Article par Claude Côté | mercredi 1 novembre 2017
Ceux qui n’ont pas suivi l’émission La Voix en 2016, ne connaissent probablement pas Ryan Kennedy. Ils n’ont pas entendu ses versions dénudées de I’m on Fire de Springsteen, Fast Cars de Tracy Chapman ou Like A Rolling Stone de Dylan. Et surtout, ils n’ont pas entendu cette voix grave et rassurante faire son chemin jusqu’aux tréfonds du cœur.
« J’ai appris à chanter plus fort que le monde dans les bars afin de me faire entendre, ça fait partie de mon parcours », explique-t-il. À 30 ans, il vient de lancer son deuxième disque, Love is Gold, le 6 octobre dernier sur le label Go Musique. Le premier et « neilyoungesque » Home Fires est paru en 2015. Les deux sont autoproduits.
Love is Gold est réalisé par le guitariste Dimitri Lebel-Alexandre avec l’inestimable apport du claviériste François Lafontaine (Karkwa, Galaxie, Marie-Pierre Arthur, etc.) qui a mis sa griffe aux arrangements et orchestrations. « J’ai vraiment eu une grande chance de travailler avec lui, il a laissé son empreinte sur le disque », reconnaît Kennedy. Il s’entoure entre autres de Marc Hébert, le bassiste de Patrice Michaud.
« J’ai fait écouter du Father John Misty, The Nationals, Bon Iver et Beck à Dimitri afin qu’il saisisse où je veux aller. Et le disque s’en ressent, les guitares sont un peu négligées au profit des ambiances, on entend davantage les claviers, c’est cette couleur musicale qui a été notre ligne directrice, notre inspiration ».
Lorsqu’on fait une recherche sur Google, on tombe d’abord sur un autre Ryan Kennedy qui lui, fait du Christian Rock. Ironiquement, la religion a joué un rôle prépondérant dans sa propre vie. Il a été Témoin de Jéhovah jusqu’à l’âge de 21 ans. Avant de s’en dissocier. « C’est une secte qui m’a fait vivre à cent à l’heure, mais j’en suis sorti et je peux maintenant avoir une expérience de vie beaucoup plus grande. Je veux transformer le négatif en positif. Je n’aime pas vraiment parler de ça, mais en résumé, disons qu’il n’y avait qu’une seule ligne de conduite. Quand j’ai décidé de faire de la musique, on me l’a interdit alors j’ai quitté. Et quand tu quittes, tu perds ta famille et tes amis ».
« Je fais partie de ceux qui écrivent des chansons en faisant parallèlement une thérapie, les miennes sont entièrement autobiographiques. »
Il n’a donc plus aucun contact avec ses proches, c’était le prix à payer pour vivre mieux, selon ses rêves et aspirations. Il a trouvé sa rédemption dans la musique. On entend presque Losing My Religion de REM… « Je fais partie de ceux qui écrivent des chansons en faisant parallèlement une thérapie, les miennes sont entièrement autobiographiques ».
« En écrivant la chanson Sanctuary confie-t-il, j’ai pensé à mon coin de pays où je peux me retrouver dans mes montagnes à faire la paix avec mon passé, éviter que cela revienne à la surface ». Morin-Heights, adaptée en français par Benoit Pinette, alias Tire le Coyote, est l’une des deux chansons francophones de Love is Gold, l’autre étant Je cours toujours.
Un bref extrait :
L’histoire se termine là où elle commence
Dans les cendres blanches du silence
Et les plus beaux lendemains
N’y changeront rien
Comme sur Whiskey Bar, une chanson (on vous le donne en mille) qui parle d’alcool et d’apprendre à gérer le vice, Love is Gold parle des longues tournées et du plaisir de rentrer à la maison. « C’est pas mal ça mes inspirations. Dans le fond, c’est le thème de l’amour qui revient le plus souvent, même quand il en ressort un goût amer comme sur When You’re Sleeping. Quand une relation prend fin, il y a toujours l’appréhension que l’autre aille rencontrer quelqu’un et aille refaire sa vie. Ce que je dis en gros c’est : je ne veux pas savoir où tu dors ». Il fait référence à Tracy, sa première femme.
