envers ou se mettre au défi d’exprimer une seule idée de plusieurs façons différentes.
Polyinstrumentiste reconnue pour sa virtuosité à l’autoharpe, Bulat a également transposé son expérimentation en composant ses mélodies sur d’autres instruments. C’est toutefois une guitare accordée à la Nashville* qui appartenait au studio Hi-Dez, où elle a enregistré l’album, qui a le plus retenu son attention. « Elle était parfaitement chez elle dans cet environnement », explique-t-elle pour décrire le son léger et diaphane de l’instrument qui avait le don de donner un nouveau sens à ses chansons.
« Je vois toujours les chansons comme les plans [d’un édifice] », dit-elle au sujet de son processus musical. « C’est par la suite qu’on décide si la maison sera construite en bois, en briques ou en pierres et si elle aura de grandes ou de petites fenêtres. »
Ainsi, pour elle, une fois que chaque chanson est devenue un plan, elle prend forme au gré de l’inspiration, et le plus souvent les paroles sont inspirées par la mélodie. C’est une des raisons pourquoi elle aime reprendre les chansons des autres. « J’adore voir comment les autres dessinent leurs plans et j’ai envie de les habiter précisément pour cette raison. »
Are You In Love? a d’ores et déjà été désigné comme un des albums les plus attendus de 2020 par CBC Music et Exclaim! et on pourra y entendre de textes de son amie Meg Remy (U.S. Girls) ainsi que des sons ambiants captés dans le désert par Andrew Woods, son mari depuis l’an dernier.
Mais Bulat — qui a partagé la scène avec de grands noms comme Sufjan Stevens, Nick Cave & The Bad Seeds, The National et Arcade Fire, pour ne nommer que ceux-là — ne se laisse pas impressionner par cette vague d’enthousiasme.
Au moment même où son équipe s’apprête à lancer la machine promotionnelle avant le lancement de Are You In Love?, elle se prépare pour une tournée internationale ambitieuse dont le coup d’envoi aura lieu dans le cadre du festival South by Southwest, et elle se concentre entièrement sur le fait de ne faire qu’un avec sa musique, peu importe les opportunités professionnelles que sa carrière pourra lui proposer.
« Chaque jour qui passe où je peux être présente, jouer avec ma guitare et chanter est un réel cadeau », affirme-t-elle. « Je suis incroyablement reconnaissante de pouvoir faire ce que je fais. »
*Une guitare accordée à la Nashville consiste à prendre les six cordes « hautes » d’un ensemble pour guitare à 12 cordes afin de les utiliser sur une guitare acoustique à six cordes.