Le moins qu’on puisse dire, c’est que Matthew et Jill Barber auront pris leur temps pour enregistrer leur premier album en tant que duo. La discographie combinée de ces deux auteurs-compositeurs applaudis par le public et la critique totalise 14 albums, huit pour Matthew et 6 pour Jill.

Les spectateurs qui ont assisté à une prestation de l’un ou l’autre ont souvent eu le plaisir d’être témoins d’une apparition de l’autre moitié de la paire et ces apparitions ont, à chaque fois, témoigné de la parfaite harmonie vocale qui existe entre les deux artistes.

Les Barbers ont finalement, l’an dernier, décidé de commettre un album conjoint et le résultat est is The Family Album qui a paru le 1er avril. « Ne ne ressentions aucune urgence d’enregistrer un album ensemble », explique Matthew. « Nous savions que cela se produirait un jour et que nous avions toute la vie pour le faire. C’est l’an dernier que nos agendas se sont enfin synchronisés. Jill venait tout juste d’avoir son premier fils, Josh. Elle a suggéré que le moment était venu et je crois que le fait d’avoir eu un bébé l’avait rendue plus sensible à la chose familiale, dans la mesure où elle avait peut-être envie de se sentir plus entourée. »

« C’est très sain pour sa créativité d’écrire avec un objectif différent. » – Jill Barber

Ensemble, ils ont décidé que cet album conjoint et coproduit serait composé de réinterprétations de chansons qu’ils aiment en plus de quelques compositions écrites expressément pour ce projet. Avec Matthew à Toronto et Jill à Vancouver, ils ont chacun passé du temps chez l’autre afin de choisir les pièces qu’ils allaient interpréter et partager leurs nouvelles compositions. Ainsi, trois nouvelles chansons de Jill Barber — « One True Love », Big Picture Window », et « Today » — et deux de Matthew Barber — « Grandpa Joe » et « Sweeter The Dawn » — se sont retrouvées sur la liste finale des pièces de cet album.

Jill a trouvé le défi de composer pour The Family Album particulièrement stimulant. « C’était légèrement différent que lorsque j’écris pour un de mes propres albums », confie-t-elle. « C’est très sain pour sa créativité d’écrire avec un objectif différent. Cela place quelques paramètres intéressants. Je sais que Matt ressentait une certaine pression à ne pas écrire une autre chanson d’amour?; ça aurait été étrange en duo avec sa sœur. Les paroles ne peuvent pas être trop sexy?! »

Le choix du titre de l’album a également sa signification qui dépasse le simple concept de fratrie. « On voulait que ce soit un peu comme un album de famille, plein de nostalgie et d’histoires, quelque chose de chaleureux et de confortable. Je crois qu’on a réussi, à ce chapitre », dit encore Jill. C’est en effet le thème de la famille qui domine leurs chansons originales sur ce disque, notamment la chanson « Grandpa Joe », qui se veut un hommage à leur grand-père qu’ils n’auront jamais connu.

La sélection des pièces qui allaient être réinterprétées a toutefois été un processus un peu plus délicat. « Lorsque vous avez le choix de n’importe quelle chanson au monde, c’est difficile de déterminer sur quoi se concentrer », confie Matthew. « Ça voulait également dire que si l’un de nous deux avait la moindre hésitation, on passait à une autre chanson. »

En fin de compte les six chansons retenues sont trois œuvres de grands noms de la musique canadienne — Neil Young, Gene MacLellan et Ian Tyson —, une chanson popularisée par Leonard Cohen — « The Partisan » —, et une paire de chansons par des auteurs-compositeurs de premier plan du domaine de l’Americana, Bobby Charles et Townes Van Zandt.

Jill Barber, Matthew Barber

« Nous sommes fiers d’être canadiens, mais nous ne voulions pas nous limiter au répertoire canadien », explique Matthew. « C’est lorsque nous avons pris un peu de recul et jeté un regard sur les chansons qui restaient sur notre liste courte de candidates que ce qui en ressortait était, pour le résumer ainsi, une approche très canadienne de l’Americana. »

C’est à l’étape de la recherche que Matthew est tombé par hasard sur une pièce intitulée « Song to a Young Seagull », un trésor caché du répertoire du très regretté auteur-compositeur canadien Gene MacLellan. « Pendant notre remue-méninges pour trouver les chansons que nous allions réinterpréter, j’ai passé beaucoup de temps sur YouTube à creuser, à suivre des recommandations et à écouter des trucs que je n’avais jamais entendus », raconte l’artiste. « J’ai trouvé une version démo de cette chanson chantée par Gene. » Les Barbers ont demandé son avis à leur amie Catherine MacLellan, la fille de Gene.

Fait cocasse, malgré leur talent et leurs carrières respectives, les Barbers n’avaient jamais auparavant tenté de créer ensemble. « En fait, j’ai très peu collaboré avec d’autres en ce qui a trait à la création », explique Matthew. « Ce qui se rapproche le plus d’une co-création, je l’ai fait en 2014 lorsque j’ai travaillé avec Justin Rutledge pour écrire des chansons destinées à l’adaptation théâtrale du film The Graduate. Sur l’album, notre approche — travailler chacun de son côté puis peaufiner le résultat ensemble — a porté ses fruits. »

« Je ne suis pas certaine pourquoi, mais je ne crois pas que nous ferions les meilleurs collaborateurs », confie Jill. « En général, je crois qu’il est bénéfique d’avoir une certaine distance avec ses co-créateurs. » Chanter ensemble, par contre, est une tout autre paire de manches. « Ça semble nous venir tout naturellement », affirme Matthew. « Nous n’avons jamais eu à forcer le moindrement pour établir une belle harmonie. »