« Borderline est très éloquente sur ma condition, sur ce qui se passe dans la tête de ceux qui en sont atteints. (NDLR : trouble de personnalité limite ou TPL, est une maladie psychiatrique complexe dont les manifestations sont très variables). Effectivement je suis très intense. Le but, c’est de trouver un équilibre dans tout ça. J’ai mis mes tripes sur la table avec ce disque-là. Ça m’a fait du bien ».
Photo par Kenneth Cappello
Entrevue exclusive avec le DJ de renommée mondiale, A-Trak
Article par Jeff Knights | jeudi 2 novembre 2017
Alain Macklovitch, mieux connu sous son pseudonyme A-Trak, est un des leaders de la « DJ culture » et un pionnier de la musique électronique dont la carrière dure depuis déjà 20 ans. A-Trak est une des forces vives derrière la renaissance de la musique électronique des dix dernières années et qui lui a notamment valu de figurer sur la liste des 50 personnes les plus importantes du domaine de l’EDM établie par le magazine Rolling Stone. Il est né et a grandi à Montréal et habite désormais L.A. En compagnie d’Armand Van Helden, il est la moitié du duo nommé aux Grammys Duck Sauce et il est le cofondateur du label électronique/hip-hop Fool’s Gold Records, dont l’écurie est notamment composée de Chromeo, Kid Cudi et Run the Jewels, entre autres. C’est lorsqu’il a été choisi pour être le DJ de tournée de Kanye West, en 2004, que son étoile a atteint son apogée. Depuis, A-Trak a produit ou remixé pour d’innombrables artistes, dont Kid Cudi, Kimbra et Jamie Lidell. Après avoir complété une tournée australienne à la fin de 2016, A-Trak a lancé son tout premier « greatest hits » intitulé In The Loop : A Decade of Remixes, regroupant le meilleur de son travail dans le domaine de l’EDM. Plus tôt cette année, nous l’avons joint pour un entretien sur l’évolution de sa carrière et son influence sur la culture mondiale de l’electronic dance music.
Te souviens-tu du premier album qu’on t’as demandé de remixer ? Bien sûr. C’était pour [le groupe pop australien] Architecture in Helsinki. J’avais fait un remix auparavant, mais il n’avait pas pu être publié pour des raisons de libérations de droit d’un échantillonnage. J’ai fait un travail de remix pour Bonde do Rolê, un groupe brésilien sur le label Mad Decent. J’ai fait leur remix avec énormément d’échantillonnage. Il n’a donc jamais vu le jour.
Pour quelle raison ? D’un point de vue stylistique, il s’inscrivait plutôt dans la veine de mes productions plus anciennes, quand je faisais un travail uniquement avec mes tables tournantes et que tout était basé sur l’échantillonnage. Lorsque j’ai commencé à produire sur ordinateur et que je travaillais plutôt par la fusion de sons électroniques et d’autres sonorités, j’ai réalisé que « je suis un DJ », et la musique que je faisais jouer dans mes sets avait évolué au fil du temps…
À l’époque, les musiciens, les DJs et les producteurs de partout dans le monde se réunissaient sur MySpace. Les remixes étaient une façon d’entrer en contact avec d’autres gens qui faisaient de la musique cool… Lorsque j’ai reçu un courriel de Architecture in Helsinki, je les connaissais déjà, car je jouais un autre de leurs remixes dans mes sets… Je cherchais simplement des façons de faire plus de productions, tu vois. J’avais une idée de ce que je voulais faire comme pièces, mais je ne me sentais pas encore prêt à me lancer tête première dans la production de mes propres chansons.
À ce moment-là, j’étais déjà très bien établi en tant que DJ depuis une dizaine d’années, après avoir gagné le championnat mondial, été le DJ de tournée de Kanye, et tout ça. Mais… en tant que producteur, je n’étais encore qu’un novice. J’avais des idées et une certaine notion de la production. J’ai observé mon [grand] frère [David Macklovitch] produire de la musique pendant des années, même avant Chromeo, à l’époque où il faisait des « beats » hip-hop à Montréal. Je connaissais les rudiments de la production et comment réaliser certaines choses, mais lorsqu’il était question de compléter une pièce, je trouvais que le remixage était une façon idéale d’essayer plein de trucs.
