Avez-vous déjà recherché les paroles d’une chanson en ligne? Des millions d’autres personnes l’ont fait, mais une seule entreprise – avec toute la détermination de son fondateur – a imaginé un moyen d’obtenir de l’argent pour le redonner aux auteurs de ces paroles.

La route a été ardue pour que LyricFind obtienne sa légitimité, mais désormais, en sa 10e année d’activité, ce service de licence établi à Toronto y est parvenu. Le point tournant est survenu l’an dernier lorsque LyricFind a fait l’acquisition de son principal rival, Gracenotes. Depuis, sa croissance est devenue exponentielle et LyricFind est à présent sans contredit le chef de file mondial des licences sur les paroles de chansons en ligne et peut se vanter d’avoir conclu des contrats avec plus de 3 000 éditeurs de musique.

« Nous payons trois fois plus maintenant que nous le faisions il y a un an et demi, » affirme Darryl Ballantyne, cofondateur de LyricFind.

« Les sites Web de paroles de chansons vendaient des tonnes de publicités mais ne payaient aucune redevance. »

« Nous avons monétisé une industrie qui était complètement illégale, » ajoute-t-il fièrement. « Les seuls qui faisaient de l’argent étaient les sites Web de paroles de chansons qui vendaient des tonnes de publicités mais ne payaient aucune redevance. C’est ce qui a facilité la conclusion des premiers contrats, parce qu’ils permettaient de trouver de l’argent pour les éditeurs de musique. » L’affichage de paroles de chansons en ligne favorise aussi des découvertes et des ventes de musique, ce qui fait plus d’argent pour les artistes et auteurs-compositeurs.

Bien que située à Toronto, LyricFind est clairement tournée vers les États-Unis et ce, depuis le début ou presque. Ses redevances nord-américaines sont distribuées par le biais de l’Agence Harry Fox, et l’un de ses plus grands défenseurs a été l’Association nationale des éditeurs de musique (des États-Unis), qui a poursuivi en justice le site de paroles LiveUniverse en 2012, remportant une entente de quelque 6,6 millions de dollars.

LyricFind dispose désormais d’accords avec les sociétés de droits de reproduction et de droits d’exécution dans 30 territoires à travers le monde.

« Alors que nous prenons de l’expansion dans le monde,  nous faisons de plus en plus affaires avec les sociétés, affirme Darryl Ballantyne. En ce qui nous concerne, il importe peu qu’il s’agisse d’une société de droits de reproduction mécanique ou de droits d’exécution, ce qui compte, c’est le lien entre les éditeurs et la capacité de la société de nous fournir des données exactes sur la répartition des parts de propriété. »

LyricFind émet des licences à un vaste éventail d’utilisateurs de paroles de musique – sites Web, services de téléchargement de musique, fabricants de téléphones mobiles, etc. La société négocie ses taux individuels de redevances selon le modèle de revenu de l’entreprise utilisatrice, soit un pourcentage de ses revenus publicitaires ou des droits par unité d’appareils vendus.

« Nous réunissons toutes ces données à partir des différents modèles de revenus et nous aboutissons à une moyenne que nous versons aux éditeurs, soit environ un dixième de cent par affichage, » explique Darryl Ballantyne. Ces petits micro-paiements s’additionnent.

« Notre entreprise est grandement stimulée par les chansons à succès, explique Darryl Ballantyne, et donc les principaux éditeurs reçoivent des montants appréciables  de notre part chaque trimestre. »

Darryl Ballantyne a fondé LyricFind en 2004 avec ses associés Mohamed Moutadayne et Chris Brock, rencontrés lorsqu’il était étudiant à l’Université de Waterloo. « À présent, c’est très amusant, mais au début on a travaillé très dur, se rappelle M. Ballantyne. « On a dû profiter de nos parents et de nos ex-petites amies… ç’a été de longues heures de travail pour très peu d’argent. Mais nous avons toujours cru qu’il y avait là un marché et finalement ça s’est avéré juste. »



Ses parents avaient déménagé au milieu de nulle part pour s’assurer qu’elle, ses sœurs et son frère ne feraient pas de bêtises. Mais même transplantée au cœur des plaines manitobaines, dans le petit village rural d’Aubigny, marijosée (sans majuscule) n’avait rien perdu de la fougue de ses cinq ans. En cachette, elle remplissait son sac à dos de nourriture, la première étape de son plan d’évasion. Puis elle franchissait la porte d’entrée pour s’engager dans le chemin privé menant à la route. « Mais je finissais toujours par faire demi-tour avant même de me rendre à la rue tellement c’était loin, » se souvient la musicienne qui vient de faire paraître son premier album complet, Pas tout cuit dans l’bec.

