Justin Gray mène depuis 25 ans une carrière d’auteur-compositeur professionnel qui a  produit un catalogue personnel de quelque 1500 chansons. Il a travaillé avec John Legend, Luis Fonsi, Mariah Carey et Joss Stone, et ses chansons ont été utilisées dans des films comme Sisters, The Lego Ninjago Movie et Oz The Great and Powerful ainsi que dans des émissions de télévision comme Hawaii Five-0 et Hannah Montana. Mais il a fini par être « complètement consterné » de constater le manque d’organisation des auteurs-compositeurs – « moi-même compris », s’empresse-t-il d’admettre.

Gray avait un problème personnel qu’il tenait à régler : comment téléverser et faire une recherche rapide sur ses chansons dans une base de données, de préférence à partir de son téléphone intelligent, afin de pouvoir faire une présentation concernant une chanson à utiliser dans un médium quelconque ? Et comment pourrait-il savoir si ses co-auteurs l’avaient déjà proposée, et à qui ?

« La communication est presque inexistante entre les co-auteurs une fois l’œuvre terminée, et on perd vite la trace de leurs relations avec leurs gérants, leurs éditeurs. C’est devenu très frustrant pour moi, le fait de ne pas pouvoir organiser ces données », avoue Gray.

MDIIO logo

Pour régler ce problème pour lui-même et pour ses pairs, ce Canadien basé à Los Angeles a décidé de lancer un service appelé MDIIO par l’intermédiaire de son entreprise, Songistry. Il s’agit d’une « manière plus facile » pour la communauté des auteurs-compositeurs de collaborer, réseauter, faire des présentations et monétiser la musique », affirme le site Web de MDIIO.

L’utilisateur peut incorporer l’enregistrement de chaque chanson à l’aide de jusqu’à 90 points de métadonnées, incluant paroles, coordonnées de collaborateurs, organisations de droits d’exécution, propriétaires de copies maîtresses, beats par minute, musiciens et ainsi de suite, ce qui améliore l’exactitude – et le paiement. Gray avait un jour été notifié par la SOCAN que des douzaines de ses chansons avaient été téléversées avec le mauvais numéro IP (propriété intellectuelle).

« Nous essayons de nettoyer le processus de la gestion des données sur les chansons tout en reliant une communauté d’envergure planétaire, parce qu’il s’agit d’une collaboration », explique Gray, fondateur et président de Songistry, l’entreprise qui a développé MDIIO. « Si nous pouvons en plus aider les gens à découvrir des opportunités, ce sera génial aussi. »

Ces opportunités sont nombreuses : un utilisateur peut afficher un projet dans la communauté de MDIIO, privément ou publiquement, et le personnaliser. Par exemple, il ou elle peut rechercher de la musique instrumentale pour un documentaire; chercher des auteurs-compositeurs quatre ou cinq étoiles pour leur demander de soumettre des chansons; afficher le montant du cachet; et même délivrer une licence musicale à même l’application. « Nous faisons l’ensemble des transactions à l’intérieur de l’application, donc pour l’utilisateur qui vous accorde une licence à l’égard d’une chanson, pas besoin de recourir à un avocat, et vous n’avez pas à payer de frais d’agence par-dessus le marché », explique Gray.

Songistry est entré en service en 2013 sous la direction de Gray, qui s’est ensuite adjoint l’expert en technologie albertain Curtis Serna, qui provenait du secteur de l’énergie et du gaz, à titre  de président et de directeur général, puis le concept s’est développé. Le nouveau service MDIIO est l’acronyme de Music Data Information In and Out. Gray espère qu’il deviendra populaire et que les utilisateurs parleront un jour de MDIIO comme d’un service allant autant de soi que Google ou Shazam.

« L’objectif numéro un de MDIIO est d’aider l’ensemble des musiciens à créer des opportunités et des réseaux viables qui les aideront à vraiment propulser leur carrière. » – Justin Gray, de Songistry

MDIIO peut être utile à tous les auteurs-compositeurs, ajoute-t-il, qu’ils soient prolifiques ou pas, accomplis ou non, et le service est offert avec un code d’activation (SOCAN6FORFREE) complètement gratuit au membres de la SOCAN pour six mois.

« Peu importe que vous ayez écrit 10 chansons, 1000 chansons ou aucune », précise Gray. « Ça fonctionne à tellement de niveaux. Nous nous efforçons d’établir un lien entre les chansons que vous avez écrites et les possibilités qui pourraient se présenter. Il pourrait s’agir de l’utilisation d’une chanson dans une émission de télévision ou de son adoption par tel ou tel artiste. Peut-être que vous habitez sur une ferme en Saskatchewan et que vous créez de la musique, mais qu’il y a quelqu’un qui écrit des paroles en espagnol à Majorque. Nous cherchons réellement à encourager la collaboration à l’échelle planétaire et à jeter des ponts.

