Kwazii, un artiste hip-hop de Brampton, Ontario, décrit son son comme étant du « trap brut avec des mélodies soul ». Aucun doute que c’est ce qu’on entend à l’écoute de son plus récent « mixtape », I Was Perfect to Someone, mais sa musique a plus de profondeur que ça.

Le jeune homme de 21 ans bonifie sa musique d’une approche lyrique qui exprime sa vulnérabilité de manière décomplexée et son écriture aborde, parmi tant d’autres sujets, la minutie de la dynamique interpersonnelle de la Génération Z à l’aide de « flows » et de cadences mélodiques.

Kwazii, Leaving, video

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« Je parle des choses avec une certaine perspective », explique Kwazii. « J’appelle ça voir les choses à vol d’oiseau et vous verrez que ça va évoluer avec le temps. C’est une méthode d’écriture que j’utilise, je parle de quelque chose d’une manière ultra spécifique, mais avec énormément de recul. C’est juste un sommaire, une façon de donner aux gens qui écoutent les outils pour créer leur propre image mentale. »

Cette approche fertile de la création fait aussi appel à ce qu’il qualifie de « pensées étincelantes » et elle est évidente sur I Was Perfect To Someone dont les chansons cumulent plus de 1,7 million d’écoutes sur Spotify. Parmi les chansons les plus marquantes du projet, on retrouve Full Circle où l’artiste a maille à partir avec les nuances de ce qui semble être une relation toxique, tandis que l’hypnotique « Leaving » – visionnée près de 1,5 million de fois sur YouTube – affirme sans ambages sa pertinence en tant qu’artiste.

« Je sentais la pression d’être le “underdog”, le gars pas rapport que les gens voient que celui qui va faire ce genre de trucs. Je veux transmettre un vrai message à travers ma musique en plus de mes visuels super cools, des “gal dem”. Je veux livrer la vraie sauce et des vrais trucs que tu peux écouter toute la journée. »

On entend par ailleurs sur Leaving un échantillon manipulé de la chanson reggae Bitty McLean qui sert de lien direct avec son héritage culturel et génétique. Son grand-père est le légendaire musicien reggae torontois Leroy Sibbles et ce dernier a bel et bien été une inspiration pour Kwazii. Sibbles est connu comme le roi des lignes de basse reggae et le chanteur du groupe The Heptones. Il a offert une guitare à Kwazii quand il était jeune en plus de l’inviter à participer à certaines de ses séances d’enregistrement en Jamaïque. Dans le clip de la pièce Eglinton sortie avant son plus récent « mixtape », Kwazii rend hommage à l’héritage musical de son grand-père en montrant son visage sur la fresque Reggae Lane qui rend hommage aux légendes du genre à Toronto, dans le quartier d’Eglinton West – aussi connu sous le nom de « Little Jamaica » – qui est le cœur de la diaspora caribéenne de Toronto.

« Quand ils ont peint cette fresque, je me tenais là au milieu, à voir tous ces gens célébrer une histoire qui est celle de la culture jamaïcaine, je me sentais dépassé », dit-il en réfléchissant à son héritage familial. « C’est une des premières fois que j’ai compris ce qu’est un véritable héritage. J’ai grandi en regardant mon grand-père donner des spectacles depuis les coulisses. C’est seulement lorsque j’ai compris la force d’attraction de ce qu’il faisait à son âge, de ce qu’il faisait à mon âge, que j’ai enfin compris. »

Kwazii, Eglinton, video

Cliquez sur l’image pour démarrer la vidéo de la chanson Eglinton de Kwazii sur YouTube.

Les connaissances et le respect de Kwazii pour cette importance historique sont authentiques. À preuve, les clins d’œil à la légende du hip-hop torontois Maestro Fresh Wes, au Skydome et au célébrissime groupe des années 90, TLC, sur Leaving. Au fil de notre conversation, nous parlons également de son amour pour Stevie Wonder, Aretha Franklin et Lalah Hathaway et des figures historiques comme Frederick Douglass et Malcolm X. Tout ça contribue à sa sagesse qui est bien plus rgande qu’on s,y attendrait d,un jeune homme de son âge.

« On pourrait dire que ma philosophie se résume à sonder, ce qui veut dire que personne n’a une vie plus importante que celle de quelqu’un d’autre », dit Kwazii en faisant référence au néologisme tiré du Dictionnaire des Peines Obscures. « Autrement dit, tu comprends qu’à la base, on est tous motivés par des principes et une morale assez semblables. C’est comme ça que vivre ta vie de la façon la plus authentique possible t’aide à créer des choses très universelles. »

C’est ainsi que sa musique va chercher un auditoire de plus en plus grand : les gens s’y reconnaissent immédiatement. Sa croissance en tant qu’artiste – qui a fait ses débuts sous le nom de Kid Kwazii avec la parution du « mixtape » Problem Child en 2021 – est impressionnante. Aujourd’hui, il a les yeux rivés sur l’avenir et il entend bien bâtir sur les fondations qu’il a jetées pour faire de l’année 2025, SON année.

« Je pense que c’est mon année de recrue. J’ai commencé dans la “game” à la fin de l’année passée juste avant le quatrième quart », dit-il au sujet de la parution de son « mixtape », « et là on est au début d’une toute nouvelle saison et c’est le temps pour moi de continuer à “dropper” du nouveau matériel. »