La musique est arrivée dans sa vie à la même époque. Franco-manitobains, ses parents trainaient la marmaille à la messe tous les dimanches. « Mon père chantait dans la chorale de l’église. Sa voix était tellement forte qu’il enterrait tout le monde, c’était presque gênant. Il a fini par m’inscrire dans la chorale à mon tour. Mes parents tenaient à ce qu’on chante en français. Lors des longs trajets en voiture, ils nous forçaient à traduire nos chansons anglophones préférées. C’est comme ça que “Lean On Me” de Bill Withers est devenue “Penche-toi sur moi”!» La démarche a porté fruit. Perceptible en entrevue, l’accent anglophone de marijosée est quasi impossible à déceler sur disque, comme si elle avait assimilé sans trop s’en rendre compte toute la musicalité de la langue française.

« À chaque deux ans, je changeais de concentration. J’ai donc étudié le chant classique, pop, jazz et même country. »

Puis ce fut les traditionnelles leçons de piano. Avant chaque cours, l’adolescente devait coller sa gomme usagée sur le dessus de son piano parce que son professeur refusait qu’elle mâchouille en pianotant. Après avoir accumulé une collection impressionnante de petites boules multicolores, elle s’est tournée vers le chant, mais suivant toujours une démarche atypique. « À chaque deux ans, je changeais de concentration. J’ai donc étudié le chant classique, pop, jazz et même country. Ça me donnait de nouvelles idées et de nouvelles techniques dans lesquelles piger pour trouver ma propre voix. Mais au final, je crois que c’est le chant jazz qui m’a le plus marquée. Il y a une liberté dans ce style qui me plaît énormément, parce que je peux improviser ou changer de rythme subitement. Disons que ça cadre bien avec ma personnalité limite TDA. »

Les influences jazz sont d’ailleurs bien présentes sur Pas tout cuit dans l’bec, un album qui diffère des influences plus électro entendues sur Rebondir, le premier maxi de marijosée, paru en 2011. Cette fois, son chant imprévisible ou très chaleureux témoigne bien de son amour pour le jazz, tout comme les lignes de contrebasse et la nervosité des percussions omniprésentes sur l’album.

« C’est l’autre grand coup de cœur de ma carrière. Lorsque j’ai abandonné les leçons de chant pour des cours de percussion, ma voix et mon phrasé ont changé. Je me suis mise à avoir plus de rythme dans mon chant, à couper davantage les mots, à jouer avec les sonorités, » explique celle qui compose même ses mélodies vocales à partir de rythmes qu’elle tape sur n’importe quel objet qui lui tombe sous la main. « J’ai composé la pièce titre de l’album à partir d’un beat qui me faisait de l’effet. La chanson raconte comment ma famille m’a surtout transmis l’envie de manger plutôt que celui de faire carrière en musique. »

« Pas tout cuit dans l’bec » n’est pas la seule chanson abordant son métier d’auteure-compositrice-interprète. « Promesse de la fontaine » répond à tous ceux qui lui ont conseillé de déménager au Québec pour donner plus de chance à sa carrière. « C’est pas que je refuse de quitter le Manitoba. Parce que dans un sens, c’est vrai qu’il manque d’outils ici. On a beau recevoir des subventions, je n’ai pas de maison de disques ou d’équipe de gérance à ma disposition. Mais en même temps, je ne veux pas partir pour simplement tenter ma chance au Québec. Si on m’offre quelque chose de concret, je pourrais faire le saut, mais aller à Montréal pour me croiser les doigts et m’installer avec mon chapeau et ma guitare au coin de rue… ça ne m’intéresse pas. »

Et si la majorité des autres chansons du disque font état des rapports complexes entre marijosée et les hommes, c’est qu’elle estime n’avoir rencontré que des « cons » depuis sa rupture avec son ancien mari. Mais ça, c’est une autre histoire. « Vous saurez à la sortie de mon deuxième album si j’ai finalement rencontré le bon gars, » blague la musicienne qui, d’ici là, défendra ses chansons un peu partout à travers le Canada et même en Europe, où elle jouera cet été en France et en Suisse.



Lauréate du Festival en chanson de Petite-Vallée en 2003, la comédienne et chanteuse Viviane Audet propose trois ans plus tard un premier album, Le long jeu. Astiqué, bourré d’envolées grandiloquentes, l’opus présente l’univers musical d’une jeune femme au talent certain, mais dont la personnalité reste quelque peu camouflée. C’est avec Le couloir des ouragans, paru en février dernier, que la dame affiche enfin son véritable visage. L’auteure-compositrice-interprète met de l’avant une folk-pop toute en délicatesse, portée par une voix fragile et une interprétation plus ténue, moins théâtrale. Le ton est celui de la confidence sur Le couloir des ouragans, album de séparation en demi-teintes, à la fois sensible et lumineux, qui caresse les tympans.

En jetant un œil furtif à la photo de pochette, un mot unique vient à l’esprit : fuite. « Ce n’est pas un hasard parce j’ai souhaité une rupture d’avec le premier album. Être dans la suggestion plutôt que dans l’expressivité. J’ai chanté mon premier album comme si c’était mon dernier. J’ai tout donné! Bori m’avait dit : “C’est étrange parce qu’on a beau écouter tes chansons, on ne te connaît pas. Il y a un voile devant tes chansons.” Je ne l’avais pas très bien pris et je ne comprenais pas vraiment ce qu’il voulait dire.

