Peu de gens seraient en désaccord avec le fait que le trombone n’est pas l’instrument de musique le plus populaire, que le jazz n’est pas le genre musical le plus vendeur et qu’Edmonton n’est certes pas le plus important marché musical au monde.

Mais alors, comment expliquer que la tromboniste jazz edmontonienne Audrey Ochoa soit parvenue à se bâtir une carrière florissante ?

« En jouant dans tous les styles possibles avec le plus de musiciens différents dans le plus de situations différentes », explique la principale intéressée qui, le 5 mai 2017, a lancé son deuxième album intitulé Afterthought, un opus de jazz contemporain aux accents latins et funk. « Je dis “oui” aussi souvent que je peux, et je prends plaisir à répondre aux demandes étranges comme porter un costume, chanter les chœurs, danser, sauter, et tout le toutim, et même jouer du sousaphone dans un cabaret annuel. »

« Je tente de normaliser le trombone dans toutes les situations. Ça veut dire, par exemple, jouer du trombone rythmique dans un quatuor de blues où je joue le rôle de l’harmonica, ou encore jouer en utilisant des pédales d’effets et de “loops” lorsque je joue avec des groupes hip-hop ou de musique électronique, et, par-dessus tout, que je tente de respecter le fait que chaque genre musical a son propre langage et ses propres conventions. Mais je prends soin de toujours faire passer la musique à avant moi. »

« Je tente de normaliser le trombone dans toutes les situations. »

Ochoa est une présence incontournable de la scène jazz canadienne et une puissante tromboniste. Comme bien des musiciens jazz, Ochoa est diplômée en musique de l’Université de l’Alberta. Comme très peu de musiciens, elle a joué avec The Temptations, Dan Aykroyd, Carol Welsman, Hilario Duran et plusieurs autres à titre de tromboniste sur appel pour tous les artistes qui sont de passage à Edmonton.

Fait plutôt rare également, Afterthought ne contient aucune reprise, que des compositions originales. « J’aime composer », avoue Ochoa. « De toute façon, toutes mes pièces sont dérivées des classiques du genre. Le médium jazz est fondé majoritairement sur le langage de l’improvisation, alors pourquoi ne pas explorer cette impro dans le cadre de mes propres compositions ? »

Alors quel est son processus de composition ? « Pour cet album, j’ai écrit la majorité des chansons à la guitare et ma voix pour ensuite peaufiner chacune d’elles sur [l’appli de notation de musique] Finale », explique-t-elle. « J’écris toujours seule, et j’enregistre souvent mes idées de mélodies en les chantant dans mon téléphone pendant que je conduis, et par la suite, j’y ajoute des “grooves” et d’autres éléments individuels. Ça commence toujours par une mélodie. Au stade final, je me fie toujours à l’incroyable talent de mes musiciens Mike Lent et Sandro Dominelli afin qu’ils apportent leur touche personnelle à leurs sections. C’est du jazz, après tout ! »

Fidèle à son éclectisme et à son ouverture d’esprit musicale, Afterthought inclut deux remixes par son compatriote edmontonien DJ Battery Poacher (alias Dallas Budd). « C’est lui qui a réalisé et enregistré l’album de mon amie auteure-compositrice-interprète Amber Suchy », explique Ochoa. « Elle m’a fait écouter certaines de ses œuvres électroniques, un jour, et j’ai tellement aimé ses trucs dès la première écoute que j’ai demandé ses coordonnées pour communiquer avec lui et je lui ai tout de suite envoyé un texto. JE lui ai demandé s’il accepterait de collaborer avec moi sur quelques pièces et il a accepté sur-le-champ. Il sera sur scène au lancement de l’album à Edmonton et j’espère pouvoir partager la scène avec lui de nouveau. »