Shawn Hook préfère le faire à trois.

On se calme. On parle de création musicale, ici.

« J’aime la dynamique du trio », explique l’homme de 31 ans originaire de Nelson, en Colombie-Britannique. « Je crois vraiment qu’à trois, on peut compléter les forces et les faiblesses de chacun de manière optimale. C’est ainsi que je préfère travailler, désormais. »

Hook me parle au téléphone depuis North Hollywood où il fait la promo pour son nouveau simple, « Sound of Your Heart », tout en profitant de l’occasion pour prendre part à des séances de création. Il possède toujours une maison à Vancouver, mais il a un pied-à-terre à L.A., une nécessité puisque sa carrière fleurit pour l’essentiel au sud du 49e parallèle, désormais.

Il suffit de jeter un coup d’œil aux crédits d’écriture de son plus récent album pour comprendre qu’il ne ment pas au sujet de son amour pour les trios : cinq des sept compositions de l’album ont été écrites par Hook et deux autres artistes.

Cette aisance pour la collaboration n’a toutefois pas toujours été au rendez-vous. La clé, pour lui, fut de découvrir, même si ce ne fut pas facile initialement, qu’il lui fallait trouver des collaborateurs qui possèdent le juste équilibre entre différents atouts. Lorsqu’il a commencé à collaborer avec des artistes qui étaient de bons compléments à son propre talent, les choses ont rapidement pris forme.

« Il y a clairement des artistes avec qui j’ai une excellente chimie. Ça clique, tout simplement, c’est comme une autre langue. »

« Il y a clairement des artistes avec qui j’ai une excellente chimie. Ça clique, tout simplement, c’est comme une autre langue », explique-t-il. « J’adore ce processus, car je crois que mon plus gros défaut en tant qu’artiste est de suranalyser mes propres créations et cela me pousse parfois à abandonner certaines très bonnes idées. On pourrait dire que trop d’analyse paralyse. Ça m’est arrivé souvent. »

L’artiste et auteur-compositeur auparavant connu sous le nom de Shawn Hlookoff est né à South Slocan, Colombie-Britannique, et a grandi à Nelson, non loin de là. Il a commencé à étudier le piano au Conservatoire royal de musique de Vancouver dès l’âge de 4 ans. Au secondaire, il jouait du piano et du trombone dans le big band jazz de l’école, et son professeur l’a fortement encouragé à devenir le pianiste du plus petit groupe jazz. Il a ensuite fait partie d’un groupe de « covers » de l’ère disco baptisé Shag à titre de tromboniste et choriste pour ensuite s’inscrire au Art Institute de Vancouver afin d’y étudier l’ingénérie sonore.

Il a lancé deux albums sous son nom et, en 2008, il est devenu le premier artiste/auteur-compositeur à être mis sous contrat par ABC Studios à Los Angeles, ce qui a contribué à ce que ses chansons soient placées dans des émissions telles que « Life in Faith » dans Eli Stone, « She Could Be You » dans Kyle XY et « Be Myself » dans Greek. Sa chanson « Without You » a été entendue pour la première fois dans la série The Hills diffusée sur MTV. On a également pu entendre ses créations dans d’autres séries, dont notamment Samurai Girl et General Hospital.

En 2012, il a simplifié son nom pour Hook — quel meilleur nom pour un auteur-compositeur pop?? – et a lancé son premier album, Cosmonaut and the Girl sur étiquette EMI. Produit par Jon Levine (Nelly Furtado, K’Naan, Selena Gomez), on y retrouvait les simples « So Close », « Every Red Light » et « Two Hearts Set on Fire ». Cette même année, il a également lancé un simple de Noël intitulé « Follow the Lights ».

C’est toutefois en 2014 que les choses ont commencé à sérieusement débouler grâce à son simple « Million Ways » qui s’est inscrit au palmarès Canadian Hot 100 de Billboard plus haut que toutes ses chansons précédentes. Récemment, « Sound of Your Heart » a atteint la 23e position de ce même palmarès, en partie grâce à son placement dans les publicités pour la 20e saison de la série The Bachelor et lorsque celle-ci a été relancée à l’international en 2016, elle s’est également inscrite au Top 40 Mainstream Top de Billboard en plus d’atteindre la première position du palmarès Dance Club Songs.

