R. Murray Schafer, le légendaire compositeur de musique de concert, auteur de nombreux livres et « écologiste acoustique » membre de la SOCAN est décédé à l’âge de 88 ans, le 14 août 2021, après avoir lutté contre la maladie d’Alzheimer.
« R. Murray Schafer était l’un des compositeurs les plus estimés du Canada et à juste titre »,
a déclaré Jennifer Brown, chef de la direction de la SOCAN. « Il a été l’un des premiers compositeurs classiques à intégrer les sons de la nature dans les interprétations de sa musique, donnant ainsi vie au concept de “paysages sonores”. Ce faisant, il a développé un genre de musique de concert typiquement canadien qui doit tant à la nature sauvage bien-aimée de notre pays. »
En 1978, Schafer a reçu le premier prix Jules-Léger pour la nouvelle musique de chambre, pour son Quatuor à cordes no 2 (Waves). En 1987, il a remporté le premier prix Glenn Gould, et Yehudi Menuhin, membre du jury, a loué « la force, la bienveillance et l’originalité de son intelligence et de son imagination ». Un enregistrement de ses cinq premiers quatuors à cordes a remporté le JUNO pour le meilleur album classique, solo ou ensemble de chambre en 1991. La même année, Schafer a remporté le prix JUNO de la meilleure composition classique, pour son Quatuor à cordes no 5 (Rosalind). Toujours en 1991, il a remporté le prix Jan V. Matejcek de la nouvelle musique classique de la SOCAN. M. Schafer a reçu le Prix Walter-Carsen du Conseil des Arts du Canada en 2005, le Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène en 2009 et a été intronisé dans l’Ordre du Canada en 2013.
Schafer a beaucoup composé, dans tous les genres : musique symphonique, de chambre, opéra, chorale et oratorio. Ses œuvres étaient souvent jouées en plein air, afin d’intégrer des sons naturels à la musique. Par exemple, Music for Wilderness Lake a été écrit pour 12 trombonistes répartis autour d’un plan d’eau. Autre exemple, l’opéra The Princess of the Stars était destiné à être joué par des musiciens rassemblés au bord d’un lac une heure avant l’aube, afin d’intégrer les sons des des oiseaux qui s’éveillent et le lever du soleil tandis certains personnages entraient en scène en canoë. Une production de l’opéra en 1985 au parc national de Banff a attiré un public de 5000 personnes.
Schafer était également préoccupé par les effets néfastes du bruit sur les gens, en particulier ceux qui vivent dans les villes. En 1969, il a fondé le World Soundscape Project à l’Université Simon Fraser, « afin de trouver des solutions pour un paysage sonore écologiquement équilibré où la relation entre la communauté humaine et son environnement sonore est en harmonie ». Il a présenté ses théories et ses recherches dans son livre de 1977, The Tuning of the World.
Schafer commence ses études à la Faculté de musique de l’Université de Toronto et au Conservatoire royal de musique, mais abandonne après trois ans pour étudier la musique de manière moins formelle, à Vienne et en Angleterre. Il revient au Canada en 1961 et dirige les premiers Ten Centuries Concerts à Toronto avant d’entamer une période de 12 ans d’enseignement, d’abord en tant qu’artiste en résidence à la Memorial University (1963-65), puis à la Simon Fraser University (1965-75). Il se retire ensuite de l’enseignement et se consacre uniquement à l’écriture et à la composition.
C’est après cette retraite que Schafer a écrit l’une de ses compositions les plus ambitieuses, Apocalypsis, une pièce orchestrale, chorale et théâtrale basée sur le livre biblique de l’Apocalypse, nécessitant au moins 500 interprètes. En raison de sa taille et de sa complexité, elle n’a été jouée que deux fois : d’abord, en 1980, pour commémorer le 125e anniversaire de London, en Ontario, puis, en 2015, au festival Luminato de Toronto. Plus de 1000 artistes ont participé à ce dernier, et il a été diffusé en direct par la CBC, puis publié par Analekta Records.
La SOCAN présente ses plus sincères condoléances à l’épouse, à la famille, aux amis, aux collègues et aux auditeurs de M. Schafer.