Quand Laura Roy a donné son premier petit spectacle à Londres en mars 2017, elle a compris que c’est là que ça devait se passer. Une fois rentrée à Toronto, où elle était installée à l’époque, elle a rassemblé ses effets personnels et est rentrée chez elle, en Nouvelle-Écosse, en voiture. Elle s’est trouvé un boulot de barmaid et a épargné tout ce qu’elle pouvait afin de pouvoir retourner en Angleterre.
« Londres m’a fait ressentir quelque chose que je n’avais jamais senti avant. L’excitation que j’ai ressentie, la musique que j’avais envie de créer… La scène musicale là-bas est incroyable! », raconte Roy. Six mois plus tard, donc, elle s’est acheté un aller simple pour Londres et elle n’a jamais regardé en arrière.
Aujourd’hui âgée de 30 ans et après cinq années passées à Londres, Roy s’est taillé une place comme étoile montante dans l’espace du R&B alternatif. Elle a deux EP à son actif, ainsi qu’un East Coast Music Award – son EP Forte (2018) a été nommé meilleur enregistrement R&B/Soul de l’année 2020 – et elle a été choriste pour les superstars de la pop Anne-Marie et Camila Cabello. Puis, l’an dernier, la rappeuse et auteure-compositrice américaine Doja Cat a utilisé une chanson coécrite par Roy avec son partenaire, le producteur Geo Jordan, et son amie, Linden Jay sur son album Planet Her, qui a depuis obtenu deux nominations aux Grammy Awards.
« C’est un peu surréaliste », dit-elle au sujet de l’invitation qu’elle a reçue pour être présente au Gala qui aura lieu en avril 2022 à Las Vegas. « Non seulement nos noms sont dans les crédits, mais elle a même gardé ma piste de voix dans la version finale. »
N’empêche, même si Londres lui permet de déployer ses ailes, son dernier EP intitulé Tides, produit avec Jordan et l’artiste nommée aux Grammy Awards Lianne La Havas, est un hommage à l’endroit où elle a grandi. Laura Roy est née et a grandi dans le village de Canning, en Nouvelle-Écosse, et quand elle était petite, elle chantait à l’unisson avec des artistes comme Carole King et James Taylor. « À partir de l’âge de 4 ans, je suis devenue une petite diva », dit-elle en riant.
C’est toutefois quand elle a commencé à étudier la guitare à l’âge de 13 ans que les choses se sont mises en place. C’est quand un professeur l’a encouragée à écrire sa première chanson que Roy a ressenti l’étincelle qu’il lui fallait. « Tout mon univers s’est ouvert à l’idée d’apprendre à jouer pour m’accompagner », dit-elle. Roy a commencé à donner des spectacles dans les cafés et à participer à des concours de talent avant de poursuivre ses études collégiales à Dartmouth.
« C’est un peu surréaliste »
À 19 ans, Roy a été invitée à participer au Gordie Sampson Songcamp où elle a appris à collaborer avec d’autres à la création de chansons. « Ç’a été toute une révélation pour moi », se souvient-elle. Néanmoins, après quatre années consécutives à participer à l’événement, Roy admet qu’elle commençait à trouver sa province « un peu trop petite ». Elle a décampé à Toronto et de là, grâce à l’Association des auteurs-compositeurs canadiens, elle a participé à des camps de création un peu partout au pays ainsi qu’à New York et Nashville.
Bien qu’elle ait tendance à se laisser guider par les mélodies lorsqu’elle écrit sa propre musique, en « freestylant » jusqu’à ce qu’elle tombe sur une pépite qu’elle peut transformer en chanson, Roy aime aussi le défi de la coécriture.
« Je pense qu’il s’agit surtout d’entrer en contact avec l’autre personne et de voir dans quel espace elle se trouve, ce qui l’a façonnée et ce qu’elle veut créer », dit-elle. « Quand t’as la chance d’avoir une bonne séance avec quelqu’un et que tu connectes avec cette personne, c’est comme regarder dans son âme, c’est vraiment merveilleux. »
Roy gère sa propre carrière et elle continue à se pousser et à essayer de nouvelles avenues. Ainsi, récemment, elle s’est concentrée sur la production et elle réalise ses clips. Elle se dit très fière de ce qu’elle est parvenue à accomplir seule.
Consciente qu’elle ne restera pas à Londres toute sa vie, elle en profite quand même à fond et s’est fixé l’objectif de réévaluer ses plans dans quelques années. Elle est même ouverte à l’idée de retourner en Nouvelle-Écosse pour retrouver la mer au bord de laquelle elle a grandi.
« Je pense que mon rêve serait de m’acheter une belle maison sur la plage et d’y construire mon propre studio », dit-elle en riant. « J’aimerais produire et écrire pour d’autres artistes. »
Mais pour l’heure, Laura Roy affirme qu’elle va continuer de suivre son instinct. « J’ai juste envie de parcourir le monde », dit-elle avec entrain. « Je veux voyager et donner des spectacles et continuer de créer de la musique qui m’allume. »