Toutes deux figurent à son plus récent album, Analog Love, paru en 2015, son premier album depuis qu’il a été mis sous contrat par une importante maison de disque américaine, Hollywood Records. Et puisque que Hollywood Records et ABC sont des filiales de la même maison mère, les contrats d’écriture et d’enregistrement américains de Hook sont désormais consolidés sous un seul et même toit.

On l’a depuis vu à l’émission Ellen ainsi qu’à Jimmy Kimmel Live et, en avril dernier, il a fait tout un tabac avec sa prestation de « Sound of Your Heart » lors de la télédiffusion en direct du Gala des Prix JUNO où il était par ailleurs finaliste dans la catégorie du Choix du public.

« C’était vraiment génial », dit-il de son passage au JUNOS. « Quand j’étais enfant et qu’il y avait un gala de remise de prix à la télé, je courais au piano et je faisais semblent que j’étais en prestation à ce gala, alors jouer aux JUNOS a véritablement été la réalisation d’un rêve. Mes parents étaient là, ainsi que ma sœur, mon meilleur ami et ma petite amie. Ç’a vraiment été une soirée très spéciale pour moi. »

C’est donc après avoir entièrement assumé la création et la production de ses deux premiers albums que Hook a commencé à comprendre — tandis qu’il travaillait sur les chansons de Cosmonaut and the Girl — la puissance des collaborations.

Un de ses premiers collaborateurs fut Shaun Verreault, du groupe Wide Mouth Mason. Ensemble, ils ont créé le premier simple tiré de Cosmonaut, « Every Red Light ». Sa collaboration avec un artiste du calibre de Verreault a été une véritable épiphanie quant au pouvoir de la collaboration. Il a pu observer la manière dont ce dernier écrit ses paroles et cela lui a permis de constater à quel point une chanson peut grandement bénéficier d’une collaboration avec une personne qui ne travaille pas de la même façon que nous.

« Nous étions tous les deux là pour créer. Il ne faut pas trop s’attacher à nos idées : c’est la meilleure idée qui l’emporte. »

« Une fois cette réalisation faite, je l’ai constamment gardé à l’esprit. J’ai vraiment eu la chance d’apprendre avec la crème de la crème », confie Shawn Hook. « J’ai maintenant accès à certains des créateurs parmi les plus réputés. Ainsi, il y a quelques semaines, j’étais avec Ryan Tedder (un auteur-compositeur et producteur qui a travaillé avec Madonna, U2, Adele et Beyoncé, pour ne nommer que ceux-là) au Colorado. Il est ultra prolifique et c’est vraiment bien de pouvoir collaborer d’égal à égal — nous étions tous les deux là pour créer, il n’y avait aucun égo dans la pièce. Il ne faut pas trop s’attacher à nos idées : c’est la meilleure idée qui l’emporte. Plus je participe à de telles collaborations, plus je comprends que c’est là la clé du succès. »

Hook a essayé toutes les approches traditionnelles de création musicale, que ce soit ce que l’on pourrait appeler la méthode Nashville — réunir plusieurs créateurs dans une même pièce — ou l’approche pop — produire une trame musicale sur laquelle on tâche ensuite de greffer des mélodies vocales de premier ordre. Ce qui fonctionne le mieux pour lui demeure tout de même la méthode traditionnelle.

« La méthode qui a été la plus efficace pour toutes mes plus grosses chansons, surtout “Sound of Your Heart”, était de commencer à zéro au piano et à la voix, ou guitare-voix, et de bâtir à partir de là », explique l’artiste. « Je trouve que d’écrire à partir d’un “beat” nous limite. Parfois ça fonctionne. On voit parfois des DJ qui sont mariés à une de leurs “tracks” et ils cherchent simplement la bonne ligne pour celle-ci, mais je préfère commencer de zéro, je me sens plus créatif et je trouve qu’il y a moins de contraintes sur le processus d’écriture. »

Le jeune homme n’est pas peu fier de se considérer comme un auteur-compositeur accompli, ce qui, évidemment, est d’une grande aide lorsque vous collaborez avec d’autres artistes.

