Amélie Larocque s’installe sur le tremplin, évalue sa trajectoire et plonge tête première exactement là où elle avait visé: au cœur de la pop qui éveille les mouvements des auditeurs. Un seul album précède Sa couleur, mais AMÉ a semé ses multiples coloris un peu partout durant les dernières années. Rencontre avec une femme qui s’incarne à travers sa musique.

« Sa couleur, ça parle de mon identité. Ce n’est pas une chanson engagée, mais c’est moi, qui je suis en tant qu’humain et ce que je décide de montrer ou non », explique Amélie en précisant qu’on fait tous des choses pour plaire, se peaufiner pour le regard des autres.

Son album éponyme, paru en 2010, oscillait dans les eaux folks, on sort ici complètement du sentier déjà pavé. « Quand j’ai décidé de me lancer dans l’électro pop, il fallait que j’assume l’électro pop, se souvient-elle. J’avais l’impression d’être seule avec moi-même. Je ne suis pas du genre à me maquiller, mais là j’ai mis le paquet et j’ai sorti le vernis et les paillettes. » C’est en embrassant totalement sa décision que tout s’est aligné: elle allait faire des chansons accrocheuses et dansantes.

Durant les dernières années, les opportunités se sont succédé pour la jeune femme qui a aussi accordé du temps à sa vie de maman. « Ça aura pris tout ce temps-là pour arriver à ce que je voulais vraiment », dit Amélie. En se mettant au service des autres, elle s’est offert un autre type d’évolution artistique. « Je dis souvent aux artistes pour qui je compose et écris des textes que l’importance de ce qu’on aime est beaucoup moins grande que celle de ce qu’on a envie de faire. Dans la vie, j’aime beaucoup de chose. J’écoute de la pop, du blues, du jazz, mais ce n’est pas nécessairement le projet artistique que j’ai envie de mener. » C’est d’ailleurs ce qui est survenu au moment où elle s’est laissé transporter par son désir de faire de la musique pop. « On aurait pu se demander où je m’en allais, mais moi je voulais des effets lasers et de la lumière fluo. Je me suis dit fuck off le folk, parce que ce n’était pas ça que j’avais envie de faire. »

Inspirée par les Milk & Bone, Laurence Nerbonne, Charlotte Cardin, elle croit pourtant prendre racine dans le bon rap québ. « Humblement, j’essaie d’amener cette énergie, cette rythmique rap, dans la pop. Stromae est un bon exemple de cette tendance. Ce gars-là, ça a été la révélation du mix entre faire une chanson pour que tu danses et faire une chanson parce que j’ai quelque chose à te dire. » Elle développe cette stratégie avec toutes les thématiques. L’amour, le courage, le dépassement, le doute.

Lors du plus récent spectacle de Justin Timberlake au Québec, Amélie a amené son calepin et elle a pris des notes. Accompagnée d’une danseuse en spectacle elle tente d’amener son public dans une bulle. « C’est très exigeant. Il n’y a pas beaucoup d’arrêts et je ne te raconte pas la vie de ma grand-mère entre deux chansons », soutient-elle.

Lorsqu’elle sort de sa bulle, de sa couleur, Amélie se laisse emporter par l’univers des autres. « Je suis toujours au service d’un thème, d’une musique, raconte-t-elle. Avec Marc Dupré (pour qui elle a notamment écrit la chanson Ton départ), c’est super spécifique ce qu’il veut. Il m’envoie des musiques où il chante sans dire des vrais mots. Ça a l’air d’être en anglais, mais ce n’est rien. On appelle ça du yogourt ! Même s’il dit rien, ça rime et quand j’écris ses textes, il veut parfois que je lui trouve des mots qui riment avec le charabia qu’il utilise à la base. C’est très drôle et les contraintes me stimulent. »

C’est en travaillant de cette façon qu’elle a commencé à s’écrire des musiques avant de s’attarder à trouver des mots à mettre dessus. « Je me suis servie des gens pour qui j’ai écrit, dans le fond ! »

Le chemin tracé ne l’est que par elle-même. Amélie Larocque dresse la liste de ses ambitions. « Je n’ai pas peur. Je n’ai que des idées. Je veux amener ma musique en France. C’est définitivement un rêve. Je sens que je viens de démarrer quelque chose de grand. »

 



Au terme de la dernière soirée des demies-finales du concours Les Francouvertes, c’est la membre SOCAN Loui-Adriane Cassidy, ainsi que ses collaborateurs Stéphanie Boulay et Philémon Cimon, qui ont remporté le Prix Paroles & Musique assorti d’une bourse de 1000$ offerte par la SOCAN pour souligner leurs talents d’écriture pour les pièces interprétées sur scène par Lou-Adriane. Elle profitera ainsi d’une résidence d’écriture à la maison SOCAN à Paris, d’une bourse forfaitaire de mobilité internationale de 1 500 $ offerte par l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ) et d’une invitation à venir présenter le fruit de son travail lors de la série J’aime mes ex, présentée par la SOCAN, dans le cadre de la 23e édition des Francouvertes.

