C’est l’un des albums rock québécois les plus attendus de la saison : paraissant le 16 juin, Stay Safe!, le premier du « supergroupe » La Sécurité, se déploie sur dix chansons mariant le post-punk grinçant à la ballade à fleur de peau comme sur la remarquable K9, ode à la vieille chienne adorée de Melissa Di Menna, chanteuse et multiinstrumentiste. « Dès que je l’ai entendue, je savais qu’elle devait aller sur l’album », assure Éliane Viens-Synnott, voix principale du quintette complété par Laurence-Anne, le bassiste Félix Bélisle de Choses Sauvages et le batteur Kenneth David Smith.
L’enregistrement de ce premier album s’est déroulé en toute vitesse en début d’année. Cinq intensives semaines en studio, avec l’objectif de le lancer pour l’été. « On n’avait jamais vu ça, des délais aussi serrés », souffle Éliane, qui avoue que le groupe a jonglé avec l’idée de lancer l’album à l’automne. « Mais vu qu’il y avait un buzz autour de projet, dès nos premiers shows [à l’été 2022] et la sortie des singles, c’était logique de le sortir pour l’été et profiter de la saison pour donner des concerts, surtout que Laurence-Anne lancera son nouvel album [Oniromancie] en septembre et que Choses Sauvages commencera l’écriture du prochain album cet hiver. »
« On a un parcours assez atypique », ajoute-t-elle, avec raison. Le groupe même est atypique. Un supergroupe, disons-nous, qui réunit une autrice-compositrice-interprète établie (Laurence-Anne, deux albums au compteur), le chanteur de Choses Sauvages (Félix, également coréalisateur de cet album, avec Samuel Gemme), la claviériste de Jesuslesfilles (Melissa) ainsi que Ken et Éliane qui ont aussi animé des projets musicaux avant La Sécurité.
Stay Safe! est-il la somme de ces expériences musicales? Oui, mais non : les membres ont formé ce projet pour faire autre chose, explique Éliane, qui décrit le son de La Sécurité comme « axé sur le dance punk, la démarche DIY. C’est un amalgame d’influences diverses, apprêtées à notre sauce. On aime mélanger les ambiances, faire la fête avec des chansons aux textes plus sombres. »
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La chanteuse et claviériste signe huit des dix textes de l’album, interprété en français et en anglais. « Par contre, je n’écris pas beaucoup d’avance. J’ai un petit cahier dans lequel je me vide la tête, j’ai toujours fait ça. Des fois, ça se transforme en proposition de chansons, parfois ce n’est que de la poésie que personne d’autre ne lira. Lorsqu’une musique commence à prendre forme, je me dis : ah!, j’ai peut-être quelque chose dans mon cahier que je pourrais mettre là-dessus. Je prends les mots, je retravaille les phrases ; si c’est en français, Félix m’aide pour qu’il y ait moins d’anglicismes », précise Éliane, francophone d’origine ayant grandi près de Calgary.
Sur le plan des musiques, « le travail de composition est collectif ; généralement, Félix et Kenny partent un groove, puis on ajoute des tonalités de guitares et des mélodies de synthé jusqu’à ce qu’on trouve quelque chose qui plaise à tout le monde. » Les références au post-punk/no wave/synth-pop d’il y a quarante ans abondent (Bush Tetras, ESG, Gang of Four, etc.) avec une touche de rock alternatif des années 1990.
Jusqu’à l’enregistrement de l’album, La Sécurité n’avait donné qu’une poignée de concerts – dont un sur le toit d’un salon de bronzage à Rouyn-Noranda, pendant le FME. Au moment de lancer Stay Safe!, la performance a gagné en énergie et en assurance, soutient Éliane.
« On a donné six concerts au South by South West [d’Austin, au Texas, en mars dernier], ça nous a soudés, juste après avoir enregistré l’album. Pendant le festival, nous habitions tous ensemble, nous voyagions ensemble – nous étions déjà tous des amis, mais l’expérience a solidifié quelque chose dans le groupe. On l’a ressenti à notre premier show depuis, c’était au festival Santa Teresa. Plein de gens nous ont passé le commentaire après : le spectacle avait une autre allure. En plus, les conditions étaient étranges à Santa Teresa, le plafond coulait dans la salle pendant qu’on jouait… »