27 mai 2023. La date où Cameron Whitcomb a entrepris son chemin vers la sobriété n’est jamais bien loin dans son esprit. Le chemin vers la guérison d’une dépendance n’est jamais facile et éviter les drogues et l’alcool demande beaucoup d’efforts. Les rechutes font partie du processus, mais c’est important de ne pas les laisser nous distraire de notre désir de sobriété.

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« Mon meilleur ami a fait une surdose puis a décidé de devenir sobre et j’ai vu sa vie changer », raconte l’auteur-compositeur-interprète originaire de Peace River, en Alberta, en faisant référence au moment où lui aussi a atteint le fond de son baril. « Ç’a été le moment charnière pour moi. » Avec la sobriété viennent des idées claires et, dans le cas de Whitcomb, l’inspiration pour écrire des chansons magistrales comme la pièce-titre de son EP de cinq chansons paru en 2024 dont le refrain est aussi accrocheur que marquant :
The hardest part of getting clean are all the damn apologies
Paying tolls on bridges that I’ve burnt
I’ve been afraid of growing up ’cause that would mean to sober up
But stoned and drunk don’t mix with loving her
Does that make me a quitter?
(librement :
Le plus dur quand tu deviens sobre, c’est toutes ces foutues excuses
Avoir à payer pour renouer un lien que j’ai coupé
J’avais peur de grandir parce que ça voudrait dire d’être sobre
Mais gelé et saoul ça ne fait pas bon ménage avec mon amour pour elle
Est-ce que ça fait de moi un lâcheur?)
Quitter a fait ses débuts à la 96e place du Canadian Hot 100 de Billboard en octobre 2024 et au moment d’écrire ces lignes, la chanson a passé 11 semaines au palmarès et à grimpé jusqu’à la 55e position. Ce ver d’oreille a permis au musicien de cumuler, jusqu’à maintenant, 37 millions d’écoutes sur Spotify. L’une des clés de son succès est sa présence active et engageante sur les réseaux sociaux : Whitcomb compte 23,9 millions de « j’aime » sur TikTok et a plus de 824 millions d’abonnés sur Instagram.
Nous avons discuté avec l’auteur-compositeur lors d’une fin d’après-midi en janvier 2025. Il se ressourçait dans un chalet en bois rond situé sur la ferme de son gérant en Colombie-Britannique. C’est exactement là qu’il a commencé sa sobriété. L’artiste de 21 ans souffre clairement de décalage horaire : Whitcomb venait d’atterrir, ce jour-là, d’un vol en provenance de France après une tournée promotionnelle à Stockholm, Oslo, Helsinki, Amsterdam et Paris.
Après une nuit de sommeil, un arrêt était prévu à Vancouver pour acheter une montre de luxe qu’il convoite, c’était direction Nashville, pour écrire et enregistrer avec une autre vedette montante pour qui Whitcomb agit comme mentor, Jonas Conner, 15 ans. Un trio de dates canadiennes fin février sera suivi de sa tournée Hundred Mile High, du même nom que sa chanson, où il sera la tête d’affiche d’une série de concerts aux États-Unis qui commencera le 13 mars et se terminera le 10 avril avec, notamment, un arrêt au célèbre Bowery Ballroom de New York. Après cette tournée, il aura à peine le temps de prendre une douche chez lui avant de s’envoler vers l’Australie pour y rejoindre son ami, la vedette country Sam Barber. Il n’a rien à redire sur cet horaire éreintant, et il est au contraire très reconnaissant. « C’est mieux que de creuser des tranchées ou faire du neuf à cinq! », lance-t-il en riant.
Et il sait de quoi il parle : il a fait les deux. Il n’y a pas si longtemps, Whitcomb passait ses hivers à travailler six jours par semaine, 12 heures par jour, sur le chantier de l’oléoduc Trans Mountain à Kamloops tandis qu’il passait ses étés à réparer des motos Harley-Davidson. Après avoir abandonné l’école et commencé à boire et à se droguer avant d’avoir 13 ans, le jeune n’avait pas beaucoup d’espoir en dehors d’une vie de travail manuel. Qu’est-ce qui a changé?
