« Pantayo est né de la nécessité d’en apprendre plus au sujet de nos racines », explique Katrina Estacio, l’une des fondatrices du collectif musical de Philippines dont le premier album éponyme a été inscrit, le 15 juillet dernier, à la courte liste des 10 finalistes pour le Prix de musique Polaris 2020.

Pantayo, qui signifie « pour nous » en tagalog, a pris forme lors d’ateliers de kulintang à la fin de 2011. Traditionnellement joué par des populations autochtones du sud des Philippines, le kulintang est un instrument percussif composé de plusieurs petits gongs frappés à l’aide de mailloches en bois.

Les chansons qu’elles ont apprises durant ces ateliers sont éventuellement devenues la base des pièces de l’album où le kulintang est combiné à de la pop, du R&B, du punk et de l’électronique. Le groupe composé d’Estacio, Eirene Cloma, Michelle Cruz, Jo Delos Reyes et Kat Estacio a travaillé sur ledit album de 2016 à 2019, déconstruisant et reconstruisant ces chansons et jouant avec leurs composantes comme des coups de gong, les textures vocales et des couches d’échantillonnages.
« On “jammait” pendant des heures pour trouver un “groove” », dit la chanteuse Cloma qui joue également claviers et basse. « J’aime revisiter des versions antérieures d’une chanson et constater comment notre son a changé, comment nous avons gagné en confiance en tant que musiciennes et comment notre groupe s’est soudé. »

Pendant qu’elles peaufinaient davantage leurs chansons, elles ont recruté alaska b – de Yamantaka//Sonic Titan – afin de produire leur album et les guider dans les étapes d’enregistrement, d’arrangement et de mixage.

Les influences qui animent l’album sont aussi diverses qu’elles sont vastes : sur « Heto Na », on reconnaît le disco OPM (pour Original Pilipino Music) des années 70, tandis que les voix de la ballade « Divine » ont été influencées par « Try » de Blue Rodeo et « Save Me » de kd lang, deux chansons que Cloma adorait quand elle était petite.

Pourtant, chaque pièce est solidement ancrée dans la tradition kulintang de la perspective de la diaspora FilipinX.

« Les Philippines ont été colonisées par les Espagnols, les Américains et les Japonais. Et l’un des effets de la colonisation est l’effacement de la culture », explique Cruz. « Nous sommes privilégiées de pouvoir jouer, apprendre et partager notre version de la musique kulintang. Je suis heureuse que la tradition se perpétue. »