Crabe, LaF, Lou-Adriane Cassidy

Les trois finalistes de l’édition 2017 des Francouvertes : Crabe, LaF et Lou-Adriane Cassidy.

Parmi les 9 demi-finalistes du concours, trois ont réussi à rallier les votes du public et du jury de l’industrie dont faisait partie le responsable A&R de la SOCAN à Montréal, Widney Bonfils, soit : Crabe, LaF et Lou-Adriane Cassidy. Les trois finalistes devront donc relever le défi de séduire le jury et le public lors de cette grande finale qui aura lieu le 7 mai au Club Soda, à Montréal. Pour l’occasion, les porte-paroles du concours, Klô Pelgag et Tire le Coyote, offriront une courte prestation en ouverture de soirée.

L’enjeu de cette grande finale sera bien sûr de mettre la main sur la première place et sa bourse de 10 000$, mais de nombreux autres prix viendront récompenser les finalistes, dont le Prix du public, d’une valeur de 5000$, qui sera déterminé par un vote en ligne se déroulant jusqu’au 4 mai au francouvertes.com/vote.

Visitez le site web des Francouvertes pour tous les détails concernant les prix qui ont été remis au terme des demi-finales et bonne chance aux trois finalistes!

 



Sur Premier juin, Lydia Képinski aborde l’amour et la mort avec une poésie saisissante à l’aplomb palpable. Entre chanson française, rock progressif et synth pop, l’auteure-compositrice-interprète y présente une direction musicale éclatée et féconde, élaborée en collaboration avec son complice Blaise Borboën-Léonard. Deux semaines après la parution inopinée de ce premier album sur le web, la chanteuse montréalaise de 24 ans revisite le processus de création qui a mené à l’écriture de chacune de ses huit nouvelles chansons.
Lydia Képinski

Les routes indolores
« Je faisais cette chanson dans mon show solo et, à chaque fois, c’était le moment où les gens allaient pisser ou se chercher une bière. Visiblement, elle était dull un peu ! J’ai donc pris le temps de regarder le texte et j’ai repéré quelques références aux Mayas et aux traditions aztèques. Ça m’a donné envie d’interpréter le thème des Mystérieuses Cités d’or juste avant de commencer la toune. Les réactions ont été instantanées : peu importe où les gens étaient dans le bar, ils se retournaient, complètement happés. À partir de ce moment-là, Blaise et moi, on n’avait pas le choix. Il fallait que cette toune-là soit épique et qu’on y ajoute des synthés à la fin.  Ça donne un beau crescendo qui permet d’entrer dans l’album. »

Premier juin
« Là, l’album prend vraiment son envol. C’est une chanson plus accrocheuse avec un arrangement pop. Je l’ai écrite le jour de mon 23e anniversaire, le 1er juin 2016. Au lieu de faire comme d’habitude et mettre l’accent sur les éléments dramatiques de ma vie, j’essayais de poser un regard naïf sur moi. Tout se passe bien jusqu’au moment où je fais allusion au suicide dans le bridge. J’ai cherché des façons différentes de traduire ma pensée, mais finalement, je l’ai gardée telle quelle : “Aujourd’hui c’est mon anniversaire / Ce que je n’ai pas fait je vais le faire / Car si j’avais tout vécu / Sans doute que je me serais pendue” Mon anniversaire, c’est pas juste un an de plus, c’est aussi la preuve que j’ai survécu à tout ce qui s’est passé avant. »

360 jours
« J’aime beaucoup les chansons avec des longues introductions, un peu comme la situation initiale dans le schéma narratif. Après une minute, quand la musique change du tout au tout, c’est comme l’élément déclencheur qui embarque. (rires) Le premier jet du texte a été écrit sur le coup de l’émotion. J’étais en couple pendant ce temps-là, mais il fallait que je règle des affaires et que je vive d’autres shits. J’utilise beaucoup le temps de verbe à l’impératif. J’accuse la personne et je lui donne des ordres. Comme si je lui en voulais et qu’en même temps, j’étais la victime de l’histoire. »

