Je connais les adeptes de la microdose, nous dit Fred Fortin sur la chanson titre de son sixième album, paru aujourd’hui comme une surprise, un secret bien gardé. « Microdose, ça a été une surprise, même pour moi, lance Fred Fortin. Je voulais des choses nouvelles pour alimenter la tournée solo. » Envisageant d’abord un EP, il constate qu’il a assez de matériel pour faire un album. Mises bout à bout, les chansons oubliées dans les tiroirs se collaient à ses nouvelles histoires et résonnaient comme une mélodie brute et sale, actuelle et on ne peut plus rattachée aux débuts… il y a plus de 20 ans.

Fred Fortin, MicrodoseDans sa tournée actuelle, Fred Fortin se présente à nous comme un homme-orchestre. Pas eu besoin de se faire greffer des bras en plus. Assis sur son tabouret, il joue de la batterie, de la guitare et de l’harmonica. Les yeux clos, on entend un band complet. « Ça peut être très dynamique, mettons, un show de brosse, mais ça peut aussi être très intime dans un autre contexte, dit Fred. J’ajoute ou j’enlève des morceaux. »

Fortin dévoile ici une moitié d’album avec Joe Grass et l’autre avec Olivier Langevin, le tout enregistré avec Pierre Girard. « On voulait que ça soit spontané, garder ça rough et sale. J’avais quelque chose à libérer après Ultramarr qui était un peu plus convenu. »

Son deuxième album, Le plancher des vaches, est celui que l’on évoque le plus comme semblable. « On retrouve son côté bien brut, soutient Fred. Il y a aussi plusieurs niveaux de langages. C’est sans queue ni tête. Ce sont des manifestations de vie tantôt tristes tantôt gaies. Toutes sortes de courbes bipolaires. »

Microdose
« Il y a huit tounes de l’album qui ont été faites en mêmes temps, dont celle-là. Je changeais de guitare pour trouver de l’inspiration. J’ai travaillé avec Diane Tell récemment. Ça m’a fait ressortir avec beaucoup de fun des rythmes de type bossa-nova. Ça m’a fait penser aux bands de l’ouest des États-Unis. Des gens très cool et à la mode. J’ai commencé à rire amicalement de San Francisco et des gens qui sont trop cool. Joe Grass joue sur cette toune-là et il m’a dit avec son accent anglo: « Je sais qu’est-ce que ça prend. Ça prend du flûte, ça prend un flûte ». Il connaissait EriK Hove. On l’a appelé et il a joué de la flûte. Je sais pas trop comment ce gars-là me perçoit aujourd’hui. J’aime beaucoup cette musique. Je voulais impliquer l’air du temps, la microdose, l’idée de faire les choses à petites doses, c’est tellement ça. San Francisco, à Montréal, c’est le Mile-End. J’aime ça, mais c’est possible d’en rire. »

Électricité
« Je pensais l’offrir à Diane Tell. Ma blonde pis (Olivier) Langevin n’ont pas voulu la laisser partir. C’est l’histoire d’un personnage violent. J’aime ça aller dans des zones extrêmes de la psychologie. J’aime beaucoup les personnages qui n’ont pas le contrôle sur ce qui se passe. Quand tu parles de tuer quelqu’un, dans un film tu peux le faire, mais quand tu joues avec ce genre de fiction dans une chanson, il faut que tu contextualises vraiment fortement en trois minutes. Je me réapproprie ce droit d’être trash après Ultramarr qui était un peu plus sage. »

Led Zeppeline
« J’ai mis un «e» à la fin pour éviter toute confusion. L’analogie varie selon les couplets. Il y a une chicane d’enfants, comme celles qu’on a vécues à travers l’adolescence de mes enfants. Mon plus jeune qui a 14 ans était un peu réfractaire à l’idée d’être dans la toune, mais il a trouvé ça super drôle. Je voulais raconter une histoire de famille. »

