« Nous sommes un groupe rock qui a une crise identitaire. »
C’est ainsi que Jimmy Vallance décrit Bob Moses, son projet musical en compagnie de son collègue vancouvérois Tom Howie. (Non, personne dans le groupe ne se nomme Bob.) Il est toutefois vrai que le duo est à cheval sur la frontière entre un groupe rock et un duo de producteurs électro grâce à sa pop électro glaciale ornée de voix chaudes et de guitares électrisantes qui convient tout autant aux cafés qu’aux discothèques, mais qui prend toute sa puissance sur une scène. S’il y a réellement une crise identitaire au sein du groupe, rien n’y paraît de l’extérieur et cela semble même être la clé du succès du groupe : leur premier album, Days Gone By a fait ses débuts sur le Top 10 Dance/Electronic du Billboard, ils ont fait une apparition à l’émission Ellen et seront de la partie au festival Coachella.
Les compères se sont connus à St George’s, une école privée de Vancouver. Jimmy est le fils du renommé auteur-compositeur et réalisateur Jim Vallance et il a grandi au son de Radiohead tout autant que de Rancid, en plus d’être batteur dans un groupe heavy metal tout en développant une réelle appréciation de la musique électronique. « J’aime le fait qu’une seule personne peut tout faire », explique-t-il. « Lorsque j’ai entendu l’album Play de Moby et que j’ai compris qu’il n’avait pas de groupe derrière lui, j’étais très excité. »
« Nous avons tout enregistré nous-mêmes, mais nous tenions vraiment à ce que ce soit un pro qui mixe le tout. » — Jimmy Vallance, de Bob Moses
Au même moment, son camarade de classe Tom passait tranquillement de punk à auteur-compositeur sérieux. « J’ai vu son groupe punk en spectacle », se souvient Jimmy Vallance. « Ils étaient vraiment mauvais. Mais un jour, il y avait une assemblée à l’école et il était là, seul avec sa guitare, à chanter des chansons qu’il avait écrites lui-même dans la veine de ce que Jack Johnson fait. Il était vraiment incroyable. »
Il faudrait toutefois encore quelques années avant que la paire ne devienne Bob Moses. Ils s’étaient tous deux relocalisés à New York afin de poursuivre leur rêve d’une carrière musicale et, après une rencontre fortuite dans un stationnement, ils ont décidé de tenter la création de chansons ensemble. Ils ont signé plusieurs parutions sur l’étiquette de Brooklyn Scissors & Thread avant d’être mis sous contrat par Domino, la prestigieuse étiquette indépendante qui est également celle d’artistes canadiens tels que Caribou et Junior Boys. Cette entente avec Domino a permis à Bob Moses de s’assurer les services de deux pros du mixage pour leur premier album, Mike Stet (Madonna, Depeche Mode, et le classique de Massive Attack, Mezzanine) et David Wrench (FKA Twigs, Jamie XX).
« Nous avons tout enregistré nous-mêmes, mais nous tenions vraiment à ce que ce soit un pro qui mixe le tout », explique Vallance. « On ne voulait pas l’ingénieur le plus populaire en ce moment, mais quelqu’un dont on appréciait le travail. Et lorsqu’on parle de musique électronique, le mixage est une étape cruciale du produit fini. Ça nous a également permis de retomber en amour avec notre musique sur laquelle on travaillait sans relâche depuis un an. »
Et ce résultat final est exactement ce qu’il fallait à l’heure où l’EDM est en déclin. Le succès quasi instantané de Bob Moses serait-il donc le signe que la génération EDM est prête à se calmer un tantinet??
« Les jeunes commencent à se rendre compte qu’il y a une limite à la quantité de chaos sonore qu’ils peuvent endurer », croit Vallance. « Ne vous méprenez pas, je crois que l’EDM a beaucoup contribué à la musique électronique en général, mais vient un moment où les gens ont envie d’entendre quelque chose de plus substantiel. Je dis souvent à la blague que notre musique est à l’EDM ce que le grunge a été pour le métal glam des années 80. Ce sont deux formes de rock, mais il y en a un qui est plus près de ses racines et l’autre qui est une machine à imprimer de l’argent. C’est là où nous en sommes aujourd’hui. »