Ceux qui n’ont pas suivi l’émission La Voix en 2016, ne connaissent probablement pas Ryan Kennedy. Ils n’ont pas entendu ses versions dénudées de I’m on Fire de Springsteen, Fast Cars de Tracy Chapman ou Like A Rolling Stone de Dylan. Et surtout, ils n’ont pas entendu cette voix grave et rassurante faire son chemin jusqu’aux tréfonds du cœur.

Ryan Kennedy« J’ai appris à chanter plus fort que le monde dans les bars afin de me faire entendre, ça fait partie de mon parcours », explique-t-il. À 30 ans, il vient de lancer son deuxième disque, Love is Gold, le 6 octobre dernier sur le label Go Musique. Le premier et « neilyoungesque » Home Fires est paru en 2015. Les deux sont autoproduits.

Love is Gold est réalisé par le guitariste Dimitri Lebel-Alexandre avec l’inestimable apport du claviériste François Lafontaine (Karkwa, Galaxie, Marie-Pierre Arthur, etc.) qui a mis sa griffe aux arrangements et orchestrations. « J’ai vraiment eu une grande chance de travailler avec lui, il a laissé son empreinte sur le disque », reconnaît Kennedy. Il s’entoure entre autres de Marc Hébert, le bassiste de Patrice Michaud.

« J’ai fait écouter du Father John Misty, The Nationals, Bon Iver et Beck à Dimitri afin qu’il saisisse où je veux aller. Et le disque s’en ressent, les guitares sont un peu négligées au profit des ambiances, on entend davantage les claviers, c’est cette couleur musicale qui a été notre ligne directrice, notre inspiration ».

Lorsqu’on fait une recherche sur Google, on tombe d’abord sur un autre Ryan Kennedy qui lui, fait du Christian Rock. Ironiquement, la religion a joué un rôle prépondérant dans sa propre vie. Il a été Témoin de Jéhovah jusqu’à l’âge de 21 ans. Avant de s’en dissocier. « C’est une secte qui m’a fait vivre à cent à l’heure, mais j’en suis sorti et je peux maintenant avoir une expérience de vie beaucoup plus grande. Je veux transformer le négatif en positif. Je n’aime pas vraiment parler de ça, mais en résumé, disons qu’il n’y avait qu’une seule ligne de conduite. Quand j’ai décidé de faire de la musique, on me l’a interdit alors j’ai quitté. Et quand tu quittes, tu perds ta famille et tes amis ».

« Je fais partie de ceux qui écrivent des chansons en faisant parallèlement une thérapie, les miennes sont entièrement autobiographiques. »

Il n’a donc plus aucun contact avec ses proches, c’était le prix à payer pour vivre mieux, selon ses rêves et aspirations. Il a trouvé sa rédemption dans la musique. On entend presque Losing My Religion de REM… « Je fais partie de ceux qui écrivent des chansons en faisant parallèlement une thérapie, les miennes sont entièrement autobiographiques ».

« En écrivant la chanson Sanctuary confie-t-il, j’ai pensé à mon coin de pays où je peux me retrouver dans mes montagnes à faire la paix avec mon passé, éviter que cela revienne à la surface ». Morin-Heights, adaptée en français par Benoit Pinette, alias Tire le Coyote, est l’une des deux chansons francophones de Love is Gold, l’autre étant Je cours toujours.

Un bref extrait :
L’histoire se termine là où elle commence
Dans les cendres blanches du silence
Et les plus beaux lendemains
N’y changeront rien

Comme sur Whiskey Bar, une chanson (on vous le donne en mille) qui parle d’alcool et d’apprendre à gérer le vice, Love is Gold parle des longues tournées et du plaisir de rentrer à la maison. « C’est pas mal ça mes inspirations. Dans le fond, c’est le thème de l’amour qui revient le plus souvent, même quand il en ressort un goût amer comme sur When You’re Sleeping. Quand une relation prend fin, il y a toujours l’appréhension que l’autre aille rencontrer quelqu’un et aille refaire sa vie. Ce que je dis en gros c’est : je ne veux pas savoir où tu dors ». Il fait référence à Tracy, sa première femme.

« Borderline est très éloquente sur ma condition, sur ce qui se passe dans la tête de ceux qui en sont atteints. (NDLR : trouble de personnalité limite ou TPL, est une maladie psychiatrique complexe dont les manifestations sont très variables). Effectivement je suis très intense. Le but, c’est de trouver un équilibre dans tout ça. J’ai mis mes tripes sur la table avec ce disque-là. Ça m’a fait du bien ».