Il y a une grosse différence entre une séance de création de deux jours et un camp d’écriture professionnel. On a tendance à s’imaginer qu’ils sont similaires, et ils sont pourtant très différents. Qu’est-ce donc alors qu’un camp d’écriture professionnel?? Ayant pris part à un nombre incalculable de « camps d’écriture », tant comme interprète que comme créatrice, j’ai désormais la chance d’avoir participé à la vraie chose.

J’ai récemment participé à mon second camp d’écriture professionnel au célèbre Black Rock Studios (One Republic, Justin Bieber) de Santorini, en Grèce — en grande partie grâce à la SOCAN. Il s’agit d’un événement où 20 auteurs-compositeurs sont séquestrés afin de vivre et de créer ensemble, à l’abri des distractions du monde extérieur pendant cinq jours. Cela crée une atmosphère de créativité intense unique qui ne peut être reproduite dans un studio de fortune de Los Angeles. Si vous avez la chance de participer à ce genre de camp de création, vous vous devez de savoir qu’une des clés du succès est de l’aborder avec une attitude des plus professionnelle.

J’ai donc décidé de partager avec vous une courte liste de choses à faire et ne pas faire acquise au fil de mes expériences et observations. Je vous laisse deviner lesquelles sont les miennes et lesquelles sont des observations.

À FAIRE
Lisez toute la documentation que l’on vous fait parvenir. Chaque camp de création est différent en fonction de la personne qui l’organise et de la personne qui le dirige. Cette documentation contient des informations au sujet de la propriété des bandes maîtresses, du partage des parts d’auteur, de l’étiquette, de l’horaire des activités, les biographies des autres participants, et du protocole. Vous devriez savoir tout cela avant d’atterrir.

À NE PAS FAIRE
Vous rendre à un camp de création avec une préconception que vous êtes plus ou moins important que les autres participants. Le talent est relatif, et il est crucial de comprendre que 90 % des camps de créations sont sur invitation seulement et tous les participants ont été invités pour une bonne raison.

Maggie Szabo

Maggie Szabo

À FAIRE
Apportez les instruments qui vous mettent le plus en valeur. Que vous soyez un réalisateur qui aime particulièrement un clavier midi ou un chanteur ayant un micro préféré, il ne faut jamais tenter de sauver de l’espace dans votre valise au détriment de votre morceau d’équipement préféré. Même votre paire de chaussures préférée n’en vaut pas le coup. (À moins, bien sûr, que ces souliers SONT l’équipement qui vous met le plus en valeur.)

À NE PAS FAIRE
Se surpréparer. Que vous écriviez pour les autres ou que vous soyez une vedette de la scène, vous devez savoir qu’arriver au camp avec des idées précuites n’ouvrira l’appétit à personne. Cela ferme la porte à l’unicité des idées des vos collègues et peut même entraîner une certaine animosité.

À FAIRE
Réaliser que l’aptitude la plus importante dans une collaboration créative est la vulnérabilité. Le camp est un environnement professionnel, mais c’est également une expérimentation sociale. Ayez le courage de baisser vos gardes plus rapidement que vous le feriez dans une autre situation d’écriture… Mais attention?!

À NE PAS FAIRE
Avoir des relations intimes avec un/e autre participant/e.

À FAIRE
Réseautez, créez-vous des contacts, bâtissez des amitiés. Gardez à l’esprit que la plupart des contacts que vous ferrez durant un de ces camps sera pour la vie et vous apportera de nombreuses opportunités. Au moins 50 % du succès que vous retirerez de ce camp vous viendra après que celui-ci soit terminé. Imaginez les ondulations sur un lac après y avoir jeté une pierre. On continuera de vous inviter à prendre part à des séances avec ces gens que vous avez rencontrés et avec d’autres que vous n’aviez pas encore eu la chance de collaborer. Ce seront parmi les relations professionnelles les plus importantes de votre vie.

À NE PAS FAIRE
Écrire un article sur les camps de création qui se termine par un point À NE PAS FAIRE. C’est trop négatif.

