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C’est devenu une tradition à l’approche du printemps, L’Association des professionnels de l’édition musicale (APEM) invite ses membres et autres intervenants de l’écosystème musical québécois, dont une délégation de la SOCAN, à son événement annuel Sommet musique et technologie. La 8e édition s’est donc déroulée le 19 mars 2025, au Centre Phi, à Montréal, avec le journaliste indépendant Philippe Papineau comme animateur de cet après-midi de présentations, d’échanges et de réflexions visant à outiller les éditeurs musicaux et les autres professionnels de la musique afin de leur permettre de tirer le meilleur de la technologie.
Le tout a débuté par un état des lieux du directeur général de l’APEM, Jérôme Payette qui a mis la table en partageant les plus récentes statistiques de consommation de la musique québécoise, soulignant sa faible part de marché. Patrick Deslauriers a poursuivi en présentant les faits saillants de trois projets de recherche de l’APEM visant à mesurer la mise en valeur et la recommandation de la musique canadienne, québécoise et francophone, dans un contexte où le CRTC et le Gouvernement du Québec auront à se pencher prochainement sur la réglementation applicable aux services de musique en ligne. Encore une fois, le même constat qu’il y a très peu de musique québécoise dans les listes de lectures les plus populaires sur les principales plateformes de musique en ligne.
Jacynthe Plamondon-Émond (InTempo) et Shanti Loiselle (Meilleures pratiques) ont, quant à elle, présenté les grandes lignes de leurs recommandations en termes de bonnes pratiques en matière de gestion de données. Des données qui sont essentielles à une meilleure découvrabilité de la musique québécoise et pour maximiser le rayonnement et les revenus tirés de l’écoute de musique en ligne.
Le dernier panel de l’après-midi posait la question : comment encourager la musique locale en ligne d’une manière durable ? David Bussières (musiqc.ca), Catalina Briceno (Université du Québec à Montréal), et Nicolas Pelletier (Qobuz) ont échangé des idées et des pistes de solutions pour valoriser la musique québécoise en ligne alors qu’un mouvement en faveur de la consommation locale prend de l’ampleur.
D’entrée de jeu, David Bussières a souligné le succès de l’initiative de MUSIQC tout en se désolant que le ministère de la Culture du Québec ne se soit toujours pas engagé à assurer un financement récurrent pour ce projet dédié à la promotion et à la mise en valeur de la musique francophone. Il a aussi mentionné l’initiative de L’Adisq à l’école comme un exemple du rôle essentiel que peut jouer le système scolaire pour stimuler l’intérêt des générations plus jeunes à la musique québécoise.
De son côté, Catalina Briceno, professeure à l’École des médias de l’UQAM qui aborde la transition numérique des médias et des industries culturelles dans ses travaux de recherche, a expliqué que si beaucoup de travail avait été fait sur l’offre musicale et la notion de découvrabilité au cours des dernières années, pour elle, la prochaine étape est de travailler sur l’influence qu’on peut avoir sur les choix musicaux des amateurs de musique. Elle propose donc que l’on commence à parler davantage de « désirabilité ». « On a un problème de volume au Québec, a affirmé Catalina Briceno. Il faut se placer comme organisateur de cette offre. Ça a pris du temps parce qu’on croyait que c’était aux plateformes de faire la job, ce qu’elles n’ont pas fait. C’est donc à l’écosystème musical québécois de le faire. » Elle a également lancé un appel à s’accaparer l’espace public pour faire rayonner la musique d’ici puisque presque tout l’espace disponible sur le Web a été accaparé par les principales plateformes mondiales.
Enfin, Nicolas Pelletier a présenté Qobuz, plateforme française de streaming et de téléchargement musical qui mise sur la curation humaine (plutôt qu’algorithmique) et une stratégie éditoriale internationale avec des antennes régionales, dont une équipe au Québec, dirigée par Nicolas, qui s’affaire à stimuler la recommandation d’écoute de la musique d’ici tout en la faisant rayonner à travers les autres antennes régionales internationales de Qobuz. Une stratégie qui semble porter ses fruits; selon les chiffres qu’il a dévoilés, les artistes d’ici représenteraient 28% des écoutes totales sur Qobuz contre seulement 7,5% chez ses principaux concurrents.
Un cocktail propice aux échanges a conclu le Sommet musique et technologie 2025, rendu possible grâce à la participation financière de Musicaction et la participation financière annuelle de la SODEC et de la SOCAN.
- Philippe Papineau
- Patrick Deslauriers
- Jérôme Payette
- Jacynthe Plamondon-Emond, Shanti Loiselle
- Philippe Papineau, David Bussieres, Nicolas Pelletier, Catalina Briceno
- APEM Sommet Musique Technologie 2025