Opter pour la médiation plutôt que le procès

David Basskin est avocat depuis assez longtemps pour savoir que le tribunal est le dernier endroit où vous voulez vous retrouver, quelle que soit la façon dont vous avez été traité dans une affaire au civil.

« Faire face aux coûts d’une action en justice, c’est un peu comme s’ouvrir les veines. C’est tout simplement horrible », dit Basskin. « Et dans le cas d’un petit marché comme celui du Canada, le jeu n’en vaut le plus souvent pas la chandelle. »

Si Baskin a pris quelques mois de congé après sa « retraite » en tant que président et directeur général de l’Agence canadienne des droits de reproduction musicaux ltée (CMRRA) en 2013, il n’a aucune intention de s’éloigner de l’industrie de la musique et du domaine du droit d’auteur où il a fait carrière.

« Prendre ma retraite ne m’intéresse tout simplement pas », précise celui qui a récemment créé DBCI (David Basskin Consulting Inc.) dont la raison d’être est la médiation, et dans certains cas, l’arbitrage de différends pour le compte d’une clientèle privée.

Heureusement, les actions en justice liées au droit d’auteur dans le domaine de la musique ne sont pas monnaie courante au Canada, et de nombreuses juridictions exigent la mise en place d’un processus de médiation avant que la cause soit entendue par un juge.

« La médiation obligatoire a été imposée par les tribunaux dans le cadre d’une série de mesures destinées à réduire le nombre de causes en attente qui sont endémiques dans notre système », note Basskin. « Une grosse poursuite au civil peut  prendre plus de cinq ans. La vie est trop courte. »

Les griefs les plus communs dans le domaine de la musique concernent la répartition des revenus liés aux droits d’auteur, à la participation sur le revenu et au marchandisage.

« Il est reconnu dans l’industrie de la musique que tout succès peut finir en procès», observe Basskin. «Si une chanson ne fait pas d’argent, le risque d’action en justice ou de médiation est nul. »

« La médiation ou l’arbitrage ne génèreront probablement pas un résultat idéal » admet-il, « mais croyez-moi, si la cause va jusqu’en cour, le résultat ne sera pas parfait non plus. Autre avantage: ce sera fait et vous pourrez passer à autre chose. »

« Les parties qui s‘entendent en médiation et parviennent à résoudre leur différend demeurent souvent en bons termes», ajoute-t-il «alors qu’il est très rare que des gens qui ont été engagés dans une lutte à mort au tribunal souhaitent encore travailler ensemble après coup. Notre industrie est basée sur la collaboration, après tout. »

« Il est reconnu dans l’industrie de la musique que tout succès peut finir en procès. »

Ses années d’expérience en tant que spécialiste du droit d’auteur, en plus de ses efforts constants de formation continue dans le domaine de la médiation, font de Baskin quelqu’un de particulièrement qualifié quand vient le temps d’aider les parties belligérantes à s’entendre.

« À la CMRRA, j’avais le rôle de la Suisse», dit-il. «Jamais je n’ai choisi le camp de qui que ce soit. L’idée ici est de parvenir à une solution plus rapidement, à coûts moindres et sans les inconvénients liés à toute publicité négative. Le véritable enjeu du médiateur est de s’assurer que chacun soit entendu et fasse un effort honnête dans le processus de règlement du problème. Tout exercice de médiation ne conduit pas nécessairement à une résolution complète, mais il peut contribuer à éliminer plusieurs points de désaccord pour permettre aux parties de se concentrer sur le vrai problème. »



Comme job de jour, Alexandre Bernhari accompagne au piano une troupe de danseurs contemporains. La répétition vient de se terminer, le pianiste est libre de redevenir batteur, chanteur, de se transformer en Bernhari – qui n’est pas tout à fait sa véritable identité. Un journaliste a révélé son nom et c’est comme si on l’avait démasqué, ça l’agace. « Même quand j’étais dans L’Étranger et dans L’Ours, mes précédents groupes, j’avais un faux nom. J’ai toujours aimé jouer là-dessus, ce n’est pas quelque chose de coulé dans le béton pour moi. »