« Parfois, en séance de création, je me contente de la mélodie vocale, je ne touche pas à la musique », explique-t-il. « D’autres fois, je vais trouver la musique, mais je n’arrive pas à trouver la mélodie du refrain, mais j’ai des idées pour les paroles, ou alors j’édite celles des autres. J’adopte le rôle qui convient le mieux en fonction de la personne avec qui je collabore. Ou je compose à partir de zéro et produis moi-même, selon l’inspiration. »

On pourrait donc imaginer qu’avec le succès qu’il connaît et qui ne se dément pas, la création musicale doit être de plus en plus facile.

« Quand j’étais plus jeune, j’ai toujours pensé qu’un jour, être créateur deviendrait plus facile, mais c’est de plus en plus difficile, car je remonte constamment la barre afin de me surpasser. »

Il semble donc que quand vient le temps de se donner des objectifs et d’atteindre de nouveaux sommets de réussite professionnelle, il y a très peu de certitudes dans le monde de Shawn Hook. Alors, qu’est-ce qui se profile à l’horizon?? Où le mènera la route actuelle??

« Je veux simplement continuer sur la même trajectoire », dit-il. « Le succès que j’ai connu jusqu’ici avec “Sound of Your Heart” m’a vraiment ouvert bien des portes en ce qui a trait aux collaborateurs avec qui je peux travailler, et je veux tout simplement continuer sur cette lancée et me rendre aussi loin que je le peux. »

Cette lancée, pour l’instant, le tient bien occupé. Il a actuellement trois — encore ce nombre — principales activités qui remplissent son agenda. Il est en tournée promotionnelle partout aux États-Unis pour son nouveau simple — la raison de son passage à l’émission de Kimmel — en plus de visiter des stations radio un peu partout pour y donner entrevues et prestations, à l’occasion. Il prépare également une série de concerts dans le cadre du circuit des festivals d’été tels que le Stampede de Calgary, le Pemberton Music Fest, l’Edmonton Ex, le Canadian Music Week de Toronto, le iHeart Radio Fest ainsi que les Much Music Video Awards. Finalement, il travaille également à la création de son prochain album.

De toute évidence, peu importe comment on l’aborde, la route vers un #1 nécessite trois choses : du travail, du travail et encore du travail.

« Je suis occupé, aucun doute. J’ai peu de temps pour voir ma famille, et ça m’embête », avoue-t-il. « Mais, comme on dit, c’est ça qui est ça. Il faut battre le fer quand il est chaud. C’est beaucoup de pression, mais j’aime ça. Si tout va bien, j’aurai un bon disque d’ici au mois de septembre. »

Tout semble indiquer que les fans de Shawn Hook peuvent compter sur lui.



Délivrez-nous du mal, c’est lui. IXE-13, c’est encore lui. Bonheur d’occasion, c’est toujours lui. Et puis Le Matou, Le Déclin de l’empire américain, Les portes tournantes, Jésus de Montréal et C’t’à ton tour Laura Cadieux. Chaque fois, c’est lui et personne d’autre.

Francois DompierreLui, c’est François Dompierre. Il n’a certes pas réalisé ces films qui font partie de notre patrimoine cinématographique, mais le compositeur émérite a créé la musique pour chacun d’entre eux.

Scruter la liste des longs et courts métrages auxquels François Dompierre a été associé, c’est un peu beaucoup décliner l’historique du cinéma québécois des années 1960 jusqu’au début du nouveau siècle. Tel un Mozart de son époque, le compositeur a incrusté sa signature musicale à une œuvre large et universelle.

Un parcours étonnant, en vérité, pour quelqu’un qui n’avait pas envisagé une telle carrière quand il était étudiant au Conservatoire.

« Au Conservatoire, on apprend la musique savante, que l’on désigne comme de la musique classique, note le principal intéressé. La musique de film n’était pas un plan de carrière. À 20 ans, je rêvais de faire de la musique de concert. Ce que je fais maintenant depuis longtemps ».

Le nom de François Dompierre est pourtant associé aux chanteurs et chansonniers du Québec au milieu des années 1960, en raison de ses collaborations avec Félix Leclerc, Pauline Julien, Louise Forestier, Pierre Calvé et autres Claude Gauthier, pour ne nommer que ceux-là.

