« Ça devait arriver un jour ou l’autre », comme le disait si bien le fondateur du Fonds de bienfaisance Unison, Jodie Ferneyhough.

Bien que l’idée soit opérationnelle depuis sept années, ce n’est que depuis mai 2015 que le Fonds de bienfaisance Unison – un organisme de bienfaisance enregistré qui offre du soutien et de l’aide d’urgence aux membres de la communauté musicale canadienne – est en mesure d’inclure de l’aide financière à son mandat.

Le délai s’explique aisément : afin d’atteindre l’autonomie financière, Unison s’était fixé l’objectif d’amasser un million de dollars afin d’assurer sa pérennité.

Bien que Slaight Music Group et Music Canada aient été les premiers à offrir un financement de 500 000 $ afin de permettre aux choses de prendre leur envol, suivis de peu par l’Association canadienne des éditeurs de musique et d’autres contributeurs qui ont permis de gonfler le total à 800 000 $, les derniers 200 000 $ qui manquaient pour atteindre l’objectif ont nécessité plusieurs années avant d’être amassés.

« Nous ne sommes pas là uniquement pour les auteurs-compositeurs ou les musiciens. Nous sommes là pour tous les membres de l’industrie de la musique. » – Jodie Ferneyhough

« C’était très frustrant », admet volontiers Catharine Saxberg, la cofondatrice et présidente du conseil d’administration, « d’autant plus que notre directrice, Sheila Hamilton, recevait régulièrement des appels de gens qui étaient en difficulté financière. Devoir leur expliquer que nous n’étions pas encore totalement fonctionnels nous brisait le cœur à chaque fois. »

Mais c’était un mal nécessaire. « Nous ne voulions surtout pas nous lancer trop prématurément, être en mesure d’aider les gens temporairement, puis devoir nous arrêter », raconte Catharine, qui est également vice-présidente des relations internationales à la SOCAN.

C’est le tragique accident de moto du bien-aimé chanteur du groupe Jacksoul, l’auteur-compositeur Haydain Neale, et sa mort subséquente des suites d’un cancer du poumon que Catharine Saxberg et Jodie Ferneyhough, alors cadres dans l’industrie de l’édition musicale, ont réalisé qu’il n’existait aucun filet de sécurité pour les membres de la communauté musicale indépendante et elles ont pris la décision de changer les choses.

Elles ont jeté les grandes lignes du projet sur une serviette en papier en un après-midi et ont ensuite entrepris la colossale tâche d’en organiser les détails.

« Cela représente une quantité phénoménale de travail », confie Jodie, l’ancien président du conseil d’administration d’Unison qui a également déjà siégé au conseil de la SOCAN.

« Il fallait convaincre les gens du bienfondé de l’idée, leur vendre le concept, bâtir ce concept, trouver l’argent pour mettre l’entreprise sur pied, faire la demande de statut d’organisme de bienfaisance enregistré, et trouver le temps de faire tout ça alors que nous avions un boulot à plein temps. Avant l’arrivée de Sheila Hamilton comme directrice, c’est Catharine et moi qui faisions absolument tout. »

Aujourd’hui, le Fonds de bienfaisance Unison est entièrement opérationnel et a mis en place quelques critères afin d’assurer que les bonnes personnes – incluant les membres de la SOCAN – soient éligibles à une aide financière.

« Nous ne sommes pas là uniquement pour les auteurs-compositeurs ou les musiciens », explique Jodie. « Nous sommes là pour tous les membres de l’industrie de la musique, qu’ils soient techniciens de scène ou “roadie”. Il suffit de faire partie de l’industrie de la musique. Nos statuts stipulent que vous devez avoir gagné la majorité de vos revenus, 55 % de vos revenus totaux, du monde de la musique au cours des 30 derniers mois pour être éligible. »

Les membres de la SOCAN qui ont besoin d’un soutien financier doivent se rendre sur le site web de l’organisme et s’y inscrire.

« Il n’y a pas de frais ou de redevances », explique Jodie. « L’inscription nous permet tout simplement de savoir qui vous êtes pour que, Dieu nous garde, s’il vous arrive quoi que ce soit, vous n’avez qu’à nous passer un coup de fil et à nous dire “J’ai besoin d’aide”. » Selon le type d’aide dont vous avez besoin, elle vous sera accordée de manière très discrète ou totalement anonyme. »

Toutefois, en raison des moyens relativement limités de l’organisation, l’aide pouvant être accordée à une personne est limitée à 5000 $ par année. Et n’oublions pas que ce n’est pas parce que le Fonds Unison peut enfin commencer à distribuer de l’argent que l’organisation n’en a plus besoin elle-même, surtout sous forme de dons.

« C’est un « work in progress, » explique Jodie Ferneyhough. “C’est un travail sans relâche : communiquer avec les gens de l’industrie et faire appel à leur générosité au nom de leurs pairs.”

Il y aura donc encore de nombreuses collectes de fonds afin de soutenir les besoins financiers d’Unison et, ultimement, pour venir en aide, émotivement et financièrement, aux membres de la communauté musicale canadienne.

“Nous sommes très fières d’Unison et infiniment reconnaissantes pour le travail acharné, les efforts et des contributions de tous ceux qui l’ont rendu possible”, de dire Catharine Saxberg. “Et nous savons que grâce à toute cette aide, nous sommes parvenues à construire quelque chose de durable.”