Elle fut un succès pour le rocker vedette Alice Cooper et la chanteuse folk Judy Collins, prenant d’assaut les palmarès des États-Unis, de Grande-Bretagne, d’Europe et d’Australie dans les années 60 et 70. Et elle a été écrite par le guitariste canadien Rolf Kempf, qui continue de jouer et d’enregistrer à Vancouver et les environs. Alice Cooper a d’abord entendu « Hello, Hooray » grâce à son producteur, Bob Ezrin, qui avait rencontré Kempf lors d’une fête à Toronto. Avec la version de Cooper de cette chanson bien en évidence sur la bande originale de la superproduction, X-Men, lancée au cours de l’été, ainsi que dans le documentaire Super Duper Alice Cooper, Kempf réfléchit à la façon dont « Hello Hooray » est venue au monde.
Après avoir joué dans les cafés d’Hamilton, comment en êtes-vous venu à écrire des chansons à Los Angeles dans les années 60?
J’étudiais l’anglais à l’Université McMaster, me tenant avec des gars comme Dave Morrow et Renny Heard. On jouait du Lovin’ Spoonful, des Byrds et un peu des Beatles. Et on a recruté Dennis Murphy, qui par la suite s’est fait un nom comme producteur. Notre groupe s’appelait le Colonel Popcorn’s Butter Band, et on est même allé jusqu’à jouer à Yorkville à Toronto pendant une semaine environ. Syd Kessler, qui est devenu un maître des ritournelles publicitaires, est devenu notre gérant. Il avait un contact à Los Angeles – un producteur de musique pop sucrée – et même si on rechignait à cette idée, Syd était très persuasif, il a acheté une auto et on a mis le cap au sud. Dès notre première rencontre avec le producteur à L.A., Dennis en est venu à une prise de bec dans le bureau du type. Ça s’est mal terminé.
Est-ce vrai que vous avez écrit « Hello Hooray » sur une guitare empruntée, assis au bord d’une piscine à Laurel Canyon?
Oui. Une fille avec qui je restais était fascinée par le mysticisme oriental, ce qui était très à la mode dans ce temps-là. Et vous connaissez le deuxième album des Doors? Strange Days? Celui avec les personnages de cirque sur la pochette? C’était le genre d’ambiance que j’avais en tête, une sorte d’atmosphère de carnaval. Je suis allé à la piscine un beau jour avec un joint et une guitare et c’est là qu’elle m’est venue.
C’était dans cette maison que vous l’avez jouée pour Judy Collins?
Elle est venue dans cette maison, oui. À cette époque, Judy Collins voulait être plus rock, alors quand je lui ai chanté mes chansons, elle m’a écouté très poliment, puis elle m’a demandé, « Qu’est-ce que tu as d’autre? » Je lui ai répondu alors, « Bien, je viens d’écrire ça », et elle l’a aimée tout de suite. Mais elle ne l’avait pas vraiment « saisie ». Elle pensait que, dans la chanson, le « deuxième fils » représentait la naissance d’un enfant alors que je parlais de la renaissance d’un homme. Mais qui suis-je pour me plaindre? Ç’a été un succès et j’ai décroché un contrat d’édition chez Elektra grâce cette chanson.
Et que pensez-vous de l’interprétation d’Alice Cooper? Parce que comme Judy il a aussi changé les paroles. C’est une version beaucoup plus théâtrale, qui semble pas mal plus proche de l’idée originale.
Alice a mis vraiment dans le mille. Il a rendu cette chanson à la fois meilleure, plus forte, plus explosive. Je trouve que sa finale, « I feel so strong », est parfaite pour la chanson. Il l’a aussi raccourcie. La mienne durait plus de cinq minutes alors qu’Alice en a fait une d’à peine plus de trois, ce qui était un facteur important pour un succès à la radio, même dans les années 70. Mais en fait, « Hello Hooray » n’a jamais cherché à être un succès. Je l’ai écrite alors que je ne savais pas encore vraiment comment écrire une chanson. J’ai seulement mis ensemble différents segments et ç’a fonctionné.
Est-ce qu’avoir une chanson si célèbre, plus que toutes les autres que vous ayez faites, est une bénédiction ou un boulet?
C’est plutôt un boulet à traîner. La version d’Alice Cooper a été si populaire à une époque où je ne jouais que sur une guitare acoustique dans de petites salles, et mon public détestait finalement Alice Cooper. Je ne pouvais même pas chanter ma chanson dans mes propres concerts!
Alice continue de la chanter sur scène. Et vous?
Je l’ai interprétée récemment lors des Jeux Paraolympiques à Vancouver et en Colombie-Britannique. Les jeux pour les personnes handicapées. En fait, c’est une excellente chanson pour les événements athlétiques. J’ai 67 ans aujourd’hui et je suis techniquement à la retraite, mais je ne veux pas du tout l’être. Je me sens plus en forme maintenant que je ne l’ai jamais été.