« J’ai fait des arrangements avec des artistes et j’ai travaillé à l’Office National du film, notamment avec (Jacques) Godbout, précise le pianiste. Mais la musique de film est devenue un business un peu par hasard. »

Apprendre sur le tas

Godbout (IXE-13), Jean-Claude Lord (Délivre-nous du mal) et Marcel Carrière (O.K…. Laliberté) sont au nombre des premiers réalisateurs avec lesquels Dompierre travaille au tournant des années 1960 et 1970. Une époque où, ma foi, il n’y avait pas de manuel d’instruction pour composer de la musique de film.

« La musique de film, je l’ai apprise en la faisant. J’ai été chanceux d’être dans cette période-là. On pouvait faire des expériences. On était en apprentissage et on travaillait avec des réalisateurs qui étaient eux aussi en apprentissage. On bâtissait quelque chose. C’était une époque où tout était permis. On ne s’en rendait pas compte, mais rétrospectivement, oui, ce fut le cas. »

Francois DompierrePosez la question à un auteur-compositeur et interprète, et il vous dira qu’il compose une chanson en couchant de la musique sur des paroles ou en écrivant un texte pour une musique existante. C’est l’un ou l’autre. La création de musique pour une production cinématographique n’échappe pas à cette dualité, mais il y a quand même un mode opératoire précis.

« J’ai écrit de la musique sur des paroles et des paroles sur la musique. Dès les années 1990, la musique était devenue la dernière étape de création. On recevait des images sans musique et on devait s’en inspirer. Pour une comédie comme IXE-13, on a composé la musique avant le tournage. Mais dans 85 pour cent des cas, la musique est faite à la fin du film, avant le mixage. »

Les cas de figure

Faire un film est un gigantesque travail d’équipe, mais le compositeur est d’ordinaire plutôt seul dans son coin jusqu’au moment où il remet le fruit de son travail au réalisateur. En quatre décennies de création, on se dit que la vision de François Dompierre n’a peut-être pas été toujours en symbiose avec ce que les réalisateurs attendaient de lui.

« (Rire) J’ai eu droit à tous les cas de figure, mais les réalisateurs ajoutent toujours leur grain de sel. Et là, on joue le rôle de psychiatres. On demande, pourquoi veux-tu ceci? « Parce que ma blonde aime ça, parce les images demandent ça » Et pourquoi les images demandent ça? Vous savez, c’est très subliminal le processus de création de la musique. Mais les images tournées appellent à une certaine musique. »

« Il y a plusieurs sortes de réalisateurs, note Dompierre. Il y a ceux qui voient la musique comme un faire-valoir. Et il y a ceux qui savent exactement ce qu’ils veulent. Denys Arcand est comme ça. Denys aime la musique classique. Pour Le Déclin de l’empire américain, nous sommes partis du 5e concerto d’Haendel et j’ai composé des variantes sur cette base. »

Si le compositeur a créé la musique pour le tout récent film La passion d’Augustine, de Léa Pool, il a délaissé le genre depuis une quinzaine d’années en raison des visions distinctes des intervenants d’un film et l’apport technologique.

« Parfois, des producteurs veulent de la musique pour leur film, mais des réalisateurs n’en veulent pas. De nos jours, avec les nouveaux moyens technologiques, il y a moyen d’intervenir sur la musique. On peut, par exemple, enlever les cordes. Quand tu passes des heures à travailler sur une mesure et qu’un monteur la coupe… Mais il ne faut pas s’en faire. C’est la vie. »

« Il y avait une façon plus artisanale de travailler dans les années 1960 et 1970. On se donnait des conseils. On se parlait. Il y avait une équipe qui travaillait ensemble. Pour Les portes tournantes, j’ai travaillé en étroite collaboration avec Francis Mankiewicz. J’ai composé, j’ai proposé et quand Francis a accepté, il m’a laissé aller. »

Pour ce qui est de l’hommage que le Gala du cinéma québécois lui a rendu le mois dernier, François Dompierre commente avec la netteté d’une mesure de musique joyeuse, dénuée de superflu.

