Beaucoup d’efforts, un peu de chance et un profond désir de faire à sa tête. Voilà la recette du succès d’Hollerado, projet né d’une amitié de jeunesse entre musiciens ayant grandi dans la petite municipalité de Manotick en Ontario. « On a beaucoup travaillé. Lorsque nous sommes déménagés à Montréal, nous avons décidé de ne donner aucun spectacle pendant un an. Lorsqu’on ne travaillait pas à nos emplois respectifs, on pratiquait. On finissait par jouer toutes les nuits jusqu’à quatre heures du matin. Quand le temps du premier spectacle est arrivé, sans dire qu’on étaient très bons, on savait ce que faisait, » relate le chanteur et guitariste Menno Versteeg.
C’est ainsi que la formation rock s’est mise à enchaîner les représentations, faisant rapidement sa marque sur la florissante scène montréalaise. Puis en 2009 est survenu un événement très marquant : Hollerado touchait un magot de 250 000$ en remportant un concours organisé par la station de radio Live 88,5 à Ottawa. Cette victoire lui a donné les ressources nécessaires pour produire lui-même son premier album, Record In a Bag. « Beaucoup de maisons de disques voulaient sortir notre album. Nous étions proche de signer un contrat avant le concours. Mais la seule chose qu’une étiquette fait, c’est de donner de l’argent pour produire l’album, et en retour elle demande un grande part des ventes. Donc quand on a entendu parler du concours, on voulait gagner. Avec cet argent, on a pu sortir l’album par nos propres moyens, selon nos termes, puis on a eu une entente de distribution avec Arts & Crafts, » relate Versteeg.
Parmi les termes auxquels le groupe tenait, on retrouvait le concept même de la pochette. Son idée de Record In A Bag était bien arrêtée. Le disque devait se présenter dans un sac de type ziploc, avec à l’intérieur de sympathiques petits extras. « Quand on parlait avec les autres maisons de disques, elles n’aimaient pas l’idée du sac. Elles pensaient peut-être juste l’offrir dans les magasins indépendants, mais pas dans les grandes chaînes. Avec notre propre étiquette et Arts & Crafts, ce fut possible. Nous avons d’ailleurs nous-mêmes assemblé les pochettes de la première série d’albums. Mais à un moment, on a réalisé qu’on ne pouvait pas continuer à faire ça, » raconte-t-il.
Esprit de partage
Aujourd’hui, ce sont tous les membres du quatuor, Versteeg, les frères Jake (batteur) et Nixon Boyd (guitariste) ainsi que Dean Baxter (bassiste), qui récoltent les dividendes de cet effort collectif. Parce que Record In A Bag est réellement issu d’une implication créatrice commune. « Tout le monde dans le groupe reçoit toujours un crédit pour l’écriture et la composition. Notre façon de procéder est différente d’une chanson à l’autre. Même si l’inspiration vient parfois rapidement, écrire une chanson peut représenter beaucoup de travail. Parfois, cela prend trois mois. On se doit de récompenser les personnes qui y ont contribué. Donc pour chaque composition, chacun reçoit un pourcentage de base et le reste est divisé de façon différente selon la chanson.
« Parfois, ça peut même être quelqu’un qui n’est pas membre du groupe qui reçoit une part. Par exemple, mon père a vu les paroles d’une chanson de Record In A Bag et a fait un commentaire sur une ligne. Nous avons apporté la modification et il a eu 2% des parts. Il est maintenant membre de la SOCAN et en un an, il a reçu 14 cents, je pense! » plaisante Versteeg.
Trouver l’inspiration
Hollerado a bien l’intention de garder le cap pour son prochain enregistrement. D’ailleurs, le processus d’enregistrement est bien enclenché. « C’est notre priorité pour l’été. J’ai lancé mon iPhone à la poubelle et mon ordinateur sert uniquement à regarder des groupes inspirants sur YouTube! Je me cherche aussi un job présentement. Ça fait deux ans que je n’ai pas eu de travail et que je n’ai pas pu me fâcher contre un patron. Je veux donc faire un travail que je n’aime pas pour écrire de meilleurs textes. Je pense travailler dans un bar ou donner des leçons de guitare, », affirme le meneur du quatuor récemment nommé aux Junos dans la catégorie Meilleur nouveau groupe.
Et question de se consacrer totalement à la composition, le Hollerado a décidé de mettre un frein à sa tournée. Étonnant pour des musiciens réputés pour enfiler les représentations à un rythme effréné. « Nous avons dit à notre booker de ne plus nous donner de spectacles. Et quand on disait plus de spectacles, cela signifiait rien, rien, rien. Finalement, nous avons cinq ou six shows de bookés! » lance Versteeg. Comme quoi il est difficile de résister à l’appel de la scène.