« Puis, j’ai eu 30 ans et j’ai enlevé mon masque de comédienne pour ce disque qui se veut plus personnel, en retenue. Lors de mes dernières années de travail au cinéma et à la télé, les réalisateurs me disaient “mets-en moins, on va aller chercher tes yeux, ton expression” et ça a probablement déteint sur moi également, » raconte la jeune femme de 32 ans, gaspésienne d’origine.

« La création est vraiment un moment très intime. Ce n’est vraiment pas quelque chose que je peux partager avec quelqu’un d’autre. »

Si l’attente fut longue (presque huit ans) avant de mettre la main sur l’opus, c’est que le pan « business » s’est écroulé après la sortie du Long jeu. Ainsi, la dame fut obligée de changer de maison de disques et de spectacles. Forcée de se rebâtir un répertoire et une équipe, Viviane va de l’avant. « J’ai suivi des cours de chant et je me suis collée à des projets qui ont fait en sorte que je me suis transformée en tant que musicienne. Comme écrire la musique du film Camion de Rafaël Ouellet (avec son amoureux Robin-Joël Cool et Erik West-Millette). J’ai vraiment ouvert mes horizons et je me suis sortie de mes influences très présentes. Je me suis intéressée à la chanson folk dans son essence la plus pure. Aller chercher une pureté dans les arrangements, c’est ce que je voulais. Ce serait mentir de dire que ce fut facile d’accoucher de ce nouveau disque, mais je suis contente d’avoir tenu bon car c’est mon projet artistique dont je suis le plus fier, » avoue la multi-instrumentiste.

Et avec raison. C’est que Viviane a eu le bon goût de s’entourer de gens de talent pour cette aventure. D’abord, une poignée de collaborateurs de choix pour les textes (la poétesse acadienne Georgette LeBlanc et les auteurs Baptiste et Émile Proulx). Puis, elle a recruté Philippe Brault (Pierre Lapointe) qui signe une réalisation efficace, habitée par des arrangements à la fois discrets et soignés mettant en relief ses chansons aériennes. Chansons qu’elle construit de manière particulière. « L’écriture est un processus beaucoup plus souffrant que la composition qui est le bonbon. J’aime être seule chez moi, le matin. J’ai l’impression de sortir du sommeil. Je ne suis pas contaminée par quoi que ce soit. C’est la feuille blanche. Je dépose mes mains sur le piano, j’appuie sur la touche record de mon iPhone et je décolle. Je tente alors de trouver un thème. Je suis très pudique. Je suis incapable de travailler s’il y a quelqu’un à côté de moi ou dans la même pièce. La création est vraiment un moment très intime. Ce n’est vraiment pas quelque chose que je peux partager avec quelqu’un d’autre. »

Après un moment de silence, elle poursuit : « J’ai le syndrome de trouver mauvais presque tout ce que j’écris. Puis, deux mois plus tard, je ressors le texte et je le trouve pas si pire! Je ne jette jamais ce que j’écris parce que je sais que j’aurai un autre regard. J’ai vraiment une relation amour-haine avec l’écriture. Un problème de distanciation. Voilà pourquoi j’aime m’entourer d’auteurs. Ça me permet de respirer un peu. De plus, j’aime travailler en équipe, » précise-t-elle.

Patrice Desbiens, Thomas Fersen, Barbara, Chloé Ste-Marie, Gilles Bélanger, Yann Perreau, Juliette Gréco, Bruce Springsteen, Bob Dylan, Simon & Garfunkel, autant de noms qui surgissent lorsqu’on demande à Viviane ce qui l’a marquée musicalement. « Mais il ne faut pas non plus oublier Richard Desjardins qui a une incroyable poésie du quotidien. On retrouve souvent quatre dimensions à ses textes. Je m’inspire de ce type d’écriture. »

En plus d’avoir composé la musique du prochain film de Rafaël Ouellet (Gurov et Anna) en compagnie de son partenaire Robin-Joël Cool, Viviane effectuera la première partie des spectacles de Louis-Jean Cormier ainsi que de celui d’Isabelle Boulay lors de la prochaine édition des FrancoFolies. Puis, une rentrée montréalaise officielle est prévue cet automne. Période où l’on sera aussi en mesure d’entendre le premier EP de son projet folk anglophone Mentana (avec Cool). « Je me vois d’abord comme une communicatrice. Que ce soit à travers une chanson, un personnage, une histoire, une émotion. J’ai besoin de communiquer par la voix. Être sur une scène. Et tout ça découle de mon enfance. Aujourd’hui, je m’assume, j’aime me mettre en scène peu importe le projet et j’ai envie de faire ça encore longtemps. »