Malgré sa renommée grandissante, il ne serait pas injuste de qualifier le groupe The Brooks de « secret le mieux gardé de Montréal ».

Lancé par des musiciens renommés aux parcours éclectiques (au fil des ans les huit membres ont accompagné des artistes comme Yann Perreau, Fred Fortin, Yanick Rieu, Kroy et… Michael Jackson !), ce band aux racines soul et funk est en train de devenir un projet sérieux, dont l’identité musicale apporte un vent de fraîcheur sur la ville.

« Ça fait des années que Montréal est connu pour ses bands indie-folk-rock et pour tous ceux qui veulent un break, il y a The Brooks », lance en ricanant Alexandre Lapointe, bassiste et leader officieux de cette bande de joyeux drilles.

Le meilleur endroit pour découvrir les Brooks, c’est lors de l’une de leurs soirées de « soul therapy » au bar Dièze Onze. C’est dans ce petit club du Plateau Mont-Royal que le groupe est né et c’est là qu’il renaît chaque semaine, en jouant tous les mercredis soir devant un public survolté qui compte de plus en plus de fans. Le succès est tel qu’il a souvent été question de s’installer ailleurs, mais c’est dans l’intimité du Dièze Onze que The Brooks se sent le plus à l’aise. « Au départ, on s’installait pour une résidence de trois mois, en jammant avec des chanteurs différents, mais je pense qu’on a eu un peu trop de fun à faire ça parce qu’on va bientôt fêter nos trois ans ! », explique Alexandre.

La scène a aussi complètement transformé le projet d’origine, qui était plus modeste et plus anonyme. « On est tous des musiciens pigistes, occupés à plein de jobs différents et ce n’est pas toujours facile de se réunir », poursuit Alexandre. « Alors au départ, on pensait faire un trip de studio et se concentrer sur la musique instrumentale pour le cinéma (le groupe a notamment créé la bande originale des Maîtres du suspense de Stéphane Lapointe) ou pour les jeux vidéo. Même l’idée de faire un album n’était pas dans nos plans. » Mais les pièces du puzzle se sont mises en place progressivement. Le groupe s’est retrouvé sur scène et s’est mis à grandir, au point de compter huit musiciens aujourd’hui, incluant un personnage aussi groovy que charismatique, qui s’est naturellement installé derrière le micro.

Parmi les chanteurs avec lesquels The Brooks a partagé la scène à ses débuts au Dièze Onze se trouvait Alan Prater qui, en plus d’être un solide soliste, a déjà accompagné Michael Jackson à la trompette et au trombone. D’abord collaborateur, Alan est devenu un membre à part entière du band et il est une composante essentielle de leur plus récent disque, le très funky Pain and Bliss. Et même s’il a aussi collaboré avec les gars de Valaire sur leur dernier disque, Oobopopop, sa loyauté envers The Brooks est totale. « Au départ, Alan devait surtout collaborer en faisant des cuivres, mais il s’est plutôt mis à chanter des mélodies et ç’a tout de suite cliqué. Il nous apporte tellement, avec son énergie, ses histoires de la belle époque, mais aussi avec ses paroles, qui sont parfois très personnelles, explique Alex. Mama, par exemple, a été directement inspirée par sa mère. »
The Brooks, Pain and BlissLe thème de la maternité – très présent dans le quotidien du groupe, dont trois des membres sont devenus papas récemment – est d’ailleurs évoqué sur la pochette, qui montre une mère et son enfant. Le look de l’illustration rappelle certains albums afro-beat des années 1970, ce qui n’a rien d’étonnant, puisque The Brooks a fait appel à l’artiste nigérian Lemi Ghariokwu, qui a travaillé sur plusieurs pochettes de Fela Kuti, un artiste dont l’influence s’ajoute à celle des grands des labels Stax et Motown.

« Tu sais, on n’est pas qu’une gang de musiciens, on est aussi des chums mélomanes ; on se fait des soirées vinyle dans lesquels tout le monde apporte 2-3 disques et on passe des heures à se faire écouter de la musique », explique Alexandre. « Même si on travaille dans plusieurs styles différents, il n’y a jamais eu de conversation sur le genre de musique que nous allions faire ; on s’est mis à jammer entre nous et c’est ça qui est sorti, sans la moindre contrainte. »