« Ça m’a fait bien plaisir. Ça coïncidait avec mes 50 ans de carrière. »

 



 

Aux premières loges du rap québécois, les six jeunes hommes de Dead Obies incarnent à eux seuls toute une génération en fulgurante expansion. Venus au monde sur les consonances du rap américain de la fin des années 90, début 2000, et inspiré par une littérature disparate et polyglotte, le groupe marque le coup avec Montréal $ud en 2013 et récidive cette année avec Gesamtkunstwerk, loué par critique et public, mais pénalisé par les institutions qui ne blairent pas le franglais qui contamine l’œuvre du groupe.

Résilient au combat, mais porté par la soif d’être en phase et de s’approprier une culture polyphonique et déliée, le groupe persiste et signe : « At the end of the day, on s’exprime en français avec notre public, dans toutes nos publications, etc. Et je suis issu d’une famille francophone de la Rive Sud qui park le char dans le driveway. On exige habituellement 51% de contenu franco pour être considéré comme tel, mais une institution comme Musicaction exige 70% pour des raisons plutôt obscures. Et il y a à peu près juste Dead Obies qui tombe dans cette catégorie-là. Par chance, on a un label (Bonsound) qui peut et qui veut nous supporter. Mais ça envoie un drôle de message », résume Jo RCA, rappeur au sein de la formation.

Créer, ici, maintenant

DEAD OBIESPar-delà les foudres du financement public (le groupe doit rembourser les 18 000$ initialement octroyés par Musicaction pour cause de non-respect du seuil de contenu francophone), la proposition de Dead Obies rencontre manifestement son public, l’album ayant trôné au sommet des ventes du Québec lors de sa sortie (cinquième place canadienne), écoulant quelque 2200 copies dans sa première semaine de parution. Et ce, tout comme l’essentiel du rap fait ici, sans grand soutien des circuits commerciaux de diffusion qui, à ce jour, boudent toujours le genre.

Un décalage qui, logiquement, s’explique plus ou moins. D’un côté, les institutions et autres grands réseaux qui ne semblent pas trop savoir comment aborder le phénomène; de l’autre, un public issu de la génération du millénaire posé sur une identité culturelle née entre deux langues et quelques clics, qui en redemande jusqu’à plus soif.

Et c’est précisément dans l’entre-deux, dans cette instantanéité à quelques égards déconcertante, que Dead Obies trouve son compte et prend tout son sens. Envers ET contre tous. « On côtoie des gens des deux bords de la Main. »

L’Hydre de Lerne

 Si la formule consiste en un beatmaker au service de cinq voix distinctes aux plumes franches, le processus de création repose précisément sur l’amalgame de cet éclatement. « On travaille en groupe, on s’influence, on se donne des pistes de réflexion, même des rhymes, explique Jo RCA. On aime que ce soit représentatif de chacun d’entre nous. Les divergences viennent aussi nourrir notre processus, c’est ce qui fait l’unité de Dead Obies, c’est ce qui rend la cellule complexe et lui permet de ratisser aussi large. Il y a une connexion entre nous qui est hallucinante. »

Et les prémisses de leurs créations résident souvent dans quelque chose de plus ou moins saisissable, les lectures du moment, la réflexion individuelle des membres, pour une équation qui fait mouche : « On est beaucoup dans l’abstrait, c’est probablement l’un des trucs qui nous rassemble le plus dans la création. On déteste quand c’est tout cuit dans le bec, quand il n’y a pas place à la réinterprétation. Il faut que les pièces respirent et puissent vivre d’elles-mêmes. Et je crois qu’on se rapproche vraiment de ça sur le deuxième album. »

« Le principal souci est simplement de créer des bonnes chansons à la base, en espérant que le public réagira. Lorsqu’on crée une chanson, on l’écoute entre nous pendant des mois, un peu en vase clos. Et arrive le moment où on la lance dans le monde. C’est parfois étrange de voir comment vieillit une pièce créée dans un moment donné, un état d’esprit, avec la spontanéité de tout ça. Et ça m’arrive souvent de réécouter les trucs après coup et de percevoir quelque chose de complètement autre que ce que j’avais en tête au moment de le créer! »

Chose certaine, peu de gens sont aussi bien placés que Dead Obies, en ce moment, pour clamer haut et fort sa pertinence dans un paysage culturel pas toujours inclusif. Des deux côtés de la Main.