Je blague, évidemment. Selon mon expérience, il y a bien plus de « À NE PAS FAIRE » que de « À FAIRE », comme s’obstiner sur les parts d’auteur lors d’un camp où il a été établi que les parts seront toutes égales, mais ça, c’est le sujet d’un autre article. Soyez à votre meilleur, amusez-vous, et gardez à l’esprit que certaines de vos chansons préférées qui jouent actuellement à la radio ont probablement été écrites par moi lors de mon dernier camp de création. 😉



Sir Winston Churchill a dit, un jour, « le succès n’est jamais final, l’échec n’est jamais fatal. Ce qui compte c’est le courage de persévérer. » Il ne saurait si bien dire.
Avant d’entreprendre un projet, je me répète un mantra qui ressemble à ceci : « Écoute, Frew, tu es sur le point de commencer à t’échiner, à souffrir et à angoisser pendant les centaines d’heures qu’il te faudra pour arriver au meilleur résultat possible, sachant malgré cela que les gens n’en ont vraisemblablement rien à foutre?! »
Ça vous paraît défaitiste?? Pas moi. Au contraire, ce mantra m’accompagne depuis longtemps. Je crois qu’il est honnête et, à mon avis, inspirant, parce qu’il me crie la vérité et me supplie de le faire mentir.

C’est grâce à lui que je me resaisis et que j’entreprends un autre projet incroyablement difficile avec la plus grande des satisfactions. Et pour que ce soit clair, ça fait maintenant près de 40 ans que je fais ça.

« Vous devez vivre et respirer, manger et dormir et avoir votre projet à cœur sans aucun compromis, peu importe les défis auxquels vous ferez face »

Eh?! oui, vous devez vous savoir hors de tout doute qu’outre papa et maman, votre sœur et son nouveau petit ami, peut-être le facteur — qui sait?? –, quelques amis et une poignée de fans finis, personne ne se soucie vraiment que vous ou moi écrivions un nouveau livre, enregistrions un nouvel album ou ayons un succès radiophonique pour une première fois – ou jamais plus.

Obnubilé par son besoin de satisfaction instantanée et une surabondance de divertissements en tous genres, l’auditoire dont nous avons tant besoin ne retient pas son souffle collectif en attendant notre prochain chef d’œuvre.

Est-ce que Jim Carrey fera un nouveau film?? Est-ce que les Stones feront une nouvelle tournée?? Est-ce que Sting va réunir The Police pour une tournée d’adieu?? « Zzzzzzzzz?! », peut-on entendre partout dans le monde. Mais alors, si tout le monde s’en fout, pourquoi se donner la peine??

D’abord parce que l’alternative — ne rien faire — n’est pas une option, du moins pas pour moi. Deuxièmement, trouver un « vrai boulot », comme l’a toujours dit ma mère, même APRÈS le succès que j’ai eu la chance de connaitre, n’est pas non plus une option. J’ai eu plusieurs « vrais boulots » et, si honnête et satisfaisant que ce soit, rien ne vaut la création musicale et sa prestation sur scène. Vraiment??

Mais alors quelle est véritablement la réponse si personne ne s’en soucie réellement?? C’est tout simple. Il y a deux règles de base que j’applique dans ma vie :

1) VOUS DEVEZ VOUS EN SOUCIER. Vous seul pouvez y arriver. Relisez la citation de Churchill. Vous devez vivre et respirer, manger et dormir et avoir votre projet à cœur sans aucun compromis, peu importe les défis auxquels vous ferez face, et peu importe ce que dirons les oiseaux de malheur.

2) VOUS et vous seul devez accomplir quelque chose de REMARQUABLE afin que les autres S’EN SOUCIENT, ou à tout le moins quelque chose d’assez remarquable pour que les autres vous remarquent.

Juste au moment où nous commencions à avoir l’impression que sa carrière de comique tirait peut-être à sa fin, Jim Carrey commence à jouer des rôles « sérieux » et NOUS l’avons remarqué : il a gagné deux Golden Globes. À chaque fois qu’on se dit « les Stones sont rendus trop vieux », il construisent une scène encore plus énorme, se lancent dans une tournée encore plus gigantesque, donnent un concert à Cuba et Jagger se donne comme s’il avait encore 25 ans. NOUS le remarquons. Il ne réunit pas The Police, à notre grand dam, mais Sting fait équipe avec Peter Gabriel pour une tournée et NOUS pensons « c’est cool, ça?! » Vous me suivez?? Quelque chose qui sort de l’ordinaire, quelque chose d’au moins un peu remarquable.

J’ai écrit une chanson pour Glass Tiger qui était au moins aussi bonne que n’importe quelle autre chanson que j’avais créée, mais les programmeurs radio et Top 40 ont dit « non ». Au lieu de cela, je suis revenu à la charge avec un album de réinterprétations de classiques des années 80 intitulé 80290Rewind et, soudainement, c’est un peu remarquable. « Dis, t’as entendu le mec de Glass Tiger qui chante du Madonna?? Et il chante aussi du John Waite, du Simple Minds et du Tears for Fears?! » Soudainement, les gens se disent « Ça m’intrigue, je vais l’écouter. »

Je vais vous laisser sur cette pensée : j’ai sur un de mes bras un tatouage où l’on peut lire, NO SURRENDER. Ces mots ont beaucoup d’importance pour moi.