Laisse-moi être quelqu’un d’autre, chante-t-il dans Au Nord de Maria. « Il est question d’identité dans certains textes de l’album. Non seulement je le dis, mais je le deviens au moment où je le chante. Dès le départ, quand j’ai commencé à travailler sur ce projet, il a été entendu avec Emmanuel Éthier, le réalisateur, que la voix serait mise au service de la musique. »

« Tous ces gens qui criaient des slogans dans la nuit…  ça m’a marqué, ça a nourri mes chansons. »

La voix, parlons-en. À la première écoute, elle saisit. Un timbre haut perché, sculpté par des effets de réverbération. On pense à Claude Léveillée, à Christophe et aussi à Julien Mineau de Malajube. À une sophistication qui a plus à voir avec la tradition rock européenne, Indochine et les Cure. « Une voix de crise de nerf », a dit le collègue Sylvain Cormier, « le résultat d’un long travail d’essai-erreur, explique le principal intéressé. Au final, je suis satisfait, car ça donne un album qui n’est pas plat. On se promène énormément; la voix est un élément parmi d’autres. Il y a aussi le récit, une trame narrative avec une ouverture et un bouquet final. »

On nous raconte l’histoire d’une rencontre au milieu des carrés rouges, dans la rue, pendant les manifestations étudiantes. Le mot-clé ici est « engagement », tant au niveau amoureux que social, car le premier album de Bernhari, façonné lors du Printemps érable, est imprégné de cette énergie-là. « Oui, c’est l’élan. J’ai participé à tout ça, j’ai marché, j’étais dans le mouvement. Tous ces gens qui criaient des slogans dans la nuit et l’écho étrange de leurs voix qui résonnaient sur les bâtiments, ça m’a marqué, ça a nourri mes chansons. Mais bien sûr, ça va au-delà du premier degré. »

Il y a quelque chose d’épique, de frénétique, voire chevaleresque chez Bernhari. Tant au plan des allusions guerrières, celles d’Allemagne et de Russie, que des images, Bartabas faisant galoper sa monture à reculons. Le protagoniste est un déserteur et sa muse, une reine nommée Kryuchkova. « Oui, je suis une personne comme ça. Cette intensité me nourrit, en particulier dans les spectacles. Je suis à la recherche d’une verticalité, j’essaie de m’élever et puis je me dépose sur des chansons piano-voix comme « Je n’oublierai jamais » ou « Matapédia ». C’est souvent mon moment préféré en spectacle, quand la connexion avec le public est établie et qu’on redescend ensemble. »

Plusieurs ont découvert Bernhari sur la scène du Théâtre Maisonneuve en première partie de Fontarabie l’été dernier aux FrancoFolies. En concert, le musicien est à l’avant-plan, à la batterie, et il faut le voir, baguette à la main, jouant du clavier de l’autre, chantant, transporté par « Kryuchkova », point culminant de l’album, une chanson magnifique. Les rythmes propulsent la chanson, comme une marche en mouvement, celle de la révolte, celle d’un amour naissant. On constate à quel point la batterie dynamise la chanson. « Quand tu as un contrôle complet sur le rythme, une symbiose avec la voix devient possible et ça ancre quelque chose. »

Après avoir fait ses premières armes au sein de L’Étranger et de L’Ours, Bernhari est là, parmi nous, avec son rock éthéré, ses fulgurances, ses textes assujettis aux musiques. Et il y a cette voix à apprivoiser, à la fois proche et lointaine, comme celles des danseurs qui remballent leurs affaires et placotent en retirant leurs bas d’échauffement autour du pianiste aux identités multiples.

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Avant de faire cavalier seul, Alexandre Bernhari a été la pierre angulaire de deux groupes. « J’avais commencé L’Étranger seul et au fil du temps, une dizaine de musiciens se sont greffés à l’aventure. Ça se passait vraiment sur scène, j’avais le visage recouvert d’or… J’en garde un excellent souvenir! » Une partie de L’Étranger est restée et L’Ours a pris forme… Jusqu’à que ce que chacun parte de son côté. C’est là qu’Alexandre a tourné la page et que Bernhari a vu le jour. « Il y a eu comme un déclic. C’était plus fragile avant. Là je me suis ressaisi et j’ai eu conscience que quelque chose se mettait en place. Cette impression est devenue très concrète lorsque Audiogram m’a approché. »



« Sois cool. »