Cracher en l’air
« Elle vient aussi de mon blitz de studio. Ça parle d’un de mes proches qui raconte comment ça a été tough. Je le raconte comme si moi ça m’arrivait. C’est le genre de sentiments qu’on peut avoir qui sont difficiles à exprimer: la jalousie, le ressentiment. C’est une musique dure, d’une autre façon. C’est un autre niveau d’émotion, elle est plus heavy et ça passe dans la musique. Chacun peut se faire son image. La guitare aussi est plus heavy sur celle-là. J’ai fait la guitare et le drum en premier. J’étais partie sur le concept d’écrire par rapport à des gens proches de moi donc tout est venu tout seul ensuite. »

Fred Fortin, MicrodoseKing size
« Je l’ai écrite pour l’album de quelqu’un d’autre. Vous devriez l’entendre sur un autre album, avec des variations. Mon entourage tenait à ce que je la garde, donc j’ai changé toute une partie d’accord au milieu au moment où j’ai enregistré l’autre. La mélodie plaisait beaucoup à ma blonde, à Langevin et à Pierre Girard. Ce sont mes trois femmes. Ils décident. »

Crocodile
« C’est un fond de tiroir qui date d’avant Ultramarr. Je ne sais pas pourquoi je ne l’avais pas gardée. L’enregistrement date de 2014. Je trouvais probablement que j’avais assez de tounes smooth sur l’album. Elle est très dépouillée. J’adore jouer dans les dynamiques lentes et moins heavy. L’album est éclaté comme ça. »

Cave
« L’histoire est drôle. La phrase du début m’a crinqué. Ça vient d’un show de Galaxie. On est allés jouer au Sea Shack en Gaspésie. Alexis Dumais tournait avec nous au clavier. C’était l’Halloween et on était tous déguisés. Alexis avait un suit de Passe-Montagne. Il a fini à 4h du matin sur la plage avec son costume. Il est remonté dans le camion avec son costume le lendemain. Et on est arrêtés au Tim Hortons, pis il a gardé son costume. Il nous a dit: « Je devrais arrêter chez mes parents à Rimouski et dire Vous en faites pas, ça ne va pas du tout ». J’ai gardé la phrase. J’aime ça vampiriser mes chums de même. Je trouvais l’image trop forte pour ne pas l’utiliser. »

Wendy
« Je l’ai écrite en allant parler au téléphone en haut de la côte au chalet. L’idée m’est venue en redescendant. La ligne est pas si bonne que ça en bas (rire). Je voulais ma petite passe gratuite, cochonne de même pour désamorcer le reste. »

Cuite
« Elle date, celle-là ! Elle était entre Gros Mené et mes affaires. J’avais déjà fait une version avec un vrai drum, mais j’ai décidé de la monter en homme-orchestre. »

Redneck
« Elle est sortie dans ma grosse batch. Je suis un peu redneck d’une certaine façon. C’est un peu dans notre mentalité de Nord-Américain. On l’a un peu sur le bord, chacun à notre manière. J’ai exagéré l’attitude pour faire une histoire avec ça. J’ai pesé sur le piton Mononc’ Serge, pour blaster le monde. Il y a quelque chose de conquérant à la Éric Lapointe, aussi, je pense. »

Zéro-trois-quart
« C’est de la gravelle: c’est zéro-trois-quart de pouce. J’ai ramassé une vieille console chez nous et je l’essayais et j’ai fait mettre du zéro-trois-quart en même temps dans ma cour. Idéalement faut l’écouter en marchant nus pied dans la gravelle. Tu rêves d’un coup d’grédeur pour effacer les cicatrices de ton parcours: Je trouvais l’image belle. »

Bocal
« C’est une vieille toune. Une commande que j’avais eue pour une artiste qui n’avait pas aimé ça du tout (rire). Anique Granger, elle l’a fait sur son album. J’aimais beaucoup la mélodie de la pièce. »

Pour acheter ou écouter « Microdose » de Fred Fortin, cliquez ici.