LE premier est venu par courriel. Mais la grande majorité de ces projets me sont venus en personne. De nos jours… il y a une infrastructure, tu sais ? C’est une industrie, une très grosse industrie. Les choses se déroulent au niveau des gérants et parfois des représentants de labels, des avocats et tout ça… Avant, c’était plutôt du genre « Hé, un ami m’a filé ton courriel. Est-ce que je peux t’envoyer un fichier à télécharger ? Dis-moi ce que tu pourrais faire avec ça. »
Tu as commencé comme « turntablist » avec des influences essentiellement hip-hop, et te voilà, 10 ans plus tard, soulignant ton travail de remixeur. Il y a eu beaucoup de changements au cours des 20 dernières années, non ? Ça s’est produit progressivement… La musique évolue. Je crois que c’est vers le milieu de 2005 que j’ai commencé à m’intéresser à d’autres musiques… J’ai découvert certains styles de musique électronique qui me plaisaient, qui attiraient mon oreille hip-hop. Je m’intéressais peu à la musique électronique avant ça, car je trouvais ça, pour la vaste majorité, trop froid, mais il s’est produit une fusion vers cette époque et des groupes indie ont commencé à faire de la musique électronique. Puis il y a eu ce son électro qui utilisait des « riffs » musicaux, de la distorsion et d’autres trucs du genre. Ils faisaient fi des règles des deux genres et quand j’ai entendu ça, ça m’a tout de suite allumé.
La musique évolue, et j’ai aussi évolué comme DJ. Je suis toujours attiré vers de nouvelles sonorités intéressantes qui m’accrochent.
Quel conseil donnerais-tu à un producteur ou à un DJ qui commence ?
Ce que je préfère dire aux gens qui débutent c’est de se concentrer sur ce qui fait d’eux qui ils sont. C’est important de trouver son son et de se concentrer sur ça dans leur travail. Il y a des milliards de mixeurs, de producteurs et tutti quanti. Il faut presque donner une raison aux gens de porter attention à ce que vous faites, et parfois, la qualité brute est ce qui les attire. Si une personne est simplement bonne, elle est bonne. Les gens viendront, mais, comme c’est souvent le cas, je crois qu’il est important de savoir qui on est et quel est notre son au fil de son évolution. Ça devient quelque chose qu’ils peuvent nourrir et, inévitablement, il en ressortira quelque chose qui se démarque du reste. Se démarquer est ce qu’il y a de plus important, de nos jours.
Alors, j’ai commencé… sur certaines pièces qui étaient plus électroniques, mais qui, à mon avis, trouvaient leur place dans mon nouveau set. Et je me souviens que je pensais qu’il fallait vraiment qu’elles soient en lien avec le hip-hop, alors j’ai commencé à faire des mash-ups, qui étaient « big » à l’époque… J’utilisais des pistes de voix hip-hop sur mes pièces électroniques afin qu’elles s’insèrent mieux dans mon set. Lorsque j’ai eu suffisamment de ce genre de pièces, j’en ai fait un mixtape intitulé Dirty South Dance qui est sorti en 2006 avec la collaboration de la marque de vêtements OBEY…
Deux mois plus tard, j’ai lancé mon label Fool’s Gold et je produisais pour Kid Sister. On a signé Kid Cudi et on lui a fait quelques remixes, c’était le tout début de la fusion de la musique électronique et du hip-hop pour nous. Je ne ressentais déjà plus le besoin de mettre de pistes de voix hip-hop sur tout ce que je faisais, et mes sets ont commencé à inclure de plus en plus de house, d’électro et d’un peu de tout… C’est à ce moment que j’ai formé Duck Sauce avec Armand Van Helden, et nous faisions un type de house qui utilisait beaucoup d’échantillonnages…
Je me souviens que j’ai commencé à utilise de plus en plus de pièces électroniques dans mes sets. C’était un peu un acte de foi, car certains de mes pairs, ceux contre qui je me mesurais dans les DJ Battles et tout ça, n’avaient pas encore fait le saut. Je me souviens que je jouais pour un nouvel auditoire et qu’il se produisait une certaine séparation, mais j’ai été rassuré, deux ans plus tard, quand tous ces DJs qui ne jouaient que du hip-hop auparavant ont eux aussi commencé à incorporer d’autres styles musicaux dans leurs sets… La musique évolue, et j’ai aussi évolué comme DJ. Je suis toujours attiré vers de nouvelles sonorités intéressantes qui m’accrochent, puis je trouve une façon de les mettre en contexte avec tout ce que je fais, musicalement.