Le 20 août 2015, après avoir tout donné pendant deux mois pour produire cet album, j’ai été au lit et j’ai été victime d’un ACV. Tout le côté droit de mon corps est demeuré entièrement paralysé, j’avais le cœur brisé et l’âme dévastée. Au moment d’écrire ces lignes, je viens tout juste de donner une toute première prestation depuis cet ACV, en direct à la télé, ce matin, et j’ai cassé la baraque. C’était un véritable coup de circuit, et tout ça dans ce qui est probablement le pire médium pour une prestation en direct, la télé. Au moment d’écrire ces lignes, dans quatre jours, je monterai sur scène pour le premier de deux spectacles à guichets fermés dans ma ville natale, Toronto?!

Rien d’autre à ajouter.

 

 



Si vous prévoyez devenir auteur-compositeur professionnel, Nashville est votre Jérusalem bien à vous. C’est cet endroit magique ou de vieux sages quittent leur ferme sur leur tracteur John Deere pour se rendre à Music Row afin d’y écrire des chansons qui seront interprétées par les légendes du country. Puis, comme des légions d’autres avant vous, vous planifiez votre pèlerinage vers cette sainte ville qu’est Nashville. Mais, qu’on se le dise, malgré son accueil et sa nonchalance typique du Sud, Music City peu également être un endroit particulièrement intimidant. Même au beau milieu de l’après-midi, un mardi, une courte marche sur Broadway vous permettra de voir et entendre des centaines de musiciens jouant gratuitement dans chaque bar, resto, café et coin de rue dans l’espoir de se faire découvrir. Mais qui plus est, vous apprendrez rapidement que tout le monde qui travaille dans ces établissements, du barman au barista, est également un auteur-compositeur, un chanteur ou un musicien. Quel espoir, alors, pour un autre auteur-compositeur en devenir?? Voici quelques conseils utiles.

Peter Daniel Newman

Peter Daniel Newman

Premièrement, présumons que vous chansons ne durent pas sept minutes et contiennent cinq couplets. Ça peut paraître légèrement ridicule, mais j’ai connu bon nombre d’artistes qui peuvent écrire de « bonnes » chansons sans effort, mais qui se sont cassé les dents à Nashville, car leurs œuvres ne correspondaient pas à la structure conventionnelle d’une chanson. Ce que l’on peut typiquement entendre à la radio suit la formule « couplet-refrain-couplet-refrain-interlude-refrain » et se résout généralement en trois minutes et 15 secondes. La majorité des débutants pensent sincèrement que leurs créations sont le fruit d’une inspiration divine et qu’elles n’ont conséquemment besoin d’aucune forme de révision. Toutefois, comme bien des entreprises humaines, la création musicale, c’est 10 % d’inspiration et 90 % de parturition. Si vous créez de la musique d’aspiration commerciale, il est absolument crucial de comparer vos créations à ce qui est actuellement populaire à la radio. Si votre chanson a besoin d’améliorations, ce qui est probablement le cas, remettez-la sur le métier.

D’autre part, la musique country possède ses propres conventions lyriques. À Nashville, tout le monde connaît le vieil adage « les paroles sont reines », qui signifie que votre chanson doit d’abord et avant tout raconter une histoire. La musique est importante, mais les paroles doivent comporter un message, et ce message doit être transmis sur le ton d’une conversation. Cela signifie simplement que vos paroles doivent donner l’impression d’une conversation entre vous et votre interlocuteur. J’ai assisté à des réunions de « pitch » où un éditeur musical offrirait ses commentaires au sujet d’es paroles d’une chanson et disait des choses comme « c’est pas comme ça que tu le dirais à quelqu’un ». Exemple?? « Son chapeau préféré, toujours elle le portait ». Personne ne dirait une telle phrase dans la vie de tous les jours. Dans une conversation normale, la plupart des gens diraient « elle portait tout le temps son chapeau préféré ». Cela a pour but de rendre la chanson le plus accessible possible au plus grand nombre de gens.

Règle générale, c’est Nashville qui écrit le « hook » ou le titre d’une chanson. Prenons par exemple « Jesus Take the Wheel », qui fut un succès pour Carrie Underwood. Le premier couplet parle d’une jeune femme qui perd le contrôle de sa voiture. Le premier refrain implore réellement Jésus de prendre le volant afin de la sauver. Dans le second couplet, nous apprenons qu’elle a commis certaines erreurs dans sa vie, et lorsqu’arrive le deuxième refrain, ses mots ont soudain pris un tout autre sens. Elle demande maintenant à Jésus de prendre le contrôle spirituel de sa vie. Ce genre de double sens est très couramment utilisé dans le domaine de la musique country. « Jesus Take the Wheel » est écrite de manière à ce que le refrain apporte non seulement une récompense musicale, mais également lyrique, et lorsque l’auditeur entend le second refrain, cette récompense dans la signification est d’autant plus excitante.

