L’édition 2024 du International Indigenous Music Summit a été lancée le 10 juin, lors d’une réception d’ouverture et d’un gala-concert au TD Music Hall, dans le centre-ville de Toronto, sous le thème de l’unité et dans le but de célébrer la musique créée par les peuples autochtones du monde entier – Premières Nations, Métis, Inuits et tous les autres – et une vaste diversité musicale allant des chants de pow-wow, au rock bluesy, en passant par les chants de gorge, le hip-hop et même une drag queen.
Après le mot de bienvenue des fondatrices d’Ishkode Records, Shoshona Kish et Amanda Rheaume, et le partage de la sagesse de l’aîné et guérisseur Gerard Sagassige, l’hôtesse Cherazon Leroux est entrée en scène. Leroux, une drag queen bispirituelle de la nation dénée (qui a participé à la deuxième saison de Canada’s Drag Race), a été audacieuse, fière et drôle tout au long de la soirée.
Les Manitou Mkwa Singers, un groupe de pow-wow, ont été les premières à se produire dans le cadre d’une série de courtes prestations. Les quatre femmes ont chanté au rythme d’un tambour à main, produisant ainsi un son pur et ancien.
Josh Q (Qaumariaq), d’Iqaluit, a suivi, et il a mis de côté son habituel duo The Trade-Offs à la faveur d’un power-trio rock avec un guitariste de pedal steel pour les solos. Jouant d’une vieille guitare électrique Gibson SG, Q a chanté son blues-rock downtempo et country avec sa voix rugueuse, mais pleine de soul qui allait d’un murmure à un cri et qui nous faisait parfois l’honneur d’un petit falsetto.
Les Red River Ramblers ont prouvé qu’ils étaient capables de moderniser la tradition des violoneux métis. Ce quatuor composé d’une guitare, d’un violon, d’une contrebasse et d’un tambour à main a facilement fait danser le public sans avoir à dire un seul mot.
Silla, un duo de chanteuses de gorge du Nunavut a été une surprise envoûtante et époustouflante. Grognant, soupirant, aboyant et chuchotant, elles sont parvenues à créer à l’aide de leurs voix d’étonnants paysages sonores rappelant les sons des animaux, de la nature et du vent. Le chant de gorge est souvent interprété dans une étreinte intime, face-à-face où la bouche de l’autre personne sert à modifier les sons émis par les chanteuses.
Cherazon Leroux a présenté des petits numéros entre chaque prestation, dansant, posant et en régalant la foule d’un « lip synch » de « Red Wine Supernova » de Chappell Roan.
Maxida Märak, d’origine samie, au nord de la Suède, est chanteuse, actrice et militante contre l’exploitation minière. Mélangeant hip-hop et tradition, son trio électronique incorpore des sons de guitare fortement modifiés pour soutenir ses cris perçants sur les chansons les plus lentes et son rap guttural sur les chansons les plus rapides. Märak a elle aussi fait danser le public qu’elle est allée rejoindre pendant quelques instants, et son talent de rappeuse – notamment dans une reprise de « Work It » de Missy Elliott – est des plus impressionnants.
Juste après l’annonce de la mise en production de leur toute nouvelle série télévisée à la CBC, les Snotty Nose Rez Kids ont été la tête d’affiche du spectacle et nous ont offert une prestation percutante durant laquelle ils n’ont pas cessé de bouger pendant 20 minutes. Devant un public enthousiaste au possible, ils nous ont offert des morceaux plus vieux comme « Sink or Swim », des plus récents comme « Big Braid Energy », et des inédits tirés de leur prochain album, Red Future.
Quel beau coup d’envoi pour ce Sommet!