C’est devenu normal, de nos jours, de s’ouvrir sur les questions de santé mentale et de se servir de l’écriture de chansons comme une forme de thérapie, et quand ces mots et ces mélodies se rendent jusqu’aux auditeurs, ces chansons peuvent contribuer à alléger leurs fardeaux ou à tout le moins à leur laisser savoir qu’ils ne sont pas seuls. L’album The Art of Falling Apart de Serena Ryder – primé aux JUNOs et inspiré par ce discours sur le mieux-être en est un bon exemple.

Et lorsqu’il est question de mieux-être, les jeunes de 15 à 24 ans sont plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé mentale que tous les autres groupes d’âge. À 22 ans, Charlie Houston en est la preuve vivante. L’auteure-compositrice ne va pas toujours bien et elle l’accepte. Depuis le lancement de son premier EP en 2021, I Hate Spring, Houston a, comme Ryder, utilisé son art pour exprimer comment on se sent quand tout s’écroule.

« La maladie mentale est plus commune de nos jours », dit-elle. « Tous les jeunes adultes mènent un combat ou un autre en ce moment. »

Le 7 octobre dernier, le nouveau bouquet de chanson de l’auteure-compositrice est arrivé et il s’intitule Bad Posture. Produit par l’artiste hip-hop Chris Yonge, un ami avec qui elle collabore fréquemment, le titre de ce projet fait référence à la façon dont sa posture change selon qu’elle se sent triste, nerveuse, anxieuse, etc. Nous avons joint la vedette pop de la génération Z sur Zoom par un après-midi de semaine afin de discuter de mieux-être, de grandes questions et de son nouveau EP.

Blottie dans un chandail en coton molletonné beaucoup trop grand pour elle, Houston est dans sa chambre d’hôtel à Sacramento, Californie, et profite d’une pause bien méritée. Elle arrive à peine de son dernier spectacle qui était à Boise, dans l’Idaho. Comme elle le fait depuis juillet dernier, elle rejoindra ODESZA sur scène ce soir afin de chanter « Wide Awake », le populaire simple sur lequel elle a collaboré avec le duo de musique électronique. Pas mal comme boulot : chanter une seule chanson par soir et avoir la chance d’apprendre en observant des artistes nommés aux Grammys.

Et tout comme elle apprend d’ODESZA, Houston apprend également de nouvelles façons de prendre le contrôle – et prendre soin – de sa santé mentale. « C’est clairement mieux qu’avant », admet-elle au sujet de son niveau d’anxiété actuel comparativement à ce qu’il était il y a quelques années. « Avant, je ne comprenais pas trop ce qui m’arrivait. Je reconnais beaucoup plus facilement ces émotions maintenant et je mets en place des stratégies afin d’éviter de me sentir comme ça. »

L’anxiété de Houston prend racine dans des questions métaphysiques – « Quel est le sens de la vie », « Pourquoi est-ce que j’existe? » – qui tourbillonnent constamment dans son cerveau. Personne ne sera surpris d’apprendre qu’en dehors de sa carrière musicale, elle est inscrite au baccalauréat en philosophie de la Queen’s University à Kingston, en Ontario.

« Je trouve ces questions très difficiles à aborder », dit-elle avant d’expliquer que Peter Singer, qui a beaucoup écrit à propos du bien-être des animaux dans notre société moderne, est un de ses philosophes préférés. « Mentalement, je me sens différente tous les jours. Il y a de bonnes journées et de mauvaises journées. Je me laisse porter par la vague, j’en profite quand je vais bien et j’attends que ça passe quand je ne me sens pas bien. »

Ce ne sont pas de minces préoccupations pour une jeune femme dans la vingtaine. Houston n’a cependant pas trop forcé la note quand vient le temps d’incorporer ses apprentissages académiques à ses chansons… pour l’instant. Il y a pensé, mais expliquer des théories complexes en chanson est plus compliqué qu’on le pense. « Peut-être qu’un jour je vais trouver les bons mots », dit-elle.

Mais est-ce que ce genre de profondes réflexions a toujours fait partie de sa personnalité? « J’ai toujours réfléchi à ces questions métaphysiques, mais j’ai eu une très mauvaise expérience avec un produit de cannabis comestible quand j’avais 19 ans et ç’a magnifié toutes ces angoisses », confie-t-elle. « Depuis ce temps-là, ces émotions ne sont jamais totalement reparties… Cette expérience a été un immense changement pour moi. »

Le plus récent simple de Houston, « What Do We Do Now », parle de la tristesse provoquée quand deux amis proches s’éloignent petit à petit au fil du temps et il laisse entrevoir un changement de direction musicale.

« C’est un son que je n’avais jamais lancé auparavant, mais j’aime beaucoup ça », poursuit-elle. « Ma musique a souvent des éléments électroniques et un côté beaucoup plus pop, mais celle-là est vraiment plus dans la veine indie rock. Je suis vraiment contente du résultat final. »

Charlie Houston donnera son premier spectacle en tant que tête d’affiche dans sa ville natale au Drake Underground le 27 octobre 2022, avant de se joindre à Charlotte Cardin, lauréate de six JUNOs en 2022, pour assurer sa première partie pendant plusieurs dates canadiennes en novembre 2022.