Cette phrase, Rich Walter aime se la répéter. «Quand ça chie, sois cool, prends les choses comme elles viennent, et tout va bien se passer», dit-il. « Jusqu’à maintenant, ça m’a toujours bien servi. »

Difficile, en effet, d’argumenter que ce n’est pas le cas. Étoile montante de la composition pour la télé et le cinéma, ses oeuvres ont été entendues au grand et au petit écran, ainsi qu’à la radio, dans des émissions de télé canadiennes au succès international telles que Cold Squad, Falcon Beach et The L Word. Il a reçu de nombreuses mises en nomination aux prix Emmy et Gemini et il est lauréat d’un prix LEO pour son travail sur la minisérie télé Ring of Fire.

« Il faut être prêt à sacrifier beaucoup si c’est le métier que vous désirez faire. »

Au début de l’hiver 2014, il planchait sur des musiques pour une nouvelle série intitulée Olympus (imaginez un croisement entre mythologie grecque et Game of Thrones) qui sera diffusée en mars sur la chaîne américaine Syfy. Il s’est également rendu à Los Angeles à l’invitation personnelle du multilauréat des Grammy et des Oscars, Hans Zimmer (The Lion King, Gladiator, The Dark Knight, 12 Years a Slave) afin de co-composer la musique du nouveau film de Neill Blomkamp (District 9, Elysium) intitulé Chappie, et mettant en vedette Hugh Jackman et Sigourney Weaver.

Avec une telle réputation hollywoodienne à la clé, pas surprenant que Walters, 46 ans, partage son temps entre L.A. et sa demeure de Vancouver, en plus d’avoir souvent eu à travailler à Londres (aux studios Abbey Road et Air, rien de moins!) ainsi qu’à Prague.

Malgré cela, il est arrivé dans le monde de la musique à l’écran  de manière plutôt indirecte. Après avoir étudié la théorie musicale et la composition à l’école qui est aujourd’hui l’Université Capilano de North Vancouver, Walters a passé de nombreuses années comme percussionniste dans des groupes de musique électronique et rock. Puis, il y a une quinzaine d’années, il s’est trouvé un boulot d’aide monteur de dialogues dans une importante boîte de postproduction de Vancouver. Une fois en poste, ce fut un jeu d’enfant pour lui de mettre son talent sur Pro Tools au profit d’une nouvelle carrière.

« J’ai commencé par me présenter en tant que monteur musique, et j’avais déjà une ligne de communication directe avec plein de gens de l’industrie », explique le compositeur. « Ainsi, ce boulot « alimentaire » a fini par devenir le point de départ de ma nouvelle carrière. »

C’est un travail exigeant – de 12 à 14 heures par jour, sept jours sur sept –, mais il ne s’en plaint pas. « J’adore ça », s’exclame-t-il. « J’ai un studio génial, je suis mon propre patron et je compose de la musique à longueur de journée! »

Alors quel est son secret?

« Il faut être prêt à sacrifier beaucoup si c’est le métier que vous désirez faire », confie-t-il. « Il faut être prêt à travailler encore plus fort que vos collègues et prêt à tout pour y arriver.» «Prenez soin de vos clients et travaillez d’arrache-pied. »

Et n’oubliez pas de rester cool.

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« Ça s’est produit quand je travaillais dans un studio de postproduction et que je voyais tous ces compositeurs défiler dans nos studios. C’est là que le déclic s’est produit: je suis formé en composition, en théorie de la musique, je joue de plusieurs instruments, et je connais les logiciels. Je me suis donc dit « si ces mecs peuvent y arriver, je peux y arriver aussi. C’est ça que je veux faire comme métier. »

Faits saillants
Éditeur
N/A
Filmographie sélectionnée Compositeur (film/télé): Olympus (2015), Ring of Fire (minisérie télé 2012), The L Word (saisons 1 & 2), Neverland (minisérie télé 2011), Falcon Beach (saison 2) Monteur musique (film): Chappie (2014), Elysium (2013), Capote (2005), Tin Man (2007), Riverworld (2010) Monteur musique (télé): Continuum (saison 1), Missing (saison 1), Cold Squad (saisons 3 & 4), The Outer Limits (saison 5)
Site Web: richwaltersmusic.com
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