À l’instar du reste de l’industrie musicale, le domaine de l’édition est beaucoup plus fluide de nos jours qu’auparavant. Là où le rôle des éditeurs était jadis principalement axé sur les placements d’œuvres musicales dans divers médias — télé, cinéma, jeux vidéo, publicité — les éditeurs modernes doivent porter plusieurs chapeaux.

« Notre travail est de représenter les œuvres et les créateurs », explique Vivian Barclay, directrice générale de Warner Chappell Music Canada et membre du conseil d’administration de la SOCAN. « Il y a deux axes principaux à notre travail. Certains adoptent encore une vision très linéaire de l’édition, celle de l’administration, un peu comme une banque ou une entreprise de services, mais c’est plus polyvalent, en réalité. L’administration des droits d’auteur, la déclaration d’œuvres et le paiement des redevances sont un seul de ces aspects. L’autre concerne la créativité. On offre des contrats aux auteurs-compositeurs, on les développe et on les aide en leur offrant des ressources et des connexions. »

Vivian Barclay a l’habitude de porter de nombreux chapeaux et de tisser des liens. Elle n’a jamais eu de plan quinquennal et elle n’a jamais reculé devant un travail qui devait être accompli. Elle est née dans le domaine des arts. Son père était musicien professionnel et sa mère peintre. Après avoir obtenu son diplôme en ingénierie sonore de Ryerson, elle a travaillé à la station de radio communautaire, maintenant disparue, CKLN. Elle y occupera de nombreux rôles : animatrice, directrice de la programmation et même gestionnaire intérimaire. Sa formation s’est ensuite poursuivie lors de son passage chez Jones and Jones Productions où elle travaillait aux côtés de Denise Jones. Elle y a appris la gérance et la mise en marché d’artistes ainsi que la présentation et la promotion de spectacles, entre autres.

“Si vous ne pouvez pas jouer sur scène, je ne suis pas intéressée.”

En 2001, un poste s’est libéré dans la division des redevances de Warner Chappell Music Canada. Denise Jones l’a recommandée et Barclay a sauté sur l’occasion d’en apprendre plus sur le monde de l’édition musicale. Ce poste temporaire deviendra rapidement un rôle à plein temps. Elle est passée du secteur des redevances à celui des droits d’auteurs et à la fin de l’année elle a été transférée au bureau de Los Angeles de l’entreprise. Deux ans plus tard, elle est de retour à Toronto pour diriger la succursale canadienne.

De la musique bien de chez nous

Font ou ont déjà fait partie de l’écurie Warner Chappel Music Canada :

  • Aaron Goodvin
  • Barenaked Ladies
  • The Be Good Tanyas
  • Begonia
  • Death From Above 1979
  • Donovan Woods
  • Gordon Lightfoot
  • Jully Black
  • Michael Bernard Fitzgerald
  • Michael Bublé
  • Nickelback
  • PartyNextDoor
  • The Rheostatics
  • Saukrates
  • Sebastian Gaskin
  • Spirit of the West
  • The Tea Party
  • Tomi Swick

Aujourd’hui, en tant que directrice générale de Warner Chappell Music Canada, elle gère un vaste catalogue d’œuvres très diverses qui va des standards du répertoire américain comme George et Ira Gershwin aux contes de Gordon Lightfoot et tout ce qu’il y a entre les deux. Le bureau canadien de Warner Chappell Music représente également deux classiques de Noël écrits par Johnny Marks : « Rudolph the Red-Nosed Reindeer » et « Rockin’ Around the Christmas Tree ». Le rôle de Barclay est de faire connaître ces classiques à une nouvelle génération.

« Tout est une question de redynamiser le catalogue », explique-t-elle. « Nous travaillons très fort afin de donner une nouvelle vie à ces chansons indémodables. »

Il n’y a pas de journée typique pour Vivian Barclay. Chaque créateur qu’elle représente est à un stade différent de son cycle artistique ; écriture de nouveau matériel, lancement d’un nouvel album, ou tournée. Elle passe autant de temps à chercher et développer de nouveaux artistes qu’à chercher de nouvelles façons de faire réinterpréter des classiques. Gagner sa vie en tant qu’auteur-compositeur, de nos jours, est un défi même dans les meilleures conditions. Ils ont de plus en plus de difficulté à joindre les deux bouts, et le rôle de Barclay et d’autant plus important, car elle fait tout ce qu’elle peut pour s’assurer « que la valeur de ce qu’ils ont créé n’est pas décimée ».

Les concerts sont encore une des meilleures sources de revenus pour ces auteurs-compositeurs et aller voir des concerts est encore la meilleure façon de découvrir de nouveaux artistes pour les éditeurs. De nombreuses soirées par semaine, elle fait le tour des clubs de Toronto pour y entendre de nouveaux artistes, sans parler des festivals d’un bout à l’autre du pays et tout autour du monde, toujours à la recherche de nouveaux créateurs pour Warner Chappell. « Peu importe votre genre musical, pour moi votre présence sur scène compte », dit-elle. « Si vous ne pouvez pas jouer sur scène, je ne suis pas intéressée. »

Warner Chappell Music Canada compte de nombreux artistes canadiens dans son écurie passée et présente. L’entreprise a d’ailleurs récemment conclu une entente avec la maison de disques Birthday Cake des Brothers Landreth, ce qui lui a permis d’ajouter plusieurs artistes de l’Ouest canadien. (See sidebar for some of the company’s Canadian clients.)

La numérisation de la musique et la facilité que cela permet afin de découvrir de nouveaux artistes ont fait de ce monde un endroit beaucoup plus petit. Le Canada, on le sait, est un pays d’une grande diversité culturelle et Vivian Barclay ne cherche pas uniquement des talents canadiens à faire découvrir au reste du monde, mais également des artistes internationaux qu’elle souhaite faire découvrir au marché national. À titre d’exemple, on pense notamment au « Roi de la Soca » Machel Montano de Trinidad et à Patoranking, un artiste nigérian qui évolue dans le domaine reggae dancehall et afrobeat.

Barclay reçoit quotidiennement, de la part d’artistes et de leurs gérants, des liens vers leur musique sur les plateformes en ligne. La SOCAN et d’autres joueurs de l’industrie l’aiguillent également vers des artistes à fort potentiel qu’elle « devrait » écouter. Et lorsqu’elle est à la recherche de nouveaux clients, qu’ils soient Canadiens ou internationaux, le genre musical n’a pas d’importance pour elle. C’est la chanson qui prime.

« Peu importe à qui vous parlez dans le domaine de la musique, nous sommes tous passionnés par les bonnes chansons », dit-elle. « Créer un héritage de bonnes chansons ; c’est le point de départ. Vous pouvez évoluer dans le genre qui vous plaît, tant que vos chansons sont bonnes et qu’elles touchent les gens. »