Lorsque Mark Jowett, Terry McBride et leurs associés originaux ont fondé Nettwerk Productions au milieu des années 80, ils n’avaient pas de plan précis, pas de grandes aspirations.

« On s’est réunis parce qu’on voulait lancer quelques artistes », raconte Jowett. « On était des fans de Skinny Puppy et Grapes of Wrath. Nous étions vraiment inspirés par l’excellente musique qui était lancée dans les années 80 – The Cure, Joy Division –, alors nous étions heureux de simplement faire partie de cette scène musicale. Puis, sans qu’on s’y attende, tout a pris des proportions immenses et ça n’a cessé de grandir depuis. »

C’est leur entreprise qui a été une des pionnières du droit d’auteur mur à mur qui permet aux artistes de publier leur musique sur leur propre label en préservant leurs droits d’auteurs.

Ce qui a commencé comme un petit label indépendant de Vancouver est aujourd’hui un éditeur musical d’envergure internationale très respecté, en plus d’être toujours une maison de disque et une entreprise de gestion ayant des bureaux au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne.

Ce fut un long et tumultueux périple qui a offert de nombreux moments marquants. De 1997 à 1999, les tournées Lilith Fair de Sarah McLachlan, présentées sous l’égide de Nettwerk, ont engrangé 16 millions $, dont une grande partie a été versée à des organismes caritatifs pour les femmes. Nettwerk a joué un rôle crucial dans la carrière des Barenaked Ladies, et à ce jour, le groupe a vendu plus de 10 millions d’albums. Ce sont également eux qui ont lancé Avirl Lavigne à l’échelle internationale. C’est à Nettwerk que l’on doit le lancement nord-américain de Parachutes, le premier album de Coldplay après que EMI l’ait rejeté. C’est leur entreprise qui a été une des pionnières du droit d’auteur mur à mur qui permet aux artistes de publier leur musique sur leur propre label en préservant leurs droits d’auteurs tout en étant mis en marché et promues via la marque Nettwerk.

Pour souligner son 30e anniversaire, Nettwerk a invité les artistes de son écurie actuelle à fouiller dans son catalogue, et le résultat est un heureux mélange du passé et du présent intitulé From Cover To Cover : 30 Years At Nettwerk. Le label rééditera plusieurs de ses albums classiques au format vinyle, au bénéfice d’une toute nouvelle génération de mélomanes.

En 2014, Nettwerk a recueilli plus de 10 millions $ en capital de croissance qu’elle a investi dans le développement de ses artistes et l’acquisition de catalogues. Ainsi, l’entreprise a acquis les droits de Robot of the Century Music (le catalogue rock de Roadrunner) et de Maxi Records, une maison de disque américaine faisant dans le dance music sous toutes ses formes. Nettwerk One Music a également conclu une entente de partenariat avec Ten Ten Music Group de Nashville, ce qui lui ouvre toutes grandes les portes de cette ville.

« Notre but, désormais, est de maximiser ces partenariats afin de redonner vie à nos catalogues et de trouver de nouvelles utilisations pour ces chansons. Et, bien entendu, nous sommes toujours à la recherche de nouveaux talents prometteurs. Nous voulons mettre l’accent sur la qualité et, si nous réussissons, nous avons à notre disposition une solide infrastructure qui nous permet de maximiser le potentiel de ces chansons. »

L’industrie de la musique, de toute évidence, a subi de profonds changements depuis les années 80, et Nettwerk a toujours su s’adapter.

« Les ventes par téléchargement sont en baisse, les ventes d’albums sont en baisse », poursuit Jowett, « mais la diffusion en continu est en pleine explosion. La différence majeure est que le marché est un marché de simples. La majorité des gens, aujourd’hui, écoutent des chansons dans le contexte d’une liste d’écoute, pas d’un album. Il nous a donc fallu effectuer un véritable changement de paradigme pour mettre l’accent sur les listes d’écoute et comme nous assurer que nos artistes se retrouvent sur ces listes d’écoute. C’est un tout autre travail que celui de vendre des albums chez un détaillant qui a pignon sur rue. »

« Nous demeurons optimistes qu’au cours des deux ou trois prochaines années, nous aurons tous une nouvelle perspective en ce qui concerne les sources de revenus, et je dis cela principalement en tant que dirigeant de maison de disque. Le côté bandes maîtresses commence à devenir attrayant tandis que du côté de l’édition, nous devons nous battre très fort pour faire augmenter la part d’auteur et la part d’éditeur des redevances provenant de la diffusion en continu. C’est sans doute le combat le plus crucial du moment. »