Les créateurs de musique font souvent référence à une mélodie, des paroles, ou une certaine sonorité comme point de départ pour la création d’une chanson. En tant que DJ ou producteur, comment crées-tu ta musique ? Par où commences-tu ? Si je suis en studio et au début du processus de création d’une nouvelle pièce… Je n’ai pas de méthode… Je crois que si j’étais surtout ou uniquement un producteur et que je créais des beats tous les jours, une méthode de travail finirait par s’imposer naturellement. Mais je fais plein de choses en même temps, DJing, tournée, m’occuper de Fool’s Gold, collaboration sur des pochettes, des productions, des remixes. Comme ce n’est qu’une des nombreuses choses que je fais, j’ai toujours un pied dedans et un pied en dehors. Et ce que j’aime de ça, c’est que chaque fois que je produis une pièce, j’essaie quelque chose de nouveau, et je crois que ça s’entend sur la compilation : chaque pièce a une idée de départ, pour chacune d’elles je me disais : « Sur celle-ci, je vais essayer X, Y, Z… »
Quant à la production, j’aime l’idée de ne pas savoir exactement où je m’en vais, parce que je crois que d’heureux accidents sont derrière certaines des meilleures chansons, et j’aime ça. Quant à la question « quel est le point de départ » d’une chanson, ce n’est jamais pareil. J’ai toujours des idées en tête et il peut parfois s’agir d’un remix où j’ai isolé un élément que je veux utiliser ou encore une idée pour la batterie. D’autres fois, tout part simplement d’un son… C’est vraiment, vraiment très varié.
Est-ce différent lorsque tu produis un remix ? Je suis toujours très conscient du fait que la version originale atteignait un but précis et que mon remix doit la transporter ailleurs. Je porte donc attention au style de production de cette pièce et même à son tempo. Beaucoup de mes remixes sont dans le tempo de la house, mais si on me demande de remixer une pièce house, il y a de très bonnes chances que je ne la laisserai pas à son tempo original. Je vais chercher une façon de transporter ce tempo ailleurs. Ou alors, si je garde le tempo original, je vais intervenir au niveau du style de production afin d’en modifier véritablement l’identité. Donc, souvent, je commence par réfléchir à l’intention de la pièce… Une fois que j’ai identifié ça, je vais aller chercher quelques éléments que je souhaite garder et je vais bâtir à partir de ça… Si tu travailles à partir d’un élément d’une pièce qui existe, qui est complète, et que les gens ont aimé, tu travailles avec un point de départ auquel tu peux faire confiance. Le plus gros défi pour nous c’est ce moment de confiance, le moment où on décide de plonger ; où on se dit « OK, ce point de départ est assez bon pour que je m’en serve comme fondation ». Ça aide à effectuer ce premier pas.
Considères-tu que tu as une grande liberté créative en tant que remixeur et producteur ? C’est génial d’avoir cet élément de confiance lorsque l’on remixe, c’est presque sacré. C’est un artiste ou un label qui te contactent et te disent « Je fais confiance à ce que tu peux faire avec ces éléments, laisse-toi aller. » Là, ça devient excitant.
Photo par Marc-Étienne Mongrain
Maude Audet : Écrire en Équilibre
Article par Élise Jetté | mardi 24 octobre 2017
L’an dernier elle revisitait Smells Like Teen Spirit, de Nirvana, le temps d’une adaptation en français qui nous portait aux abords de cette odeur de déclin, ce sentiment de partir un peu chaque jour. Cet automne, sans même être incluse sur le troisième album de Maude Audet, la pièce s’installe au centre d’une œuvre entière, tel un pilier. Comme une odeur de déclin, paru le 29 septembre s’immisce tranquillement dans l’air du temps. « Il s’agit du déclin de la vie, ça reste que c’est un fait avec lequel on doit vivre au quotidien. On s’en va tous par-là », assure la nouvelle protégée de l’étiquette Grosse Boîte, sans pourtant se faire pessimiste.