« C’est mieux que de creuser des tranchées ou faire du neuf à cinq! »
Pour s’amuser et se changer les idées après de longues journées monotones passées à travailler sur l’oléoduc, Whitcomb a commencé à poster sur Reddit des vidéos où il chantait au karaoké, assis sur son divan, des chansons de Tyler Childers. Un cadre de l’émission American Idol a aimé ce qu’il a vu et entendu et l’invité aux auditions canadiennes de l’émission en 2022.
Bien qu’il n’ait jamais chanté en public avant cette audition, Whitcomb a reçu un ticket d’or après son interprétation de Rock Salt and Nails de Utah Phillips et l’adolescent a célébré en faisant un saut périlleux devant les juges. Lors de cette 20e saison d’American Idol, Whitcomb a réussi à se rendre jusque dans le Top 20. En réfléchissant à son expérience dans l’univers Idol, Whitcomb dit que le fait d’avoir été éliminé de l’émission a eu ses bons côtés et pour plusieurs raisons. Premièrement, il n’a pas été obligé de signer une entente, reconnue pour n’être pas très généreuse pour les artistes, avec leur maison de disques et, deuxièmement, ça lui a donné le temps et la motivation de plonger tête première dans le développement de sa carrière musicale.
« Quand j’ai été éliminé d’American Idol, j’ai passé tout l’été à poursuivre ma carrière musicale, à apprendre à jouer de la guitare et à suivre des cours de chant », explique le jeune homme. « Ça n’a pas fonctionné immédiatement, alors je suis retourné travailler sur le pipeline pendant l’hiver pour mettre un peu d’argent de côté. »
Se faisant la promesse que cette période sur l’oléoduc serait la dernière, il a dévoué autant d’efforts à sa nouvelle passion pour la musique qu’il en déployait pour son gagne-pain des plus physiques. Whitcomb a exploité la puissance des réseaux sociaux en publiant quotidiennement des vidéos et, petit à petit, il s’est constitué un public. « C’est un outil de marketing hallucinant », dit-il au sujet des réseaux sociaux. « Si tu apprends à bien t’en servir, c’est vraiment incroyable! »
Il a connu de nombreux échecs avant de réussir, mais sa passion, son dévouement et son désir d’apprendre combiné à ses publications régulières sur les réseaux sociaux lui ont permis, en un an, de jouer dans petites salles à des salles de 500 places à guichets fermés et, à terme, de signer un contrat en 2024 avec Atlantic Records.

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Le plus récent simple de Whitcomb, Hundred Mile High, produit par son collaborateur de longue date Jack Riley, est paru fin janvier, et il nous offre une fois de plus une chanson mélodique avec des « hooks » irrésistibles qui a cumulé 44 000 visionnements sur YouTube en à peine 48 heures.
Qu’est-ce que l’avenir réserve au jeune artiste? Son premier album avec Atlantic Records paraîtra en 2025. Whitcomb a récemment passé dix jours à Joshua Tree, dans le désert californien, où lui et quelques-uns de ses collaborateurs et coauteurs ont loué une maison et jeté les bases d’un album concept.
« Je travaille sur une tonne de nouvelles chansons », confie-t-il. « J’ai envie de faire un album dans le style de ceux de Marshall Mathers [Eminem] où il y a une trame, une histoire, et chaque morceau transitionne vers le suivant. »
Une de ces nouvelles chansons s’intitule No Other Option. Elle parle de faire carrière en musique et de ne jamais regarder en arrière tout en étant aussi un rappel de toujours demeurer sobre, peu importe ce qui arrive. « Il y a tellement de gens qui comptent sur moi maintenant que ça serait extrêmement stupide de jeter tout ça par la fenêtre pour un “drink” », avoue Whitcomb. « Ça n’est simplement plus une option. »