L’album éponyme de Nico Paulo a été enregistré dans une cabane sur la côte sud de la Nouvelle-Écosse avec les coproducteurs Tim Baker (leader du défunt groupe Hey Rosetta !) et Joshua Van Tassel. Paru le 7 avril 2023, l’album indie-folk a reçu de nombreuses récompenses, dont celles de l’album, de l’artiste pop et de l’auteure-compositrice de l’année lors des 2023 MusicNL Awards à Terre-Neuve. Elle a fait partie du Top 20 Countdown de la CBC, a été invitée à l’émission Q de Tom Power diffusée sur la radio nationale de la CBC, et a été interviewée par le magazine britannique Uncut. Autant de réalisations impressionnantes en toutes circonstances, mais peut-être encore plus en raison du parcours professionnel unique de Paulo.
Née à Toronto, et dont la première langue est le portugais, Paulo a déménagé au Portugal à l’âge de deux ans. Elle a passé sa jeunesse à chanter dans des chorales et des groupes de reprises, et à se produire dans des festivals locaux. Graphiste de formation, elle est revenue à Toronto au début de la vingtaine, trouvant une solidarité créative au sein de la scène musicale torontoise.
« Je me suis sentie très inspirée lorsque j’ai déménagé à Toronto, pour poursuivre quelque chose d’original — avec une vision différente — qui soit toujours la mienne », dit-elle. « Des groupes d’amis présentaient des spectacles pendant quelques années. Je les ai vus s’améliorer et ça m’a influencé. J’ai commencé à me demander ce que j’avais envie de dire ».
Paulo s’est finalement installée à St. John’s, à Terre-Neuve, parce que cela lui rappelait Bombarral, sa ville natale portugaise, située à environ 70 km de Lisbonne. Outre les similitudes évidentes, comme le fait de vivre au bord de la mer, Paulo se réjouit de la population et de la topographie de St. John’s, qui contraste particulièrement avec les rues quadrillées de Toronto. « Il est stimulant de se retrouver dans un endroit où il y a des montées, des descentes et des virages », dit-elle. « Ce n’est pas une ligne droite. Ça me rappelle le Portugal ».
Paulo estime qu’elle est encore en train de trouver ses marques en tant qu’auteure-compositrice. « Je ne sais pas quel est mon style », dit-elle. « Je suis encore jeune lorsqu’il s’agit d’écrire des chansons. » En revanche, ses paroles et sa voix semblent parfaitement maîtrisées. Entonnant une mélodie à la fois nouvelle et éternelle, Now or Never s’ouvre sur la voix riche et surnaturelle de Paulo. Lorsqu’elle chante les premières paroles, « Kiss me now or never/Hold me close or let me go » (« Embrasse-moi maintenant ou jamais/Tiens-moi près de toi ou laisse-moi partir »), le timbre de sa voix est enivrant. Difficile de ne pas s’arrêter pour écouter. (Wild Mountain Thyme, ballade traditionnelle gaélique/celtique, en est un autre bon exemple.)
Dans The Master, Paulo évoque la maîtrise d’un univers émotionnel complexe au bord de l’éclatement. D’une voix franche et énergique, sur un groove puissant et une guitare électrique de qualité, Paulo implore avec vigueur : « How come you never get angry? /How come you never get sad? » (« Comment se fait-il que tu ne te fâches jamais ? /Comment se fait-il que tu ne sois jamais triste ? »).
Lorsqu’on lui demande quelle est sa chanson préférée sur l’album, Paulo hésite. Au bout d’un moment, elle confie avec enthousiasme que « Time », celle dont elle est la plus fière, d’une part parce que cette chanson a été un véritable défi. « J’avais une idée de ce qu’allait être cette chanson », dit-elle, « mais ça n’arrêtait pas de changer, parce qu’elle ne me semblait pas juste ». À l’époque, Paulo jouait dans son premier film, Proximity, un court métrage écrit et réalisé par Jamie Miller, qui a aussi réalisé des vidéoclips pour Paulo, Fortunate Ones et Tim Baker. Elle souhaitait contribuer au projet avec une chanson pour laquelle elle avait une mélodie en tête.
« J’ai utilisé un peu de cette idée, de l’intention de cette chanson pour le court métrage. C’est tellement différent maintenant quand j’écoute la première version [l’idée originale] et la seconde [l’enregistrement final] ». Plutôt que de devenir trop irrités, Paulo et son coauteur Steve Maloney ont décidé de se laisser aller et de se laisser inspirer. « Je suis fière de cela », dit-elle. « Nous n’avons pas baissé les bras. Il s’avère que c’est l’une des chansons auxquelles les gens s’identifient le plus. Nous avons simplement accepté les changements. »
Selon Paulo, être artiste nécessite d’être patient, de rester curieux et d’accepter le changement. Elle n’hésite pas à souligner l’importance de prendre soin de sa vie personnelle indépendamment de son métier d’artiste. « Il est facile de s’impliquer à 100 % dans ce processus créatif et d’oublier qu’il y a le ciel, l’océan et les routes », dit-elle. « Nous devons également prendre soin de notre esprit et de notre corps, de notre famille et des gens que nous aimons. »