Maïa
« L’anecdote derrière cette chanson est vraiment nulle! (rires) Ça part d’une soirée où je devais rejoindre des amis d’université, mais que j’étais pris dans une soirée de P.R. avec ma gérante et mon producteur. J’étais déchirée et, au fond de moi, je sentais que, tranquillement, je perdais de vue ces amis-là, car on n’a pas des cercles relationnels communs. En quelque sorte, je sentais que j’avais failli à ma tâche… Bref, ça part de l’émotion que j’ai ressentie ce soir-là et que j’ai ensuite extrapolée à la manière d’un conte. Pour ce qui est de la musique, notre référence, c’était Billie Jean. On voulait un beat dansant et ultra simple, mais un peu bizarre. C’est moi qui suis arrivée avec la ligne de basse et, après, Blaise l’a reprise sur son Moog. On voulait inviter un bassiste pour compléter certaines parties, et finalement, Jean-François Lemieux a accepté notre invitation. Pour moi, ce gars-là est une fuckin’ légende. Il a joué sur Le Dôme ! »

Belmont
Pour moi, le parc Belmont, ça représente vraiment pas la joie, mais plutôt les ruines d’un parc d’attractions brisé. À l’époque, il y avait eu un accident là-bas, quelqu’un de mort dans un manège, ce qui a provoqué sa fermeture en 1983. Certains disaient même que ça pouvait être la mafia qui s’en était mêlée afin d’enlever toute compétition à La Ronde… Musicalement, il y a quelque chose de cyclique dans la toune, comme un manège qui tourne. À un moment donné, la chanson pogne une débarque, pis c’est là que je dis « Emmenez-moi au parc Belmont ». L’affaire, c’est que, quand tu commences un manège et que t’es excitée, ça se peut qu’à un moment donné, tu veuilles débarquer, mais c’est impossible. C’est la même chose avec la relation que je vivais à l’époque. Objectivement, je savais que c’était de la marde, mais j’étais pognée dedans. »

Les balançoires
« Y’a un côté math rock à la chanson, quelque chose de mathématique, à la limite un peu aliénant. Le fil conducteur, c’est vraiment le beat de batterie très simple de Stéphan Lemieux. Autrement, l’enrobage reste sobre et permet à ma voix de prendre le dessus.  Le texte parle de statistiques, de probabilités, de chimie. Je parle de médicaments, d’intoxication récréative, de ces procédés chimiques qu’on utilise pour balancer le cerveau. J’ai pas envie d’entrer dans les détails de ma médication, mais au-delà de ça, je sais qu’il y a un gros tabou autour de la prise de médicaments. J’ai souvent été heurtée, car les gens me jugeaient à cause de ça. Ils font des généralisations super rigides, mais ils savent pas de quoi ils parlent. Ils catchent pas que j’ai déjà vécu des épisodes où je voulais tout simplement en finir… »

Sous la mélamine
« Ça, c’est vraiment de l’écriture automatique. J’étais chez nous en mode party. Je venais de boire la moitié d’un litre de vin et j’avais vraiment envie d’écrire de quoi. Ça a pris la forme d’un texte ludique, assez drôle, où je me permets pas mal de références littéraires. J’étais dans ma première année d’université et je tripais sur Rimbaud et Baudelaire. Y’a aussi un peu de référence à Loco Locass. J’ai beaucoup écouté ce groupe-là, et l’album Manifestif est gravé à vie dans ma tête. »

Pie-IX
« J’ai commencé à écrire cette chanson-là après une soirée à Saint-Siméon, une petite ville sur la route de Charlevoix. C’était une soirée vraiment fucked up… J’entendais le chant des baleines en regardant le fleuve, pis ma vie allait crissement pas ben. Pas trop longtemps après, je marchais sur le boulevard Pie-IX dans le bout de Montréal-Nord. Le coin était vraiment drabe, nul et laid. Tout d’un coup, je me suis sentie pareil comme à Saint-Siméon. Dans ma tête, y’a comme un triangle géographique qui s’est formé avec le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, qui fait le lien entre les deux endroits par l’entremise du fleuve. Ça me permettait de donner un tout nouveau sens à l’expression « la lumière au bout du tunnel ». À la guitare, j’ai fait n’importe quoi qui me passait par la tête. Ça donne un résultat assez impulsif. »

Premier juin est disponible en magasin et sur la plupart des plateformes d’écoute en continu dès maintenant. Lancement officiel le 1er juin au Centre Phi, à Montréal.