Dans d’autres genres musicaux, les paroles relèvent plus du monologue intérieur que de la conversation. Les paroles jouent un rôle de deuxième plan en comparaison de sa charge émotive et de son ambiance. C’est le cas d’artistes tels que Dave Matthews ou The Fray. Les auditeurs peuvent percevoir la chanson et interpréter les paroles d’une manière très personnelle. La musique country n’utilise pas cette approche et s’en tient presque exclusivement au ton conversationnel.

Avant de vous rendre à Nashville, assurez-vous de trouver des contacts qui sauront vous ouvrir quelques portes, particulièrement afin de trouver d’autres créateurs ouverts à une collaboration. Si vous avez déjà des chansons prêtes à être présentées, ce contact pourra peut-être vous obtenir un rendez-vous avec un éditeur. Des sociétés comme BMI, ASCAP et SESACtiennent régulièrement des séances destinées aux auteurs à Nashville et celles-ci sont ouvertes au public. La Nashville Songwriters Association International (NSAI) est une autre ressource très utile à Music City. Il existe de nombreux regroupements d’auteurs en ligne, sur Facebook et LinkedIn, entre autres, et, avec un peu de persévérance, vous pourrez rencontrer d’excellents artistes qui seront heureux de collaborer avec vous. Tout est une question de réseautage et d’établir des liens professionnels.

Lorsque vous aurez enfin une occasion de collaborer avec un auteur-compositeur professionnel, ce sera vraisemblablement parce que quelqu’un aura décidé de vous donner une chance. Un ami ou un professionnel de l’industrie a communiqué avec un autre auteur qui a, lui aussi voulu vous donner cette chance. C’est le temps de faire bonne impression?! N’arrivez pas les mains vides?! Bien que vos parts d’auteur seront vraisemblablement égales, ne vous voyez pas comme des égaux. Si vous êtes un débutant et que vous collaborez avec un auteur-compositeur établi, vous devez faire vos preuves. Qu’est-ce que ça signifie?? C’est une règle non écrite et implicite : dans une telle situation, vous avez la responsabilité d’arriver avec des idées. Vous devez avoir plusieurs d’elles tant sur le plan musical que des paroles. Apportez plusieurs ébauches et laissez votre vis-à-vis donner le ton.

Vous devez, bien entendu, être capable de communiquer ces idées. Si vous proposez une phrase et qu’elle n’accroche pas les auteurs présents, passez à la suivante. Ne soyez pas inutilement sentimental. Les meilleures séances de création auxquelles j’ai pris part sont celles où tout le monde est à l’aise et où les idées volent à toute vitesse. Lorsque la phrase qui tue est finalement trouvée, le consensus est généralement immédiat. N’oubliez pas d’être poli et courtois et n’essayez surtout pas d’avoir l’air de tout savoir. Après tout, vous n’essayez pas simplement d’écrire une bonne chanson, mais vous essayez également de vous assurer qu’on vous invite de nouveau. Si tout se passe bien, votre réseau viendra par le fait même d’augmenter de manière exponentielle. Et si la chance est avec vous, l’un de vos collaborateurs est peut-être déjà sous contrat avec un éditeur. Si c’est le cas, il y a de bonnes chances que votre œuvre soit présentée à cet éditeur. Et si votre chanson est suffisamment solide, votre éditeur la proposera peut-être à quelques gros joueurs de Nashville. Qui sait?? Peut-être est-ce que ça deviendra votre premier succès endisqué! Mais à tout le moins, votre nom aura désormais commencé à circuler auprès des éditeurs de Nashville, ce qui a de bonnes chances de vous ouvrir de nouvelles portes.

Lorsque je me suis établi à Nashville, j’ai d’abord collaboré avec un voisin qui habitait à quelques portes de mon appartement. J’ignorais qu’elle était sous contrat auprès d’un éditeur. Il présentait nos collaborations à son éditeur et en moins de temps qu’il faut pour le dire, nous étions en studio avec Clint Black. Le projet ne s’est malheureusement pas concrétisé, mais cela m’a tout de même ouvert énormément de portes. L’important, donc, c’est de garder un esprit ouvert, peu importe qui vous croisez.

On ne sait jamais d’où proviendra la providence…