Tout au long des deux décennies de sa carrière à ce jour, Pavlo, le compositeur, musicien et homme de scène maintes fois primé, a lancé 10 albums de ses propres créations en plus de deux projets collaboratifs, soit Guitarradas (2015), en compagnie de Remigio Pereira du groupe The Tenors, ainsi que Trifecta (2009), en compagnie de deux autres maîtres de la guitare, Rik Emmett et Oscar Lopez.

Né à Toronto de parents grecs, Pavlo s’est taillé une enviable réputation en jouant une musique hybride qu’il nomme simplement « musique méditerranéenne », un amalgame de musique grecque, de flamenco, de musiques latine et moyen-orientale, et même quelques touches de musique des Balkans, tout ça enrobé de pop contemporaine. Sa musique lui a fait faire le tour du monde. Il est monté sur scène devant des membres de la royauté en plus d’avoir collaboré ou partagé des tournées avec des artistes tels que José Feliciano, Jon Secada, Olivia Newton-John et The Tenors.

Pourtant, à ses débuts, on lui disait que sa musique ne le mènerait nulle part. Les maisons de disques le trouvaient trop « ethnique ». On lui disait que la musique instrumentale n’attirerait pas un auditoire assez important et ne vendrait pas assez de CD. Malgré tout cela, Pavlo a maintenu le cap, car il a préféré écouter autre chose qu’on lui avait dit auparavant. Il s’agissait d’un conseil que son père lui avait donné il y a bien des années de ça : « Ait le courage de faire ce que tu aimes et la détermination de bien le faire ». Ce conseil, il l’a suivi comme un navigateur suit une étoile, et cette étoile l’a mené à sa maison ancestrale.

« Tout ce que je faisais, c’était jouer de la guitare, jour et nuit. Ma mère pensait que j’avais perdu la tête. »

Son plus récent album, Live in Kastoria a été capté en spectacle dans une petite ville du nord de la Grèce d’où ses parents sont originaires. Le DVD qui accompagne l’album documente son périple jusqu’à sa maison ancestrale et nous présente Pavlo et son groupe jouant à la belle étoile dans un petit amphithéâtre niché dans les montagnes surplombant le lac Orestiada. Un concert télévisé — son deuxième — a également été diffusé partout en Amérique du Nord sur les ondes de PBS.

Le guitariste de 46 ans est né dans le quartier Danforth où se trouve la communauté grecque de la Ville Reine. Il a depuis longtemps laissé tomber son nom de famille — Simtikidis — pour des raisons de « showbiz » évidentes. C’est à 10 qu’il a, pour la toute première fois, pris une guitare, et sa vie ne serait désormais plus jamais la même. « Tout le reste a disparu, ma vie elle-même s’est envolée par la fenêtre », se souvient-il. « Tout ce que je faisais, c’était jouer de la guitare, jour et nuit. Ma mère pensait que j’avais perdu la tête. »

À ses débuts, son répertoire incluait de la musique grecque qu’il entendait à la maison, mais il a rapidement intégré d’autres influences. Son père aimait beaucoup la musique plus contemporaine qu’on pouvait entendre à la radio.

« Il adorait Neil Young, Gordon Lightfoot, Elton John et Billy Joel, ce qui est quand même assez inhabituel pour un père de famille grec. J’ai donc grandi en écoutant de la musique traditionnelle grecque et ces artistes, à la fois. Mais mon père aimait particulièrement la guitare, alors on écoutait aussi José Feliciano et Paco de Lucia. »

Il affirme du même souffle que la diversité culturelle et musicale de sa ville natale a également nécessairement informé la nature hybride de sa musique.

« Je crois vraiment que c’est pour ça que je fais ce que je fais : parce que je suis né au Canada, à Toronto, plus particulièrement », croit Pavlo. « Un jour, j’allais voir [le guitariste flamenco] Sabicas, et le lendemain j’allais voir Sting ou Yngwie Malmsteen ou Paco de Lucia. À Toronto, c’était possible de voir un artiste différent en spectacle tous les soirs, peu importe le style musical, et je n’ai aucun doute que ça a influencé ma façon de jouer, même l’éclairage de scène de mes spectacles, ma façon de jouer, ma façon de composer — tout ça. »

Après 20 années à donner plus de 150 spectacles par an partout dans le monde, il doit quand même y avoir une motivation plus profonde que les conseils d’un père pour maintenir un tel rythme.

« J’aime jouer, fondamentalement. J’aime jouer de la guitare », dit-il simplement. Mais c’est plus complexe qu’il n’y paraît. Le plaisir qu’il tire de jouer de la guitare est intimement lié à son processus créatif. « J’ai coécrit des dizaines de chansons pour plein de gens, mai en général, les pièces qui se retrouvent sur mes albums sont des pièces que j’ai composées seul. Donc, lorsque je voyage aux quatre coins de la planète, la musique que je joue chaque soir est la mienne. J’ai un lien intime avec chaque note de la musique que j’ai composée, ce qui signifie que mes concerts ont une signification très personnelle. »

Au cours des 12 à 18 prochains mois, il fera voyager sa musique méditerranéenne au Japon, en Corée, en Allemagne, en Grèce, au Mexique et, bien entendu, en Amérique du Nord. Il y a toutefois un pays où, étonnamment, il n’a jamais encore joué.
« Ironiquement, c’est l’Espagne?! » dit-il en riant. « Je n’ai jamais joué en Espagne et j’adorerais ça, parce que c’est un pays où la guitare est très populaire, n’est-ce pas?? J’aimerais vraiment leur montrer ce que je sais faire. »

Et si les Espagnols sont comme les Grecs, les Mexicains, les Singapouriens ou les Nord-Dakotains qui remplissent les salles où Pavlo se produit, il y a fort à parier qu’eux aussi l’adopteront.