« Bien entendu, si vous vous engagez dans des collaborations à l’aide de l’outil de connexion qu’est MDIIO, avec un peu de chance, nous pourrons éventuellement vous aider à monétiser votre relation, donc il s’agit réellement d’une question de création.

« Je préfère éviter le terme de ‘réseau social’ puisque ce n’est pas de ça qu’il s’agit. Ce que [nous faisons], c’est de créer une communauté planétaire où les gens sont connectés aux gens et où les chansons sont connectées aux opportunités. Et pas seulement les auteurs-compositeurs. La plateforme est conçue pour attirer les superviseurs musicaux, pour qui elle présente de nombreux avantages. Plusieurs éditeurs musicaux et maisons de disques l’utilisent déjà eux aussi. »

Songistry logo

Durant son prélancement sous le nom de Songistry au cours des quatre dernières années, le service a acquis 1500 utilisateurs durant la phase bêta, et la moitié de ceux-ci sont devenus des utilisateurs de MDIIO, explique Gray. « Nous n’avions rien fait pour valoriser la marque », précise-t-il, « ni aucun effort de commercialisation. Nous tenions vraiment à prendre le temps de nous assurer que ça fonctionnait. Ces premiers utilisateurs étaient des utilisateurs fondateurs, des utilisateurs patrimoniaux, un bon point de départ pour notre expansion, à nos yeux. »

 « Si vous êtes en séance d’écriture avec deux autres auteurs-compositeurs et qu’un d’entre eux utilise MDIIO, ça, c’est le meilleur genre de commercialisation que nous puissions avoir parce que ça permet à des utilisateurs potentiels d’échanger directement avec des créateurs qui font déjà partie de notre communauté », explique Gray.

« Nous aimons utiliser le mot ‘communauté’ parce que c’est vraiment de ça qu’il s’agit. Nous [auteurs-compositeurs] pouvons déjà utiliser Facebook, LinkedIn et SoundCloud pour arriver plus ou moins au même résultat, mais nous préférions pouvoir passer par une application très cohésive et très robuste qui soit à la fois agréable et conviviale. Ça produit un niveau de communication plus profond entre les collaborateurs tout en multipliant les opportunités. »

Les revenus de MDIIO proviennent des abonnements – lesquels procurent aux utilisateurs encore plus d’occasions de réseauter et de téléverser encore plus de chansons, par exemple – et des commissions que touche le service lorsqu’il contribue à une nouvelle utilisation d’œuvre.

« Je tenais à m’assurer que les pourcentages que nous percevons soient inférieurs à ceux qui sont exigés dans le vrai monde », explique Gray. « Par exemple, il existe ici aux États-Unis et partout dans le monde des compagnies qui exigent des frais de jusqu’à 50 pour cent pour le placement d’une chanson. C’est une absurdité, donc on voulait faire en sorte que ce pourcentage soit réduit à aussi peu que 20 pour cent.

« Donc si quelqu’un paie un abonnement et qu’il obtient un placement de chanson, ça tombe à 20 pour cent, une fois. Nous offrons également une aide temporaire comme éditeur à quelqu’un qui est en train de changer d’éditeur et qui a besoin d’aide pour l’administration de ses droits d’auteur entre-temps. Le pourcentage tombe alors à 10 pour cent.

« C’est sûr que nous aimerions mieux agir en philanthropes dans ce domaine, mais nous avons des dépenses nous aussi », observe Gray. « Nous croyons que c’est le moins que nous puissions faire pour construire notre plateforme et l’aider à prendre de l’expansion… Nous pouvons offrir ce genre de contrat de services administratifs récurrents, donc si un auteur-compositeur veut que nous administrions ses droits d’auteur, on peut le faire, et 30 ou 60 jours plus tard – ou dès qu’il souhaitera mettre fin à son contrat avec nous parce qu’il aura trouvé un autre éditeur – il n’aura qu’à nous prévenir et ses droits lui seront rendus.

« Nous tenons à être complètement transparents. Nous voulons réellement aider les auteurs-compositeurs. Notre objectif numéro un est d’aider l’ensemble des musiciens à créer des opportunités et des réseaux viables qui les aideront à vraiment propulser leur carrière. Auteurs-compositeurs, artistes, gérants, étiquettes, éditeurs, superviseurs musicaux, n’importe qui. Il y en a trop, surtout des auteurs-compositeurs, qui éprouvent un sentiment d’impuissance une fois qu’ils ont terminé leurs enregistrements. ‘Qu’est-ce qui se passe maintenant?’ est une phrase que j’entends tous les jours. MDIIO comblera le vide pour tous. »