Voguant sur toutes les mers de l’intime, Maude Audet se distingue par une plume mélancolique teintée d’une force brute. Si certains calculent tout, elle se considère plutôt instinctive : « J’oublie souvent de réfléchir à l’avance, mais pour ce projet-là, ce que je voulais, c’est me renouveler. J’aurais pu faire du hip-hop. J’adore le hip-hop, mais je voulais garder mon essence », se reprend-elle en riant.
Contrairement à Nous sommes le feu, sorti en 2015, cette nouvelle création réussit à tresser des liens forts entre l’auditeur et le propos, la majorité des chansons étant livrées à la deuxième personne du singulier. « Ce sont des conversations ; avec un ami, un amour, quelqu’un que je ne connais pas. Chaque pièce est un dialogue », précise l’auteure-compositrice. Musicalement, on se trouve dans les eaux enveloppantes du folk, mais plusieurs couches musicales d’insèrent avec délicatesse dans le son feutré. « Je voulais qu’on perçoive l’ensemble comme du folk rock vintage. J’ai besoin d’avoir mes tounes de guit’ électrique et de distorsion tout en conservant les pièces guitare, voix, violoncelle. »
Si on se sent ainsi rapidement concerné lorsqu’on écoute Comme une odeur de déclin, nous ne sommes pas seuls à vivre cet état. L’auteure Erika Soucy a donné un coup de pouce aux textes, happée par le regard artistique de Maude Audet, complémentaire au sien. « On se connait très bien, mais toujours de manière professionnelle. Elle a une plume brute et sensible. C’est féminin avec quelque chose de fort », explique Maude. Ce ne sont ni des compléments ni des ajouts aux textes qui étaient nécessaires à l’auteure-compositrice, c’était une validation devant le doute, un catalyseur de bonnes idées.
« Comme ça a été le cas avec Ariane (Moffatt) à la réalisation, j’ai laissé libre cours aux propositions des gens, ajoute-t-elle. Tu peux pas travailler avec quelqu’un et lui mettre des bâtons dans les roues. C’est comme peindre une toile en duo. Tu dois accepter que l’autre va venir peindre son petit bout », image-t-elle en précisant qu’elle a su garder sa substance à travers l’expérience. « C’est drôle, quand j’ai dit que je travaillerais avec Ariane, tout le monde pensait que j’allais faire un album électro », plaisante-t-elle, alors qu’au contraire, sa réalisatrice a su encadrer le projet sans le dénaturer.
Ariane Moffatt s’est rapidement imposée à l’esprit de Maude Audet au moment où elle s’est dit qu’elle travaillerait avec une femme cette fois-ci. « C’est parti d’un souci d’égalité, d’une prise de conscience, se rappelle l’artiste. Quand je cherchais mon réalisateur, il n’y avait que des gars qui avaient effleuré mon esprit. Puis, je me suis dit pourquoi pas une fille ? J’agis toujours par rapport à des décisions de cœur et, oui, y’a des prises de conscience qui doivent se faire », croit-elle.
Si le succès critique du moment est généralement favorable, elle ne s’inquiète pas devant les radios commerciales qui ne daignent pas cogner à sa porte. « Moi, je fais ce que je veux et les radios commerciales, c’est très restreint. Je ne me plierai jamais dans le moule et même si je voulais, je ne comprends pas vraiment ce qui pogne… », complète-t-elle en riant.
L’art de Maude Audet se place en équilibre au milieu des styles, des gens et au centre de sa vie. « J’ai une famille donc ma vie c’est pas de composer jusqu’à 3 h du matin les soirs de semaine. Ça se passe souvent le jour, quand je suis seule chez moi. Je suis guidée par l’inquiétude, le trouble, l’espoir ou la tristesse. » Et parfois, l’inspiration arrive d’un coup : « Léo, c’est pour Leonard Cohen. Je l’ai écrite au lendemain de sa mort. Trump venait d’être élu, j’étais chez moi et je ne savais pas quoi faire. Cette chanson est sortie toute seule. Ça m’a permis de me poser. »